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 Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]

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Azuria
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Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty14.08.10 23:45

Un éclair zébra le ciel assombri. Transcendant l’obscurité de la nuit, il éclaira le château sur lequel ruisselait un torrent de pluie. Cela ne dura qu’une seconde, avant que de nouveau la pénombre n’englobe tout. Grondants, vrombissants, les cieux rugirent en écho. Leur mécontentement se diffusa dans toute la plaine, plus menaçant qu’à l’ordinaire. Les Déesses laissaient leur colère s’exprimer, se déchaîner sur les pauvres mortels peuplant la terre. Puis, rapidement, le souffle impétueux du vent sortit de son sommeil pour sévir à son tour. Tous les éléments, les uns après les autres, s’ajoutaient à la confusion, l’apocalypse. Dans une telle torpeur, les démons jubilaient en n’attendant qu’une seule chose : que la douce lumière, leur éternel poison virulent, ne s’éteigne définitivement. Et celle-ci s’amenuisait, affaiblie par les ténèbres abyssales. D’ordinaire agréable et chaleureuse, elle diminuait, rongée par les ombres qui s’évertuaient à l’étouffer. Une heure s’était écoulée, que dire… une poignée de minutes, mais impossible pour cette lueur salvatrice de ne pas céder aux esprits malveillants qui l’envahissaient. Un corps frêle, dissimulé sous une nuée de soie et de satin, se mit à léviter. Un faible halo l’entourait, à peine visible. Ce corps, c’était le sien, celui renfermant la proie des « démons » assoiffés de sang. Les yeux clos de la princesse lui donnaient un air d’enfant endormie, inconsciente du danger. Ses bras fins retombaient délicatement, suspendus dans le vide. Sa coiffure, qu’elle avait faite avec tant de soin, manquait de laisser ses cheveux s’échapper en une cascade de boucles dorées. A ses côtés, un homme la fixait intensément, le regard rivé sur ce visage juvénile. Elle n’en savait rien, plongée dans un sommeil profond. Son esprit pur, dans un dernier espoir, s’était enfoui afin d’échapper à ses assaillants. Recroquevillé dans un coin de ses pensées, à attendre que le mal disparaisse, en vain.

L’homme s’approcha lentement et agrippa le poignet délicat de ses mains gantés. Un large sourire fendit son visage, aussi attendri qu’effrayant. Il porta les doigts de sa captive à ses lèvres et y déposa un baiser fugace en effleurant sa peau pâle. Pas de réaction de la jeune demoiselle. Ses paupières ne se tressaillirent pas même à ce contact. Cette absence parût plaire au bellâtre qui s’aguicha à nouveau de ce même sourire. Sa main glissa sur celle de la magicienne sans qu’il ne la quitte des yeux. Sienne, elle lui appartenait à présent. A sa merci, incapable d’émettre la moindre protestation. Malheureusement, rien ne lui assurait qu’à son réveil, la femme docile qu’il avait devant lui ne persiste. L’honneur et la fierté bafoués, il se doutait qu’elle finirait par se retourner contre lui. Et comment obtenir le fruit de ses efforts, celui pour qui sa chair brûlait ardemment ? Tandis que la pluie s’abattait sur eux, il tenta d’y réfléchir. Déjà des bruits de pas parvenaient à ses oreilles obstruées par la cacophonie ambiante. Un soupir, formant une auréole de fumée disparate autour de sa bouche, vint ponctuer son agacement. Le temps, immuable farceur facétieux, jouait désormais contre lui. Ses poings crispés frémirent de rage. Ses réflexions embrumées par l’empressement finirent par se mélanger. Impossible de se concentrer alors que ses idées devenaient un véritable pêle-mêle, un casse-tête à elles seules. Une ombre, derrière le rideau de pluie, se dessinait de plus en plus nettement. Grande, longiligne, et surtout en position d’attaque. Soupir ; plus fort cette fois. Un râle à demi animal, partagé entre colère et inavouable impuissance. Des gestes saccadés secouèrent ses membres dégoulinants d’eau. Le soupirant, poussé par une quelconque pensée insensée, venait enfin de prendre sa décision. Il murmurait une série d’incantations, chantées dans une langue ancienne aux accents alambiqués. Ces mots enchanteurs eurent toutefois un effet peu envoûtant sur la silhouette qui se découpait dans la noirceur d’un soir sans lune. Sur son visage aux traits déformés par l’indignation, une pointe d’effroi naquit. La Sheikah tenta d’esquisser un pas vers les deux personnes en face d’elle, mais l’homme fut plus rapide. D’un moulinet du poignet, il fit jaillir de sa main un oiseau enflammé, dont même la pluie battante n’eût raison. De son cri strident, l’animal fondit sur Impa qui eût à peine le temps de l’éviter alors qu’il cherchait déjà à réitérer son assaut. Toutefois, sa cible l’en empêcha en formant autour du phénix une prison qui le couvrit jusqu’à la moindre plume. Puis, l’habitacle se rétrécit, faisant disparaître les étincelles colorées léchant le corps de l’oiseau.
Débarrassée de ce tour de magicien, elle reporta son attention sur le noble qui en avait profité pour avancer dans son rituel. Les cheveux plaqués sur le front, dans un mélange d’eau et de sueur, la nourrice plaça une main en visière, tentant vainement d’éclaircir sa vue.

