Le passé et l'avenir ne font qu'un (pv Azuria)

Fronçant les sourcils, Azuria voulut cacher ce qu'elle éprouvait en se trouvant aussi près de Sieg. Pourtant, même si ses yeux ne la trahissaient pas, son battait la chamade. Pouvait-il au moins éviter ce genre de contact ? Cela l'arrangerait assez pour le moment... Soutenant le regard du jeune homme, elle l'écouta lui donner son plan. Mais elle refusa de croire qu'Impa ne courait aucun danger. Ces assassins pouvaient très bien décider de la tuer à cause de son mutisme. Car bien entendu, la Sheikah ne leur révélerait aucune information: qu'elle quelle fut. Se mordant la lèvre inférieure par signe d'inquiétude, l'elfe acquiesça néanmoins l'idée de Sieg sans discuter. Lorsqu'il se détacha d'elle, la jeune femme sentit chaque muscle de son corps se décontracter. Attrapant les vêtements que Link lui lançait, elle réfléchit un instant. En effet, elle se souvenait d'un endroit où ils seraient en sécurité. Mais c'était loin, il leur faudrait deux jours avant d'arriver à destination. Aucune autre initiative ne lui venant à l'esprit, la princesse se résigna à cette unique possibilité. De plus, les sages s'y étaient peut-être réfugiés.

- Il y a un cachette qui pourrait faire l'affaire dans les montagnes. Nous l'avons déjà utilisé pour nous cacher de Ganondorf lors de son retour, expliqua-t-elle en essayant de se rappeler de quelques détails. Dans l'un volcan éteint, il y a une cavité qui nous permet de ne pas être découverts par les airs. Tout a été emménagé donc nous disposerons d'un endroit où nous reposer. Le seul inconvénient réside dans la distance qui sépare les montagnes de la Citadelle. Une fois sortis de la ville, nous devrons utiliser le vent de Farore, précisa-t-elle en tournant la tête sur le côté. Sinon, cela nous prendra au moins une longue journée de trajet à cheval.

Dès qu'elle eut terminé, la princesse détailla les habits en les tenant devant elle, bras tendus. Il s'agissait d'une simple houppelande à capuchon noir et d'un foulard marron en coton. Des vêtements tout à fait ordinaires, parfaits pour passer inaperçu. Sans plus attendre, Azuria passa la cape sur ses épaules et rabattit la capuche sur ses cheveux d'or. Elle fit en sorte de bien cacher sa robe et enleva les gants blancs qu'elle portait. Elle enroula ensuite l'écharpe qui dissimula une grande partie de son visage. Elle s'arrêtait au dessus de l'arête de son nez et ne laissait donc voir que ses yeux bleus. Grâce à ce déguisement, elle était méconnaissable. Reportant son attention sur Sieg, la magicienne remarqua qu'il était lui aussi prêt. Sans plus attendre, elle se rapprocha de lui et prit sa main.

- Au fait Allan... Appelles-moi Elwynn, murmura-t-elle avec calme.

Puis elle l'emmena en dehors de la ruelle. Dans les alentours, il n'y avait pas âme qui vive. Les maisonnées n'étaient que rarement éclairées. L'elfe en conclut que la nuit devait être bien entamée: un avantage pour eux. Elle conduisit Link dans les rues désertes. Elle était celle qui, aux dernières nouvelles, connaissait le mieux la capitale hylienne. Gracieuse, la princesse se déplaçait d'un pas furtif et léger. Ses pieds semblaient frôler le sol dans un bruissement imperceptible. De temps à autre, elle se retournait pour s'assurer que Sieg la suivait. Comme c'était le cas, elle continuait son chemin sans faiblir l'allure.
Au bout de quelques minutes, ils finirent enfin par arriver aux portes de la Citadelle. Soudain, Azuria perçut un bruit métallique sur sa droite. Intriguée, elle inclina la tête dans cette direction et vit deux sentinelles qui faisaient leur ronde dans la ville. Ceux-ci leur barrèrent le chemin avec des lances aiguisées.

- Eh vous ! Les interpella l'un d'eux. Qu'est-ce que vous fichez dans la rue à une heure pareille ? Vous ne pouvez pas quitter la ville, les portes sont fermées pour la nuit: ordre du commandant. Va falloir attendre l'aube.

Sieg poussa légèrement pour se trouver face aux gardes. Tous deux n'étaient pas très imposants et il aurait pu les tuer en un clin d'oeil. Mais ce n'était pas une bonne idée, car leur assassinat aurait pu éveiller les soupçons. Car après tout, le commandant ne savait pas où se trouvait les deux jeunes gens, et l'assassinat de deux soldats de la citadelle ne ferait que lui prouver que ceux qu'il cherchait étaient toujours dans la ville. Voulant détendre l'atmosphère, il prit la parole.

-Désolés, nous ne savions pas. Nous ne sommes que de pauvres marchands venus faire un peu d'argent dans la capitale.

-C'est bon. Trouvez-vous un endroit où dormir et revenez demain.

Sur ce, les deux gardes prirent congé d'eux et allèrent guetter d'autres quartiers de la ville. Sieg se retourna vers la princesse et la regarda d'un air appeuré. Lui qui gardait si bien son sang froid jusqu'à présent montrait désormais qu'il avait peur de la mort. Plus précisément, il avait peur de sa mort à ELLE, sa seule chance de retrouver un jour l'identité qu'il avait autrefois. Après un long soupir, il se dirigea vers une ruelle sombre, pour être à l'abri des yeux et des oreilles, puis l'invita à le suivre.

-Voilà qui complique les choses. Nous allons être obligés de passer la nuit ici. Nous risquons d'être dévorés par la fatigue, l'angoisse, et puis les chances qu'ils ont de nous capturer s'aggrandissent. Si tu as une idée géniale pour nous sortir d'ici, c'est le moment de m'en faire part.

Ce n'est qu'à ce moment qu'il pensa au vent de Farore. Il avait réussit à l'utiliser, tout à l'heure, alors pourquoi pas maintenant? Mais comment, il ne le savait pas. La force qu'il avait perdue en même temps que sa mémoire l'empêchait de se téléporter sur de grandes distances, alors tout ce qu'il pouvait faire, c'était les amener de l'autre côté de la muraille. De là, ils devraient marcher pendant deux jours pour se rendre aux montagnes. Se rendant compte qu'il n'avait plus le choix, il serra de nouveau Azuria contre lui et se concentra très fort. Lorsqu'il ouvrit les yeux, ils étaient tous les deux dehors, à l'extérieur de la citadelle.

-Viens, on ferait mieux de s'éloigner de la ville. Trouvons un endroit pour dormir et demain nous irons jusqu'aux montagnes. , chucota t-il.

