Le passé et l'avenir ne font qu'un (pv Azuria)

Un éclair vert illumina le Hall du repère. Cinq silhouettes se découpèrent dans la lumière magique. Lorsqu'elle se fut estompée, les rebelles apparurent. Encerclé des trois Sheikahs, le couple se tenait immobile. Comme ils étaient de nouveau en sécurité, les espions s'éloignèrent en silence ; Azuria ne les entendit même pas. Son visage était calé contre le torse de Sieg et ses yeux étaient clos. Elle se refusait à les ouvrir, même si elle savait que tout était terminé pour le moment. Ses doigts fins restaient accrochés aux vêtements du jeune homme. Elle était incapable de les y enlever. La princesse sentit son pouls s'accélérer comme jamais. A cette désagréable sensation d'ajouta peur, soulagement et fatigue. Le souvenir de la scène, marqué au fer dans sa mémoire, venait la pourchasser. Les images passées étaient surtout concentrées sur les yeux de Dumcan. Deux sphères brumes dont jaillissaient une impression de folie ; tout simplement effrayant. Ils la hantaient, la fixant avec fatalité. Ils la vrillaient sans gêne jusque sous ses paupières fermées. Toutefois, malgré ces iris foncés qui la scrutaient, elle restait silencieuse. Seule la présence de Sieg lui permettait de garder son sang-froid. Il était là, à ses côtés ; il ne courait aucun danger imminent. Cette pensée lui permit de desserrer l'étreinte qu'elle exerçait.

- Si tu savais... Si tu savais comme j'ai eu peur, murmura-t-elle d'une voix faible. Pourras-tu me pardonner pour ce que j'ai osé faire ?

Néanmoins, l'elfe n'eut guère le temps de recevoir une réponse. A peine sa voix eut-elle brisé le silence du grand Hall qu'Impa arriva en trombe. Ses mèches blanches, d'ordinaire impeccablement tirées, étaient en désordre. Quant à ses iris rouges, elles se braquèrent soudain sur la magicienne qui ne la vit pas arriver. Elle ne sentit que son aura dès qu'il toucha le sien, familier et rassurant. Ce fut un contact quasi-imperceptible qui l'envahit d'une douceur sans pareille. L'espace d'un instant, la jeune femme soupira lentement, laissant échapper un souffle froid de sa bouche.

- Zelda...! Je suis tellement soulagée de te voir saine et sauve, s'exclama-t-elle sous l'émotion.

Sa démarche s'accéléra aussitôt et elle arriva en une minute. Sans plus attendre, la nourrice prit sa protégée dans ses bras et l'éloigna de Sieg. Elle la serra longuement, se déchargeant des craintes qui la rongeaient depuis 24heures. Bien qu'elle soit calme, Azuria sentait que la Sheikah se retenait de verser les larmes coincées dans sa gorge. Elle, pleurer ? C'est à ce moment que la princesse se rendit compte de ce qu'elle avait fait. Si le héros n'était pas venu à son secours, elle n'aurait jamais pu revoir Impa. A cette pensée, un tremblement secoua sa respiration déjà instable.

- Je n'avais pas le choix Impa, se contenta de répondre la jeune femme.

- Non, il y avait sûrement d'autres solutions ! Ensemble, nous serions parvenus à une autre option, j'en suis certaine. Tu as faillit te faire tuer, t'en rends-tu compte ?

La magicienne ne parvint pas à répondre. La Sheikah soupira alors faiblement et saisit la princesse par les épaules. Un sourire chaleureux se dessina alors son visage dont les traits se décrispaient au fur et à mesure.

- Mais ce n'est que du passé maintenant. Tu devrais aller te reposer un peu, conseilla-t-elle calmement. Je préviendrai les autres sages de votre retour, nous aurons une réunion demain matin...

Impa, plus qu'heureuse de retrouver sa protégée saine et sauve, remercia grandement Sieg d'avoir sauvé la situation une fois de plus et alla vite prévenir le conseil pour leur apprendre cette bonne nouvelle. Elle prépara une petite réunion pour savoir où en était l'entraînement de leur armée, leur ressources, et l'avènement de Dumcan. Mais comme les deux jeunes venaient de passer une moment qui leur avait probablement procuré des émotions fortes, elle les laissa se reposer seuls dans leurs quartiers. La tempête faisait toujours rage et il pleuvait à boire debout, c'est pourquoi ils restèrent dans la pièce ou se trouvait leur lit et fermèrent la porte qui donnait le petit étant aménagé par Ruto. Quelques bougies suffisaient à produire la seule lumìère dont ils avaient besoin. Ils étaient là, étendus sur le matelas, côte à côte. Lui, en tenue plus décontractée qu'à l'habitude, par le simple fait qu'il n'avait pas mis sa cape, Elle qui avait changé ses vêtements sales de prisonnière pour sa noble robe qui lui allait si bien. Sieg était seul, sa bien-aimée dans ses bras... mais pourtant, il se sentait mal. Comme si quelque chose manquait en lui. Devait-il lui en parler maintenant? Non. Cela ne servirait à rien, car lui-même ne savait pas ce qui le tracassait ainsi. La seule chose qu'il parvint à lui dire fut quelque chose qu'il espèrait de tout coeur, mais qui qui se reproduirait, il en était sûr.

-Je ne veux plus jamais que tu me fasses peur ainsi. Si jamais tu tentes à nouveau de te jeter dans la gueule du loup, tu me demanderas au moins mon aide, n'est-ce pas?, lui demanda t-il avec le sourrire.


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L'orage qui avait secoué les plaines la veille s'était arrêté durant la nuit. Maintenant, c'était le calme plat. Cepandant, la tempête avait laissé sa trace de passage: un épais brouillard couvrait l'horizon. Les sentinelles, positionnées au sommet de la montagne avait peine à voir ce qui se passait près de la base du mont qui cachait le quartier général. Tarm, un vétéran s'étant établi au village Cocorico avant de rejoindre les rebelles était assis sur un banc de fortune et acérait son épée tant dis que Léonor, un nouveau, mangeait un bout de pain.

-Dis, Tarm. À ton avis, l'armée blanche nous arrêtera, un jour?

Tarm était énormément respecté par les soldats Rebelles, qu'ils soient Hyliens, Gorons, ou Zoras, et peu importe leur âge. On pouvait dire que c'était le guerrier le plus expérimenté, car il avait vu bien plus de batailles que les membres du conseil eux-mêmes. On lui avait plusieurs fois offert le poste de général, qu'il avait refusé à chaque fois, préférant rester dans les rangs pour aider ses pairs du mieux qu'il le pouvait. Il s'était toujours rangé du côté de la royauté et se battait avec fouge et espoir. Mais cette fois...