- Pourquoi ? Pourquoi faites vous ça ? Vous n’y tirerez aucun mérite !
- Au contraire, rétorqua Raffer d’une voix pleine d’orgueil. Je n’ai aucun intérêt à poursuivre cette vie isolée, loin des richesses qu’un nouveau chemin pourrait m’apporter. Je recherche le pouvoir, et c’est ainsi que je pourrais l’obtenir, pas autrement.
- Foutaises, persiffla la sage de l’ombre. Vous savez parfaitement que vous n’y parviendrez pas.
- Je n’en serais pas si sûre à votre place. Et puis… la princesse est un tel joyau. Comment pourrais-je la laisser filer entre mes doigts ?
- Comment osez-vous, renégat ?

Le noble ne prit pas même la peine de répondre. Des bruissements attiraient son attention sur le côté. Ses yeux se plissèrent et deux ridules naquirent sur son visage. Sans un mot de plus, il retourna à son rituel, ce qui intensifia la rage de son interlocutrice. Celle-ci, remarquant à peine la nouvelle présence sur le toit, se mit à hurler :

- Lâche-la tout de suite sale traître ! Dire que j’ai été assez naïve pour te faire confiance ! Tu ne la mérite pas, alors laisse-la partir !
- Tu sous-estimes les pouvoirs qui m’ont été confiés, esclave des déesses ! D’une manière ou d’une autre, JE dirigerai le royaume, rétorqua-t-il dans un excès d’agacement. L’esprit de la princesse noircit peu à peu, et tu n’y pourras rien !

A cet instant, ses dires se confirmèrent. Le nimbe de lumière entourant Azuria, doux et rassurant, devint de plus en plus obscur. Raffer retira son gant droit et posa ses doigts noueux sur la tempe de la demoiselle qui ne broncha pas. Puis, sans crier gare, il s’effondra à ses côtés. Les yeux de la jeune femme roulèrent dans leur orbite, témoignant d’un malaise. Lentement, elle finit par reprendre conscience, toujours plongée dans un état léthargique brumeux. Ses iris bleutés scrutèrent un instant le ciel, vides d’expression. La magicienne sentit alors une douleur lancinante lui labourer le crâne. Elle avait l’impression qu’une nuée d’aiguilles s’amusaient à lui perforer la tête, apportant avec elles une foule de sensations atrocement désagréables. Et quelque chose en profitait perfidement pour s’immiscer dans son esprit avec brutalité ; une présence violente se répandant à l’intérieur d‘elle. Ce contact mental était insupportable. Ses petits gémissements suppliants se muèrent rapidement en cris, perçant les lamentations des cieux. Incapable de bouger la moindre parcelle de son corps, elle ne pût que subir cela sous les regards interdits de sa nourrice. Elle eût beau se débattre contre cet envahisseur, rien n’y fit. La drogue qu’elle avait ingurgité, quelle qu’elle fût, annihilait ses vaines tentatives. Elle ne pouvait qu’hurler, sans qu’on puisse lui venir en aide…
Azuria n’avait qu’une envie : que tout cela cesse. Cette torture brisait chacune de ses barrières, la mettant à nue. Elle perçut l’intrus fouiller chacun de ses souvenirs, violer son intimité, ses pensées les plus secrètes. Un cri franchissait le seuil de ses lèvres à chaque fois que la présence prenait un peu plus le pas sur sa conscience. Pendant ce temps, l’aura qui l’entourait était devenue aussi sombre que la nuit. Elle eût beau résister, repousser cet esprit malveillant, elle finit par replonger dans l’inconscience, anéantie et épuisée.

