Le passé et l'avenir ne font qu'un (pv Azuria)

Sieg lança sa branche sur le sol, qui se planta juste à côté de d'Azuria. Satisfait de ce premier entraînement il prit place à côté d'elle, la regarda, souriant, et déposa un léger baiser sur son front. Il n'aurait plus besoin de lui fairei tirer des cibles, à présent, car son ouïe était plus développée que tout ce qu'il aurait pu imaginer. Par contre, sa concentration laissait à désirer et elle avait beaucoup de difficulté à se fondre dans son environnement. Par contre, avec un entraînement hebdomadaire, il était persuadé qu'elle réussirait.

-Ton talent à l'épée laisse à désier... tu es sûr que c'est moi qui t'aies montré tout ça? , dit-il, pour la taquiner.

Il voulut la féliciter, mais n'en eut pas le temps. Breden arriva à la course, un parchemin à la main. Le sheikah semblait confus et appeuré à la fois, comme si la pire des tragédies venait de lui tomber dessus et qu'il espèrait que son chef de camp puisse l'aider à régler son problème.

-Maître, nous avons intercepté un petit groupe de soldats. Avec eux, il y avait un ingénieur, à qui j'ai volé ce parchemin. Je crois que vous devriez y jeter un coup d'oeil., conseilla t-il, en tendant le mince bout de papier à Sieg.

Celui-ci le prit et, posant ces yeux dessus, comprit que Dumcan était prêt à tout pour mater la révolte. D'un bond, il se leva et fit signe aux autres qu'ils devaient rapidement retourner au camp, ce qu'ils firent en deux temps trois mouvements. Arrivé à destination, il fit signe à tout le monde d'entrer dans la grande tente et de s'asseoir autour de la caisse qui servait de table lors des réunions.

-Breden a trouvé les plans de quelque chose de dangereux. C'est une arme que les ingénieurs de l'armée blanche vont tenter de mettre au point: l'arquebuse. Avec cette arme, les soldats pourront nous atteindre à bonne distance, et beaucoup plus efficacement qu'avec un arc ou une arbalètre. Si Dumcan arrive à développer cette arme et à l'utiliser contre nous... se sera la fin. Je ne sais pas quelles mesures il faut prendre pour contrer cette initiative... c'est pourquoi Zelda doit convoquer un conseil des sages au quartier général. Vous resterez ici pendant que je l'accompagnerai. Assurez-vous d'arrêter tout ce qui passe sur la plaine et d'inspecter la cargaison de chaque convois.

Ne laissant le temps à qui que se soit de réagir, il se leva et alla dans sa propre tente pour préparer quelques provisons, qu'il introduisit dans un sac. Lorsqu'il sortit, il vit tous les sheikahs autour de lui, l'implorant de ne pas partir. Ilmair s'avança.

-Vous ne pouvez pas vous en aller ainsi! Si nous tombons sur un convoi ou un groupe spécial, nous ne saurons que faire. Nous avons besoin de vous et de votre magie.

-Ilmair, tu es la personne en qui j'ai le plus confiance. Je veux que tu prennes la direction du camp jusqu'à mon retour. Tu es bien plus sage et réfléchi que je ne le suis; tu sauras prendre les bonnes désisions si jamais l'occasion se présente.

-Mais laissez-moi au moins vous accompagner! Les plaines ne sont plus sûres depuis que Zelda a été écartée du pouvoir , vous pourriez très bien tomber sur un groupe de cavaliers Moblin venus de l'Ouest!

-Non, j'ai besoin que vous soyez tous ici. Il faut que vous soyez le plus nombeux possible si des soldats arrivent. Bonne chance.

Ceci dit, il alla détacher Épona en la monta, puis fit signe à Azuria de faire de même sur tempête. Le chemin n'allait pas être long, mais il vallait mieux arriver aux montagnes le plus rapidement possible, car comme Ilmair l'avait dit, les plaines n'étaient pas sûres et au coucher du soleil, les moblins n'hésitaient pas à faire surface....

-Azuria, envoie un message télépathique aux sages pour leur dire de nous retrouver au quartier général.

Azuria ne perdit pas une seconde dès qu'elle eut vent du plan de Sieg. Rassemblant le peu d'affaires qu'elle avait apporté pour le voyage, elle s'empressa de les mettre dans une sacoche de cuir qu'il posa sur la selle de Tempête. Le cheval, impatient de reprendre la route, se mit à gratter le sol avec la pointe de son sabot. D'eux deux, il était bien le seul à être aussi pressé de repartir vers les montagnes. Cette nouvelle était loin d'être en leur faveur et ils risquaient de perdre le combat si Dumcan arrivait à ses fins. Une véritable catastrophe... Mieux valait ne même pas y songer tout compte fait. Reprenant ses esprits, la jeune femme acquiesça la demande de Sieg et ferma les yeux. Pour envoyer un message télépathique, il fallait qu'elle se concentre au maximum. Etrange d'ailleurs, elle arrivait à garder une méditation exemplaire lorsqu'elle usait de la magie et non quand elle devait se battre à l'épée. Mais là n'était pas la question. L'elfe ouvrit les méandres de son âme qui pouvaient désormais être captées par n'importe qui pratiquant la magie. Au bout de quelques secondes, elle rencontra les pensées de Saria, de Rauru et d'Impa. Il ne s'agissait pas de tous les sages mais ils pourraient après s'occuper de prévenir les autres membres du conseil. Sans plus attendre, la princesse prit contact avec eux.