-Je ne sais pas. J'ai combattu les guerriers-voleurs, les moblins, les démons... et aujourd'hui, c'est ma propre race qui m'effraie. Jamais je n'ai affronté une ennemi avec des armes aussi avancées que celles des miliciens. Les Sheikahs qui ont infiltré le château l'autre jour m'ont décrit comment c'était. Depuis ce temps, tout nos hommes, peu importe où ils se trouvent dans le royaume, sont sur la défensive. Pour la première fois, je doute de notre victoire.

-Mais nous avons la magie, chose qu'ils n'ont pas!

-À mon avis, Dumcan a plus d'un tour dans.... hé, as-tu entendu ça?

Ils se ruèrent tout deux vers le bord de la falaise. Un bruit retentissait au loin. On dirait dit du tonnerre, mais c'était beaucoup trop ordonné pour être cela. Pendant un instant, les deux rebelles crurent qu'un géant avançait vers eux. Puis, à travers la brume, ils discernèrent des hommes, portant tous une armure et transportant tous de grands drapeaux blancs... l'armée blanche. Ils étaient infiniment nombreux, au moins trois régiments. Plus de six mille hommes, tous armés d'arquebuse, cette arme tant redoutée. Tarm souffla dans un cor. Bien vite, uen vingtaine de soldats montèrent pour venir les rejoindre.

-Mes amis, nous avons de la visite.

Terrifiés, ils regardèrent les miliciens arriver à grand pas, tous bien ordonnés. On voyait bien qu'ils avait disposés de plus de temps pour s'entraîner qu'eux et qu'ils étaient beaucoup plus détérminés qu'ils ne l'avaient cru.

-C'est impossible! Si un régiment aussi grand aurait quitté la citadelle, les membre de camp qui s'y trouvent nous aurait prévenus, non?

-Ils ont dû être capturés. Léonor, va prévenir Impa. Tous les autres, prenez un arc. La journée s'annonce difficile.

Epuisée de sa nuit, Azuria dormait encore paisiblement lorsque le cor retentit dans toutes les montagnes. Cela la réveilla en sursaut tandis qu'elle se redressait, secouée une fois de plus par le même cauchemar. Quand allait-il cesser de la hanter ? Toutefois, elle n'eut guère le temps de se le demander. Le mugissement de la corne était clair : un danger imminent était en marche. Que Dumcan riposte aussitôt était inconcevable. La nuit venait à peine de se terminer qu'il lançait déjà une nouvelle offensive ? La jeune femme n'en crut pas ses oreilles. Malgré tout, elle se leva en quatrième vitesse, ne manquant pas de réveiller Sieg au passage. En un rien de temps, le couple fut levé et se dirigea vers le grand Hall.
Quelle ne fut pas leur stupéfaction lorsqu'ils entendirent des échos de voix en traversant les longs couloirs. Déjà, ils avaient croisé quelques gardes qui leur passèrent devant sans même s'arrêter. Comme un coup de vent, ils filèrent à toute vitesse sans même se retourner. Puis, ils aperçurent enfin l'amas de soldats qui piétinait le sol de la grande salle. Au beau milieu de la pièce, le conseil des sages tentait de rassurer ou contenir chaque membre de leur peuple respectif. Celles qui avaient le moins de travail étaient Saria et Impa. Les Sheikahs étant calmes et les Kokiris absents, elle se contentaient d'observer la situation avec anxiété.

- Que se passe-t-il donc ici ? Demanda Azuria en scrutant les rebelles des yeux.

Il ne lui fallut guère longtemps pour recevoir une réponse à sa question. Rauru, suivit du reste des sages, vint à sa rencontre. Il semblait totalement dépassé par les événements, comme tous les autres. Un flot de sentinelles les suivit avant de s'agglutiner derrière l'assemblée des rebelles. Les oreilles avides de recommandations, ils sommèrent néanmoins le silence au reste de leurs congénères pour que chacun puisse suivre la conversation. D'un simple récapitulatif, cette discussion tourna au discours diplomatique afin de rassurer toute une armée.

- Le Procureur a envoyé trois régiments dangereusement équipés dans notre direction. Je ne sais pas comment il a sut où nous nous trouvions... Mais l'heure est grave, souligna le sage de la lumière avec austérité. Ils devraient arriver d'ici une heure, ce qui ne nous laisse guère le temps de nous préparer. Fort heureusement, les arquebuses sont sûrement piégées mais nous n'avons aucun moyen de le vérifier.

- Nous n'avons même pas eut le temps de nous y préparer, ajouta Ruto en soupirant. Nous courrons à notre perte.

- Sans compter notre nombre qui est en déficience comparé à la quantité incalculable dont dispose Dumcan. J'ai bien peur que ce soit la fin de notre rébellion, commenta à son tour Nabooru, résignée.

Le brouhaha infernal laissa alors place au silence ; un silence insupportable, pesant. Tous les visages étaient blêmes, la bouche entrouverte. La princesse douta que cela ne dure longtemps. Tandis qu'elle réfléchissait au plus vite à une réponse, elle compta aussi les secondes qui s'écoulaient. Vingt, trente, et... La panique saisit tous les rangs. Et c'est là qu'on put distinguer les habitués de la guerre des fermiers enrôlés, éblouis par la liberté. Les uns restaient immobiles, atterrés ; tandis que les autres se mettaient à pleurer ou à s'agiter, par peur de la mort. Et tout ceci lui parut impossible à gérer. Comment calmer autant de personnes alors qu'elle-même, jeune elfe, avait un mal fou à l'être ? Mais en premier lieu, il fallait absolument que tout ce boucan prenne fin ; pour qu'elle puisse au moins se concentrer. Elle se fraya alors un chemin pour rejoindre la petite plate-forme qui surplombait le Hall.

- Silence ! Dût-elle clamer pour obtenir ce qu'elle désirait. Céder à la terreur ne nous avancera pas. Nous avons encore une chance, nous devons nous battre jusqu'au bout ! Si nous en sommes arrivés là, c'est parce que nous avons gardé la tête haute ; nous devons continuer. Sans cela, il est certain que nous n'aurons plus aucune chance. Vous êtes le dernier espoir d'Hyrule, tâchez de ne jamais l'oublier même si la mort vient frapper à notre porte. Pensez à vos familles qui compte sur vous pour les sauver. Vous ne pouvez pas les abandonner !

- Ouai, hurla une voix dans la foule. La princesse a raison, on ne peut pas avoir fait tous ces efforts pour rien !

A cela se joignit de nombreux cris de guerre qui s'amplifièrent au fur et à mesure. Puis suivirent des acclamations, résonnant en désordre mais emplis d'une forte et nouvelle volonté. Azuria en fut apaisée, elle qui croyait ne rien arranger avec son discours.

- Que chacun se prépare à empoigner une arme. Que chacun soit fort jusqu'à la fin. Et que chacun sorte victorieux de cette bataille ! Les généraux, occupez-vous de donner les indications à vos troupes.

