Le passé et l'avenir ne font qu'un (pv Azuria)

Azuria s'avança lentement vers la table de travail où reposaient les différents ustensiles qu'utilisaient les ingénieurs. Intriguée, elle porta la main vers l'une des fioles dont le liquide jaunâtre dégageait une forte odeur de brûlé. La prenant précautionneusement, elle le mit devant son visage afin d'en observer le contenu. Des bulles traversaient la liqueur tandis que des dépôts rouges s'étaient formés dans le fond. Par prudence, elle reposa le flacon où elle l'avait trouvé et reporta son attention sur les personnes présentes dans la pièce. Les chercheurs, eux, observaient la scène avec effarement. Apparemment, Dumcan n'avait pas prévu que des espions puissent s'infiltrer dans le palais. Des Sheikahs de surcroît ! Lui qui avait assuré que tous le peuple de l'ombre était à sa merci et que tous les rebelles étaient morts; voilà que cinq d'entre eux venaient se faufiler au château, accompagnés de deux Hyliens qu'ils ne reconnaissaient pas.
En effet, afin de se protéger des regards, la jeune femme avait revêtu la cape qu'elle avait apportée. Le capuchon rabattu sur sa chevelure blonde, elle était méconnaissable; à son plus grand soulagement. Si le Procureur avait appris que la princesse s'était trouvée dans la Citadelle, il aurait sûrement fait en sorte qu'elle ne soit plus en mesure de recommencer. D'une manière radicale bien sûre. Et ça, personne dans le groupe d'expédition n'y tenait.

- Vous ne trouverez rien qui vous soit utile, déclara soudain l'un des ingénieurs de l'armée blanche. Et même si vous parveniez à vos fins, vous ne pourrez jamais rattraper l'avance technologique dont nous disposons.

- C'est ce que vous croyez, rétorqua immédiatement l'un des Sheikahs avec froideur.

Puis, d'un geste rapide, l'espion prit l'un de ses coutelas qui était soigneusement dissimulé dans ses manches. Il en pointa la lame en direction de l'Hylien qui venait de prendre la parole et afin de le faire taire, il lui trancha la jugulaire avec netteté. Un filet de sang s'échappa de la plaie béante tandis que les autres scientifiques se reculaient d'un pas. Désormais, les yeux étaient teintés d'une lueur effrayée qui grandissait petit à petit. Plus qu'une seconde et quelqu'un allait assurément se mettre à hurler; ce qui allait donner l'alerte immédiate. Sans réfléchir, Azuria se précipita vers le Sheikah et lui agrippa le bras où il tenait toujours son arme. D'une voix sévère, elle lui dit:

- Arrêtez, nous ne sommes pas là pour massacrer nos ennemis. Nous devons rester discrets et avec un corps sur les bras, notre couverture est fichue. Occupez-vous plutôt de le cacher au lieu de tuer tous les témoins, commenta-t-elle d'un air qui refusait toute objection.

Le guerrier soutint son regard pendant quelques secondes avant d'abaisser sa main. Il fit signe à l'un de ses congénères de prendre sa place et attrapa le cadavre qu'il posa sur son épaule. Il s'éloigna alors en courant dans les couloirs plongés dans l'obscurité des cachots. La magicienne ne le quitta pas des yeux avant de s'assurer qu'il ne soit partit. Ceci fait, elle inclina la tête vers les ingénieurs qui scrutait son visage caché par la cape avec stupéfaction. Lorsqu'elle le remarqua, elle soupira faiblement en comprenant que même avec sa houppelande, elle avait été reconnue. Elle retira alors le capuchon et s'approcha de Sieg.

- Alors, qu'avez-vous découvert ? Questionna-t-elle avec une inquiétude non feinte.

Sieg se retourna vers les autres, un papier à la main. Il me leva bien haut pour que tout le monde puisse bien l'observer. Dessus, on pouvait clairement voir le plan de l'arquebuse. Il était semblable à celui que le jeune homme avait trouvé sur le corps du Moblin, mais il était beaucoup plus détaillé. Lorsque la princesse et les sheikahs l'eurent vu, sieg le rengea soigneusement dans sa poche. C'est alors que l'un des ingénieurs s'avança, indigné. On voiyait dans son regard qu'il ne craignait rien; ni les rebelles, ni la mort.

-Salopards de rebelles! Vous avez beaucoup de culot pour venir ici! La monarchie n'est plus, et c'est dans le plus grand intérêt de tous. Maintenant, le pouvoir est au peuple, et pas entre les mains de gens élus par les déèsses. Vous devez comprendre que les gens en avaient assez d'être dirigés par des gens qu'ils n'avaient pas eux même choisis!

Dès cet instant, Sieg figea. Il venait tout juste de réaliser ce qu'il était entrain de faire. Ce qu'ils faisait, c'était tenter de rétablir un régime ancien et peu démocratique, dont le peuple n'avait pas envie. L'espace d'un instant, il ne savait que faire ou quoi penser. Soudainement, l'un des magiciens vint le tirer hors de sa rêverie.

-Hé, il y a quelqu'un qui vient!

À l'autre bout du couloir, une dizaine de soldats avançaient. Lorsqu'il furent à environ 5 mètres de la porte, ils jetèrent le Sheikah qui était parti quelques minutes plus tôt devant les espions. Il était couvert de sang et ne montrait aucun signe de vie.

-Voilà ce qu'il en coûte de s'opposer à la démocratie.

Puis, les soldats se placèrent en rang. Ils avaient tous une arquebuse à la main et visaient tout droit vers les rebelles. Sieg recula, poussa une table sur le sol, s'y réfugia et invita les autres à faire de même.

-Feu!

Une salve de balles s'abbatit sur la muraille improvisée qu'avait posée le héro. La surface de la table était presque transpercée et ils ne feraient pas long feux dans cette position. Cette arme était fascinante, mais très puissante et dangereuse à la fois. Elle était bien plus meutrière que tout ce qu'ils auraient pu imaginer. L'un des mages se leva pour tenter de lancer un sort sur les assaillants.

-Non! Couchez-vous! , hurla Sieg.

Dès qu'il fut sur ses pieds, le magicien reçu un volée de balles en plein torse et tomba aussitôt sur le sol, agonisant.

-mince! Ils ont l'arquebuse! Maintenant il n'y a plus rien a faire!

La Table de bois était de moins en moins solide et allait bientôt se briser sous les tirs des soldats de l'Armée blanche. Sachant que la seule option valable était de fuir, Sieg se concentra, ferma les yeux et les fit disparaître dans un éclair vert.