*- Nous avons une très mauvaise nouvelle pour vous tous, déclara-t-elle de sorte que tous puisse l'entendre à travers leurs esprits respectifs. Apparemment, le Procureur a dans l'idée de mettre au point une arme dévastatrice, pire que tout ce que nous connaissons jusqu'à maintenant. Si jamais son plan est mis à exécution, nous courrons tous à notre perte. Sieg et moi partons pour le quartier général, que tous les sages nous y rejoignent au plus vite. Nous devons absolument trouver une solution.*

*- Comment diable cela est-il possible ? Même au temple nous n'avons eut vent de ce matériel de guerre, commenta Rauru, consterné. Si cette histoire est vraie, la situation risque de se compliquer encore plus que prévu.*

*- C'est bien pour cela que nous devons agir au plus vite, répliqua Impa avec froideur. Les membres de clan doivent-ils venir eux aussi ? Après tout, ils ne sont pas à l'abri du danger.*

*- Non, au contraire. Le groupe de la plaine restent sur place afin de saboter tout convoi passant à proximité. Que les autres fassent de même.*

Il y eut un moment de silence car la magicienne n'entendit que les répercussions de ses propres paroles. Les trois sages devaient sûrement peser le pour et le contre dans cette affaire. Néanmoins, Saria finit par briser ce calme oppressant. De sa voix fluette, elle déclara fermement:

*- Nous arrivons dès que possible. Ce soir, nous assisterons tous à la réunion pour décider de la suite de notre plan.*

Rassurée par cet affirmation, Azuria rompit la connexion entre les autres sages. Revenant à la réalité, elle remarqua qu'ils avaient déjà commencé leur voyage. Tempête suivait Epona d'un pas nonchalant afin de ne pas la perturber pendant sa discussion avec les sages. Secouant légèrement la tête, la magicienne leva les yeux pour voir où le soleil en était dans sa course céleste. Il était déjà assez tard, la nuit commençait déjà à obscurcir le ciel. L'elfe talonna son cheval afin de se mettre à la hauteur de Sieg. Celui-ci ne sembla pas le remarquer car il fixait le chemin sans ciller. Faisant de même, elle s'adressa à lui avec autant de sérénité que possible.

- Tu as vraiment bien réagit tout à l'heure. J'ai été ébahie de voir comment tu as géré la nouvelle sans même paraître dépassé par les événements. Tu... Tu ressembles plus à celui que tu étais autrefois.

A ces mots, la princesse fixa le jeune homme avec intensité. En aucun cas elle ne voulait le gêner ou le vexer en disant cela. Il s'agissait là d'une simple constatation. Si cette unique phrase l'avait blessé, elle n'aurait put se le pardonner. Pourtant, elle n'arrivait pas à l'avouer clairement. Alors qu'elle allait tenter de reprendre la parole, l'Hylienne fut interrompue par un bruissement qui attira son attention. Par réflexe, elle tourna la tête dans cette direction et fronça les sourcils.

- Nous ferrions mieux d'accélérer l'allure, lui fit-elle remarquer en inclinant son regard dans sa direction.

Ils continuèrent ainsi pendant environ une heure. Au loin, le soleil était à son coucher, ce qui colorait le ciel d'un orangé éclatant. Sieg était de marbre, se concentrant sur le chemin qu'ils avaient à suivre pour atteindre le quartier général situé dans la montagnes, où les autres sages devaient déjà l'attendre. Lui aussi aurait pu se téléporter pour arriver plus rapidement à destination, mais préférait ne pas faire trop confiance à ses pouvoirs pour l'instant et se fient davantage sur son instinc. Soudain, un bruit lointain le fit tressaillir. Il regarda derrière lui et fronça les sourcils, puis il stoppa sa jument, lui fit faire demi-tour, et sortit un poignard de son manteau.

-Ilmair avait raison... des cavaliers viennent de nous trouver. Je parie qu'ils sont payés par le procureur; on ne peut pas les laisser nous suivres, ils trouveraient le quartier général.

Au loin, on pouvait maintenant apercevoir de gros procs foncer vers eux à une vitesse surprenante avec, sur leur dos, les moblins, armés d'arcs et de massues. Pour intimider leurs adversaires et se préparer au combat, ils se plaçaient debout sur leurs montures et criaient de leur voix rauques à glacer le sang. Sieg, pourtant, était toujours calme. Il ferma les yeux, puis, lança son poignard sur l'une des bêtes, qui, dans sa chute, en purcuta deux autres. Six moblins étaient maintenant sur le sols, à moitié morts et surpris.

-C'est le moment de mettre en pratique le peu de choses que je t'ai montré tout à l'heure., dit-il à Azuria.

Puis, trève de parole, Sieg et Epona partirent à grand galop vers les assaillants, dans le seul et unique but de les éliminer jusqu'au dernier. Il sortit d'autres poignards, les lançait, sautait sur les porcs pour égorger les cavaliers, utilisant toutes les méthodes sheikahs à sa diposition pour se battre. Il ne prêtait pas vraiment attention à ce que la princesse faisait, car il savait qu'elle était à la hauteur de ce combat, puisque les Moblins avaient une bonne force physique, mais étaient complètements dépourvus d'intelligence et d'aisance au combat.

En tout, il y avait environ dix montures porcines toutes chevauchées de deux moblins hurlants jusqu'à l'égosillement. Certains possédaient des massues, quelque peu inutiles sur une longue distance, et d'autres des arcs munies de flèches enflammées. A peine furent-ils à portée de tir qu'Azuria prit son propre arc et décocha l'un de ses traits à une vitesse hallucinante. Elle fut elle-même surprise de la vitesse à laquelle son arme partit pour venir se loger dans la gorge d'un des montres qui chuta du sanglier. Apparemment, l'entraînement de Sieg portait déjà ses fruits. Celui-ci, d'ailleurs, était déjà en train d'abattre leurs adversaires grâce à ses divers poignards. La jeune femme gardait constamment un oeil sur lui, de peur qu'il ne se fasse touché. D'un autre côté, elle devait rester concentrée sur le combat. Elle savait qu'il n'avait pas besoin d'elle face à de tes opposants. Après tout, d'eux deux, c'était le plus expérimenté au combat rapproché. Les créatures hideuses que l'Hylien n'arrêtait pas fonçaient vers la magicienne au galop. Elle essayait de gérer la situation du mieux qu'elle le pouvait, ce qui n'était pas forcément aisé. Les monstres bougeaient dans tous les sens, rendant leur assassinat plus difficile. Mais après avoir abattu trois moblins grâce à ses flèches, elle se rendit compte que cela ne l'aiderait pas longtemps. Néanmoins, un mouvement à sa droite l'arrêta avant qu'elle ne range son arc.