En un rien de temps, tout le monde fut près. Les Hyliens étaient tous en armure et allaient se positionner sur les différentes falaises de la montagne afin de pouvoir tirer sur l'ennemi lorsqu'ils seraient à porté. Il avaient tous de grands arcs scultés par les Gorons, mais la majorité d'entre eux avait de la difficulté à toucher une cible lors de leur entraînement et comptaient sur la chance pour remporter cette bataille. Les fantassins, quant à eux, se tenaient au flanc de la montagne et avaient ordre de sa placer en position avant d'attaquer les miliciens pour leur condamner l'accès à la base. Les quelques Zoras, Kokiris et mages qui étaient toujours en vie furent intégrés aux fantassins. Les gorons étaient cachés plus haut et dévaleraient la montagner pour aller frapper les ennemis au moment opportun. Les sheikah et les Gérudos restaient à l'intérieur avec les infirmiers et les cuisiniers afin de s'assurer que les femmes et les enfants des soldats soient à l'abris. Les sages, quant à eux, étaient positionnés un peu partout afin de s'assurer que tout aille bien. Sieg, pour sa part, était tout en haut de la montagne, avec Tarm et une trentaine d'archers à ses côtés.

-Ils sont là. Crois-tu qu'ils vont envoyer un messager?

D'en bas, un officer blanc demanda qu'on activie les catapultes. Des dizaines de pierres énorment vinrent se fracasser contre les montagnes, décimant les rangs des rebelles. L'un de projectile s'écrasa juste à côté de Sieg.

-Le voilà, ton messager.

La bataille était commencée. Les archers commencèrent à tirer, pour riposter à l'attaque des catapultes. Quelques Miliciens tombèrent après avoir reçu une flèche en plein torse, mais cela n'arrêta pas les autres. Lorsqu'ils arrivèrent à l'entrée de la base, ils furent surpris de tomber sur un grand nombre de fantassins prêts à les attaquer. Comme ils étaient tous collés, puisque l'endroit était très étroit, les miliciens ne purent pas savoir quel était le nombre de Rebelles. Rapidement, ils se placèrent en rang et commencèrent à faire feu. Dès lors, un massacre commença. Les fantassins, armés d'épées, fonçaient vers leurs ennemis, puis se faisaient vite cribler de balles d'arquebuses. Seulement quelques-uns d'entre eux réussirent à se rendre jusqu'à l'ennemi pour les attaquer. Malheureusement, faire exploser la poudre des arquebuses demandait du temps, et Darunia ne pourrait le faire qu'après quelques heures. Pour l'instant, ils devaient endurer comme ils le pouvaient.

-Allez- y!, cris Sieg

La montagne commença à vibrer. Les miliciens, intrigués, cessèrent le feu et regardèrent d'où provenaient le bruit. Les rebelles profitèrent de cet instant de confusion pour s'approcher d'eux et les attaquer au corps à corps. La panique s'empara des rangs de l'armée blanche: une bonne centaine de Gorons, recrovillés en boules, roulaient vers eux à une vitesse folle. Lorsque l'impact de fit, bon nombre de miliciens tombèrent sur le sol, les membres fracturés et en sang. La bataille continua de plus belle, continuant à faire des morts des deux côtés... mais beaucoup plus du côté des rebelles.

Des hurlements retentissaient de chaque côté de la montagne, offrant une atmosphère encore plus macabre au champ de bataille. Les détonations étaient de plus en plus fréquentes alors que l'éclat des épées disparaissait sous une couche de sang. Les corps s'entassaient rapidement ; les pertes se faisaient de plus en plus nombreuses. Et tandis que le combat faisait rage, le soleil entamait sa course céleste derrière un épais voile de nuages. La brume matinale persistait, ce qui devenait un avantage pour les rebelles. En effet, les miliciens de l'armée blanche ne pouvaient discerner les hauteurs et les meilleurs archers restaient donc hors de portée. Pour une fois, les déesses avaient décidé de venir en aide aux rebelles en leur apportant le soutient de la nature ; ils en profitaient donc autant que possible. Cependant, cela ne suffirait pas à leur donner la victoire.
Azuria, elle, avait hérité du flan ouest du repère, celui qui était le moins proche de la bataille. En effet, après les événements de la veille, les sages avaient souhaité ne pas la mettre en danger. Pourtant, ils n'avaient pas osé l'écarter complètement de cette guerre qui faisait rage. La jeune femme était proche des catapultes qui, pour le moment, étaient inutiles. L'armée adverse n'était pas assez avancée pour qu'ils puissent lâcher sur eux une volée de rochers. Et avec le brouillard, ils risquaient de toucher leurs alliés. Fort heureusement, une percée se fit sur le côté nord. Profitant de cette opportunité, la princesse fit signe à ses hommes de lancer les offensives. Les cordes furent coupées et dans un bruit assourdissant, les projectiles furent dirigés vers les opposants.

- Envoyez des renforts aux fantassins ! Cria-t-elle afin de se faire entendre. Que les gorons se replient un peu ou ils risquent de ne pas tenir longtemps.

Et chacun suivait ses indications aussi vite que possible. Malgré leur faible effectif, quelques soldats à pied parvinrent à rejoindre leurs pairs. Puis suivit la cavalerie qu'ils avaient eu peine à former. Les chevaux, pour la plupart, étaient des animaux de ferme peu taillés pour le combat. Il en était parfois de même pour leurs cavaliers. Toutefois, ils firent leur possible pour repousser l'ennemi. Deux heures s'écoulèrent dans le même rythme ; sans que Darunia ne puisse invoquer le pouvoir nécessaire à la destruction des arquebuses. Pendant ce temps, le moral des rebelles s'amenuisait. Les forces adverses avaient gagné du terrain, les forçant à commencer le repli stratégique. Rien n'allait pour le mieux et si la situation empirait, ils allaient essuyer une cuisante défaite. Néanmoins, la princesse refusait d'y penser. La tête haute, elle gardait un oeil sur tout le combat afin de superviser au mieux les troupes dont elle disposait. Levant la tête, elle chercha Sieg de ses yeux bleutés. Le voir aussi déterminé l'emplit de soulagement. Elle sut alors qu'il n'y avait aucune raison qu'il perde le combat. Sur ce, elle redoubla d'efforts pour mener ses alliés à la victoire tant désirée. Après tout, ils n'avaient plus beaucoup de temps à tenir. D'une minute à l'autre, Darunia allait pouvoir invoquer l'incantation goronne qui apporterait une fin à tous leurs maux. Et là, tout se retournerait à leur avantage.

- Ne faiblissez pas, demanda-t-elle haut et fort à tous les soldats présents. Nous pouvons réussir, pour la liberté d'Hyrule !

hrpg: alla c'est officiellement terminé ! Désolée, en fait j'ai eu un petit problème lundi soir si tu vois ce que je veux dire xD.