Dès qu'elle vit son regard effrayé, Azuria fut tétanisée. Il était extrêmement rare que Sieg soit apeuré - même autrefois. Néanmoins, il fixait la jeune femme comme si sa peur lui était destinée. Etait-ce...? Non, elle se faisait des illusions. Préférant retourner à des événements plus terre à terre, elle le suivit sans un mot. L'écoutant avec attention, elle tenta elle aussi de trouver une solution à leur dilemme. Elle ne vit alors qu'un seul moyen de quitter la Citadelle en toute sécurité: le vent de Farore. Cependant elle n'eut pas le temps de partager son idée à voix haute que l'ancien héros la prit contre lui. Dans un éclair vert, ils disparurent de la ville pour se retrouver dans la plaine qui l'entourait.
Ici, le paysage était constitué de deux couleurs: vert et marron. Les arbres s'étaient là où ils avaient de la place de pousser, un sentier serpentant entre deux rangées d'arbustes. Le relief un peu élevé renfermait quelques cavités bien dissimulées. Malheureusement, la plupart d'entre elles avaient été rebouchées par les éboulis des terres pleins. En temps normal, la plaine d'Hyrule était un endroit paisible. Mais quand les forces du mal s'étendaient sur le royaume, des monstres infestaient le territoire. Et ils avaient la fâcheuse manie d'attaquer tout ce qui avait le malheur de passer à leur portée.
Se recula pour se détacher de l'étreinte de Sieg, la princesse inspecta les lieux d'un bref coup d'oeil. Apparemment tout paraissait calme dans la grande étendue plane. Elle se tourna alors vers le jeune homme et lui fit signe de la suivre.

- Nous n'avons qu'à aller au ranch Lonlon, déclara-t-elle en remettant correctement les plis de sa cape. Si je me souviens bien, la fille du propriétaire est une amie à toi. Je pense que nous pourrons leur demander des chevaux. D'ailleurs je crois que ta jument se trouve là-bas.

Azuria faisait bien sûr allusion à Epona, le destrier de Link. Toutefois, elle ne savait pas s'il se rappelait ce petit détail. Au cas où, elle avait préféré donner l'information car elle connaissait l'affection qu'il portait à l'animal équin. Marchant lentement en direction de l'étable, les deux jeunes gens ne parlèrent pas de tout le trajet. A certains moments, la magicienne voulut engager la discussion mais elle en perdit assez vite l'idée. Laissant échapper un soupir discret, elle se contenta de fixer le trajet qu'ils suivaient. Le voyage dura au moins une heure avant qu'ils n'arrivent à destination. Au loin, ils aperçurent la ferme qui était protégée d'une muraille de pierre. Cette fortification cachait un établissement très rustique. Il y avait uniquement deux bâtiments. Celui de droite renfermait l'étable et celui de gauche la maison des deux fermiers. Au fond, un paddock où quelques chevaux dormaient tranquillement. Accélérant l'allure, ils se dépêchèrent d'arriver aux portes du ranch. Hésitant une seconde, l'elfe finit par frapper à l'entrée de l'habitation. De l'autre côté de la porte, elle entendit des bruits de pas se rapprocher avant qu'on ne daigne leur ouvrir. Sur le seuil, une jeune fille aux cheveux roux flamboyants les observait de son regard ensommeillé. Elle portait une chemise de nuit en lin qu'elle serrait au niveau de la taille.

- Oui c'est pour quoi ? Demanda-t-elle d'une voix pâteuse. Il est tard... Le ranch est fermé. Si vous pouviez revenir demain ce serait préférable.

A cause de leurs déguisements, la fermière ne semblait pas les avoir reconnus. Alors que la princesse s'apprêtait à se présenter, elle fut interrompue par une voix derrière la fille du gérant.

- Qui c'est Malon ? Si ce sont des clients, je te déconseille de les renvoyer. Nous sommes ouverts toute la nuit pour des acheteurs potentiels s'il le faut ! Tu connais la devise du ranch Lonlon.

La dénommée Malon esquissa une légère grimace et reporta son attention sur les deux jeunes gens. Elle les détailla de ses yeux curieux mais abandonna rapidement cette initiative. Leurs vêtements cachant une grande partie de leur visage, il était quasiment impossible de les reconnaître. Comprenant ce détail, Azuria retira le foulard qu'elle portait. Lorsque la fermière put discerner les traits de son visage, elle blêmit. Ce n'était pas tous les jours que la souveraine d'Hyrule sortait de la Citadelle ! Et encore moins pour leur rendre visite. Avant que les formalités habituelles ne soient échangées, l'elfe prit la parole:

- Bonsoir Malon. Je sais que ma visite n'a rien de normale mais j'aimerais que vous nous veniez en aide, expliqua-t-elle, levant la main pour signifier à la jeune fille de la laisser parler. Li... Sieg et moi avons rencontré quelques soucis dans la capitale et nous aurions besoin de votre hospitalité pour la nuit. Et dès demain à l'aube, nous devons nous rendre dans les montagnes. Je suis consciente que l'heure n'est guère désirée pour débarquer ainsi mais si vous pouviez nous venir en aide... Nous ne resterons que ce soir, promit-elle en regardant son interlocutrice dans les yeux.

Celle-ci, toujours un peu surprise par une telle visite, se contenta d'hocher la tête d'approbation. Après tout, ce n'était pas comme si elle pouvait refuser... S'écartant du passage, elle fit signe aux deux hyliens d'entrer dans leur demeure.

Sieg n'aimait pas ça. Passer la nuit chez des parfaits inconnus ne l'enchantait guère car il ne pouvait faire confiance à personne en ces temps sombres. Mais bon, il ne fallait pas s'énerver pour si peux. Après tout, leur hôtes semblaient être tout à fait inoffensifs: un fermier et sa fille. Tous deux étaient très chaleureux et accueillants, mais ce qui lui plut le plus, c'était qu'ils ne posèrent aucune question sur leur venue ici et sur la situation au palais. De plus, peut-être que le jeune homme avait déjà connu cette Malon auparavant, mais elle ne pouvait pas le reconnaître à cause des vêtements qu'il portait et qu'il refusa d'enlever. Après une brève discussion et quelques regards, la jeune fille de ferme conduisit Sieg et Azuria à l'étable et leur proposa de dormir sur la paille, avec quelques couvertures, car ils n'avaient aucune chambre à leur prêter. Bien sûr, la jeune fille s'excusa de laisser dormir la princesse ici, car ce n'était certes pas un endroit approprié pour une personne de son rang, mais celle-ci ne semblait pas s'en soucier du tout, elle qui avait traversé toutes les pires épreuves du monde. Quant à Sieg, il avait dormi dans des endroits bien plus pires qu'ici.

