Sans pour autant se retourner, Azuria acquiesça les excuses de l'elfe en silence. Elle ne lui en voulait pas ; il n'aurait pas pu prévoir sa réaction face à cette question, certes embarrassante. Car après tout, même si c'était un grand honneur d'être couronnée reine du Surda, la jeune fille se serait volontiers passé de ces responsabilités. Elle craignait de ne pas être à la hauteur, de faire courir son royaume à sa perte. Après tout, elle était encore jeune, et son expérience en tant que souveraine était encore réduite. Autrefois, elle avait passé plus de temps à voyager qu'à s'occuper de ses simples fonctions de chef de la cavalerie durant le règne de Link. Et malgré cela, on l'avait désignée comme étant digne du trône surdan. Décidément, ce genre de logique dépassait son entendement. Pourtant, elle ne disait rien, trouvant cela inutile. A quoi bon proclamer au monde entier qu'elle ne se sentait pas prête à endosser un tel rôle. Elle devrait donc vivre avec, jusqu'à ce que le conseil se lasse d'elle, et finisse par élire un nouveau monarque. Car contre toute attente, la magicienne ne comptait pas se laisser abuser par les nobles de sa cour. C'était une femme libre, insaisissable, qui s'imposerait quoi qu'il arrive. Le fait qu'elle ne soit pas un homme ne leur permettrait pas de lui donner des ordres à tort et à travers. Sa fierté d'elfe ne pourrait le supporter.
Reprenant ses esprits, Azuria remarqua que Taurnìl se trouvait non loin d'elle. Il se rafraîchissait dans l'oasis, y trempant ses pieds tranquillement. Pour sa part, elle n'était pas vraiment d'humeur à se baigner allègrement. Elle se releva et rejoignit le feu de camp afin de se réchauffer un peu. La nuit était tombée et les soirées au désert s'avéraient plus fraîches. Elle s'accroupit alors devant les flammes et remarqua un bol remplit de soupe posé sur un rocher. Intriguée, elle tourna discrètement la tête vers le garde royal et comprit qu'il avait préparé cette nourriture pour elle. Timidement, elle prit le récipient et avala la soupe qui se trouvait à l'intérieur. C'était délicieux. Une fois qu'elle eût terminé, la jeune souveraine posa le bol et reporta son attention sur son compagnon de route. Toujours près de l'oasis, elle décida de retourner elle aussi là-bas. Avec une discrétion naturelle, elle vint s'asseoir auprès de l'elfe, sans pour autant l'imiter en plongeant ses pieds dans l'eau.
- Et vous, messire Saràlondë... Vous devez sûrement avoir une famille à protéger, commenta-t-elle, les yeux baissés sur la surface de l'eau. La guerre doit souvent vous séparer d'elle, sans compter vos fonctions de chef des gardes royaux. Cela doit être dur...