Les Miliciens, bien placés, tiraient de plus en plus. Depuis l'arrivée des Gorons, ils doutaient de la facilité avec laquelle ils allaient remporter cette bataille, mais plus l'effectif des rebelles baissait, plus la détermination de l'armée blanche grandissait. Il fallait se rendre à l'évidence: les fantassins devaient retourner à l'intérieur de la base si ils ne voulaient pas tous mourir sous le feu des armes ennemies. Cependant, ils ne pouvaient pas simplement reculer et remonter le chemin de la montagne pour regagner les portes, car ils s'éloigneraient ainsi des miliciens et deviendraient ainsi une cible facile pour leurs tirs. Alors, pour leur donner une occasion de retraite, un groupe d'archers s'approcha du flanc de la falaise et tirèrent le plus de projectiles possibles pour tuer les miliciens trop près et les faire changer temporairement de cible. Dès que ceux-ci s'exécutèrent, Rauru sonna l'ordre de rentrer à la base. Lentement, les portes de pierre s'ouvrirent pour laisser entrer les fantassins qui tenaient toujours debout, et se refermèrent pour empêcher les enemis d'y entrer. Sieg et Tarm en profitèrent, avec les autres sages, pour retourner dans les profondeurs de la montagne et voir où en était le moral de leur troupes. Dans le Hall, le jeune héro vit les soldats, couverts de sangs et horrifiés pour la plupart par ce qu'ils venaient de vivre sur les champs de bataille. Dans la foule, il aperçut Rauru, qui s'approcha de lui.

-Link, combien d'archers nous reste t-il?

-Seulement une dizaine d'entre-eux sont morts. La brume les camoufle et les miliciens ont tiré à l'aveuglette, sans succès. Nos hommes restent la haut et essaient de tuer le plus de miliciens possible.

-Parfait. Mais nous avons toujours un problème: l'ennemi est juste devant nos portes. Cela ne les retiendra pas longtemps.

-Où en est la prìère de Darunia?

-Je ne sais pas. La princesse est allée le voir pour savoir combien de temps il lui faudrait encore...

Sans répondre, Sieg alla sur la petite tribune qu'Azuria avait utilisée plutôt et tâcha de se faire entendre lui aussi. Aucun plan n'avait été préparé jusqu'à présent, il faudrait donc improviser.

-Mes fères, les miliciens entreront bientôt dans nos murs. Les femmes, les enfants, et le personnel vont être conduits plus profondément pour être à l'abri. Notre devoir est d'empêcher à tout prix les ennemis de les atteindre. Les Gerudos et les Sheikahs vont monter nous aider, et les Gorons vont construire des barricade de pierre avant de combattre à nos côtés également.

-c'est terminé, lâcha un Zora. Lorsqu'ils auront franchi la porte, ils nous anéantiront.

-Si tel est notre destin, c'est ce qui arrivera. Mais laissez-moi vous dire une chose: Jamais l'un d'entre-nous ne sera le prisonnier de Dumcan. Nous mourront au combat, au nom de la justice. Vous êtes le dernier espoir d'hyrule. Tâchez d'en être digne!

Un bruit de pas s'éloignait du boucan provoqué par le repli des soldats. Dans les couloirs déserts, un oiseau volait en direction du coeur de la montagne. Derrière cet élégant oiseau, une cape noire flottait au moindre de ses mouvements. Oui, Azuria filait comme une flèche pour rejoindre Darunia, laissant son armée aux soins de Sieg. Le temps lui manquait, alors elle faisait tout pour ne pas le gâcher inutilement. Pourtant, elle ne pouvait accélérer l'allure à cause de sa robe distinguée qui se glissait entre ses jambes. A défaut de pouvoir se précipiter, la princesse se démenait afin d'arriver au plus vite. Tandis qu'elle s'engouffrait dans les profondeurs, elle se sentait oppressée ; seule. Plus elle avançait, plus elle avait l'impression que le corridor se rétrécissait sur son passage. Que les murs se soient rejoints dans son dos ne l'aurait nullement étonné. Elle étouffait, un poids pesant sur sa cage thoracique à la moindre avancée qu'elle faisait. A cela s'ajoutait une peur indicible ayant sournoisement brisé son sang-froid. Même s'il n'y avait personne pour la regarder, l'elfe s'efforçait de garder un masque de sérénité qui menaçait d'éclater à chaque instant. Elle savait pertinemment qu'il lui était impossible d'afficher une mine contrite. C'est pourquoi, elle luttait contre l'effroi que lui inspiraient ces couloirs plongés dans les ténèbres ; une frousse idiote, elle le reconnût. Même si ce ne fut aisé, elle y parvint durant tout le trajet qui la conduisit au sage du feu.
Celui-ci était enfermé dans une cavité aménagée d'un tapis et d'un autel. Une porte de pierre interdisait l'accès à cette pièce exiguë qui, faute d'être une bonne protection contre les intrus, était gardée par deux imposants gorons.

- Laissez-moi passer, somma la magicienne essoufflée. Nous devons être tenus au courant du déroulement de l'incantation.

Sans un mot, les gardiens s'écartèrent chacun de leur côté ; l'entrée fut alors libérée. Azuria s'empressa d'y pénétrer en prenant soin de la refermer derrière elle. Ceci fait, elle se tourna vers Darunia qui, à sa plus grande surprise, n'était pas seule. Sous la stupeur, ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'ils reconnurent leur invité. Près du sage, un homme en armure blanche se tenait dans une posture hautaine : Dumcan. Sur sa tête était niché un heaume d'argent surmonté d'une plume lui donnant des allures de coq. Quand l'intrus eut remarqué la présence de la jeune femme, il lui adressa un sourire aussi prétentieux que ses airs.

- Je me doutais bien qu'il ne vous faudrait pas longtemps pour venir ici Zelda, déclara-t-il en ricanant. Ce ne fut pas facile de contenir votre ami goron, mais il n'a pas résisté à un sort paralysant.

- Comment vous êtes-vous introduit jusqu'ici sans vous faire remarquer ? Demanda son interlocutrice en se reculant vers la porte. J'espère pour vous que Darunia n'a rien.

- Voyons... Cet imbécile mangeur de pierre ne m'est d'aucune utilité, vous le savez aussi bien que moi, assura-t-il en ne répondant pas à sa question. Non, vous êtes une proie beaucoup plus intéressante.

A ces mots, l'intéressée se raidit. Les doigts serrés sur la poignée, elle s'apprêtait à l'ouvrir pour s'échapper. Cependant, le rire guttural du Procureur la clouait sur place. En paralysant le goron, il avait empêché leur seul chance de s'accomplir. Azuria hésita alors : sauver Darunia ou prévenir Sieg de cette intrusion ? Voilà les choix qui s'offraient à elle ; tous comportaient des avantages comme des inconvénients. Puis, une idée germa dans son esprit ou plutôt une solution aux deux problèmes. Aussitôt, sans répondre à Dumcan, la princesse s'éclipsa de la cavité en claquant l'entrée derrière elle. Pendant qu'elle courait en direction du grand Hall, elle ordonna aux deux gorons de retenir quiconque sortait de la pièce. Bien qu'un peu intrigués, ils acquiescèrent sans protester.
La magicienne refit alors tout le chemin à l'envers, s'empressant de rejoindre Sieg. Et cette fois, elle avait de réelles raisons d'avoir peur. Sa crainte lui donna des ailes, la faisant filer à une telle allure que l'on apercevait qu'une vague blonde traverser le couloir. En très peu de temps, elle arriva dans l'immense salle et se précipita vers le héros.