- Non… supplia-t-elle d’une voix faible avant d’être totalement sous contrôle de la présence.

Lentement, le halo ténébreux se rétracta jusqu’à disparaître. Les hurlements stridents de la jeune souveraines s’étaient évanouis, rendant à son visage un air apaisé. En douceur, son corps s’abaissa jusqu’à s’allonger sur les pierres froides et humides. D’un pas précipité, Impa se rua à sa rencontre. Elle se pencha vers la silhouette inerte de l’Hylienne dans l’espoir de la voir se réveiller. Quelques mèches blondes s’étaient échappées de sa coiffure et dissimulait son visage endormi. D’une main délicate, la Sheikah les retira.

- Zelda, je t’en prie ouvre les yeux…

Et ses vœux furent exaucés. D’un seul coup, la princesse reprit conscience, fixant instantanément le visage contrit de la sage. Un léger sourire se posa sur ses lèvres : amusé, nébuleux. Cela alarma sa nourrice qui fronça les sourcils. Mais trop tard. Une énergie différente, oppressante, la repoussa brutalement. Dans son malheur, Impa fut plaquée contre la rambarde de pierre encerclant le toit. Sa tête rencontra un bord pointu, ce qui la sonna. Son corps retomba lourdement sur le sol, immobile. Pendant ce temps, comme si de rien n’était, Azuria se redressa. Elle porta une main à sa joue et poussa un gémissement. Ses yeux indifférents se posèrent sur son gant blanc tandis que la triforce s’illuminait à travers le tissu. Un petit rire s’échappa de ses lèvres, bien différent du son cristallin qu’elle émettait d’ordinaire. Elle se releva doucement, sans s’arrêter.

- Ah ! Qui aurait cru que ce serait si facile ? Même moi je n’en étais pas sûr, déclara-t-elle de vive voix avec une insolence surprenante. Maintenant que le pouvoir des Déesses coule dans mes veines, plus rien ne pourra m’arrêter. Pas même toi petit héros.

Sa tête s’inclina vers Link, un sourire doucereux aguiché sur sa bouche. Le reste de son corps suivit le mouvement, les mettant l’un et l’autre face à face. Tout en soulevant subrepticement les pans de sa robe bleue, la magicienne s’avança vers lui. Elle arborait une expression calme, un brin arrogante qui ne correspondait pas à ses traits sereins. Pourtant, vu de l’extérieur, elle était toujours la même. Dans un petit saut gracieux, elle passa au dessus du corps de Raffer qui gisait entre eux. Elle n’eût pas même un regard pour lui, trop concentré sur le guerrier aux yeux de saphir.

- Alors comme ça tu as terrassé Darklink ? Mes félicitations. Mais sauras-tu lever la main sur le corps de ta précieuse fiancée ?

Nouveau rire méprisant. La triforce s’illumina sur le dos de sa main droite. Azuria leva le bras, s’apprêtant à attaquer. Pensée inconcevable. Et pourtant… c’est bien de ses doigts que s’échappèrent les pics de lumière rivés sur Link.
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty24.08.10 20:06

Link se réveilla, étourdi. Il ne savait pas où il était, ni ce qu'il pouvait bien faire là. C'est la pluie tombant fortement sur son visage et le bruit féroce des éclairs lointains qui le ramenèrent à la réalité. Tous les événements revinrent en un flash dans son esprit: La venue du noble, le combat avec Dark Link, la capture de la princesse, puis la confrontation avec Raffer. Comme pour confirmer toutes ces illuminations, le héros tourna la tête et aperçu Impa qui gisait aussi sur le sol, toujours évanouie. Ses yeux s'arrêtèrent ensuite sur sa tunique, qui était imbibée de sang à certains endroits. Normalement, Azuria venait à son secours, dans un moment pareil. Il ne comptait plus les fois où il gisait, meurtri, et où la princesse venait le guérir avec ses pouvoirs magiques de guérisseuse. Cette fois-ci, par contre, c'était une première: c'était elle qui l'avait mis dans cet état. Au fond de lui, Link savait que le corps de sa bien-aimée était utilisée comme vulgaire marionnette par ce vil Raffer, et que c'était lui qui parlait, et non la princesse. Mais lorsqu'il eut pris le contrôle, lorsqu'il vit la magie d'Azuria se diriger contre lui... il ne put rien faire d'autre que de rester immobile, figé, incapable de faire le moindre mouvement. C'est donc de plein fouet que les pics de lumières le heurtèrent, déchirant sa tunique et déchirant sa peau à plusieurs endroits. De peine et de misère, il se releva. Les douleurs physiques ne le dérangeaient pas du tout, puisqu'il en avait énormément subies au cours de sa vie et qu'il avait toujours appris à les ignorer pour gagner ses combats. Cependant, Bairstow touchait un point sensible, la seule faiblesse de Link: sa fiancée. Maintenant qu'il la contrôlait, le jeune héros n'arrivait plus à agir, ou même à penser. Jamais il n'oserait porter la main sur elle, même si un ennemi la contrôlait. Et cela, la noble semblait le savoir, et même s'en amuser.