- Sieg attention derrière toi ! Cria-t-elle en discernant un monstre qui allait le frapper par derrière.

Sans plus attendre, elle tua son adversaire qui fut immobilisé par le jet rapide et net de la princesse. Une fois la frayeur passée et vue à l'allure que se déroulait le combat, il ne risquait pas de s'éterniser. Les moblins étaient dénués d'intelligence et tombaient comme des mouches. En quelques minutes, cinq des sangliers étaient débarrassés de leurs cavaliers. C'était bien trop simple. Etrange... Dumcan, qui semblait d'habitude si prévoyant, n'avait pas envoyé une cavalerie suffisamment forte pour tenir tête à deux jeunes gens. Ce n'était pas dans son tempérament que de se montrer étourdi à ce point.
A peine s'était-elle fait cette remarque qu'un son de corne s'éleva dans la plaine. Intriguée, Azuria tourna son regard dans la direction d'où provenait ce bruit. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant arriver quinze autres cavaliers Hyliens sur des chevaux alezans. Ces imbéciles de moblins n'étaient là que pour faire diversion ! Ne perdant pas une seule précieuse seconde, la jeune femme se tourna vers Sieg qui achevait le dernier ennemi porcin. De son côté, Tempête ressentait la tension du combat et commençait à s'énerver. Il se cabra légèrement, hennissant assez fort pour être entendu malgré la cacophonie des lieux.

- C'est un piège, on doit se replier vers les montagnes. Passons par le village Cocorico pour trouver de l'aide auprès des résistants ! On ne peut pas les affronter seuls.

Sieg ne savait que faire. Ils ne pouvaient pas partir vers le village Cocorico, car les moblins les suivraient et seraient tentés de piller le village et de tuer des innocents. De plus, ils risqueraient de trouver le campement qui s'y trouvait, ce qui comprometterait la révolte. Le moyen le plus simple pour s'en sortir était d'envoyer un message au chef de camp le plus proche; celui du village cocorico, et de demander des renforts en urgence. Il voulut faire prendre part de son plan à Azuria, mais se rappella qu'Impa était présentement au quartier général, à les attendre, et n'était pas présente au village, cela ne servirait donc à rien de l'apeller par la pensée.

- Allons vers le village, mais rester à bonne distance. Les babitants sont fidèles à Impa et à la royauté et viendront nous aider.

Puis, il s'exécutèrent. Tous deux galopèrent vers le village, qu'ils pouvaient maintenant apercevoir au loin. sortant un bout de silex de sa poche, Sieg Alluma la branche qu'il avait utilisée pour entraîner Azuria quelques minutes plus tôt et l'agita, pour faire comprendre aux rebelles du village qu'ils avaient besoin d'aide. Bien vite, une quarantaine hommes, armés de fourches et de bâtons pour la plupart, sortirent de l'enceinte du village. À première vue, ils ne semblaient ni très impressionnants ni très initiés à l'art du combat. Mais ce que les Moblins ignoraient était que la majorité des hommes venus peupler le village étaient d'anciens soldats ou sheikahs qui cherchaient la quiétude et le calme, et que peu importe les armes qu'ils avaient en main, ils demeuraient toutefois des guerriers très expérimentés. L'un d'eux cria à Sieg;

-Tenez bon, nous venons vous aider!

Puis, tous les vétérans de Cocorico, comme on les appellait, se mirent en rangs et crièrent aussi fort que les Moblins pour les déstabiliser. Puis, ils commencèrent à courrir vers leurs ennemis. Ceux-ci, croyant avoir à faire à une bande de paysans, laissèrent les deux jeunes gens seuls, hurlèrent de leur voix terrifiante et rauque, et partient à grand galop. Dès cet instant, un combat sanglant commença. Un autre son de corne résonna au loin, et Sieg se rentit compte que celui qui l'émanait semblait être le chef des monstres, et il apellait d'autres de ses sbires au combat. Pour y remédier, Sieg fonça sur lui et, d'un coup de poignard, lui trancha la gorge. Lorsqu'il se retourna, tout ce qu'il voyait était un bon nombre de cadavres Moblins et une bande d'hommes qui criaient victoire à leur côtés.

-Bon, encore 15 minutes de galop et nous seront arrivés. Allons-y.

Après avoir remercié les hommes du villages, Sieg et Azuria partirent tous deux vers les montagnes. Lorsqu'ils furent devant l'imposante pierre, ils prononcèrent le mot de passe et pénétrèrent à l'intérieur du tunnel. Puis,, lorsqu'ils furent certains que leurs montures étaient bien placés dans l'écurie et pourraient se reposer, ils montèrent vers la salle de réunion.

Pas le temps de se changer, pas le temps de se reposer. Azuria et Sieg devaient immédiatement se rendre à la réunion afin d'éclaircir leur situation auprès des autres sages. Tandis qu'ils traversaient les couloirs menant à la pièce, ils purent remarquer que bon nombres de gorons s'étaient installés dans les montagnes pour y trouver refuge. Quelques Sheikahs, plus jeunes et plus robustes, s'entraînaient en compagnie d'Hyliens dans le grand hall devant lequel ils passèrent. Apparemment, les résistants avaient trouvé un moyen de rallier à leur cause les soldats déserteurs, ceux qui étaient restés fidèles la royauté. Une loyauté dont Dumcan ne disposait pas. Certains s'inclinèrent respectueusement en apercevant la jeune femme, ce qui la mit quelque peu mal à l'aise. Les révérences, les formules de bienséance... Tout cela avait le don de la déstabiliser. Toutefois, elle savait que l'heure n'était pas aux minauderies et elle leur rendit leur salut avec autant de douceur que possible.
Lorsqu'ils arrivèrent enfin à destination, tous les sages étaient déjà présents autour de la table. Même Nabooru, dont le campement était pourtant plus éloigné, avait réussit à venir à l'heure une fois prévenue par les trois autres. Impa était assise à gauche de la chaise prévue pour la princesse et semblait perdue dans la contemplation de la carte étalée sous ses yeux. Le reste de la confrérie siégeait elle aussi à sa place habituelle et chacun affichait une mine renfrognée. Et ils avaient de quoi. Sans lever la tête, la nourrice s'adressa avec sérieux aux nouveaux arrivants.