- Sieg ! Dumcan a pénétré les montagnes et empêche Darunia de nous venir en aide, expliqua, malheureusement trop fort. Il faut absolument faire quelque chose !

Les miliciens frappaient sur les portes dans le but de la défoncer pour pénétrer dans le quartier général.Sieg, arme à la main, se tenait fièrement au milieu du groupe de fantassins qui avaient survécus à l'attaque extérieure. La peur s'était transformée en courage et en détermination. Tous savaient qu'ils allaient probablement laisser leurs vies dans ce combat. Mais tous se souviendraient de leur sacrifices. Et si leur révolte se terminerait aujourd'hui, d'autres prendraient la relève demain. Dumcan serait détroné et la justice, pas une illusion de celle-ci, redevienne maîtresse des terres d'hyrules. Azuria vint sortir Sieg de sa rêverie. Il n'en croyait pas ses oreilles.

-Quoi!? Il quitta le groupe, emmenant Azuria avec lui. Ensemble, ils se dirigèrent vers le long couloir qui menait aux appartements du sage du feu, très loin dans les profondeurs de la montagne.

-Tu es sûre de ce que tu dis? Je ne vois pas comment Dumcan aurait pu entrer ici sans être détecté.

Les deux Gorons étaient toujours fidèles à leur poste, gardant la porte et empêchant qui que se soit de sortir de la pièce, comme la princesse le leur avait demandé. Lorsque les deux jeunes gens entrèrent, ils ne virent pas le procureur, comme ils l'avaient espérés. Au milieu de la pièce se tenait seul Darunia. Il les regardait d'un air hautain, avec des yeux beaucoup plus noirs et malsaints qu'aucun autre goron qu'avait vu Sieg auparavant.

-Darunia, est-ce que tou va bien?

Pour seule réponse, le chef des Gorons étouffa un petit rire, s'approcha de Sieg et lui envoya son imposant poing de pierre. Le héro esquiva sur le côté à la dernière minute.

-Dumcan lui a jeté un sort. Il le contrôle. Il faut lui faire reprendre ses esprits au plus vite, sans quoi nos soldats ne survivront pas.

Puis, il évita adroitement d'autres attaques, ne sachant comment se battre contre cet enemi qui était également son allié.

Dès que le combat avait éclaté entre Sieg et le goron, Azuria s'était reculée de quelques pas. Elle ne comprenait pas. Dumcan était là, quelques minutes plus tôt. Et voilà qu'il s'était volatilisé comme par magie. Link était pourtant le seul à être capable de se téléporter d'un endroit à un autre grâce au vent de Farore. Qu'il soit ainsi apparu dans la petite salle de prière était déjà quasi impossible. Mais qu'il se soit ensuite échappé sans passer par la porte... Cela n'avait aucun sens. Plongée dans ses réflexions, la jeune femme leva les yeux seulement lorsque le héros lui adressa la parole. Elle se contenta alors d'acquiescer d'un hochement énergique de la tête. Son regard parcourut alors la pièce exiguë qui ne contenait rien à part un petit autel de prière ; rien qui ne puisse leur venir en aide contre un goron déchaîné.

- Je ne peux pas utiliser ma magie, déclara-t-elle avec affliction, je risquerai de lui causer plus de tort que de mal. Mais essaye de le retenir le temps que je concentre un sort pour l'endormir.

Sans ajouter quoi que ce soit, la magicienne ferma les yeux. Elle savait que Sieg était capable d'occuper Darunia pendant ce laps de temps. Toutefois, afin de ne courir aucun risque, elle s'activa à la tâche. Contrairement à d'ordinaire, elle devait se concentrer au maximum pour lancer un tel sortilège. Avec une telle agitation autour d'elle, autant dire que cela devenait très compliqué. La princesse n'avait jamais usé d'un tel sort et n'en connaissait pas personnellement les conséquences. Seule Impa lui avait vaguement expliqué les inconvénients que pouvait ressentir le magicien une fois l'enchantement lancé. Malgré cela, Azuria n'avait guère la possibilité de s'interroger sur les conséquences de son acte. D'un geste souple du poignet, elle forma un cercle dans le vide. Un halo de lumière jaune engloba sa main avant de se disperser dans la cavité. Puis elle cette clarté magique vint à tournoyer autour de Darunia qui ne semblait pas y apporter quelconque importance. Grave erreur car l'éclat jaune le frappa de plein fouet. Le sage du feu s'écroula alors sur le sol, endormi.
L'elfe fut soudainement prise de vertige et vacilla quelques instants avant de se ressaisir. Le chef des gorons était encore sous l'emprise de Dumcan et elle devait faire en sorte de stopper ce sort. D'une démarche peu assurée, elle s'approcha de Darunia qui était allongé, ronflant à gorge déployée.

- A nous deux cher Procureur, murmura la jeune femme en posant une main délicate sur le front du sage.

Azuria entra dans l'esprit du goron somnolent qui n'opposa aucune résistance. Il ne lui fallut que peu de temps avant de trouver ce qu'elle cherchait. Rassemblant toutes ses forces, elle tenta de repousser Dumcan qui gardait le contrôle de leur allié. Au début, elle avait du mal à se protéger et faillit plus d'une fois être expulsée de l'âme de Darunia. Néanmoins, elle tint bon et finit par obtenir raison. Le Procureur céda et abandonna tout effort pour maintenant son pouvoir. Quand la princesse fut certaine d'avoir réussit, elle quitta à son tour l'esprit du sage. Ayant dépensé trop d'énergie en quelques minutes, elle s'évanouit et tomba aux côtés du goron.

Dans le hall, la peur régnait. Les soldats savaient que ce combat seraient leur dernier. Cependant, lorsqu'ils virent les Gérudos, les Gorons, et les Sheikahs se placer à leur côtés, ils gagnèrent un peu plus en confiance. Oui, ils mourraient, mais au moins ils mourraient ensemble, unis, pour la même cause. Les coups que les béliers ennemis donnaient sur la porte devenaient de plus en plus assourdissants. Tous étaient en position de combat. Autant les vétérans que les recrues, tout comme les plus vieux et les jeunes combatants. Tarm avait vu maintes fois ce spectacle émouvant; celui du paysan transformé en soldat, ne se préocupant pas du nombre et de la force de ses ennemis, n'ayant pour but que de mourrir par amour pour sa patrie. Puis, un premier trou se fit dans la porte. Suivi d'un deuxième.

-Soldats, tenez vous prêts! , hurla Impa, son épée à la main.