Dumcan arpentait la pièce. Le vacarme qu'avaient causés les espions venus infiltrer le palais s'était fait attendre dans toute la citadelle. Maintenant, le laboratoire avait l'air d'un véritable champ de bataille, ce qu'il avait été une demie-heure plus tôt. Malgré l'allure délabrée de cet endroit, le procoreur était satisfait, car il avait clairement montré aux rebelles l'avancé technologique dont il disposait.

-Combien d'hommes sont morts? , demanda Dumcan à un ses guardes qui avait assi


-Éh bien, nous avons perdu un ingénieur. Nous avons tué le sheikah qui essayait de cacher son corps, puis nous sommes venus jusqu'ici et avons éliminé un magicien.sté à la scène.


-Mmh.. Est-ce que cet incident va ralentir la production d'arquebuses?

-Non, pas du tout. Les ingénieurs ont produit suffisament de liquide explosif, et tout ce que nous avons à faire est de laisser les artisans fabriquer les manches en bois. La seule chose qui va causer problème est la poudre: nous n'en avons plus beaucoup, et nous devrons nous rendre jusqu'à la montagne de la mort pour en chercher.

-Ce n'est pas un problème, les Gorons en produiront pour nous.

- Oh Telma il faut absolument que tu entendes ça !

L'intéressée se retourna aux hurlements qu'on lui adressait. En à peine cinq secondes, un homme tout en longueur se planta face à elle. Le toisant d'un regard méfiant, la tavernière posa ses mains sur ses hanches imposantes; faisant cliqueter au passage une multitude de babioles.

- Qu'est-ce qu'il y a encore ? Demanda-t-elle d'un air las. Si c'est pour me raconter les derniers malheurs de Giovanni, tu peux retourner dans ton magasin immédiatement.

- Non, c'est quelque chose de bien plus grave. C'est à propos de ce qui s'est passé hier au château. Un soldat était en train de raconter les événements à un de ses collègues devant mon échoppe.

- Eh bien qu'attends-tu ? Dépêches-toi de cracher le morceau !

Tel un orateur ayant préparé son discours, le commerçant signifia inutilement à Telma de se taire. Celle-ci leva les yeux au ciel mais ne fit aucune remarque à voix haute. Quelques minutes plus tard, l'homme commença enfin son récit tant attendu :

- Apparemment, un groupe d'espions s'étaient infiltrés dans le château afin de voler des plans; excuse-moi je n'ai pas put en tirer davantage à ce sujet, s'empressa-t-il de préciser en voyant la surprise dans les yeux de son interlocutrice. Et donc, les gardes en auraient tué deux. Vu la description du soldat... C'était un véritable carnage. Le soi-disant laboratoire aurait aussi subi de gros dégâts. De plus...

- Je ne vois pas en quoi cela serait en mesure de m'intéresser, le coupa Telma.

- Attends, j'allais y venir ! A ce que j'ai compris, la princesse Zelda faisait parti de ces espions. Et si tu avais entendu ces deux hommes parler de cette affaire... Ils jubilaient comme jamais. Le premier a même dit : "Dans peu de temps, Hyrule sera à notre merci", avant d'être frappé violemment par l'autre garde. Alors je me demande si...

- Le Procureur ne nous aurait pas caché des choses ou mentit ? Tu es en retard l'ami. Nous sommes déjà beaucoup à le penser.





Depuis le retour de leur mission, la peur régnait parmi les rebelles. Le groupe, qui déplorait deux morts, avait dû faire son rapport au conseil des sages. Celui-ci n'avait pas accueillit la nouvelle avec le sourire; encore moins celle disant que l'arquebuse était déjà entre les mains de leurs adversaires. Et pour rendre les résistants plus moroses, Darunia avait reçu une missive ordonnant à son peuple de produire autant de poudre possible pour le compte de l'armée blanche. Sur quoi, ils recevraient la visite d'un bataillon dans les montagnes de la mort pour parler des négociations entre Hyliens et Gorons. Date fixée : dans deux jours à partir du jour d'impression de la lettre, c'est-à-dire dès demain.
Ainsi, cette entrevue n'enchantait guère les sages qui ne savaient plus quelle stratégie adopter. Bien sûr, tous décidèrent de suivre le plan de Sieg : donner une poudre explosive aux troupes de Dumcan. Mais depuis le fiasco de l'expédition, ils se posaient tous la même question : cela suffira-t-il à arrêter le Procureur ?

- De toute façon nous sommes pris au piège, avait souligné Impa lors du conseil tenu dès leur rentrée du château. Alors soit nous agissons maintenant, soit nous coulons tous ensembles...

A ces mots, la réunion s'était terminée et chacun s'était retranché dans ses quartiers. De son côté, Azuria n'arrivait pas à oublier les paroles de l'ingénieur avant qu'ils ne soient attaqués. Alors comme ça... Le peuple Hylien ne voulait plus d'elle ? Il était vrai que récemment, elle les avait énormément déçus. Mais à ce point ? Elle ne l'aurait jamais soupçonné. Dans un sens, tout était de sa faute: comme tous les problèmes depuis le début de cette histoire. Le soir venu, tandis qu'elle était assise sur le lit de sa chambre et que Sieg était non loin d'elle, la jeune femme s'adressa à lui d'une voix calme:

- Demain je ferai mieux de me rendre à Dumcan. Peut-être qu'il vous laissera enfin tranquilles s'il a ce qu'il veut... Je sais que c'est une idée stupide, ajouta-t-elle afin d'anticiper la réaction de Sieg, mais c'est la seule solution. Et de toute façon, nous ne pourrons pas passer le reste de notre vie à fuir son armée grandissante. Autant y mettre un terme tout de suite.

La première réaction de Sieg fut de se lever pour manifester sa colère. Il refusait plus que tout de devoir donner à Dumcan la chose qu'il s'efforçait le plus de protèger. Mais alros qu'il s'aprêtait à prendre la parole, une autre idée passa par son esprit. L'air désolé qui se trouvait sur son visage disparut rapidement pour laisser place à un sourrire plein d'espoir.

-Oui! Nous allons te rendre à Dumcan!

Voyant qu'Azuria avait l'air plutôt surprise d'une telle réponse, elle qui s'attendait à ce qu'il l'empêche par tous les moyens de quitter les montagnes, il lui expliqua son plan.