- Vous n'avez rencontré aucun problème pendant le voyage ? Demanda-t-elle d'une fausse innocence.

- Seulement quelques moblins montés sur leurs bêtes. Nous avons réussit à les éliminer grâce aux villageois de Cocorico, expliqua calmement l'elfe. Nos adversaires n'avaient pas de mission à proprement parlé, ils devaient sûrement nous retrouver et agir selon notre résistance. Il semblerait donc que le Procureur soit plus déterminé que jamais à mettre la main sur moi. Vivante... ou morte.

Dans sa bouche, ces derniers mots parurent dénué de sens funeste. Car même si elle évoquait son sort, la magicienne parvenait à garder un sang-froid sans faille. A cette information, Impa répondit d'un coup de poing rageur sur la table de marbre. Saria, elle baissa le visage tandis qu'une expression de dégoût s'affichait sur celui de Nabooru. Cependant, et au grand malheur, ceci n'était pas le souci principal. Il restait encore l'arme que faisait construire Dumcan. S'il parvenait à ses fins, la guerre était finie.

- Ce retournement de situation n'est pas en notre faveur, fit remarquer Rauru avec gravité. Cet ustensile de guerre...

- L'arquebuse, la coupa Azuria tout en s'asseyant sur son fauteuil tout en faisant signe à Sieg de l'imiter. Ceci est une arquebuse: elle possède une puissance de tir supérieure à une arbalète et permet à son utilisateur de disposer d'une précision qu'aucun arc ne pourra vous offrir. En clair, c'est une arme meurtrière sur longue distance.

- Peut-être pouvons nous aussi la développer, proposa Ruto qui prenait la parole pour la première fois de la journée. Après tout, tu n'as pas les plans avec toi Link ?

À la demande de Ruto, Sieg sortit les plans de l'arme tant redoutée et les étala sur la grande table ronde. Cela ne le dérengeait plus qu'on l'appelle Link; il ne reniait plus qui il était autrefois. De plus, il savait qu'il l'était toujours, mais... d'une façon différente. Pour revenir aux plans, ceux-ci étaient assez simples. Quelques dessins accompagnés d'indications qui expliquaient quelles étaients les différentes parties de l'objet, ainsi que les rescources nécéssaires pour construire une arquebuse.

-Ceci est un plan très peu développé. Cela dit, nous l'avons trouvé sur le corps d'un Moblin que nous avons tué. Si un mercenaire engagé par Dumcan possède ce plan, nous pouvons être sûr que ses ingénieurs l'ont aussi et qu'ils ont donc déjà engagé les procédures. Ce qui ne colle pas dans cette histoire, c'est justement que nous avons trouvé le plan sur un mercenaire placé très bas dans la hiérarchie de l'armée blanche... alors soit Dumcan a demandé à ses hommes de chercher ces rescources, soit il savait que nous tomberions sur ce Moblin, et il voulait que nous sachions ce qu'il prépare, dans le but de nous effrayer.

Impa se leva. Elle qui savait si bien garder son sang froid était maintenant furieuse. Elle réagissait toujours ainsi lorsque la sécurité de la princesse était en jeu.

-Si j'ai bien compris, nous ne sommes même pas certains que Dumcan possède l'arme? Écoute, Link, vous vous êtes faits attaquer sur votre terrain et nous ne sommes même pas sûrs de l'étendu des pouvoirs de notre ennemi. Ce sont des raisons suffisantes pour que Zelda reste dans les montagnes avec les Gorons.

Voulant la calmer, Sieg tenta de changer de sujet.

-Si Dumcan n'a pas l'arme, il fera tout ce qu'il peut pour l'obtenir. Nous avons quelque chose qu'il n'a pas: la magie. Et il le sait. C'est pourquoi il veut faire disparaître notre avantage avec sa technologie. Si il y parvient, nous auront de gros ennuis. Ce que je propose, c'est d'infiltrer ses rangs et de voler les véritables plans, ainsi, nous pourront savoir de quoi ses ingénieurs ont besoin pour construire l'arquebuse et nous les en empècheront du mieux que nous pourront.

Face à l'idée de Sieg, Impa se rassit. Elle avait envie de le remmettre à sa place, de garder la princesse au quartier général, mais après mûre réflexion, elle ne pouvait lui en vouloir parce qu'il faisait tellement pour le conseil et il trouvait toujours de nombreux plans pour remédier aux situations gênantes.

Malheureusement, si Impa elle se tut, Rauru lui ne put faire de même. Se levant à son tour, il jeta un bref coup d'oeil à l'assemblée avant de reporter son attention sur Sieg. Pourtant, il restait toujours aussi calme, ne cédant pas à la colère comme la nourrice précédemment. Seul son regard courroucé trahissait le fond de sa pensée qui n'allait, bien sûr, pas en faveur du jeune couple. Toutefois, alors qu'il s'apprêtait à prendre la parole, il fut interrompu par Saria qui quitta sa chaise en un bond. Malgré son corps d'enfant, elle imposait un certain respect qui empêcha le sage de la lumière de donner son avis sur la protection accordée à Azuria. Celle-ci, quelque peu intriguée, ne put s'empêcher d'hausser un sourcil en voyant la Kokiri prête à s'expliquer. Tout ces retournements de situations ne lui plaisaient guère...

- A mon humble avis, je serais plutôt d'accord avec Link, déclara-t-elle avec une assurance qu'on ne lui connaissait pas. De plus, tant que Zelda sera en sa compagnie, elle ne risquera rien. Tu l'as bien remarqué Impa, il y a de cela plusieurs mois. Quand ils étaient de retour à Hyrule, Link a tout fait pour la protéger et y est parvenu avec brio. Il saura prendre soin d'elle, tu n'as aucun souci à t'imaginer à ce sujet.