Après un dernier coup de bélier, les portes tombèrent. Bien vite, la pièce vu envahie par bon nombre de miliciens qui essayaient de se frayer un chemin à travers les divers obstacles de pierres placés par les gorons. Dès leur entrée, ils furent criblés de flèches envoyés par la vingtaine d'archers qui s'étaient réfugiés à l'intérieur pour porter secours à leurs compagnons. Puis, les fantassins fondirent sur eux, ce à quoi ils répondirent en envoyant une salve de balles. Dès lors, même avec tout l'archenement du monde, la défaite des rebelles semblait inévitable. Mais soudain, quelque chose se produisit. Les arquebuses cessèrent le feu, et ce, sans le consentement de ceux qui les maniaient. Puis, elles se brisèrent et tombèrent sur le sol, en cendre.

-La prière a fonctionné! Foncez!

Un regain d'espoir s'empara des soldats. Le sourrire aux lèvres, ils crièrent, sautèrent, et attaquèrent férocement les malheureux miliciens qui étaient désormais contrais de se battre avec les sabres qu'ils portaient avec leur uniforme. Cependant, si ils étaient particulièrement doués pour tirer sur des cibles, leur compétences au combat à l'épée étaient faibles, contrairement aux rebelles qui avaient reçus le meilleur entraînement qui soit. Bien vite, se fut le tour des miliciens de battre retraite, puisqu'ils ne pouvaient faire face à la confusion qui s'emparaient de leurs rangs. Marcus, qui les dirigieait, sonna le cor. Enfin, sous les flèches et le fer des soldats, l'armée blanche dévala la colline et courru sur la plaine, essuyant ainsi une cuisante défaite contre les rebelles, chose que Dumcan allait difficilement accepter.

Dans le hall, on dançait, on fêtait. Rien ne pouvait décrire la joie qui animait les Rebelles. Oui, bon nombre de leurs amis étaient morts, mais ils avaient maintenant la certitude que de s'opposer à Dumcan n'était finalement pas inutile. Au milieu de cette euphorie, on pouvait voir Darunia monter les escaliers pour arriver dans la pièce, l'air affaibli, suivi de Sieg, qui portait Azuria sur ses épaules. Bien vite, Impa accouru à son aide, et ils la transportèrent à l'infirmirie, où tous les blessés se trouvaient également.

Azuria reprit conscience deux heures plus tard. Lorsqu'elle ouvrit enfin les yeux, elle fut aveuglée par une lumière blanche qui la fit sursauter. Un mal de crâne épouvante vint l'assaillir avant qu'elle ne puisse savoir où elle se trouvait. C'était comme si mille aiguilles lui transperçaient la tête toutes les trois secondes. Mais bien que la jeune femme soit encore un peu déconnectée de la réalité, elle se jura une seule chose : plus jamais elle n'utiliserait ce sortilège de sommeil avant d'engager un duel télépathique avec qui que ce soit. Il faudrait au moins une journée entière avant qu'elle ne soit complètement remise de cet acte irréfléchis. Avec un peu de chance, cela avait porté ses fruits ; du moins elle l'espérait. Après avoir rompu l'emprise qu'exerçait le Procureur sur Darunia, l'elfe ne se souvenait plus de rien. Et voilà qu'elle se retrouvait dans une pièce qui lui était pour le moment inconnue ! Une pensée traversa son esprit tandis qu'elle cherchait pour la seconde fois à ouvrir à l'oeil : qu'était-il advenu du combat entre les rebelles et l'armée blanche ? Où était Sieg, Impa et les autres sages ? Il fallait qu'elle le sache au plus vite. Toutefois, elle n'eut guère le temps de se le demander plus longtemps. Une voix aux intonations douces, rassurantes, lui parvint.

- Son état est stable, murmura-t-on à ses côtés. Elle ne devrait pas tarder à se réveiller grâce aux soins que nous lui avons prodigués.

- Impa... C'est toi ? Demanda la princesse en entrouvrant ses iris de saphir.

L'intéressée se retourna immédiatement et écarte d'un geste vif la source de cette lueur éblouissante. Azuria put ainsi discerner les traits tendus de sa nourrice qui se relâchèrent dès que leurs deux regards se croisèrent. La Sheikah, soulagée de voir sa protégée saine et sauve, la prit affectueusement dans ses bras en lui disant à quel point elle était heureuse que rien de grave ne lui soit arrivé. Encore trop épuisée, la magicienne se contenta de poser délicatement une main dans le dos de la sage.
Pendant les minutes qui suivirent cette embrassade, les deux femmes discutèrent de la bataille qui apparemment était une victoire. Il y avait de nombreux blessés et encore plus de morts, mais au moins Dumcan n'oserait plus s'attaquer directement aux rebelles. Ils avaient aussi relevé quelques dégâts plus ou moins graves que les Gérudos et les Zoras étaient déjà en train de réparer. Une fois que la jeune femme eut pris connaissance de la situation générale, elle s'empressa de questionner Impa au sujet de Sieg. Il n'était pas à l'infirmerie et elle souhaitait le rejoindre pour s'assurer elle-même de sa santé.

- Je l'ai congédié dès que nous t'avons amenée ici. Il était épuisé alors je lui ai conseillé d'aller se reposer un peu dans vos appartements, expliqua la Sheikah avec sérénité. Quant à toi, je te conseille rester encore ici.

Mais rien à faire, la magicienne avait déjà quitté son lit de fortune et s'apprêtait à quitter l'infirmerie. Sa nourrice voulut d'abord protester mais s'en retint à la dernière seconde. De toute façon, cela n'aurait pas changé les intentions d'Azuria qui avait refermé la porte derrière elle. D'un pas chancelant, elle traversa tous les couloirs bondés. Au préalable, elle avait recouvert son visage de sa cape noire qu'elle portait toujours. Elle put ainsi marcher entre les soldats qui ne lui accordèrent aucune importance, trop préoccupés par la joie que leur procurait cette victoire. En un rien de temps, elle arriva devant leurs appartements. Elle y entra en silence puis, faisant face au héros, elle lui adressa un sourire enchanteur. Il allait bien, elle pouvait enfin se décontracter. Toutefois, malgré tout cela, elle ne put s'empêcher de dire :

- Comment te sens-tu ? J'espère que je ne te dérange pas... Impa m'a raconté le déroulement de la bataille mais je voulais m'assurer que tu ailles bien.