-Bonne nuit! Nous verrons si nous pouvons vous donner des chevaux demain, mais pour l'instant, je crois que nous avons tous besoin de sommeil, dit Malon avant de fermer la porte de l'étable et de retourner dormir.

Même après quelques heures, le jeune homme ne trouvait pas le sommeil. Ne pouvant pas savoir si la princesse dormait à cause de la noirceur, il décida de sortir dehors histoire de prendre l'air un peu. Sans faire de bruit, il ouvrit la porte et se glissa à l'extérieur. Dans le ciel, la lune était gigantesque et éclairait tout, faisait reluire les quelques goutes de rosées déjà sur l'herbe. Tous les cheveux dormaient, et mis à part le bruit de quelques criquets, on n'entait aucun son. Sieg s'approcha de l'enclos et s'appuya sur la clôture en regardant la lune, songeur....

*Peut-être que nous n'aurions pas dû venir... si l'armée nous trouve ici, les fermiers risquent d'être accusés de nous avoir aidé et exécutés par notre faute...*


Il y pensa encore quelques minutes, puis les minutes devinrent des heures. Il n'avait pas sommeil. Après tout, comment pouvait-il dormir alors qu'il venait tout juste d'apprendre quelle était sa véritable identité? De plus, il ne pouvait pas dormir tant que la princesse n'était pas en sécurité: Il se l'était promis.

Arrivée dans l'étable, Azuria posa le foulard qu'elle tenait dans la main. Elle accepta avec un sourire discret les couvertures que Malon leur prêta avec gentillesse. Comme l'intérieur était peu éclairé, elle dû tâtonner le sol pour trouver un endroit convenable où s'installer. Dormir dans la paille ne la dérangeait pas. Lors de ses différents voyage du temps où elle vivait encore en Alagaësia, elle avait connu des situations bien pires. Ainsi, elle ne fit aucune remarque à ce sujet. S'allongeant lentement, elle ne posa aucune couverture sur elle. En effet, la jeune femme n'arrivait pas à trouver le sommeil. Trop de nouveaux éléments se bousculaient dans son esprit. L'arrivée soudaine de Sieg, l'infiltration d'assassins cherchant à la tuer et prendre le pouvoir... Comment pouvait-on décemment dormir après tant d'événements en une seule soirée ? Des fois, l'elfe se demandait quand elle allait enfin avoir une vie tranquille.
Pourtant, malgré son insomnie, elle se sentait un peu fatiguée. Elle n'arrêtait pas de se faire du souci pour Impa qui était encore emprisonnée au château. De plus, elle ne pouvait pas contacter les autres sages, risquant d'être immédiatement repérée par leurs ennemis. Tout un tas de problèmes qui la rendaient anxieuse. Soupirant faiblement, la princesse se retourna afin de voir où se trouvait Sieg. Quelle ne fut pas sa surprise de s'apercevoir qu'elle était seule dans l'étable. Elle n'était donc pas la seule d'eux deux à rester éveillée.

*- Peut-être est-il allé dehors, supposa-t-elle en s'asseyant sur la paille qui recouvrait le plancher. Dans ce cas... Autant y aller aussi.*

Aussitôt, elle se releva et passa une main dans ses cheveux pour enlever les brins qui s'y étaient déposés. Une fois ceci fait, elle reprit l'écharpe qu'elle avait posé et la remit autour de son visage. Heureusement qu'elle le fit car le vent venait de se lever et soufflait sur la plaine. L'air était froid et Azuria éprouva un frisson qui lui parcourut l'échine du dos. Remettant les pans de sa cape, elle se dirigea du côté de l'enclos. Les chevaux dormaient paisiblement et vit une silhouette appuyée sur la barrière. Pas besoin de réfléchir pour comprendre qu'il s'agissait de Sieg. S'avançant dans sa direction, la magicienne sentit ses chaussures s'humidifier, cause de la rosée matinale envahissant l'herbe grasse. Comme la nuit était d'un calme plat, on pouvait aisément discerner le bruit de ses pas. Néanmoins, le jeune homme ne se retournait pas. Il paraissait plongé dans ses pensées et la première idée de l'elfe fut de le laisser tranquille. Mais alors qu'elle s'apprêtait à dévier sa trajectoire, elle s'approcha instinctivement de lui. Restant silencieuse, elle se contenta de l'observer de dos pendant quelques minutes. Au bout de ce laps de temps, elle fit quelques pas en avant et vint s'arrêter à côté de Sieg.

- Toi non plus tu n'arrivais pas à trouver le sommeil ? Lorsque j'ai voulu savoir où tu étais, je ne t'ai pas vu, déclara-t-elle l'air de rien en marquant une pause. A quoi penses-tu ?

Sa question était tout à fait anodine. En aucun cas la princesse ne voulait paraître curieuse. Il s'agissait juste des premiers mots qui étaient parvenus à franchir le seuil de ses lèvres. Fixant l'enclos face à elle, la jeune femme prenait soin de ne pas tourner la tête en direction de l'hylien.


Pendant ce temps au palais, le commandant attendait avec impatience le rapport de son second. Il n'arrivait pas à tenir en place. Il passait son temps à faire les cent pas où à rester assis sur le trône en toute impudence. Un sourire était figé sur ses lèvres et il arborait une armure étincelante. L'homme s'était vraiment approprié le château dès la fuite des deux jeunes gens.
Alors qu'il s'apprêtait à quitter la salle du trône, son subalterne arriva en courant dans la pièce. Il était essoufflé et il voulut reprendre sa respiration, prenant appuie sur ses genoux. Une épée à la hanche gauche, il tenait un heaume sous le bras. Néanmoins, il n'eut pas réellement le temps de se reposer car le commandant l'assaillit aussitôt de questions.

- Alors, les avez-vous retrouvés ? Zelda est-elle emprisonnée ou mieux... Morte ? S'enquit-il de questionner, laissant éclater sa curiosité. La sage a-t-elle donné la position des autres du conseil ?

- Eh bien en fait, rien de tout cela. La princesse ainsi que cet étranger se sont échappés de la ville: ils sont introuvables. Nous n'avons pas put fouiller toutes les maisons, cela éveillerait les soupçons du peuple, expliqua-t-il avec une certaine appréhension sur la réaction de son supérieur. Mais nous pensons qu'ils ne sont pas allés bien loin. Une troupe de soldats a été envoyé sur la plaine pour les retrouver.

Frustré par cet échec, le chef de l'armée frappa l'accoudoir du trône avec violence. Ses traits étaient déformés par la rage. Cependant, cet excès de colère ne dura qu'un bref instant. Reprenant contenance devant son second, il s'éclaircit la gorge et lui fit signe de partir. Celui-ci s'exécuta sans se faire prier.

- Je vous aurais... Morts ou vifs, murmura-t-il d'un air sadique quand il fut enfin seul.