- Mais oublierais-tu la fois où la princesse a été dépossédée de son âme par Vaati ? Et de celle où elle était prisonnière de Darlink dans la forteresse Gerudo ? Sans oublier l'attaque du château lorsqu'elle avait sept années et que Ganondorf l'a kidnappé, souligna Rauru avec froideur. N'est-ce pas d'ailleurs cet événement qui fut la cause de bon nombre de nos problèmes dernièrement ?

- Cela remonte à plus de dix ans ! Même les soldats de la garde royale ne sont parvenus à neutraliser le seigneur du malin avant qu'il ne l'enlève. On ne peut pas blâmer Link pour un incident dont il n'est pas responsable.

Au fur et à mesure que la dispute se continuait entre les deux sages, l'intéressée sentait les arguments échangés l'enfoncer à chaque seconde. La tension qui résidait dans la pièce montait d'un cran, les deux antagonistes haussant la voix pour dominer l'autre en vain. Puis ce fut au tour d'Impa de se joindre au débat, et de Ruto, choisissant respectivement leur camp. Et bientôt, tous les membres du conseil, hormis Sieg et Azuria, se mirent à délibérer sur la question. L'écho de leurs voix se répercutait dans la pièce exiguë, provoquant un brouhaha infernal. N'y avait-il donc que deux personnes ici à se rendre compte de l'inutilité de cette dispute ? Apparemment oui. Toutefois, s'en était trop pour la jeune femme. Sans que personne ne s'y attende, elle se leva à son tour, les mains sur la table et le buste en avant tout en gardant une posture des plus gracieuses.

- Il suffit ! S'exclama-t-elle plus fort que n'importe quel sage présent. Vous êtes tous ridicules à vous quereller pour pareilles broutilles ! Certes, Link n'est pas parvenu à me protéger de Ganondorf pendant mon enfance. Mais ce n'est pas en tergiversant à ce sujet que nous allons sauver notre royaume. Vous êtes les six sages d'Hyrule, vous êtes censés vous entendre pour la survie de nos terres. Et que vois-je ? Une assemblée qui est incapable de se mettre d'accord sur ma simple défense. A l'heure qu'il est, je suis peut-être en danger mais notre peuple cours un risque encore plus grand. Et je me battrai pour qu'il soit sauvé, même si ma vie doit y passer. C'est compris ?

Silence. Ils avaient tous les yeux écarquillés, debout comme des piquets en face de leurs chaises. La princesse n'en revenait pas, c'était bien la première fois qu'elle s'imposait autant. L'espace d'un instant, elle crut avoir commis une erreur monumentale. Néanmoins, il était impossible de reculer; c'était trop tard. Elle attendit alors que l'un des membres du conseil ose remettre en cause son autorité, ce qui ne serait pas nouveau.

Sieg, un peu surpris de l'attidue de la princesse, resta silencieux. Lorsqu'il remarqua que tout le monde s'était tu, il réalisa qu'Azuria était la véritable chef du conseil, une dirigeante ferme et incontestée. Lorsque le silence devint trop pesant, il s'éclaircit la gorge pour gagner l'attention du groupe, et dès que tous les yeux furent tournés vers lui, il prit calmement la parole;

-Si Dumcan a déjà l'arme, il est trop tard pour lui voler les plan... alors tout ce qu'il nous reste à faire, c'est d'utiliser la magie. Rauru, comment avance ta formation de magiciens?

-Une vingtaine d'entre eux sont déjà prêts et attaquent déjà des gardes dans la citadelle, tandis qu'une quarentaine sont toujours en formation... ce n'est pas avec ça que nous pourrons lever une armée.

-Non, bien sûr que non... mais il va falloir s'en contenter. Ce soir, j'irai à la citadelle avec ton groupe, et nous allons infiltrer le palais. C'est là que nous saurons si oui ou non l'armée blanche possède l'arquebuse. Si jamais il ne l'a pas encore, il aura besoin de poudre, pour ses munitions. Darunia, est-ce que toi et tes gorons pourraient confectionner une poudre spéciale qui explose dès qu'on l'utilise?

-Euh... Oui, je crois que c'est possible... mais comment allons nous faire pour que Dumcan utilise notre poudre?

-Nous allons lui offrir, tout simplement. Ainsi, non seulement il pensera que vous lui êtes soumis, mais ses soldats tomderont comme des mouches sur les champs de bataille.

-Je vois. Et si jamais il possède l'arme?

-Dans ce cas, nous aurons deux choix: nous entraînons des magiciens, ou bien nous nous procurons l'arme nous aussi.

Un nouveau silence s'empara de la salle. Oui, tous les sages étaient déterminés, mais les enjeux n'étaient plus les mêmes qu'auparavant. Dans le passé, ils combataient d'autres magie et donc, ils connaissaient mieux les pouvoirs de leurs adversaires. Cette fois, ils devraient affronter la technologie, quelque chose qu'ils redoutaient.

Azuria écoutait les propositions sans un mot. Elle paraissait tout à fait calme, son regard ne trahissant aucune de ses pensées. Pourtant, elle ne put s'empêcher de serrer les poings sous la table à l'idée que Sieg s'infiltre au château afin de savoir si oui ou non, Dumcan possédait déjà son arme meurtrière. Ce plan ne lui plaisait pas, elle en connaissait le moindre risque et se refusait à laisser le jeune homme y aller; même avec un groupe de magiciens expérimentés à ses côtés. Cependant, malgré son point de vue, elle demeura silencieuse. Personne ne lui accordait d'importance désormais, tous étant préoccupé à peser le pour et le contre de cette proposition. Inconsciemment, l'elfe espéra qu'Impa refusa ce projet qui comportait trop de dangers. Malheureusement, aucun sage n'osait désapprouver cela. Aucun... Jusqu'à ce que Nabooru se dresse en face du conseil, une main sur le pommeau de son sabre.

- Je crois que nous n'avons guère le choix, fit-elle remarquer en parcourant l'assemblée de ses yeux dorés. Quand comptes-tu prendre la route pour la Citadelle ? Si tu le souhaites, un groupe de mes guerrières pourrait t'accompagner afin que tu ne rencontres aucun souci pendant ta traversée de la plaine.