-Le procureur s'est servi de la rage du peuple pour que celui-ci le rende au pouvoir. Comme moi, tu sais sans doute qu'il se fiche de la démocratie et que tout ce qu'il veut, c'est contrôler nos terres. La seule chose qui l'empêche de tout de suite prendre le pouvoir une fois pour toute et de régner en maître absolu, c'est le fait que tu soies toujours en vie. Je suis persuadé que si tu te rends à Dumcan et que toute la rébellion suis avec toi, il révélera aux Hyliens ce qu'il pense vraiment.

Il arrêta de parler un instant. Son plan, bien qu'ingénieux, était très dangereux. Bien sûrs, il avait déjà tenté des choses risqués, mais jamais à un degré tel que celui-ci. Les chances de réussites étaient faibles, et si jamais ils échouaient, se serait la fin de leur révolte. De plus, il n'était pas certain que le peuple le rejoindrait lorsqu'il saurait quels étaient les véritables idées de Dumcan.

-Pense bien à ce que je t'ai proposé. Je vais aller voir Darunia.

Calmement, il sortit de la chambre, descendit les escaliers au bout du couloir et se rendit à l'endroit le plus profond de la montagne, où il y avait des rivières de Lave. C'était l'endroit où les gorons travaillaient, sous le regard protecteur du sage du feu. Lorsque Sieg s'approcha de celui-ci, il ne bougea pas, continuant de regarder ses frères travailler.

-Nous ne pourrons pas nous battre aujourd'hui. Toutes les troupes dont nous disposons ici n'égalent même pas celles de deux bataillons de l'armée blanche.

-Je sais... et la poudre?


-Nous allons la leur donner demain. C'est une poudre bien spéciale. Elle semble bien normale, et on peut l'utiliser sans danger. Cepdant, lorsque j'incante une certaine prière Goronne, toute la poudre explose, peut importe où elle se trouve.

-C'est très bien. Ainsi, ils ne douteront pas de notre Loyauté tant que nous ne ferons pas exploser leurs armes à la figure.

-Il n'y a qu'un petit problème. Aucun membre de l'armée, pas même le moindre soldat, ne doit soupçonner qu'ici se trouve le quartier général des rebelles.

- Attends Sieg ce n'est pas ce que... Commença-t-elle en le voyant quitter la chambre avec assurance.

Trop tard, il avait déjà refermé la porte derrière lui en la laissant seule avec ses pensées. Il n'avait pas compris où elle voulait en venir; mais il ne s'y était pas non plus opposé comme elle l'avait imaginé. Si elle pouvait, ne serait-ce qu'une fois aider la rébellion, elle le ferait sans même hésiter. Baissant la tête, elle ferma ses yeux de saphir en repensant au plan de Sieg. Certes, il était très dangereux et les sages trouveraient que cela ne relevait que de l'hérésie. Mais Azuria était prête à tout pour stopper cette bataille avant que de plus grands massacres ne se produisent. Sachant qu'aucune autre solution ne lui venait à l'esprit, elle opta pour celle du jeune homme. Enfin, elle allait pouvoir mettre toutes ses aptitudes au service de ses alliés. Enfin, elle ne serait plus la princesse à protéger : du moins, elle l'espérait grandement.

- Zelda, je peux entrer ? Demanda soudain une voix douce derrière l'entrée scellée de la pièce.

- Bien sûr Impa, tu es la bienvenue. Mais Sieg n'est pas là, il est partit il y a de cela quelques minutes à peine. Peut-être que tu si te dépêches, tu le retrouveras dans les couloirs.

- Non, cela ne servirait à rien car c'est toi que je suis venue voir... Cela ne te pose pas de problèmes je présume.

Silence. La nourrice ouvrit lentement la porte qui coulissa sans un bruit. Puis, de son pas feutré, elle s'approcha de la magicienne qui était toujours sur le lit près de l'immense ouverture menant au jardin. Impa s'assit alors à ses côtés en fixant le mur lui faisant face. Discrètement, Azuria inclina son regard du côté de sa visiteuse qui ne lui accorda aucune importance. Et soudain, la voix de la sage se répercuta dans la salle tel le glas de sa propre vie.

- Il fallait que je te parle de quelque chose d'important. Toutefois, Sieg ne doit pas être au courant et je compte sur toi pour ne lui en souffler mot.

- Qu'est-ce donc ? Questionna l'elfe, guère rassurée.

- Dernièrement, un rêve hante mes nuits. Chaque soir, je te vois au château et...

Pendant que la Sheikah parlait, la princesse sentait ses mains trembler. Son regard se voilait petit à petit tandis que les mots l'achevaient au fur et à mesure qu'ils parvenaient à ses oreilles. Lorsque sa nourrice s'interrompait, elle se contentait d'acquiescer d'un simple hochement de tête. Et quand le silence s'installa dans la pièce, la jeune femme répondit qu'elle était elle aussi au courant, que le même songe revenait inlassablement animer ses soirées. Elle lui avoua même son idée insensée, qui était liée à ce rêve dont elle devait absolument empêcher qu'il se réalise. A sa plus grande surprise, la sage resta de marbre et haussa les épaules, l'air de dire qu'elle n'y voyait aucune objection.
Et sur ce, elle se releva dans le calme et quitta Azuria. Celle-ci, après quelques minutes de réflexions, finit par sortir à son tour afin de rejoindre Sieg. Elle le retrouva dans les profondeurs de la montagne en compagnie de Darunia. Tout en adressant un bref coup d'oeil en direction du goron, elle déclara alors :

- J'ai bien réfléchit à ton idée et je pense que c'est la seule issue dont nous disposons. Dès demain, je renoncerai devant Dumcan. Fais moi confiance Sieg…

Sieg aimait Azuria. Il était prêt à tout pour la protéger et s'assurer qu'elle puisse vivre heureuse. Pourtant, il était sur le point de l'envoyer se rendre à l'ennemi. L'espace d'un instant, il douta de son plan. Ils risquaient gros et rien ne garantissait qu'ils réussiraient à se rendre jusqu'au bout. Il cessa de culpabiliser lorsqu'il remarqua à quel point le visage de la princesse était triste et tourmenté. Bien sûr, n'importe quel individu qui devrait faire l'appât se sentirait apeuré, mais c'était plus que ça. On aurait dit qu'elle redoutait quelqu'un, ou quelque chose. Comme il savait que ce n'était pas un moment facile pour elle et que les choses allaient un peu de travers depuis quelques temps, il s'abstint de poser la moindre question.