Sieg n'avait pas bougé, même si il avait entendu la princesse sortir de la grange et se diriger vers lui. Peut-être savait-elle utiliser la magie et se battre, mais pour la discrétion, elle aurait besoin d'un cours. On ne pouvait cepandant pas la blâmer car aucun bruit ne retentissait en cette nuit calme et douce. Le moindre petit son se faisait entendre à plusieurs mètres, peu importe ce qu'il était. Lorsqu'elle fut près de lui, il ne la regarda pas, continuant de fixer la lune, seule source de lumière à l'extérieur des deux bâtiments de l'entrée du ranch. Azuria semblait honteuse et mal à l'aise. Elle ne s'avait pas comment agir avec un homme qu'elle avait aimé, qui avait tenté de la tuer, puis qui venait de lui sauver la vie. Dans un sens, c'était compréhensible. Les événements avaient pris une tournure totalement imprévue et explosive. Elle qui était bien tranquille dans son château se retrouvait maintenant au millieu de nulle part avec un assassin dont elle ignorait les intentions. Sans la regarder, il tenta de la rassurer et de briser le malaise qui se trouvent entre eux deux.

-Je réfléchissait à un moyen pour régler les problèmes que je t'ai causés., répondit-il.

C'est à se moment qu'il plongea son regard dans le sien, comme il l'avait fait quelques fois en ces dernières heures. Il sentait qu'elle n'aimait pas qu'elle le fasse, mais il savait que c'était nécessaire pour lui parler sérieusement.

-Écoute bien, je n'ai plus aucun souvenir d'avoir été Link. Je veux tout d'abord m'excuser pour t'avoir menacée, dans le désert du Hadarac. Je n'aurais pas dû, j'ai agis bêtement et j'en ai honte. Et... jeux veux t'avouer que...

il détourna les yeux, regarda le sol. Il prit une bonne respiration et leva à nouveaux le visage.

-Je te crois. Maintenant j'ai besoin de toi pour retrouver ma mémoire et redevenir celui que j'étais autrefois. Je ferai tout ce que je peux pour te protèger, mais je t'en prie, aide-moi.

Azuria ne bougea pas lorsqu'il plongea son regard dans le sien. Néanmoins elle se raidit instinctivement, ayant du mal à rester sereine dès qu'elle voyait ses yeux d'un bleu éclatant. S'il pouvait éviter d'agir ainsi, cela l'arrangerait. Elle avait du mal à garder toutes les pensées qui l'assaillaient, lui donnant l'impression de conserver un lourd secret. Ce poids, elle avait du mal à le contenir. Pour éviter de se trahir, la jeune femme voulut détourner la tête. Cependant, son cou refusait d'exécuter ce simple geste. Elle était immobile, telle une statue de marbre. Heureusement Sieg y parvint, ce qui la soulagea considérablement. Son embarras s'étant atténué, elle laissa échapper un soupir de lassitude. Elle était vraiment idiote, rien de plus. Le pire dans cette histoire: c'était qu'elle s'en rendait vraiment compte. Passant une main dans ses cheveux blonds, elle inclina discrètement la tête du côté du jeune homme. Ecoutant ses paroles, elle acquiesça silencieusement sa requête. Bien sûr qu'elle l'aiderait ! Elle était prête à tout pour ça... Même si elle n'avait pas véritablement affaire à l'homme qu'elle connaissait, elle ne pouvait pas s'en empêcher.

- Je ne crois pas que tu pourras redevenir exactement celui que tu étais autrefois, commenta-t-elle en fixant l'enclos devant elle. Ce serait quasiment impossible. Enfin après tout, je ne puis te cacher que j'espère me tromper. Mais quoi qu'il arrive, je te promets de t'aider à retrouver la mémoire. Tu n'as pas à avoir honte des erreurs du passé. Ce qui est fait est fait, tu es incapable de le changer. Alors pour ce qui est de l'histoire au Hadarac... Cela n'a pas d'importance.

*- Comme tu peux être stupide, se dit-elle juste après en baissant la tête. Il ne redeviendra jamais le même... Link, lui, m'aimait. C'est quand même un détail très différent d'aujourd'hui.*

L'elfe se mordit inconsciemment la lèvre inférieur, gênée. Toutefois, c'était le seul signe de sa nervosité. Elle posa une main sur son front pour tenter de reprendre ses esprits. Rien à faire, c'était le chaos dans ses pensées. Comment diable pouvait-il la troubler ainsi avec seulement un regard et quelques mots ? C'était totalement insensé. Pendant qu'elle réfléchissait, le silence s'installait de nouveau entre eux. Cela rendait l'ambiance tendue, quasiment insupportable. N'arrivant pas à rester ainsi, la princesse reprit la parole en fixant Sieg de son regard saphir.

- Sieg, je voulais aussi te dire que... Commença-t-elle en sentant son coeur se comprimer de manière désagréable.

Seulement, sa gorge se noua et elle ne put continuer sa phrase. Elle était totalement bloquée. Pourtant, elle les avait déjà dit ces mots ! Cette simple phrase, que tout le monde connaissait, n'arrivait plus à franchir le seuil de ses lèvres. D'ailleurs, elle les fermis pour ne pas paraître saugrenue. Puis Azuria se déroba en tournant la tête encore une fois. Pas la peine d'insister, elle n'y parviendrait plus. Et elle n'avait plus la force de perdre une seconde fois ce à quoi elle tenait comme à la prunelle de ses yeux.

- Non en fait oublie, bafouilla-t-elle en tournant les talons.

Sans en ajouter plus, elle partit à grands pas en direction de l'étable. La tête baissée, elle se retint de courir tout en gardant une allure très soutenue. Tout ce qu'elle voulait, c'était s'éloigner de Sieg pendant au moins un bon moment.

Le commandant était sur un balcon qui donnait sur la place centrale de la cité. Devant lui, une énorme foule. Habitants, riches et pauvres, civils et militaires, tous applaudissaient leur nouveau souverain. Celui-ci avait l'air sérieux, décidé. Et tous l'aclamaient comme l'homme qui allait améliorer la situation.

-Peuple d'hyrule, Les sages et la princesse vous ont trahi. Depuis le départ de Ganondorf, la situation est de pire en pire. Une grande famine sévit sur nous, et pendant que nous mourrions de faim, les sages, la princesse et autres magiciens de pacotille étaient à l'aise, profitant de vous! Mais nous, la garde Royale, avons vite remarqué cela. C'est pourquoi nous avons prit le pouvoir. Nous vous promettons que nous allons pourchasser et vaincre jusqu'au dernier magicien de cette terre!
Une nouvelle acclamation l'interrompit. Il leva les bras au ciel pour acceuillir cet appui du peuple. Les gens ne se contenaient plus: ils sautaient, se poussaient, tous contents de ce revirement de situation dans leur intérêt.