-Alors, jeune homme? Tu ne veux pas t'opposer à moi? Hum... sage décision.

La princesse possédée avança lentement, jusqu'à être en face de Link. Ses yeux n'étaient plus les mêmes. Ils étaient presque vides. Ses pupilles d'un vert-bleu éclatant étaient à peine perceptibles. De loin, on aurait pu croire que ses yeux étaient complètement blancs. La seule chose qui détonnait vraiment sur ce visage d'une beauté incomparable était ce sourire. Un sourire beaucoup trop narquois, trop arrogant pour être celui d'Azuria. D'un geste brusque, celle-ci saisit la main droite de Link, sur laquelle commença à scintiller le triforce du courage.


-Tu vois cette marque sur ta main? C'est ce qui te rend si important. C'est la raison pour laquelle je ne peux pas te tuer: J'ai besoin de ton fragment de triforce.


Quelques secondes s'écoulèrent. Les mots résonnèrent plusieurs fois dans la tête de Link, et lorsqu'il en compris vraiment la signification, il retira sa main et recula de quelques pas.


-Ah bon? Et vous croyez vraiment être la première personne à vouloir me le prendre? Hé bien sachez que personne n'y est parvenu et que vous n'y parviendrez pas non plus!,
avait-il dit, agressif, reprenant un peu ses esprits malgré la douleur et les brûlures un peu partout sur son corps et le fait que sa fiancée soit utilisée comme un vulgaire pantin. Un rire noir suivi. Cela sonnait très étrange, au milieu des éclairs et de la pluie battante. Sans compter la gravité de la situation dans laquelle ils se trouvaient. Outre cela, Raffer semblait plutôt... amusé par l'attitude de Link.

-Oui, je sais. Vous êtes plutôt tenaces, toi et ta princesse, à ce que j'ai entendu sur vous. Mon maître vous connait bien. C'est d'ailleurs lui qui m'a confié ces pouvoirs et qui m'a demandé, en échange, de m'approprier vos deux parties de triforce. Mais je vois que tu vaut mieux que ce que je croyais...


-Votre maître? Mais qu'est-ce qu...

-Ne m'interrompt pas. Mon maître préfèrerait que je te tues, mais... tu as réussi à éliminer Dark Link, qui était censé être mon bras droit. Tu es plus fort, plus puissant que l'ombre. Je crois bien que je vais te garder à mes côtés plutôt que de me débarrasser de toi...

Link n'en revenait pas. Cet homme menaçait la vie de sa fiancée, parvenait à contrôler son esprit, tentait d'usurper le trône du royaume, et voilà qu'il lui demandait de se joindre à lui! Le noble compris l'expression faciale de Link et sut qu'il semblait outré, ce qui le fit sourire à nouveau.

-Ne t'en fais pas. Je ne te demande pas ton avis. C'est un ordre que je te donne.

Soudainement, la main glaciale de la princesse se retrouva sur le front du héros. Celui-ci émit alors un cri plus fort qu'il croyait ses poumons capables de projeter. Une effroyable douleur le parcourait tout en entier. Il sentait qu'on essayait de s'approprier son corps, à lui aussi, et qu'on tentait de détruire tous ses souvenirs.

-Une seule chose m'intéresse: le pouvoir. Et lorsque je désire quelque chose, je l'obtiens.


Heureusement, cette torture ne dura pas longtemps.

-Sages, en position!