-J'aimerais que tu nous rejoigne dans la salle de réunion dans quelques minutes, s'il te plait.

Il remonta les escaliers après avoir invité Azuria à le suivre. Sans dire un seul mot, ils se rendirent vers la pièce où ils s'étaient si souvents rendus et où les sages les avaient jugés et désaprouvés maintes fois, mais où ils finissaient toujours par accepter les plans du proteur du triforce du courage, faute d'avoir d'autres stratagèmes sous la main.

Ils étaient tous les deux seuls. La crainte semblait de plus en plus évidente sur le visage de la princesse. Ne sachant plus que dire, Sieg la serra dans la bras, tout en carressant doucement son dos. Dès cet instant, Les sages firent leur appariton. Le couple se sépara aussitôt. Faisant mine de n'avoir rien vu, tous et chacun prirent place autour de la table de pière formée à même la montagne.

-La poudre est prête. Nous la donnerons aux soldats demain lorsqu'ils viendront. , dit enfin Darunia, après un long silence.

-Bien. N'oublie pas qu'il ne faut pas engager les hostilités si nous ne voulons pas courrir à notre propre perte , lui rappella Nabooru.

-Je crois que nous devrions discuter d'un plan qui nous permettra de nous attaquer à Dumcan, sinon il n'utilisera pas la poudre, affirma Ruto.

-Nous en avons déjà un.

Les sages regardèrent tous Sieg d'un air surpris. D'un côté, ils étaient heureux qu'il ait trouvé une idée, mais de l'autre, ils ne savaient pas à quoi s'attendre, puisque ses plans étaient toujours plus dangereux que sensés.

-Nous allons faire semblant de nous rendre... Nous enverrons la princesse au château avec un bon nombre d'hommes, ce qui fera croire à Dumcan que nous nous rendons. Si nous avons de la chance, il dévoilera au peuple ses véritables intentions lorsqu'il pensera avoir gagné. C'est à cet instant que nous frapperons. Si nous avons l'appui du peuple, il ne pourra rien contre nous.

Plus personne n'osait émettre le moindre son. Bien sûr, les plans de Link leur avaient causés problèmes dans le passé. Mais celui-ci... jamais ils n'en avaient entendu d'aussi fous.

-C'est... c'est....

Sous le choc, Impa ne put continuer sa phrase. Discrètement, Azuria inclina les yeux dans sa direction, ce qui empêcha encore plus la sage de prendre la parole. Toutefois si la nourrice, elle, restait muette; Rauru n'arriva pas à garder son calme plus longtemps. Se levant d'un bond, il fixa Sieg d'un regard noir. Il semblait chercher ses mots, mâchant par la même occasion une colère grandissante qui était palpable chez tous les membres du conseil. Au bout d'une minute à peine, il finit par déclarer avec véhémence :

- Tu as perdu la tête ! As-tu donc pensé aux conséquences que ton plan pouvait provoquer ? Mettre en danger la princesse est tout bonnement impensable ! Si nous la lui livrons, qui sait de quoi il sera capable à son égard... Il est prêt à tout pour la tuer, ainsi que chacun d'entre nous. Mais celle sur qui il veut absolument mettre la main, c'est Zelda, souligna-t-il en désignant l'intéressée de la main.

Celle-ci, toujours assise, tourna la tête vers le sage de la lumière. Sur son visage, elle put lire une indignation sans pareille qu'elle n'avait pas vu depuis des mois : lors de leur retour chaotique en terre d'Hyrule. Tout comme Impa, il était rare qu'il perde à tel point son sang-froid. Intriguée, l'elfe scruta le reste de l'assemblée. Tous arboraient une expression équivalente à celle de celui qui venait d'énoncer clairement ce qu'ils pensaient tout bas. Seule la Sheikah semblait à peu près sereine. En tout cas, c'était l'unique sage à ne pas afficher une face livide, les joues décolorées par la stupéfaction.

- Ne t'en fais pas pour moi Rauru... Il est temps que je me rende enfin utile à notre rébellion. C'est le seul moyen dont nous disposons après l'échec que nous avons connu lors de l'infiltration du palais, répondit calmement la magicienne afin d'apaiser son interlocuteur. De plus, si les choses tournent mal nos hommes seront près de moi et je saurai me défendre.

- Si tout était aussi simple, nous aurions déjà éliminé Dumcan, railla Nabooru assez fort pour que tout le monde puisse l'entendre à l'autre bout de la table.

- Certes, mais je n'ai pas le choix...

A ces mots, Azuria baissa la tête et retint son regard sur ses mains sous la table. Cette situation l’embarrassait ; elle ne voulait pas avoir à parler des événements précédemment évoqués avec sa nourrice dans la chambre. Comprenant son malaise, la sage de l'ombre reprit aussitôt la parole, ce qui reporta l'attention de tout le conseil sur elle :

- Dans ce cas, nous garderons toujours un contact mental pour que nous puissions être tenus au courant. Sept Sheikahs et vingt de nos meilleurs soldats vous accompagneront demain matin lorsque vous serez embarquée par l'armée blanche. De notre côté, nous nous cacherons dans les souterrains de la montagne : les gardes du Procureur n'oseront pas s'aventurer jusque là. Et si le moindre problème se produit... Nous interviendrons pour vous secourir.

- Cela me convient parfaitement, commenta la jeune femme en adressant à Impa un regard emplit de reconnaissance. Des objections à cette mission ?

Sieg, qui s'était attendu à une telle réaction de la part des sages, s'était assit sur sa chaise de marbre. Il n'avait pas bougé, ne prenant même pas la peine de regarder ses interlocuteurs dans les yeux. Après tout, cela ne servirait à rien de se montrer arrogant. La seule chose à faire lorsque Rauru manifestait sa colère était d'attendre que la tempête ne cesse. Lorsque tout le monde se tut enfin, Sieg se leva à nouveau.

-Il y a quelque chose qui cloche dans ton plan, Impa. Si nous nous rendons dès demain, lors de la visite de l'armée blanche, les officers verront bien que la princesse se cachait ici. Comme ils ont ordre d'anéantir tout ce qui touche de près de ou de loin à la rébéllion, toute la montagne sera mise à feu et à sang, engeandrant la mort du peuple Goron.

Tous les sages tournèrent leur regards vers Darunia. Aucun d'entre n'avait pensé à cette éventualité. Comme pour acquessier les dires du jeune homme, qui était maintenant leur seul espoir de survie, l'imposant chef de tribu du peuple de pierre hocha la tête, puis fit signe au porteur du courage de continuer.