-Malheuresement, la princesse nous a glissé entre les doigts. Mais n'ayez crainte, l'armée est déjà à ses trousses et nous la trouverons très bientôt. À partir de maintenant, je déclare la monarchie officiellement abolie à Hyrule!

Nouvelle acclamation. Après une pause, il continua.

-Et à partir de maintenant, la garde et l'armée royale répondront au nom de la Milice Blanche d'Hyrule, dont tous les miliciens s'engagent à purifier nos terres de la magie, qui nous a causé tant de problèmes jusqu'à présent. Et moi, Dumcan, je me proclame Procureur Général! Mais comme je veux faire valoir vos intérêts, je vous le demande: acceptez-vous de m'avoir à votre tête, pour défendre vos intérêts?

Quatrème et plus grande des acclamations. Le message du peuple était clair: il en avait assez de la magie et de la monarchie.





Sieg se retourna et regarda Azuria s'en aller. Elle était au paroxisme de son malaise. Maintenant il était clair que rien ne pouvait être pire, et c'est pourquoi, conscient de son indiscrétion, il lâcha ses mots, assez fort pour qu'elle l'entende malgré la distance:

-Tu m'aimes, c'est ça?

Il ne bougea pas, continua à la regarder de dos. Après un moment, il retourna sur la clôture, réalisant la bétise qu'il venait de faire. Sa respiration était saccadée, son front plein de sueur. Lui aussi ressentait le malaise, désormais.

-Je me sens coupable. Tu aimais beaucoup Link, et par ma faute il a disparu. Pourtant, par moment, j'ai l'impression qu'il essaie de sortir, de renaître: comme lorsque j'ai utilisé le vent de Farore, au Palais. J'avais l'impression de ne plus avois le contrôle de mes mouvements et de mes pensées. Tout ce que je voulais, c'était t'avoir dans mes bras, saine et sauve...

A cause du silence environnant, la voix de Sieg avait portée jusqu'à Azuria. L'intéressée s'arrêta net, n'en croyant pas ses oreilles. Cette confession la troublait, l'obligeant à fermer les yeux pour garder le fil de ses pensées. C'était tout bonnement impossible. Mais à quoi pensait-il donc ? S'il souhaitait la rendre confuse, il venait de réussir haut la main. Joignant les mains, la jeune femme baissa la tête. Les battements de son coeur s'intensifièrent et l'espace d'un instant, elle crut que Sieg pouvait lui aussi les entendre. Essayant de reprendre contenance, elle inspira longuement, sa respiration étant entrecoupée de légères pauses. Les doigts serrés en deux poings, l'elfe sentait des tremblements la parcourir de toute part. Non, elle se refusait à être la même qu'autrefois. Elle devait être forte, ne rien laisser paraître. Et pourtant... Tout son corps la trahissait, elle le savait pertinemment. Tournant alors la tête en direction du jeune homme, elle le fixa tandis qu'il était de nouveau dos à elle. La magicienne se mordit la lèvre inférieure, ayant du mal à dire le fond de sa pensée. Cependant, il fallait que cela cesse une bonne fois pour toute. Elle n'en pouvait plus de tout garder pour elle.

- Oui...C'est vrai, se contenta-t-elle de répondre en premier lieu. J'aime énormément Link, plus que tu ne peux le penser. Mais toi Sieg, je sais que tu n'éprouves rien pour moi. Je t'avoue que parfois, je ne sais pas moi-même à qui j'ai affaire. Si tu savais à quel point c'est dur... En tout cas je t'en prie, que tout ceci s'arrête. Je ne supporte plus montrer autant ma plus grande faiblesse. Alors dis-moi ce que toi tu ressens vraiment, que je puisse enfin être fixée.

Une fois cette tirade lancée, la princesse comprit enfin l'erreur qu'elle venait de commettre. Ce n'était pas son genre d'avouer ses sentiments d'une façon aussi nette et précise à quelqu'un qu'elle ne connaissait qu'à peine. Car après tout, elle ne savait rien de Sieg. Elle sentit alors ses joues s'empourprer sous le choc et il lui fallut fournir un grand effort pour reprendre son calme. Qu'allait-il donc penser d'elle après ça ? Azuria n'en avait aucune idée et elle redoutait la réaction du jeune homme. S'il manquait de tact, cela pourrait bien tourner à la catastrophe. Toutefois, elle attendit sans rien ajouter de plus. Pas la peine d'envenimer cette histoire déjà bien assez compliquée ! Mieux valait se taire pour le moment... Encore un peu.

*- J'aurais dû me taire, pensa l'elfe en se maudissant intérieurement. Je n'ai pas réfléchit et voilà le résultat ! Quelle catastrophe...*

Prenant son courage à deux mains, Sieg s'avança vers Azuria. Son pas était lent et le temps qu'il lui fallut pour arriver jusqu'à elle semblait être une éternité alors qu'il ne s'agissait que de quelques secondes. Il ne savait pas comment l'aborder. Elle avait tant espèré retrouver l'homme qu'ele aimait et Sieg se sentait impuissant face à cette demande. Et ce qu'il voulait avoir à tout prix à éviter était de lui briser le coeur, car jamais il ne pourrait supporter de voir un visage si joli, si parfait couvert de pleurs. Pour la première fois, il se sentait étrangement confus; ce qu'il ressentait à l'égard de la princesse n'était ni de la haine, ni de l'amitié. C'était un sentiment étrange qu'il ne connaissait pas. Un mélange de compassion et de désir de protection.

-Je sais que tu l'aimes plus que tout, ça saute aux yeux. Mais le fait est que je ne suis pas Link... ou que je ne le suis plus. Mais je t'assure que Link est toujours vivant. Il vit à travers moi... Je suis très confus, je ne sais plus quoi penser! Je sens que je ne suis plus le même, que ma personalité s'est dédoublée....

Se rendant compte qu'il paniquait et qu'il changeait gravement de sujet, il se calma et prit une longue respiration, histoire de reprendre son soufle. Avec un effort surhumain, il reprit ses esprits et fit de son mieux pour répondre à la question qu'elle lui avait posé quelques minutes plus tôt, voulant la réconforter comme il le pouvait.

-Tout ça pour dire que mes pensées sont encore trops confuses pour pouvoir me dire quels sont les sentiments que j'ai à ton égard. Ce que tu vas devoir faire, c'est me tuer... tuer cette personne en trop dans ce corps, pour que Link puisse renaître à nouveau. Mais je ne sais pas comment nous pourrions le faire... alors attendons l'aube, puis partons aux montagnes, c'est ce qu'il faut faire pour l'instant.