Sieg, seul dans ses appartements, était assis sur son lit. Lors de la bataille, il avait reçu une balle dans le bras droit, et celle-ci lui faisait maintenant atrocement mal. À l'aide de pinces, il retira le petit bout de métal qui avait pris place dans sa chair, après quoi il mit un bandage qu'il enroula autour de son bras pour empêcher que le sang ne se répende partout. S'il était ici, c'était parce qu'Impa l'avait imploré de se retirer. Mais il se fichait éperdument de ses blessures ou de sa fatigue, il voulait s'assurer qu'Azuria aille bien. Après cet affrontement mental dans l'âme de Darunia, elle semblait plutôt faible. Son evanouissement l'avait grandement inquiété. Alors qu'il se levait pour retourner à l'infirmerie, il tomba nez à nez avec celle qui avait justement l'intention d'aller voir. Contre toute attente, elle semblait se porter à merveille, malgré que le fait qu'elle semblait épuisée, ce qui était toute à fait compréhensible après ce qu'ils avaient vécu quelques heures plutôt. Elle venait de vider toute son énergie à affronter leur pire ennemi, s'était évanouïe, et avait fallit trépasser... mais s'inquiétait tout de même pour lui, qui n'avait gardé de la bataille que quelques égratignure. Cela l'amusa; cette jeune fille avait énormément de courage. Il souria de toutes ses dents et alla l'enlacer.

-Je vais bien, rassure-toi.

Puis, il déposa un léger baiser dans son cou. C'est alors qu'il sentit qu'elle était beaucoup plus épuisée. qu'il ne l'avait d'abord cru lorsqu'elle était entrée dans la pièce. Doucment, il la prit et l'invita à s'allonger sur le lit où il était lui-même quelques instants plus tôt. Il s'assit près d'elle et carressa ses cheveux un instant, puis se leva à nouveau.

-Je vais te chercher quelque chose à manger. Ne bouge pas.




-Que comptez-vous faire à présent, monsieur le procureur?

Marcus avait mené l'armée blanche lors du raid sur les montagnes, et il avait échoué, ce que Dumcan avait difficilement accepté. De plus, les arquebuses avaient été détruites, puisque la poudre donnée par les gorons avait été piégée.

-Nous avons laissé la vie aux gorons, mais ils sont de mèches avec les rebelles. C'était une grave erreur de ma part. Nous ne pouvons décidemment pas faire confiance aux autres races. Il faut les exterminer.

-Faire ceci vous ferait perdre la loyauté de vos citoyens. Rappellez-vous, dans la forêt Kokiri...

-Je n'en ai que faire! , répliqua froidement Dumcan. Cette ville et ses habitants sont sous mon emprise. Ils doivent m'obéir. Recrute le plus de soldats possible, par la force s'il le faut. Entraîne-les. Les deux seuls territoires qu'il reste aux rebelles sont les montagnes et le désert. Puisque leur quartier général n'est pas avec les Gérudos, les rebelles y seront peu nombreux. Avec ls nouveaux hommes, tu iras conquérir ce territoire.

-Et que faisons nous des rebelles des montagnes?

-Ils ont gagné cette bataille parce qu'ils étaient bien défendus. Ils ne sont pas assez nombreux pour nous attaquer directement, alors laissons-les pourrir.

- Bien mon commandant, faîte-moi signe si je peux vous venir en aide, déclara Marcus et s'éloignant de son supérieur.

Celui-ci ne répondit pas, ne lui accordant aucun signe qui attestait de son attention envers le capitaine. La porte se referma derrière lui en un claquement sourd qu'il ignora. Il était seul ; alors, sa rage éclata. Dumcan renversa la table qui était à ses côtés et tout ce qui s'y trouvait s'éparpilla sur le sol. Il s'assit ensuite sur une chaise et scruta la fenêtre ouverte. Ces chiens de rebelles avaient mis fin à son plan si ingénieux. Et ça, il ne pouvait l'accepter. Sous la fureur qui l'accablait, l'homme prit sa tête entre ses mains et poussa un grognement sauvage.

- Si vous croyez vous en tirer comme ça, c'est mal me connaître ! Vous allez me le payer, tous les deux ! Hurla-t-il de sa voix tonitruante.

Soudain, une idée lui vint. S'il ne pouvait obtenir ce qu'il voulait par les méthodes habituelles, il allait avoir recours à d'autres moyens, tous aussi abominables les uns que les autres. Mais sur l'heure, ses possibilités étaient restreintes. Il prit alors ce qui lui tombait sous la main : une cruche remplie d'eau et un bol. Il versa le contenu de la carafe dans le récipient et murmura deux ou trois mots qui n'avaient aucun sens. La boisson se troubla jusqu'à montrer la princesse, endormie et seule.

- J'espère que vous apprécierez cela Zelda.



Soulagée de voir Sieg en pleine forme, Azuria se contenta de fermer les paupières, le sourire aux lèvres. Elle ne protesta pas lorsqu'il la prit pour la déposer sur le lit défait. Sentir la présence du jeune homme à ses côtés la rassurait, l'apaisait. Elle aurait put s'endormir de nouveau si elle n'avait pas sentit Sieg se relever quelques secondes plus tard. Par réflexe, elle lui empoigna faiblement la main droite afin de le retenir. Il ne pouvait pas déjà la laisser seule. Peu importe la nourriture, elle n'avait pas faim. Et même si ça avait été le cas, elle ne l'aurait pas dit. Tout ce qu'elle voulait c'était passer un peu de temps avec lui, rien de plus. Après une telle bataille, elle espérait un peu de sa compagnie; sa seule compagnie... Tandis qu'elle le fixait de ses yeux bleutés, l'elfe remarqua le bandage qui enserrait son bras au niveau de l'épaule. Jusqu'à maintenant, elle n'avait pas aperçu cette blessure. D'ailleurs, elle ne se souvenait pas l'avoir vue durant le combat entre Darunia et lui.

- Comment t'es-tu fais cela ? Questionna-t-elle sans lâcher prise. Attends, que je puisse au moins te soulager.

N'attendant aucune réponse - ou objection, la princesse usa encore une fois de ses pouvoirs malgré la fatigue dont elle était victime. La Triforce sur sa main s'illumina du même halo doré qu'à l'ordinaire, traversant son gant. Cet éclat se répandit sur le bras du héros et se concentra au niveau de la plaie qui tâchait le linge de pansement. En une minute, le sang arrêta de couler et la blessure se cicatrisa. Azuria se redressa et porta ses doigts au noeud qui attachait le bandage. Dans des gestes délicats, elle le défit tandis que l'étole maculée de sang glissait lentement. Ceci fait, elle leva la tête vers Sieg qui l'observait faire. Elle lui adressa un sourire bienveillant puis murmura:

- Reviens vite, se contenta-t-elle de demander en se rallongeant sur le lit.