-Voilà ce que je suggère: demain, nous donnerons la poudre aux hommes de Dumcan, puis les gorons prêteront serment d'allégence au procureur, ce qui devrait les écarter de tous danger pour le moment. Pour ce qui est de notre groupe de combattants, je propose d'attendre. Plus de la moitié de nos soldats, enfin, si on peut les appeller ainsi, ne sont pas prêt au combat. Il faut les former, et cela demande du temps. Ce que nous devrions faire est simple: continuer nos petits raids sur l'armée blanche. Nous ne devrions pas tenter quoi que se soit d'extravagant avant au moins un mois d'entraînement intense pour que le moindre de nos combattants soir prêt.

- Et qu'allons-nous faire pendant tout ce mois ? Nos vivres ne nous permettent pas pour le moment d'attendre si longtemps avant d'attaquer l'armée blanche ! On ne peut pas se permettre d'être passifs sur une si longue période. Les Kokiris ne peuvent plus nous envoyer leurs ressources et il en est de même pour les Zoras, rétorqua Rauru en frappant la table de son poing. Que crois-tu ? Nous sommes cernés !

- Sans compter que Dumcan étend son pouvoir de plus en plus rapidement sur les terres d'Hyrule. En à peine une semaine il a réussit à soumettre deux peuples à son autorité... Qu'en sera-t-il si nous lui laissons un mois de répit ? Demanda calmement Azuria qui, pour une fois, semblait douter de ce plan.

Tournant la tête en direction de Sieg, elle lui adressa un regard interrogateur; comme tout le reste de l'assemblée présente. Tout le monde comptait sur lui pour les sortir de ce faux pas. Peut-être un peu trop ? Inconsciemment, tous les sages le chargeaient d'une mission qui d'ordinaire n'aurait pas dû être la sienne. Toutefois, la jeune femme était sûrement la seule à s'en rendre compte. Afin de ne pas perdre le cours de ses pensées, elle reporta rapidement sa concentration sur la discussion qui n'avait guère avancé. Tous les membres du conseil étaient plongés dans une grande réflexion; même Rauru semblait chercher une solution au problème qui se posait à eux.
Tandis qu'un silence pesant s'installait dans la pièce exiguë, des échos de voix attirèrent l'attention. Des protestations à peine audibles s'approchaient de la salle, accompagnés de martèlements de bottes. Puis soudain, un grognement arriva clairement aux oreilles de chacun :

- Mais puisque je vous dis que c'est urgent. Je me fiche qu'ils soient en réunion, je dois parler à la princesse et tout de suite !

- C'est impossible voyons, ne pouvez-vous pas attendre qu'ils aient terminé ? Non, restez ici ! N'entrez pas, NON !

Trop tard. La porte s'ouvrit à la volée, laissant apparaître une silhouette enveloppée dans l'entrebâillement. A première vue, il s'agissait d'une femme habillée d'un tablier de tavernière plutôt simple mais dont les yeux étaient encadrés de trois perles distinctement bleue, rouge et verte. Derrière elle, un soldat au visage blême était en train de bafouiller un "j'ai tout fait pour l'en empêché" avec une vagues d'excuses incompréhensibles.

- Puis-je savoir ce que vous faîtes ici madame ? Questionna Rauru en se relevant prestement.

- Oh ce n'était pas la peine de vous lever pour moi. Je me présente : Telma de la taverne au quartier sud de la Citadelle. J'ai entendu dire qu'il y avait une rébellion alors mes amis et moi-même avons décidé d'y mettre notre petite contribution. J'espère que cela ne vous dérange pas au moins.

- Au contraire, votre aide nous sera sûrement d'une grande préciosité. Mais si j'ai bien compris, vous aviez des choses à me dire. Venez donc prendre part à la conversation afin que nous puissions tous vous entendre. Quant à vous, vous pouvez retourner à votre poste, s'empressa-t-elle de dire au soldat qui en fut soulagé.

Sans se faire prier plus longtemps, les deux nouveaux arrivants s'exécutèrent chacun de leur côté. Et dès que la porte se fut refermée derrière eux, Telma prit la parole comme si de rien n’était :

- Depuis quelques jours, bon nombre d'entres nous doutons du Procureur. En réalité, nous avons eut vent de drames s'étant déroulés au château récemment. Nous avons appris aussi que la princesse s'était trouvée dans un groupe d'espions ayant pour but de détrôner Dumcan. Bien entendu, une grande partie des Hyliens pensent que cela est une mauvaise chose pour le peuple. Et de l'autre; il y a notre "communauté". Nous savons que ce Procureur n'est qu'un usurpateur, il nous cache des choses c'est évident ! C'est pourquoi nous avons décidé de vous rejoindre. Si je puis me permettre, ce ne fut pas facile de vous trouver ! Afin de vous soutenir, nous avons apporté tout ce qui serait utile : armes, couvertures, nourriture...

-Comment nous avez-vous trouvé? Avec qui êtes vous venue? Combien êtes-vous? Où sont vos compagnons maintenant? , l'interrompit Impa.

Décidément surprise par ce ton glacial et autoritaire, Telma dévisagea longuement la sage de l'ombre. La tavernière n'avait que de bonnes intentions et de se faire recevoir d'une manière aussi brute la laissait sans voix, elle qui, d'habitude, ne se laissait pas parler ainsi.

-Enfin, je voulais simplement....

-Je ne doute pas de vos intentions, loin de là. Cependant nous ne pouvons prendre le moindre risque. Rien ne prouve qu'un espion ne vous a pas accompagné lorsque vous êtes venue ici.

-Ho, pardon... nous sommes trente. Nous ne sommes pas de très grands guerriers, mais nous savons préparer de la nourriture, guérir des blessures, et une dizaine d'entre-nous peuvent forger de nouvelles armes.


-Bon, c'est déjà mieux que rien... nous auront besoin d'infirmiers, de cuisiniers et de forgerons, si nous voulont tenir, fit calmement remarquer la sage de l'esprit.

-Vous rester dans le Hall. Dès que nous auront terminé notre réunion, nous iront inspecter chacun de vos compagnons avant que ceux-ci se mettent au travail., proposa Saria

Sans un mot, Telma s'inclina pour remercier les sages de la laisser contribuer à la rébellion, puis sortit de la pièce. Dès lors, le climat de conflit revint hanter la pièce. Ce fut le silence pendant quelques instants, jusqu'à ce que Ruto, princesse des Zoras, veuille prendre la parole.