Les voilà.... ils sont à porté. Dès que tu me donnes le signal, les archers leur enverront une courte volée et ils mourront. Nous n'auront qu'à dire au Procureur qu'ils nous ont attaqué et que nous n'avons pas eu d'autre choix que de les abattre. On rapporte les corps et hop! Le tour est joué et on a notre promotion! , dit un éclaireur caché loin, sur un rocher en hauteur d'où il pouvait voir tout ce qui se passait dans le ranch.

-Non, nous avons ordre de les suivre, pas de les tuer. Et puis nous ne sommes que six, ce n'est peut-être pas assez pour vaincre deux adeptes de la magie. Les sorciers ne sont pas nombreux, mais ils sont très puissants. Tu ne sais pas de quoi ils sont capables, lui rappella un autre

-Ouais... je crois que tu as raison. Tâchons seulement de ne pas se faire remarquer, ce qui ne devrait pas être un problème. Nous sommes des Sheikahs, après tout, et nous surpassons n'importe quelle espèce de magicien!

-Quand je pense à ce qu'ils ont fait à Impa... C'est tout de même elle qui nous a appris tout ça!

-Oui, mais elle nous a trahi. C'est une des sages, après tout.

Azuria évita son regard pendant qu'il lui parlait. Elle l'écouta s'expliquer et il ne lui fallut pas croiser ses yeux pour sentir à quel point il était lui-même confus. Il fallait l'avouer, cette situation était plus que singulière. De son côté, elle voulait retrouver la personne qu'elle aimait sans pour autant contraindre Sieg. Et du sien, il souhaitait juste connaître son passé et était troublé par la tournure des événements, par ce qu'il éprouvait. La jeune fille ne voulait pas l'obliger à "mourir" comme il le disait. Après tout, elle était exactement dans la même situation que lui. Malgré ces quelques mois passés au château, elle avait toujours un peu de mal à se reconnaître en tant que Zelda. Dans son esprit, elle se nommait tout simplement Azuria et n'était pas la princesse d'Hyrule. Quelques parcelles de sa mémoire n’étaient pas encore revenues... Ainsi, elle comprenait mieux que quiconque ce qu'éprouvait Sieg en cet instant. Néanmoins, elle se refusait à le montrer. Pas la peine de remettre ses propres problèmes en cause.

- J'espère ne pas avoir à en arriver là, murmura-t-elle en baissant la tête, peinée. Autrefois tu m'as toujours soutenue quand les sages voulaient m'offrir le même sort que celui que tu désires t'infliger. Ce serait mal te remercier d'agir ainsi. Cette volonté ne tient qu'à toi, tu ne dois pas prendre en compte ma personne dans ton choix. Tout ce que je souhaite... c'est ton bonheur.

Etrangement, la magicienne eut du mal à prononcer cette dernière phrase. Car indirectement, cela l'obligeait à accomplir des sacrifices auxquels elle n'était pas prête à faire face. Cependant, elle avait prit sa décision qui était dorénavant irrévocable. Elle ferrait tout pour aider Sieg, quoi qu'il décide. Voulant briser l'embarras entre eux, Azuria s'avança d'un pas vers le jeune homme. L'observant un instant dans les yeux, elle rapprocha son visage du sien et déposa un baiser léger sur sa joue. Rien d'extravagant, juste une marque discrète d'affection. Puis, sans un mot, elle s'éloigna de nouveau en marchant d'un pas énergique. Si elle avait put, elle se serait mise à courir mais elle ne le fit pas. L'elfe se dirigea vers l'étable et s'y engouffra sans s'attarder à l'extérieur. Une fois qu'elle fut engloutie dans l'obscurité totale qui régnait dans l'écurie, elle cacha son visage dans ses mains glacées afin de se ressaisir. Elle s'assit ensuite sur la paille qui recouvrait le plancher et tenta de trouver le sommeil jusqu'au lever du soleil.



- Où en sont les Sheikahs que vous avez envoyés ? Demanda Dumcan à l'homme qui se tenait devant lui.

- Ils surveillent les deux élus, comme vous l'avez demandé procureur. Ne vous en faite pas, mes troupes sont très entraînées et elles sauront se montrer discrètes.

L'homme incliné devant était plutôt grand et portait une tenue originale. Ses cheveux bruns étaient tenus en une courte queue de cheval et il avait une cicatrice au niveau de l'oeil droit. Ses bras ainsi que ses jambes étaient enrubannées de tissu blanc et le reste de ses vêtements moulants étaient d'un bleu sombre. Il s'agissait bien évidemment d'un Sheikah, membre du peuple de l'ombre. Dumcan ne lui accordait qu'une piètre importance, le considérant comme un simple pion sur son échiquier. Tout ce qu'il voulait, c'était retrouver les sages et la princesse pour tous les tuer. Après, il s'occuperait de ces gêneurs comme les Sheikahs. Mais pour le moment, il était obligé de s'allier avec eux pour gagner leur confiance. Quelle perte de temps à ses yeux...

- Parfait, se contenta-t-il de répondre. Continuez ainsi.

Sieg se raidit lorsque les lèvres de la princesse touchèrent sa joue. Il ne s'attendait pas du tout à un geste de la sorte, alors qu'il venait de chambouler la vie de la jeune fille et qu'elle était passée à deux doigts de mourir par sa faute. Cependant, cela n'avait point été déplaisant. Le doux contact des lèvres humides de la jeune fille était doux et plaisant. Jamais il n’avait ressenti une telle chose. On aurait dit qu’Azuria avait déversé un trop plein d’émotions sur lui. L’espace d’une seconde, il voulu la prendre dans ses bras, la rassurer, l’embrasser. Mais il n’en eut pas le temps, car elle était déjà bien loin, à l’intérieur de l’étable. Ne voulant pas troubler la quiétude de la nuit, et surtout par malaise, il décida de rester à l’extérieur. Songeur, il se coucha sur l’herbe et petit à petit, réussi à s’endormir.

Le lendemain, c’est Malon qui vint le réveiller, confuse de le trouver à l’extérieur, seul, alors qu’elle lui avait trouvé un petit endroit chaud et confortable où dormir avec la princesse. C’était l’aube et le soleil était d’un orangé éclatant. Après un petit repas seul avec la fermière, Sieg retourna à l’enclos, où il trouva la princesse, montée sur un étalon blanc, avec Talon à ses côtés, qui lui donnait des directives.

-Faites attention, Tempête est très rapide et peu obéissant, mais on dirait qu’il vous a déjà adopté! Nous sommes prêts à vous le prêter car Vous avez fait tant pour nous depuis que Ganondorf est parti. Bien sûr, nous avons eu nouvelle de ce que le procureur Dumcan a dit, mais nous vous serons toujours fidèles et reconnaissant.