- Non, ce serait l'exposer à Dumcan alors mieux vaut se montrer prudents. Par contre, j'ai quelques Sheikahs à disposition, ils pourraient t'aider à t'infiltrer au château, souligna la nourrice d'un air penseur. Vu comment la sécurité a été renforcée là-bas, un peu de soutient ne te serait pas de refus je présume. Et puis, nous ne tenons pas à ce que tu sois fait prisonnier par ce sale type.

Un cri étouffé échappa à la princesse, ce qui lui attira les regards des membres du conseil. Comprenant qu'elle n'avait pas fait preuve de discrétion, elle releva la tête et leur fit signe de continuer la discussion comme si de rien n'était. Et dès qu'elle se fut assurée que plus personne ne s'occupait d'elle, la jeune femme reporta son attention sur la paume de ses mains. Celle de gauche était parcourue de quatre petites marques où perlaient des gouttes de sang. A cette vision, elle se mordit la lèvre inférieure et referma sa main délicatement. De l'autre côté, la conversation avait reprit et tout le monde s'affairait pour donner les détails sur la mission de Sieg. Devant eux, quelqu'un avait déplié un croquis très détaillé du château et tous les doigts se pointaient vers tel ou tel passage que le groupe restreint pourrait emprunter. Non, elle ne pouvait pas décemment laisser faire ça : c'était bien trop périlleux. Elle devait agir, maintenant!

- Je ne cautionne pas ce plan, déclara-t-elle de but en blanc. Comme l'a dit Impa, la protection du château est bien trop importante pour qu'ils puissent s'y rendre sans danger. Ils risquent de se faire repérer, ou pire. Pardonne-moi Sieg, mais il est hors de question que tu prennes une telle responsabilité.

- Mais princesse... Nous n'avons plus le choix, murmura Saria qui semblait surprise par la réaction d'Azuria. Si Link n'y va pas, nous ne saurons jamais si le Procureur possède ou non l'arquebuse. Ne vous en faite pas il...

- Je ne veux pas le savoir, la coupa l'elfe qui, après, marqua un instant de silence. Je... Excusez-moi, ça doit être la fatigue. Veuillez continuer la réunion sans moi, je ne vous suis d'aucune utilité dans un tel état.

Sans en ajouter plus, la magicienne se leva calmement. Elle n'adressa pas un seul regard à Sieg, trop honteuse pour le regarder en face. Puis elle s'éclipsa de la salle de réunion en laissant au conseil le loisir de s'occuper de la mission.

Plus personne n'osa parlé pendant quelques minutes. Cette réaction de la part de la princesse n'était prévue par aucune des personnes présentent, et nul ne savait que faire pour remédier à cette situation des plus embarassantes. Puis, tous les regards se tournèrent vers Sieg à nouveau, puisque les sages le blâmaient de faire perdre son sang froid à la jeune souveraine. Après tout, tout deux formaient un couple. Un couple étrange, mais tout de même un couple, et comme les choses tournaient mal lorsqu'Azuria n'était pas concentrée sur son travail, c'était le devoir du jeune homme d'aller la raisonner. Celui-ci comprit rapidement. Tout en marchant vers la sortie, il donna ses derniers ordres;

-Cinq Sheikahs et deux magiciens. C'est tout ce qu'il me faut. Nous partons dans deux heures. J'utiliserai le vent de Farore du mieux que je ne le pourrai pour que nous arrivions le plus rapidement possible. D'ici-là, soyez tous très prudents.

Après quoi il quitta la salle de réunion et pris soin de fermer la porte derrière lui sans même attendre une réponse ou un commentaire d'un de ses collègues. Il regarda au bout du couloir et vit une femme aux cheveux longs et blonds qui partait au loin. Réalisant qu'il ne pouvait s'agir que de la princesse, il la suivit. Comme il s'y attendait, elle pénétra dans ses quartiers, la chambre qui ouvrait sur le ciel avec la cascade, et se laissa tomber sur l'un des deux lits mis côte à côte. Silencieusement, il vint prendre place à ses côtés et posa deux mains sur ses épaules.

-C'est la deuxième fois que tu n'arrives pas à te contenir. Lorsqu'une décision te fait peur, ou ne concorde pas avec tes espérences, tu fuis, tu te fermes. Ce n'est jamais une bonne chose à faire. Il faut apprendre à vivre avec ce qu'on redoute le plus. C'est pourquoi ce soir, je vais infiltrer le palais. Tu sais très bien que c'est le seul moyen de savoir si oui ou non nous sommes de taille contre l'armée blanche.

Azuria n'avait pas entendu Sieg s'approcher d'elle, même si elle se doutait de sa présence. Les yeux baissés, elle l'évitait en tournant la tête de l'autre côté. Ses doigts se replièrent nerveusement sur les couvertures qu'elle serrait de toutes ses forces. De légers tremblements la parcoururent sans qu'elle ne puisse y mettre fin. Bien sûr, cela n'allait pas passer inaperçu auprès du jeune homme; mais elle s'en fichait. Elle avait bien le droit de flancher quelques fois, non ? Eh bien voilà ce qu'elle faisait: elle flanchait. L'idée de laisser aller au château la seule personne qui comptait pour elle la révulsait. La dernière fois qu'elle lui avait permis de partir comme ça, les choses ne s'étaient pas très bien passés et elle ne s'en souvenait que trop bien. De plus, elle en avait assez que Sieg risque continuellement sa vie en la gardant en sécurité. Pourquoi les rôles ne s'inverseraient-ils pas pour une fois ? Toutefois, ces tourments restèrent muets car l'elfe se refusait à les partager. Au bout de quelques minutes de silence, elle finit enfin par lui répondre d'une voix faible.

- C'est facile à dire Sieg... Je te rappelle que j'ai déjà vécu avec ce que je redoute le plus. A ce que j'en ai compris, si tu vas là-bas je ne pourrai même pas t'accompagner. Alors je vais rester là, à attendre ton retour en compagnie du conseil. Si tu crois que je vais l'accepter, tu te trompes. Je sais que nous n'avons pas le choix mais... Tu ne peux pas laisser les Sheikahs y aller seuls ? Ou même m'accorder le fait de venir ? De toute façon, si tu crois que je vais consentir à t'attribuer cette mission sans que j'y sois, c'est mal me connaître.