-Link... nous sommes malgrés de te décevoir, mais nous nous opposons tous à ton plan: attendre un mois serait de trop. Nous devons frapper maintenant, ou bien périr.

-Les paysans forment plus de la moitié de nos rangs. Ils ne sont pas prêts à affronter une armée! Nous avons le devoir de former, d'entraîner, et de..

-Tais-toi!

Impa s'était levée d'un bon. Plus rien ne dissimulait sa colère, son visage étant d'un rouge éclatant. Tous la regardaient d'un air stupéfait. Bien sûr, il arrivait qu'un sage perde son sang-froid, mais jamais l'un d'eux n'avait osé devenir impoli jusqu'à présent.

-Tu ne comprends pas? On ne peut pas attendre! Dumcan contrôle nos terres, nous sommes faits comme des rats. Il faut attaquer! Nous pouvons y arriver!

Sieg resta muet un long moment. Il ferma les yeux, tenta de garder son calme pour ne pas se mettre à céder à la rage comme Impa l'avait fait, puis se leva à son tour.

-Suivez-moi.

Bien qu'exaspérés, les sages et les princesse quìttèrent leur sièges et suivirent le porteur du triforce du courage vers l'extérieur de la salle de réunion. Sans prêter attention au garde qui les regardait, Sieg les conduisit plus profondément dans les montagnes, dans la salle de tir. Dans cette pièce, il y avait une bonne quarantaine d'hommes qui, arcs et flèches à la main, tiraient sur des cibles sous la supervisions de quelques soldats. Les recrues n'étaient malheureusement que très peu doués et rares étaient ceux qui arrivaient à toucher une cible. Silencieusement, Sieg se plaça devant l'un des hommes, lui cachant ainsi la cible. Tout le monde stoppa son activité et regarda le jeune homme, intrigué.

-Tire sur moi. , dit Sieg à l'archer devant lui.

-Que... quoi??, demanda celui-ci.

-Tire sur moi. , répéta Sieg. Sinon, je tirairai le premier., ajouta-t-il en sortant un poignard de sa poche et en visant l'homme face à lui.

L'archer était bouche bée. L'un de ses commandants lui demandait de le blesser? J'amais il n'en serait capable. Il paniquait, regardait autour de lui, se demandait que faire.

-Vas-y! Tire! Impatient, Sieg lança son poignard, qui frôla l'archer et vint se planter dans le mur juste derrière lui. L'archer en question prit maladroitement une flèche, mais l'échappa. Il en rammassa une autre, visa Sieg maladroit, puis tira... à au moins trois mètre de sa cible. Puis, il tomba sur le sol, impuissant et honteux. Le héro s'approcha de lui et lui donna un coup amical sur l'épaule avant de dire au sages;

-Ils ne sont pas prêts. Un mois, c'est tout ce qu'il leur faut.

- Soit... Nous t'accordons un mois pour entraîner ces recrues. Mais pas une journée de plus, nous sommes-nous bien faits comprendre ? Questionna Rauru, les sourcils froncés.

- Comment ? Répliqua Impa avec véhémence. Tu connais aussi bien que moi les réserves dont nous disposons pour le moment ! Nous n'avons pas de quoi tenir tout un mois, c'est tout bonnement irréalisable. Surtout si nous hébergeons une trentaine de personnes en plus.

- Lorsque nous avions tenté une rébellion contre Ganondorf, les choses s'étaient très bien passées, fit timidement remarquer Saria. Pourquoi ne pourrions-nous pas reproduire la même organisation ?

- C'est parce que la dernière fois, les conditions étaient totalement différentes ! Là, nous n'avons ni plan de secours, ni provisions et ni armée pour nous battre. Nous n'avions pas été obligés de nous retrancher comme nous le faisons aujourd'hui.

Un long silence s'en suivit, où chacun retenait son souffle en attendant la suite. Sans que personne ne le remarque vraiment, un attroupement s'était agglutiné autour du conseil afin de suivre le débat. Tous les paysans écoutaient les sages avec une attention particulière, étant avides d'informations sur la situation. Malheureusement, leurs espoirs commençaient à s'envoler au fur et à mesure de la discussion. Pas d'organisation, peu de provisions... Toutes leurs peurs étaient réunies en ce même discours inquiétant. Et tout le monde finissait par se poser la même question. Comment allaient-ils faire pour rétablir la paix en Hyrule ?
Remarquant la tension qui régnait dans la salle de tir, Azuria se retourna et aperçut les visages qui lui rendaient son regard. Elle y décelait une peur sans pareille; pire que celle qui se reflétait dans ses propres iris bleutés. Elle ne pouvait décemment pas laisser les choses s'envenimer de la sorte !

- Ça suffit Impa ! Ce n'est pas en agissant de la sorte que les choses vont s'arranger. Tu as aussi bien vu que nous l'expérience dont disposent nos troupes. Elles ne savent pas se battre et nous devons le leur enseigner si nous ne voulons pas qu'ils meurent au combat. Nous pourrons très bien tenir ce mois-ci avec le soutient des gens de dame Telma. Alors arrêtes d'être aussi pessimiste veux-tu ?

- Zelda... Sois réaliste je t'en prie. Mieux que quiconque tu es au courant des problèmes qui nous guettent. *Je pense que les autres doivent être tenus en confidence, finit-elle en ne s'adressant qu'à son interlocutrice.*

*- Je te déconseille de le faire, rétorqua la princesse avec un calme désarmant. N'est-ce pas toi qui m'a demandé de garder le silence ?* Nous ne te demandons qu'un mois, et de toute façon tu es la seule à t'opposer à ce projet.

Afin de soutenir ses dires, la magicienne se tourna vers le reste de l'assemblée. Le conseil, quoi qu'un peu réticent, ne souhaitait plus émettre d'objection après cette démonstration pour le moins révélatrice de la situation actuelle. Les paysans, quant à eux, restaient de marbre pour les plus anciens tandis que les plus jeunes tremblaient sous l'angoisse qu'ils éprouvaient. La Sheikah, de son côté, laissa échapper un soupir de frustration. Sans ajouter un mot, elle s'éloigna à grands pas en se frayant un chemin dans la masse qui les entourait. Lorsqu'elle disparut de la salle de tir, Rauru se racla la gorge afin de reporter l'attention sur lui.