Dès que sa joue se posa sur l'oreiller blanc, elle plongea rapidement dans un sommeil léger. Pas celui qui vous plonge dans des songes sans queue ni tête, mais plutôt qui vous permet de laisser votre esprit flâner dans les limites du réel. Le moindre bruissement vous réveille en douceur et met fin à vos pensées. Le rêve était là, mais il semblait si authentique que la princesse crut toucher chaque objet de ses propres doigts.
Elle était assise dans l'herbe folle de leur clairière personnelle. L'eau qui chutait de la cascade faisait vibrer le lac en provoquant un tumulte de liquide bleu. Les rayons du soleil réchauffaient enfin sa peau pâle. Un nuage passa ; cette source de chaleur s'évapora. Le ciel s'assombrit, plongeant ce havre de paix dans les ténèbres. Toutefois, la magicienne n'en avait que faire. C'est alors qu'elle entendit des bruits de pas dans son dos. Sieg était-il déjà revenu ? Voulant s'en assurer, elle tourna son regard et fut stupéfaite de voir Dumcan s'approcher d'elle. Sans un mot, il la prit par l'épaule et l'obligea à le suivre. Elle n'offrit aucune résistance, trop épuisée. Les événements s'enchaînèrent alors sans que la jeune femme puisse y mettre un son ou une image. Néanmoins, elle finit par se réveiller, à demi effrayée par ce qu'elle venait de rêver. Sa respiration était saccadée tandis qu'elle se redressait dans le lit. A cet instant, la porte de sa chambre s'ouvrit.

Sieg était entré dans la grande salle bien pleine, pour cette heure de la journée. Les survivants de la bataille s'y trouvaient et se reposaient en mangeant un peu, histoire de reprendre des forces. Certaines d'entre-eux étaient en petits groupes, se remémoraient chacun des exploits de la journé en expliquant fièrement la façon dont ils s'étaient battus. D'autres, quant à eux, semblaient livides, ou pleuraient, tristes d'avoir perdu plusieurs de leurs compagnons dans ce combat qui avait coûté la vie à bon nombre des fantassins, qui s'étaient sacrifiés pour empêcher aux miliciens d'entrer à l'intérieur de la montagne. Et finalement, certaines restaient assis, seuls, dans un coin et ne bougaient pas, songeurs. Ce combat était le premier de plusieurs d'entre eux, et ils l'abordaient tous de façon bien différentes. Au moins, se dit Sieg, ils se préparés pour les dangers à venir. Il marcha jusqu'à une table où traînaient plusieurs vivres et ramassa quelques fruits. Alors qu'il s'aprêtait à quitter la salle, quelqu'un l'interpella.

-Excusez-moi! Monsieur Link?

Sieg se retourna. Devant lui se tenait un jeune homme d'une vingtaine d'années. Il avait quelques bandages ici et là, mais vu le sourrire démesuré qui se trouvait sur son visage, on pouvait croire qu'il se portait bien.

-Oui, que puis-je faire pour vous?

-Je voulais vous remercier, pour nous avoir formés. Nous ne sommes peut-être pas aussi forts et organisés que de vrais soldats, mais si plusieurs d'entre nous sont sortis de la bataille sains et saufs, c'est en grande partie grâce à vous.

Il sourit à son tour. L'armée blanche était passé à deux doigt de prendre le contrôle de la base, la révolte avait faillit être écrasée, et plus de la moitié de leurs hommes étaient morts... mais ce jeune combattant était tout de même heureux, et croyait fermement que les choses s'arrangerait en terres d'Hyrule.

-Si tout le monde se met à penser comme vous, Dumcan croupira bientôt au fond d'un cachot , dit Sieg.

Après quoi il reprit lentement le chemin de la chambre, son bol de fruits toujours à la main. Il n'avait pas apporté d'eau, car de toute façon, celle de l'étang était propre et il pourrait en prendre si Azuria en aurait besoin. Lorsqu'il ouvrit la porte, c'est une princesse couverte de sueur et appeurée qu'il trouva sur le lit. Lui qui croyait qu'elle s'était endormie juste avant son départ...

-Est-ce que tout va bien? Tu as l'air tendue... , s'inquiéta t-il.

Encore troublée par son rêve, Azuria ne put s'empêcher de sursauter lorsque la porte s'ouvrit. Toutefois, elle se calma en voyant Sieg entrer. Ses épaules s'affaissèrent et elle lâcha un soupir de soulagement. Ce comportement n'échappa pas au jeune homme qui lui demanda immédiatement ce qui n'allait pas. L'elfe ne voulut pas lui répondre, de peur de l'inquiéter plus que nécessaire. Après tout, ce n'était qu'un cauchemar, ni plus ni moins. Certes, elle ne cessait de faire de tels songes à chaque fois que ses paupières se fermaient. Et de tous, celui-ci était de loin le plus violent jusqu'à maintenant. Cependant, à quoi bon en parler alors que personne ne pouvait lui venir en aide ? La princesse se convainquit que cela n'en valait pas la peine. Pourtant, ses paroles furent plus rapides que sa pensée.

- J'ai fait un cauchemar, déclara-t-elle en essayant de réguler sa respiration. J'étais là, tranquillement... J'attendais que tu reviennes. Soudain, j'ai entendu du bruit derrière moi alors je me suis retournée en croyant que c'était toi. Mais c'est Dumcan qui est apparu... Il m'a forcé à le suivre puis...

Tandis qu'elle parlait, la jeune femme pointait du doigt l'endroit où elle était placée dans son rêve. Ses mouvements accompagnèrent le court résumé qu'elle fit et ses bras finirent par retomber le long de son corps. Azuria tenta alors de se ressaisir et ôta les couvertures qui la recouvraient. Elle posa ses pieds sur le sol, les mains plaquées sur le matelas sur lequel elle était encore assise. Lentement, elle quitta la couche et rejoignit Sieg. Afin de le rassurer, elle lui adressa l'ombre d'un sourire et l'allégea des quelques fruits qu'il avait apporté.

- Ce n'est rien je t'assure. Avec toutes les atrocités qui se passent autour de nous, c'est normal que mes rêves s'en imprègnent.

Cette explication n'était que très peu persuasive, la princesse le savait bien. D'ordinaire, certains de ses cauchemars étaient prémonitoires, ce qui l'effrayait à chaque fois. Toutefois, celui-ci était différent ; il ne ressemblait pas à ceux qui la hantaient depuis cette rébellion. Ne souhaitant plus y penser, elle s'éloigna afin de poser la nourriture sur une table. Faisant ainsi dos à Sieg, elle s'affaira à préparer à manger. A côté d'elle étaient disposés simplement un couteau et un récipient ; cela suffirait. Elle coupa les fruits et les disposa dans le réceptacle de bois. Pendant qu'elle s'occupait de la sorte, elle repensa malheureusement à ce qu'elle avait rêvé précédemment. Il fallait absolument qu'elle s'en détache. C'est pourquoi elle dit:

- Au fait, as-tu croisé Impa ? J'ai oublié de lui demander quand est-ce que se tiendrait la prochaine réunion du conseil.

Même si c'était une ruse pour changer de sujet, l'elfe s'en souciait réellement. Il fallait absolument qu'ils fassent le récapitulatif de leur situation après la bataille. Peut-être que les vivres allaient manquer, même si leur nombre d'hommes avait grandement diminué. De plus, même si Dumcan n'oserait réitérer l'expérience, il savait où ils étaient cachés. Il s'agissait là d'un avantage qu'ils perdaient. Mais quoi qu'il en soit, il fallait qu'Azuria soit tenue au courant. Un simple discours abrégé sur les événements ne pouvait suffire.