De son côté, Malon semblait embarrassée. Le jeune inconnu qui accompagnait Zelda ressemblait étrangement à Link, son ancien ami. Bien sûr, elle avait envie d’en parler, de lui poser des questions, mais étant timide de nature, elle n’osait pas. Soudain, une Jument qui était très loin s’approcha à grand galops. Elle alla tout près de Sieg et, de son museau, elle le renifla. Comme par réflexe, le jeune homme plaça sa main sur le cou de l’animal.

-…. Epona. Je me souviens de toi.

-C’est toi!, s’exclama spontanément Malon. Tu es Link! Jamais Epona n’aurais fait confiance ainsi à un étranger. Mais comment? Je te croyais mort!!

Les yeux pleins de larmes, elle le prit dans ses bras, le serra très fort et engouffra sa tête dans son torse. Surpris, celui si ne fit que la prendre par les épaules pour la consoler.

-Eh bien… c’est une longue histoire… Le temps nous presse, nous devons vite nous rendre aux montagnes. Lorsque tout sera fini, je t’expliquerai…

Déçue, elle le lâcha et alla chercher refuge dans les bras de son père. Après quelques remerciements de la part des deux voyageurs, les fermiers retournèrent à leurs travaux quotidiens et prirent congé d’eux. Maintenant qu’ils avaient leurs destriers, ils étaient à une journée de leur refuge… sans se douter qu’ils étaient suivis par des espions Sheikahs.

Écoutant les instructions de Talon à la lettre, Azuria acquiesça lorsqu'il lui conseilla de se méfier. L'animal était beau et sa robe était d'un blanc immaculé. En somme, un très bel étalon. Il renâclait nerveusement avec la pointe de son sabot mais sa cavalière l'ignora. Qu'il soit rapide l'arrangeait car moins de temps ils mettraient à se rendre aux montagnes, mieux ce serait. Toutefois malgré le sourire reconnaissant qui était dessiné sur ses lèvres, la jeune femme ne put s'empêcher de froncer les sourcils en entendant parler du commandant Dumcan. Et voilà qu'il était maintenant procureur ! Il ne perdait pas son temps en batifolage. Et tout le peuple l'avait crut lorsqu'il avait énuméré ses vices ainsi que ceux des sages. De purs racontars ! Jamais l'elfe n'avait vécu dans l'oisiveté tandis que les habitants d'Hyrule connaissait une crise de famine: elle ne l'aurait jamais supporté. Bien entendu, ces derniers temps, elle avait laissé les sages s'occuper des affaires et n'apparaissait jamais en public. Peut-être était-ce une raison qui avait poussé les Hyliens à croire Dumcan... Après tout, ils comptaient énormément sur leur princesse. Celle-ci n'ayant pas été très présente, n'avait fait que décevoir leurs attentes. Malheureusement, il était trop tard pour s'en rendre compte.

Regardant du coin de l'oeil le comportement de Malon, la magicienne ne fit aucune remarque. Au contraire, elle eut une pointe de compassion envers la jeune fermière qui avait sûrement escompté une réaction plus amicale de la part de Sieg. Mais il avait réussit à ne pas paraître trop distant, ce qui rassura Azuria. Il n'avait sut comment réagir, ce qui était tout à fait compréhensible. Ainsi, après ces échanges quelques peu embarrassés, ils avaient quitté le ranch en suivant la route qui menait aux montagnes. La matinée fut longue et silencieuse. Les événements de la veille avaient réfréné l'elfe qui n'osait plus adresser la parole au jeune homme. Celui-ci semblait connaître le même malaise, ce qui les empêcha d'engager la discussion. Comme l'avait prévenu Talon, Tempête causa quelques petits soucis à sa propriétaire. Ne tenant pas en place, le cheval partait parfois au trot sans qu'elle ne le lui ait demandé. Mais dans l'ensemble, il était très agréable et la princesse flatta plus d'une fois son encolure.

*- J'espère que les autres membres du conseil seront bel et bien au refuge... Si ce n'est pas le cas, je redoute la suite des événements, pensa-t-elle à un moment du voyage.*

Au bout de six heures de trajet, ils décidèrent de faire une halte afin que les deux destriers se reposent. Il n'était pas loin de midi et ils avaient traversé la moitié de la plaine qui les séparait des montagnes. Ils arrivaient environ à la tombée de la nuit, ce qui rendrait leur déplacement plus discret. De plus, l'entrée de la grotte atteinte, ils devraient faire extrêmement attention à ce que personne ne découvre le passage qui menait au refuge. Mais pour le moment, mieux valait se nourrir pour pouvoir arriver là-bas sans être sur le point de s'évanouir. Les deux fermiers leur avaient donné quelques vivres pour le trajet et la magicienne les sortit donc pour préparer le repas. Elle alluma un feu et fit cuire un peu de viande.
Pendant qu'elle s'affairait à cuisiner, elle perçut une sensation désagréable. C'était comme lorsqu'elle se sentait observée par une foule avide de l'écouter parler. Intriguée, elle se retourna mais ne vit rien derrière elle. La plaine paraissait vide de présence autre que la leur. Pas un bruit dans les alentours, seul le vent qui passait dans le feuillage des arbres. Mettant ça sur le coup de la fatigue, Azuria se reporta à la confection de son repas. Dès qu'elle eut terminé, elle appela brièvement Sieg qui se trouvait non loin. Ils mangèrent donc tranquillement, toujours dans un silence pesant. Cependant, la jeune femme ne supportait plus cela. Après quelques minutes dans une atmosphère gênante, elle s'adressa à son compagnon de voyage tout en fixant son déjeuné.

- Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voudrais savoir sur ton passé ? Demanda-t-elle sur le ton de la conversation en s'efforçant de garder ses émotions pour elle. Autant profiter de cette journée pour te débarrasser de certaines questions...

Sieg ne parla pas de tout le voyage. Il était trop préocupé par le sort d'hyrule pour commencer une discussion avec qui que se soit. De plus, il ne savait pas comment agir avec Azuria. Ce sentiment nouveau, qu'il avait ressenti la nuit précédente... était-ce de l'amour? Ou était-ce seulement une partie de Link qui ne faisait que ressurgir en lui? Depuis ce simple baiser sur la joue, qui dura à peine deux secondes, le jeune homme avait l'étrange envie de se rapprocher de la princesse, de la prendre dans ses bras, de humer son doux parfum... mais il ne pouvait pas s'abandonner ainsi. Comment l'embrasser si il arrivait à peine à lui parler sans se mettre dans tout ses états? Il sursauta lorsqu'elle lui adressa la parole, lui qui était entrain de réfléchir profondément, perdu dans ses pensées. Le fait qu'elle soit ouverte à ses questions le rassura quelques peu. Il se concentra et posa celle qui lui semblait la plus importante.