- Je crois que la soirée va se terminer maintenant. Que tout le monde aille se coucher, nous devrons être en forme pour demain quand l'armée blanche viendra aux montagnes. Nous avons tous besoin de réfléchir sur la situation... Tous, répéta-t-il en appuyant son regard sur les deux jeunes Hyliens.

Sur ce, tous les soldats s'éloignèrent en traînant les pieds. Certains, piqués d'une vive curiosité, inclinaient une dernière fois la tête en direction du conseil. Puis, lentement, les sages partirent à leur tour pour rejoindre leurs chambres respectives. Dans l'immense salle, ils ne restaient plus que le couple et quelques gardes qui devaient faire leur ronde pour la nuit. Doucement, Azuria prit alors la main de Sieg et l'entraîna silencieusement vers leurs appartements. En à peine trois minutes, ils étaient l'un en face de l'autre à se fixer dans les yeux. Pas un seul bruit, pas une seule parole ne venait troubler l'insonorité de la pièce : comme si tout autour d'eux s'était endormi paisiblement.

Lorsque Sieg brisa ce silence si tranquille, sa voix sonna comme une cris au milieu d'un champ désert. Il se fit sursauter lui-même, puis dû reprendre ses mots.

-Il semble... Il semble que toi et Impa êtes inquiètes à propos de quelque chose. Je n'ai pas réussi à percevoir ce que vous vous êtes dites, mais je crois bien avoir détecté une conversation par l'esprit. Qu'est-ce que vous pouvez bien cacher à moi ainsi qu'au conseil?

Ce n'est qu'après avoir parlé qu'il se rendit compte de l'indiscrétion de la question qu'il lui posait. Le ton qu'il avait pris n'était pas très enjoué, et en lui demandant ceci, il empiètrait sur la relation qu'elle entretenait avec Impa depuis des années. Puisque nul ne parlait à nouveau, Sieg s'excusa et alla s'asseoir près du lac artificiel, conscient de sa gaffe. Son esprit était tourmenté: il ne disposait que d'un moins pour former des paysans n'ayant jamais porté une arme en soldats expérimentés et à toute épreuve. Bien sûr, il était content que plusieurs personnes aient adhérées à la rébéllion, conscients que Dumcan n'était pas honnête. Mais la majorité de ceux qui étaient venus étaient de pauvres commerçants ou des fermiers exploités. En tout, la princesse disposait d'environ 6000 personnes sous son commandement: Soldats restés fidèles, paysans, Magiciens, infirmiers, etc. Sans compter les Zoras, Kokiris, et autres peuples qui fournissaient leur appui. Dumcan, lui, avait plus de 10 000 soldat dans son armée. Pour ce qui est des habitants qui l'appuiyaient et qui avaient rejoint l'armée blanche, on ignorait leur nombre, car on supposait que grand nombre d'entre eux avaient choisi de ne pas se mêler à se conflit, soit parce qu'ils étaient appeurés, ou bien tout simplement exaspérés. Sieg sursauta à nouveau: La princesse était juste devant lui.

-Désolé, je ne t'avais pas vu. Je crois que tu devrais aller te reposer. Demain ne sera pas un jour facile, tu sais... si nous sommes découvert, nous n'auront d'autre choix que de combattre.

Restant silencieuse, Azuria était néanmoins inquiète de voir Sieg se comporter de la sorte. Lui qui était d'ordinaire si calme, il n'arrêtait pas de sursauter au moindre mouvement de sa part. Lorsqu'il fut surpris de la remarquer si proche de lui, le regard de la jeune femme se teinta d'une lueur de crainte. A quoi pensait-il pour être aussi distrait ? La conversation qui avait eut lieu avec les sages devait encore le tourmenter... Toutefois l'elfe ne trouvait le courage de lui en parler. De plus, la question qu'il lui avait posé la rendait mal à l'aise. Elle n'aimait pas devoir cacher de telles informations au héros mais elle n'en avait pas le choix. S'il avait été tenu au courant, jamais il n'aurait accepté de la laisser courir un tel risque. Mieux valait garder le silence pour le moment.
S'avançant d'un pas, la princesse haussa les épaules lorsqu'il lui conseilla d'aller se coucher; elle n'avait pas sommeil. Les événements qui s'étaient déroulés dans la soirée l'empêchaient pour le moment de fermer l'oeil. Elle baissa les yeux, se blottissant contre le torse de Sieg. Elle s'aperçut alors que depuis un certain temps, ils étaient redevenus distants l'un envers l'autre. Avec tous ces problèmes, les responsabilités... Rien qui ne pouvait leur permettre des moments de détente. Dès qu'elle daigna de nouveau lever la tête pour croiser les yeux du jeune homme, elle murmura:

- Tu sembles vraiment inquiet toi aussi... Ne t'en fais pas, nous n'avons aucune raison d'échouer. J'ai confiance en toi, plus que n'importe qui. Je suis persuadée que tout se passera bien. Mais en attendant...

Silence. Un sourire se dessina sur ses lèvres froides à cause du vent glacé des montagnes. Inspirant sans bruit, Azuria rapprocha son visage de celui du héros. Tendrement, elle lui offrit un baiser léger mais qui témoignait de ses sentiments. Le contact de leurs lèvres ne dura que peu de temps, quelques secondes tout au plus. Cependant, cela suffit amplement. Quand le baiser fut rompu, la princesse reporta immédiatement son attention sur Sieg. Le fixant de ses yeux, elle ajouta d'une voix douce:

- Tu devrais te reposer toi aussi. Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quoi que ce soit, entendu ?

Puis, avec délicatesse, elle s'écarta de lui. Suivant son conseil, elle décida de rejoindre le lit qui n'attendait plus qu'elle. Il avait raison; demain allait s'annoncer être une journée très chargée. Et si l'un d'eux se montrait distrait, ils risquaient beaucoup d'ennuis. Alors mieux valait être en forme pour que tout se passe bien.

Le lendemain, dès l'aube, les mages, soldats, et autres rebelles furent tous envoyés aussi profondément que les cavités des montagnes le leur permettait. Les gorons, eux, restèrent dans leurs habitations et tâchèrent d'agir le plus normallement possible. Tout le monde était sur le qui vive: l'enemi allait pénétrer à l'intérieur du quartier général sans le savoir, et la moindre erreur pourrait réduire à néant toutes les chances qu'ils avaient de mener à terme leurs plans. Vers midi, une sentinelle repéra les troupes de l'armée blanches à l'horizon: quatre bataillons. Pas assez pour éliminer tous les rebelles, mais juste assez pour les obliger à rester cacher. De plus, si jamais ces bataillons ne revenaient pas, Dumcan se douterait de quelque chose et en enverrait toujours de plus en plus jusqu'à ce que le QG tombe. Les soldats montèrent le chemin sinueux de la montagne, ne sachant pas qu'il y avait une entrée secrète à ses pieds, et les Gogons leur ouvrirent la porte.