Sous l'emportement, la princesse haussa subrepticement la voix à ces derniers mots. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être aussi catégorique. Malgré tout, elle ne pouvait s'en empêcher lorsqu'il s'agissait du héros. Elle avait peur pour lui, tout simplement. Cependant, elle se refusait de l'admettre ouvertement; même si cela était d'une évidence hors du commun. De plus, percevoir les mains de Sieg sur ses épaules lui donnait une drôle d'impression: comme s'il s'agissait du poids de sa conscience qui pesait sur son dos. Soupirant profondément, la magicienne vint appuyer sa tête contre le torse du jeune homme. Les yeux toujours fermés, elle s'adressa à lui avec la même fragilité que tout à l'heure.

- Je n'ai pas envie de te perdre à nouveau... c'est tout, chuchota-t-elle sur le ton de la confession embarrassante. Tu ne peux pas savoir à quel point...

Voilà, elle sentait que ses yeux devenaient humides. Il était hors de question qu'elle pleure, surtout devant lui. Reprenant ses esprits, Azuria ravala en vitesse les larmes qui allaient à un moment ou à un autre la trahir. Elle redressa la tête sans adresser le moindre regard en direction de l'assassin, comme depuis le début de leur conversation. D'un geste rapide mais délicat, elle dégagea les mains de Sieg et se releva pour s'asseoir de l'autre côté du lit.

- Tu pars dans combien de temps ? Qu'on puisse au moins... Non, en fait non,finit-elle par déclarer en essayant de reprendre son calme. Tu devrais te préparer plutôt au lieu de t'occuper de moi.

S'attendant à une telle réponse, sieg lâcha la princesse et se rendit jusqu'à l'étang. Il y trempa ses poignards enduis de sangs, qu'il n'avait pas lavés depuis quelques jours déjà. Lorsques toutes les lames furent à nouveau propres et reluisantes, il les rangea dans ses diverses poches et retourna dans la chambre, où Azuria était toujours, l'air triste. Il la regarda, sans bouger, pendant un long moment, puis il lui dit d'un ton doux mais ferme;

-Je pars dans moins de deux heures. Je vais devoir me préparer, mentalement et physiquement, pour utiliser le vent de Farore le plus efficacement possible. Je te propose de te lever et de prendre tes affaires, car tu viens avec moi. Et non, je ne demanderai pas mon avis au conseil. Tu viendras avec ou sans leur approbation. Tu sais que j'ai besoin de toi autant que tu as besoin de moi. Les sages vont un jour comprendre que si nous ne combattons pas tous les deux ensemble, nous ne pouvons combattre du tout. Maintenant, je dois te laisser. Retrouve-nous dans le Hall lorsque tu seras prête.

Après quoi il quitta la pièce et parcouru le long couloir de pierre jusqu'à l'entré de la cachette. Depuis sa dernière visite en cet endroit, il avait remarqué que beaucoup plus de gens s'y étaient installés. On voyait de plus en plus d'hyliens qui s'entraînaient au combat, de Gorons qui fabriquaient des bombes, et quelques rares Sheikahs qui surveillaient l'endroit ou qui se battaient honorablement entre-eux pour améliorer leur techniques d'espionnage. Pour ce qui était des Kokiris et des Zoras, il n'y en avait aucun hors mis les deux sages, car ces deux races n'arrivaient que difficilement à vivre en dehors de leur envirronement et ne le quittait que si la situation les leur obligeait vraiment, comme lorsque Ganondorf avait pris le pouvoir. Les magiciens, même si on en apercevaient quelques-uns, étaient peu nombreux dans les montagnes car ils préféraient rester à la citadelle, à l'intérieur de temple du temps, où il pouvaient méditer et pratiquer leur art en paix.

De voir plus de gens ici, cachés avec eux le tracassait, car les chances d'avoir un espion dans leurs rangs étaient de plus en plus grandes, et comme les villages se vidaient, Dumcan risquait de se douter de quelque chose. D'un autre côté, le nombre de guerriers formés et prêts à se battre contre l'armée blanche croissait de jour en jour, ce qui les préparaient mieux pour une révolte.

Le Hall était presque vide. Il y avait quelques personnes ici et là, qui discutaient ou qui se rendaient dans leurs quartiers pour dormir à cette heure tardive. Au milieu, il y avait les six sheikahs et les deux magiciens qui allaient accompagner Sieg pour la mission d'infiltration. Lorsqu'ils aperçurent le jeune héro, ils le saluèrent tous d'un signe de tête respecteux.

-Bien, je vois que vous êtes tous là. Nous n'avons qu'à attendre la princesse. Je sais que ce n'était pas prévu, mais elle nous accompagnera.

Azuria n’avait pas bougé, même quand elle avait entendu Sieg refermer la porte de la chambre. La tête inclinée vers le sol, le regard perdu, elle semblait désemparée. Elle ne s’était pas attendue à une telle réponse de sa part et avait du mal à l’assimiler. De plus, elle était exténuée et n’arrivait pas à ordonner ses idées. Jamais, jusqu’à maintenant, elle n’avait agit de la sorte. La jeune femme ne se reconnaissait plus, le retour de Sieg la perturbait sans qu’elle ne le veuille. Des mois sans nouvelles, sans personne. Et d’un seul coup, il revenait et sa vie reprenait un cours normal. Comment pouvait-il alors dire qu’il avait besoin d’elle autant qu’elle avait besoin de lui ? C’était faux. Il ne savait pas à quel point il était important à ses yeux. Et en aucun cas il ne le saurait un jour. Troublée, l’elfe secoua la tête afin de chasser ces pensées qui l’envahissaient. Voulant récupérer un peu, elle s’allongea sur le lit où elle était toujours assise. Au bout de quelques minutes, elle finit enfin par fermer les yeux et se mit à somnoler.
Pendant ce temps, les deux heures s’écoulèrent avec une rapidité époustouflante. La princesse était toujours endormie et semblait secouée par un rêve agité. Ses paupières closes tressaillaient à intervalles réguliers tandis que la dormeuse était prisonnière de ses rêveries. Et soudain, tout s'arrêta. Une seconde s'écoula avant qu'un cri à glacer le sang ne s'élève dans la pièce exiguë. La magicienne était éveillée, haletante et le front couvert de sueur. Le temps qu'elle reprenne son calme, son attention se porta sur le bout de ciel qu'elle apercevait depuis sa couche.