Du ciel, une immense aura lumineuse s'abattit sur la princesse. En hauteur, les 5 sages restant flottaient dans les airs, unissant leur pouvoirs pour que la princesse puisse être sauvée du sortilège qui la contrôlait. Une explosion de lumière en suivit. Cette poussée d'énergie projeta Link à nouveau sur le sol, et celui-ci perdit connaissance pour la seconde fois en moins de quelques minutes.

Lorsqu'il se réveilla, il était torse nu et couvert de pansements. Il se sentait incroyablement faible et dû réunir toutes ses forces pour simplement ouvrir les yeux. Sa tête lui faisait toujours atrocement mal, mais il se souvenait des événements de la veille. Il tenta de tourner la tête pour savoir où il était, mais cette manoeuvre n'eut comme résultat que de transformer son visage en rictus de douleur.

-Dure soirée?

Saria était assise sur une chaise, à côté de lui. Ses yeux cernés et rougis la trahissaient: elle avait passé toute la nuit éveillée. à attendre que son ami donne signe de vie. Mais bien qu'elle semblait fatiguée, le fait de voir Link réveillé semblait la combler de joie.

-La princesse et Impa vont bien, ne t'en fais pas. Elles sont dans leurs chambres respectives.


-B... Bair..

-Bairstow est parti. Le royaume est sauf pour l'instant. Dès que tu te porteras mieux, nous organiseront une réunion pour parler de lui. Pour le moment, repose-toi.

Ses craintes dissipées pour l'instant, Link put alors fermer les yeux et tomber dans un sommeil qui, cette fois, allait être réparateur.
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Azuria
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty25.08.10 22:23

Fallait-il vraiment ouvrir les yeux ? La lumière diffuse qui filtrait à travers les paupières d’Azuria était chaleureuse. Elle se sentait bien là, allongée dans un lit. Des murmures parvenaient à ses oreilles sans qu’elle n’en saisisse le sens. Tout était calme. En signalant à ses visiteurs qu’elle était éveillée, cette quiétude allait sans doute s’évanouir. Elle pouvait donc bien profiter d’un moment de paix, si rare. Lentement, sa main glissa sur les draps de soie qui la couvraient. Une mèche de cheveux lui chatouillait le nez, mais elle n’osait esquisser le moindre mouvement. Immobile, apaisée, la jeune fille émit un soupir de contentement. Ce simple instant lui semblait agréable, différent de ce qu’elle avait vécu jusqu’à maintenant. Il n’y avait plus la pluie qui lui martelait la peau, ni même le froid qui engourdissait ses membres dégoulinants. Il n’y avait que cette douce chaleur du soleil qui effleurait son visage. Sa tête ne la faisait plus souffrir comme tout à l’heure. Un silence enveloppait son esprit précédemment tourmenté par quelque démon. D’ailleurs, que s’était-il passé ? Un immense trou abyssal lui faisait office de souvenir. Avant que cela n’arrive, elle se rappelait pourtant avoir assisté au banquet et s’être levée de table. Le reste était embrumé ; impossible de discerner quoi que ce soit à travers ces pensées floues.
A l’instant, on toqua à la porte. Une fois, deux fois… puis avec de plus en plus d’insistance. Une voix s’éleva de l’autre côté, agacée. De ce que perçût la magicienne, elle reconnût la voix soucieuse de sa nourrice. Mais pourquoi être aussi alertée ? Elle allait bien après tout, même mieux qu’à l’ordinaire. Il ne servait à rien de s’énerver de la sorte. Néanmoins, Impa était toujours ainsi, alors inutile de la blâmer pour si peu. Les voix chuchotées s’estompèrent et l’on vint à ouvrir la porte. Un « ce n’est pas trop tôt » vint ponctuer la tension qui s’était soudain abattue dans la pièce. Azuria ne comprenait pas. Il n’y avait rien à craindre.

- Comment va-t-elle ? S’empressa de demander la Sheikah.
- Les soins sont terminés depuis plus de trois heures. Nous attendons désormais que la princesse s’éveille. Toutefois ne vous faîtes pas d’illusions : avec ce qu’elle a subi, son réveil peut encore prendre un ou deux jours. Vous ferriez mieux de partir vous reposer.
- Hors de question ! Je tiens à rester à ses côtés.