Darunia était fièrement assis sur son trône de pierre et regardait les troupes ennemies entrer une par une dans le grand hall d'entrée. Quelques curieux étaient présents, regardant se triste specacle: celui de la soumission des Gorons. L'un des Hyliens s'avança. Il était grand, portait le même uniforme que ses hommes et avait les cheveux courts et noir ainsi qu'une barbe.

-Darunia, Grand chef Goron, je te salue. Mon nom est Marcus, et je suis capitaine de l'armée blanche. Aujourd'hui, nous sommes ici pour signer le traité qui débutera une nouvelle Ère, celle de l'amitié entre nos deux grandes nations.

Darunia serra les poings. Il n'avait que faire des dires de ce pantin de Dumcan. Il était sur le point de signer l'esclavage de son peuple.

-Je vous écoute.... , se contenta t-il de dire de la voix la plus calme possible

-Le procureur, Dumcan, S'engage à défendre les terres d'Hyrule face à toute menace voulant compromettre la paix, comme les rebelles et les partisans de la royauté. Pour se faire, il a besoin de poudre pour remplir les canons de l'armée. Voilà pourquoi nous avons besoin de l'aide du peuple de la pierre: donnez-nous la poudre dont nous avons besoin et nous défendrons vos montagnes jusqu'à la mort.

-mmh... apportez le cadeau de nos invités!, ordonna le chef.

une dizaine de gorons arrivèrent, de gros barils remplis de munitions à la main. Ils les déposèrent soigneusements devant Marcus et furent rammassés par des Hyliens.

Tout au long de l'échange, rien ne survint pour déranger les plans des rebelles. Darunia gérait la situation avec brio, cachant ses pensées en les gardant secrètes. Et même si toute cette mascarade le dégoûtait, il ne laissait rien apparaître sur son visage impassible. Quant à ses confrères, ils faisaient profil bas pendant que les Hyliens chargeaient la poudre sur les chariots qu'ils avaient emmenés. Tout le monde se fiait au plan de Sieg; tout se passait à merveille. Le dénommé Marcus, quoi qu'un peu sceptique, semblait satisfait de la docilité de ses hôtes. Le peuple goron était réputé pour sa fierté et son tempérament d'ordinaire impulsif : qu'ils agissent tous ainsi était une aubaine qu'il fallait saisir ! C'est pourquoi, malgré son comportement dubitatif, le capitaine des bataillons ne fit aucune remarquer et se contenta d'accepter les munitions sans broncher. Après tout, ils n'avaient guère le choix, et Dumcan serait furieux si le moindre incident se produisait aujourd'hui.

- Nous vous remercions pour votre coopération, déclara l'homme à l'adresse du sage. Vous serez heureux de participer à l'ascension du Procureur et de la démocratie. C'est ce dont Hyrule avait besoin et vous avez fait le bon choix en rejoignant nos rangs comme les autres. Sur ce... Nous ne voyons aucune raison de nous attarder sur votre territoire.

- Ce fut un plaisir partagé, mentit effrontément Darunia qui se retenait de déverser toute son ironie dans ces paroles. Revenez quand bon vous semble, mon peuple et moi-même vous accueillerons avec le plus grand respect qu'il se doit.

*- N'en rajoute pas non plus ! Rétorqua Rauru qui se trouvait au sous-sol avec le reste du conseil. Nous ne souhaitons pas qu'ils nous rendent une nouvelle visite de si tôt.*

Le sage ne releva pas cette remarque, trouvant cela totalement inutile. Gardant son attention sur Marcus, il dû se forcer à retenir sa colère lorsqu'il vit celui-ci sourire de la situation et se réjouir impunément de cette proposition. Comment pouvait-on être aussi crédule à ce point ? Cela dépassait l'entendement de chacun ayant accès à la rediffusion de la scène.
Affichant un sourire triomphal, l'Hylien fit alors signe à ses troupes de quitter la grande salle où siégeait Darunia. Leur mission était accomplie et la poudre étaient entre leurs mains : ils avaient gagnés. Retournant en direction de la Citadelle, ils commencèrent à s'éloigner quand soudain, un bruit attira l'attention du capitaine. Sans qu'il n'ait le temps de réagir, un homme se jeta sur lui, un couteau à la main. Il hurla des paroles incompréhensibles, la folie aliénant le peu de raison que l'on percevait dans son regard. Aussitôt, les soldats réagirent et se précipitèrent vers cet inconnu ne représentant qu'une infime menace. Lorsqu'il fut hors d'état de nuire et entre les mains des fantassins, Marcus se tourna vers le chef des gorons.

- Qu'est-ce que cela signifie ? Demanda-t-il avec colère en époussetant son uniforme. J'espère que cet homme ne relevait pas de votre autorité Darunia. Sinon, vous le regretterez amèrement !

- Voyons, comment pouvez-vous penser pareille abomination ? Jamais mon honneur ne me permettrait une telle chose, répondit le goron dont le visage était devenu livide.


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Pendant ce temps, en bas, Azuria suivait toute l'histoire avec le conseil des sages. Quand le capitaine de l'armée blanche fut attaqué par un homme qui avait sûrement dû faire parti de leurs rangs, elle blêmit instantanément. Le voilà, l'accident qu'ils redoutaient tous depuis hier soir. Si Darunia se créait déjà des ennuis, ils étaient fichus; tout simplement. Par réflexe, la princesse voulut lui porter secours et commença à s'éloigner du reste de l'assemblée. Toutefois, elle fut rapidement interceptée par Impa.

- S'ils te découvrent, nous sommes fichus, signala-t-elle avec gravité. Tu dois te tenir tranquille pour notre bien à tous.

- Mais on ne peut pas le laisser se débrouiller seul. Et si la situation empirait ? Les gorons ne pourraient pas survivre face à quatre bataillons !

- Pas plus que nous le pourrons nous aussi avec les troupes dont nous disposons. Alors calmes-toi et fais confiance aux talents de diplomate de ce cher Darunia. Il saura comment s'en sortir. Link... Viens prendre ma place s'il te plaît, implora-t-elle néanmoins auprès de l'intéressé afin d'être sûre qu'Azuria se calme.