- Je ferai mieux de me dépêcher, je vais finir par être en retard, murmura-t-elle en se mordant légèrement la lèvre. Espérons qu'ils ne m'attendent pas trop...

Puis, à une vitesse affolante, elle rassembla les quelques affaires qu'elle souhaitait emmener : une cape noire à capuchon, son épée et une gourde remplie d'un liquide bleuté. Azuria se précipita vers la sortie en toute hâte, ne voulant pas retarder plus longtemps l'expédition à laquelle Sieg l'avait convié.



- Cela risque d’être problématique alors… Répondit calmement l’un des Sheikahs.

- En effet, il est hors de question qu’elle t’accompagne là-bas Link, ajouta une voix derrière eux. Cette mission est bien trop dangereuse, elle doit rester dans les montagnes pour sa sécurité.

Tout le groupe se retourna pour tomber nez à nez avec Impa qui les observait de son regard perçant. Elle avait brièvement écouté les paroles de Sieg et n’avait put s’empêcher d’intervenir afin de réfréner ses ardeurs. Les bras croisés, elle les fixait les uns après les autres tandis qu’ils baissaient tour à tour la tête. Tous sauf le jeune homme bien entendu. Toutefois, la sage de l’ombre ne céda pas et s’approcha de nouveau, les bras croisés. Sur sa hanche, un étui où reposait un poignard se balançait lentement au moindre de ses mouvements. Ses yeux, brillants d’une lueur impassible, ne quittaient plus ceux du héros. Lorsqu'ils ne furent qu'à un mètre de distance, la Sheikah fronça les sourcils avant d'ajouter :

- Nous ne pouvons pas compter sur la chance cette fois. Déjà, que tu y ailles est un péril que tu as toi-même décidé de prendre. Toi non plus tu n'es plus en mesure de choisir à sa place, fit-elle remarquer avec une certaine ironie. Je sais qu'elle compte pour toi, mais si c'est vraiment le cas... Pense à ce qui lui serait préférable. Tu ne tiens quand même pas à ce que Zelda soit tuée !

A cet instant précis, la dite princesse apparut à l'entrée du hall. Elle arrêta sa course, regardant la scène qui se déroulait devant ses yeux. Le groupe l'aperçut et toutes les têtes obliquèrent dans sa direction. Impa fut néanmoins la plus rapide à réagir. D'un pas assuré, elle s'avança vers elle et posa ses mains sur les épaules de la jeune femme. Celle-ci, imperturbable, resta silencieuse.

- Ecoute Zelda, tu ne peux décemment pas courir un tel risque. Te cacher dans les plaines était déjà une mauvaise idée... Alors te faufiler dans le château est de la folie. Ici au moins nous serons en mesure de te protéger comme il le faut. Je ne tiens pas à ce qu'il t'arrives quelque chose de grave.

- Non, il est de mon devoir d'accompagner Sieg, répliqua l'elfe avec gravité. Si je devais l'abandonner maintenant, je m'en voudrais Impa. En tant que souveraine d'Hyrule, je suis dans l'obligation de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver mon royaume. Je sais que tu peux le comprendre.

Pas de réponse de la part de la sage. Dans un bruissement imperceptible, la magicienne contourna sa nourrice et rejoignit les membres de la mission. Dès qu'elle fut aux côtés du jeune homme, elle entrelaça ses doigts dans les siens afin de se donner un peu de courage. Comme tout le monde était désormais arrivé, ils étaient prêts à partir.

Sieg regarda la scène sans rien dire. Malgré tous les arguments que pouvait donner Impa, il savait qu'Azuria l'accompagnerait à l'infiltration du palais. Lorsque celle-ci vint lui prendre la main, il ferma les yeux et demanda aux autres de faire de même en formant un cercle. Lorsque tous s'exécutèrent, il se concentra pendant de longues minutes et utilisa le vent de Farore. Lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux, il se trouvait dans le Jardin intérieur du palais, là où il avait vu la princesse pour la première fois. Le jeune homme tomba sur le sol, épuisé. Il n'avait pas totalement recouvert ses capacités magiques et téléporter le groupe sur une si grande distance lui demandait une quantité énorme d'énergie. Avec l'aide d'un sheikah, il se releva et repris ses esprits.

-Bon... nous sommes entrés. Maintenant il faut se rendre au laboratoire. Je crois qu'il se trouve au sous-sol. Suivez-moi.

Les espions commencèrent leur longue course à travers les couloirs du château. Tout se déroulait comme prévu; ils avançaient vers les escaliers pour descendre au niveau inférieur. Lorsqu'ils croisaient un guarde, ils se cachaient dans l'ombre en s'assurant de ne pas être remarqués, ou bien l'assomaient et dissimulaient le corps. Ce n'est qu'après plusieurs minutes qu'ils atteingnirent l'escalier circulaire qu'ils cherchaient. Ils le prirent et aboutirent dans un long couloir sombre et infesté de rats et d'autres bestioles.

-Nous y sommes. Préparez-vous.... dit Sieg en sortant un de ses poignards.

Au bout du couloir, il défonça d'un coup de pied l'unique porte en bois. À l'intérieur, il n'y avait que cinq ou six hommes qui travaillaient autour de quelques fioles aux substances multicolores.

-Plus un geste! Levez les mains et placez vous dans un coin si vous ne voulez avoir aucun mal!

Surpris, les scientifiques levèrent les bras et reculèrent, effrayés. Deux Sheikahs s'avancèrent vers eux pour les surveiller, tandis que les autres se placèrent près de la porte pour guetter l'arrivée de guardes. Pendant ce temps, Azuria, Sieg et les magiciens cherchaient partout pour trouver les plans de l'arquebuse.