Ce qu’elle a subi ? En quoi dîner à une réception était une dure épreuve qui quémandait des guérisseurs ? Décidément, tout ceci manquait cruellement de sens. C’est pourquoi, à nouveau, la jeune reine se posa la question : fallait-il vraiment ouvrir les yeux ? Eh bien oui, ne serait-ce que pour rassurer la sage de l’ombre qui risquait de tourner de l’œil à chaque seconde. Elle le sentait bien. Et en effet, dès que ses deux iris bleutés se dévoilèrent, la magicienne perçut quatre regards intenses se poser sur elle. Impa se précipita à son chevet, ce qui permit à sa protégée de remarquer le bandage qui encerclait son bras gauche. Cela surprit la demoiselle aussitôt, ce qui n’échappa pas à sa nourrice. Celle-ci fronça les sourcils et se tourna vers les trois soigneurs qui s’étaient recroquevillés dans son dos. L’un d’eux, celui qui avait précédemment pris la parole, posa un regard embarrassé vers une Azuria confuse, les yeux écarquillés et les cils papillonnants.

- Il… semblerait que son Altesse ne se rappelle pas de l’incident. En sondant son esprit, nous avons constaté une sorte de vide absolu, comme si quelqu’un s’était évertué à effacer le moindre souvenir de l’altercation.
- Or, normalement, une personne possédée reste pleinement consciente de ses faits et gestes. Ceci étant exclusivement pour apporter une douleur à l’esprit contrôlé, ajouta un deuxième, tout aussi interloqué.
- C’est pourquoi nous pensons que son Altesse devrait se reposer encore, le temps que nous trouvions une explication à cela.

Bien que soucieuse, la Sheikah acquiesça lentement d’un signe de tête. Mais que se passait-il au diable ? Cette suite de charabia n’éclairait pas du tout l’Hylienne. Elle voulut donc se relever, montrer qu’elle se portait bien. On l’en retint en calant une paire de mains sur chacun de ses épaules. Frustrée, elle tenta de se dégager de cette étreinte et s’aperçut enfin de la fatigue qu’éprouvait tout son corps. Comment ? Pourquoi ? Quand ? Personne ne paraissait enclin à répondre à toutes ces questions qui assaillaient ses pensées. La princesse tourna un regard vers Impa, implorante. Pourtant, la sage ne fléchit pas. Ses mains ne bougèrent pas, bien que leur contact se fasse plus doux.

- Impa, que s’est-il passé durant mon sommeil ? S’enquit la magicienne en soutenant le regard de la sage. Où est messire Bairstow ?
- Bairstow ? Répéta-t-elle en esquissant une grimace de dégoût. Il s’est enfui comme un lâche mais nous devons partir à sa recherche. Je suis venue te quémander pour une réunion avec le conseil. Nous devons trouver cette vermine au plus vite.
- Mais… je ne suis pas sûre de saisir. Qu’a-t-il fait de mal ?

A ses mots, Impa écarquilla de grands yeux stupéfaits. Ses doigts glissèrent jusqu’à ceux de la princesse, qui se sentait tout à fait déboussolée. Combien de choses ignorait-elle encore ?

- Tu ne te rappelles de rien ? Il t’a possédé en tentant de prendre le trône. Ce scélérat n’aura que ce qu’il mérite, crois-moi.
- Je vois, murmura la princesse, songeuse. Et d’ailleurs… Link n’est pas là ?
- Il se repose. Raffer lui a infligé de sérieuses blessures. Tu pourras le voir tout à l’heure, promis. Tu dois comprendre que pour le moment notre rôle est de…
- Entendu.