-Je voudrais savoir... ce pouvoir que je possède, le vent de Farore... comment l'ai-je, enfin... comment Link l'a t-il acquérit? Qu'est-ce que la magie? Et qui sont les sages?

Sans le vouloir, il avait posé plus d'une question. Mais c'était plus fort que lui: il avait enfin la chance de savoir qui il était autrefois et il n'avait pas l'intention de la laisser passer. Cepandant, il se devait de garder son calme... et sa patience. Si il posait rapidement trop de questions, la confusion s'installerait entre les deux jeunes gens et ils ne seraient pas plus avancés. Cela était très difficile, car des milliers d'interrogations vaguaient dans son esprit et lui brulaient le bout des lèvres.



hrpg: et voilà! tu vois comme c'est payant d'être patiente, dans la vie? ;-)

hrpg: bon les passages de parole je pense que tu peux les passer xD. Au moins la seconde partie comme je fais que des rappels que tu connais déjà ^^*

Azuria ne s'attendait pas à ce genre de questions. Cependant, elle ne le fit pas savoir et se contenta de réfléchir. Qu'est-ce que la magie... Voilà une question bien vague à laquelle elle n'était pas sûre de pouvoir répondre. Après tout, elle était habituée à la magie d'Alagaësia, non à celle qui coulait vraiment dans ses veines: la magie des détenteurs de la Triforce. Rassemblant ce qu'elle connaissait à ce sujet, elle chercha à rendre ces informations cohérentes. Pendant qu'elle réfléchissait, la jeune femme bougeait sa fourchette en un geste nerveux. Elle n'osait pas vraiment s’adresser à Sieg en le regardant dans les yeux. Depuis les événements de la veille, elle avait du mal à le fixer. C'était comme un blocage auquel elle ne cherchait pas à remédier. Pensive, l'elfe finit malgré tout à trouver les mots justes pour de telles explications.

- Eh bien pour commencer, si tu possèdes ce pouvoir c'est grâce à la Triforce que tu détiens. La Triforce, trois triangles d'or possédant des pouvoirs magiques, est la base même de notre pouvoir. Tu bénéficies toi-même de celle du courage et moi de la sagesse.

Afin de soutenir ses arguments quelque peu convaincants, la princesse dû fournir un bel effort. Lâchant son repas qu'elle posa à côté, elle s'avança vers Sieg et lui prit la main. Elle la retourna ensuite pour lui montrer la marque qu'il portait à la main gauche. Il s'agissait de trois triangles qui, au final, n'en formaient qu'un. La magicienne mit sa propre main près de celle du jeune homme et soudain, elle s'illuminèrent d'un éclat doré. Voyant cela, elle se recula et reprit ses éclaircissements en adressant un bref regard à son interlocuteur.

- En réalité, il y a une légende qui explique l'apparition de la Triforce. Laisse-moi te la conter, demanda-t-elle pour qu'il ne l'interrompe pas. Il y a très longtemps... Avant le début de la vie, avant la création du monde, trois déesses descendirent sur le monde chaotique qu'était Hyrule. L'une s'appelait Din, la déesse de la force, l'autre Nayru, la déesse de la sagesse et la dernière Farore, déesse du courage. Din, de ses puissants bras enflammés, cultiva le sol pour créer la terre. Nayru parsema sa sagesse sur la terre pour donner au monde l'esprit et la loi. Farore, pleine de richesses, créa toutes les formes de vie pour le respect de cette loi. Ces trois grandes déesses regagnèrent les cieux, laissant derrière elles la Triforce sacrée en or. Dès lors, la Triforce fut à l'origine de la providence d'Hyrule. Le lieu où se trouvait la Triforce devint une terre sacrée. Quiconque parviendra à réunir les trois morceaux se verra doté d'un pouvoir suprême. Si le coeur de cette personne est juste; Hyrule connaîtra l'âge d'or. Mais si cette dite personne possède de noirs desseins, le chaos s'abattra sur le royaume. C'est pour cela que Ganondorf ne doit pas tomber sur la Triforce, précisa-t-elle, l'expression de son visage devant soudain grave.

Après cette longue tirade, Azuria reprit un peu son souffle. Elle avait récité tout cela de mémoire, ce qui la stupéfia elle-même. Aussi loin que ses souvenirs le lui permettaient, il lui semblait n'avoir entendu cette légende qu'une seule fois de la bouche de Link. Toutefois, elle ne s'attarda pas longtemps sur ce détail étrange. Elle n'avait pas encore répondu à toutes les questions que Sieg lui avait posé. Il fallait toujours qu'elle lui parle du conseil des sages: une chose assez délicate, avouons-le. Car en effet, la princesse avait un peu de mal à parler des sages sans se souvenir des ennuis qu'ils lui avaient causés. Tous sauf Saria, qui les avait soutenus jusqu'au bout. Reprenant ses esprits pour ne pas divaguer, la jeune femme reprit aussitôt la parole.

- En réalite, le conseil des sages est constitué de sept membres. Un de chaque peuple, commenta-t-elle en passant une main dans ses cheveux blonds. Il y a la sage de la forêt qui se nomme Saria. C'est une kokiri et ta.... Je veux dire la meilleure amie de Link. Ensuite il y a Darunia: chef de la tribu goron et sage du feu. Que tu connais il y a aussi Ruto: princesse des zoras et sage de l'eau. Il me semble qu'elle a un petit penchant pour toi, avoua la jeune femme en étouffant un rire amusé. Après, je te citerais Rauru: un vieil homme et peut-être le plus sérieux de tous. Je n'oublierais pas non plus Nabooru. C'est la chef des gérudos, un peuple uniquement de femmes au caractère fort. Tu es l'un des seuls hommes à avoir gagné leur confiance. Mais pour en revenir à Nabooru, il s'agit de la sage de l'esprit. Et enfin, il y a Impa. C'est ma nourrice sheikah et sage de l'ombre. Et pour diriger tout ce monde... Eh bien il y a moi: chef des sages d'Hyrule.

Une fois terminé, l'elfe ne put s'empêcher de soupirer. Voilà quelque chose de bien compliqué à ses yeux. De plus, elle était la plus jeune des sages du conseil. Car même Saria, qui avait pourtant le corps d'un enfant, avait peut-être quelques années de plus qu'elle. Mais ça, elle n'en était pas sûre et au grand jamais elle n'aurait osé poser la question à l'intéressée. Pendant qu'elle laissait à Sieg le temps d'assimiler toutes ces informations, Azuria laissa vaquer son regard à travers la plaine. C'est alors que subitement, elle vit une ombre se glisser derrière un arbre. Intriguée, elle fronça les sourcils mais ne fit aucune remarque. Elle attendit alors que le jeune homme lui adresse la parole, ouverte à n'importe quelle autre question.