De nouveau, la nourrice n’en revenait pas. D’ordinaire, Azuria se serait écriée qu’elle devait rendre visite à son fiancé malgré ses propres blessures. Or, pour la première fois, elle n’insista pas. Lentement, l’elfe se leva et quitta les draps qui la recouvraient. Quand ses deux pieds touchèrent le sol, les guérisseurs se précipitèrent pour l’aider à marcher. Elle les en empêcha d’un mouvement évasif de la main. Dans des gestes mesurés elle quitta le sommier et partit à la salle de bain où elle se toiletta et changea ses vêtements. Habillée comme à l’ordinaire, elle se dirigea vers la porte sous les regards ébahis de la petite assistance. Quelqu’un la héla mais elle ignora cette voix qui lui parût si lointaine. Elle était totalement perdue dans ses pensées. Une fois l’entrée de sa chambre refermée, elle n’entendit qu’à peine les bruits de pas qui désiraient la suivre. Elle réfléchissait, à ce qu’on venait de lui dire. Link était mal au point et elle ne pouvait lui rendre visite sur-le-champ. Sûrement devait-il être exténué par quelque prouesse dont il avait le secret. Il s’en remettait, sans aucun doute. C’est pourquoi la demoiselle ne se fit aucune inquiétude à ce sujet. Non, ce qu’il l’intriguait plus, c’était les aveux haineux d’Impa à propos du noble. Elle ne gardait pourtant aucun souvenir de tout ceci. Cela n’avait aucun sens. Lui mentait-on ? Raffer s’était pourtant montré si galant envers elle. Et son don, celui légué par sa défunte mère, ne lui avait pas signalé le moindre noir dessein dans le cœur du jeune homme. C’est en pensant à tout ceci que la princesse déambulait dans les couloirs du château. Auprès d’elle, servantes et valets couraient dans tous les sens. Ils essayaient de réparer les dégâts causés par le combat dans la grande salle, ce qui n’était pas une mince affaire. La pièce était inondée et dans un état déplorable. Les plats ayant volés en tout sens lors de la confusion générale, leur travail risquait d’être long. C’est pourquoi ils s’affairaient sans relâche, tout en saluant leur souveraine qui les ignorait sans daigner leur adresser un mot. Sa destination était incertaine. Elle-même ne savait pas où elle mettait les pieds. Tous ces couloirs se ressemblaient tous. Pourtant, et par le plus grand des hasards, elle atteignit la salle de réunion, où les quatre sages restants attendaient patiemment le début de la réunion. Impa, qui s’était tenue à l’écart de sa protégée afin de ne pas la déranger, pressa le pas et vint se poster entre la princesse et les portes. Celle-ci se stoppa, contrainte de poser son attention sur sa nourrice qu’elle fusilla du regard.

- Tu agis étrangement Zelda. Quelque chose te tracasse ?
- Non. Du moins rien qu’il ne soit nécessaire de te confier, rétorqua l’intéressée avec calme. Ne t’en fais pas, je me porte à merveille.

Bien que peu convaincue, la Sheikah n’insista pas. Elle ouvrit les portes à doubles battants, laissant apparaître une table ovale entourée de neuf chaises au long dossier. Comme prévu, quatre d’entre elles étaient déjà occupées. Dépourvue de fenêtres, la pièce était éclairées par des flambeaux accrochés aux murs, entre tableaux et autres ornements muraux. Sans attendre, Azuria se dirigea vers la sienne qui se trouvait en bout de table. Devant elle, la table était totalement nue. Cette réunion risquait donc d’être un simple discours éreintant, où chacun prendre la parole ou s’énerverait contre son voisin. Le stéréotype de la discussion diplomatique. Discrètement, la magicienne poussa un soupir avant de s’asseoir à son tour autour de la table. D’un signe de tête, elle salua ses confrères et se mura dans le silence. Sans la présence du conseil au complet, impossible d’entamer la réunion. Il ne restait plus qu’à attendre, en espérant que l’attente ne serait pas trop longue.
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty05.11.10 17:06

Après avoir dormi une bonne partie de la journée et avoir récupéré quelques forces, Link décida de se lever. Il se rappelait qu'avant de le quitter, Saria lui avait dit qu'il y aurait une réunion du conseil aujourd'hui même, mais qu'il n'avait pas à y assister. Cependant, il tenait absolument à y être, non seulement parce qu'il était le conseiller militaire des sages, mais surtout parce qu'il savait que sa fiancée y serait et il souhaitait la voir pour savoir si elle s'était complètement remise des événements d'hier soir. Après tout, être possédée n'est pas quelque chose qui se guérit instantanément!

Bien qu'il n'était plus aussi fatigué et qu'il était parfaitement conscient, le héros avait toujours aussi de difficulté à bouger. Il lui fallut faire un effort qui lui sembla surhumain pour simplement s'asseoir sur le bord de son lit. Heureusement, les infirmières savaient, en le soignant, qu'il serait blessé et lui avaient donc laissé des béquilles. Content de les voir, il les pris et s'en servit pour se rendre jusqu'à la salle de réunion.

Après une demie-heure, il arriva enfin à destination. Alors qu'il était toujours dans le couloir et qu'il s'approchait de la porte, il entendit que la réunion avait déjà commencé.

-.... et c'est là qu'il est parti.

-Mais pourquoi diantre aller dans un tel endroit? Cet archipel n'est peuplé que de quelques petits village. De plus, les habitants sont assez.... primitifs.

-Peut-être était-il désespéré. Il savait que nous contrôlions tout le territoire et que nous pourrions le trouver, peu importe où il se cachait à Hyrule. Il est donc allé au seul endroit où nous n'avons pas posté de garnison.

L'assemblée se tut lorsque Link fit son entrée. Sans dire le moindre mot, il se dirigea vers sa chaise aussi rapidement que ses béquilles le lui permettaient et s'y jeta, heureux d'y être enfin arrivé. Après avoir poussé un soupir de soulagement, Link posa tout de suite ses yeux sur Azuria. Celle-ci n'avait même pas daigné le regarder. Elle qui d'habitude était si chaleureuse et protectrice semblait maintenant avoir le regard vide, ne laissant transparaître aucune émotion. Hormis peut-être une certaine indifférence, voire une colère refoulée. En voulait-elle au conseil pour quelque chose? Ou pire: avait-elle oublié ce qui c'était passé la veille? Lui qui avait tout fait pour que le conseil voit la véritable nature du vil noble espérait maintenant plus que tout au monde que la princesse se souvienne de ce que Bairstow lui avait fait.

-Link. Je suis heureuse de voir que tu es sur pied. , dit sincèrement Impa. Mais ces paroles de politesse dissimulaient quelque chose. Ce qu'Impa souhaitait dire par-là, c'est qu'elle était désolée, qu'elle aurait dû l'écouter plus tôt et ne pas faire confiance à l'homme qui avait possédé sa protéger. Mais cela, Impa était beaucoup trop fière pour l'avouer et le dire directement. Voulant tout de suite sauter au vif du sujet, Link s'informa tout de suite de la situation.


-Bairstow s'est donc enfui sur les îles du Sud? Comment pouvez-vous en être sûr? Ne s'est-il pas téléporté?


-Il a tenté de le faire, répondit Ruto. Mais le sort que nous lui avons jeté pour qu'il libère la princesse était très puissant et l'a affaibli considérablement. Sans ses pouvoir, il n'a eu d'autre choix que de prendre un cheval et de s'enfuir. Notre cavalerie l'a pourchassé toute la nuit.



-Et comme il est un très bon cavalier,
continua Nabooru, il a réussi à se rendre jusqu'à la mer, où il a réussi à prendre une barque et à prendre le large vers les îles. Comme il y avait une tempête terrible hier soir, nos soldats ne l'ont pas suivi et sont revenus, disant qu'il s'était probablement noyé. Mais nous savons qu'un sorcier ne meurt pas aussi facilement et sommes donc persuadés qu'il a bel et bien réussi à se rendre là-bas.

Nabooru n'avait pas tord. Même affaibli, un sorcier restait presqu'invincible. Si Raffer avait volé une barque, aussi suicidaire que ce geste puisse paraître lors d'une tempête, il était probablement toujours vivant et s'y trouvait probablement en ce moment même.
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty23.12.10 22:40

Comme à l'ordinaire, la réunion était un véritable désastre. Les huit personnes présentes ainsi que leurs caractères différents ne parvenaient pas à un accord. Pour certains, poursuivre Raffer était une nécessité inaltérable ; cet homme représentait une menace bien trop important. Et pour d'autres, bien qu'en plus petit comité, il semblait irresponsable de s'aventurer par delà l'océan. Ces terres, les plus reculées d'Hyrule, regorgeaient de périls inconnus. Dès lors, y envoyer à l'aveuglette toute une armée comportait trop de dangers. Impa menait le débat en imposant son opinion au reste de l'assemblée, comme toujours. Elle réclamait vengeance, décrétant que le noble devait recevoir la sentence qu‘il méritait. Il avait bafoué l'honneur de sa protégée, l'honneur de leur princesse. C'était tout bonnement inacceptable. Pourtant l’intéressée ne paraissait pas tout aussi outrée par l’affront qu’on lui avait porté. Au contraire, elle se contentait d’écouter la conversation, ou plutôt le pugilat, d’une oreille peu attentive. Plus d’une heure que la dispute avait éclaté, et aucun n’acceptait de remettre en question son point de vue. C’était d’une banalité affligeante. Car pour n’importe quel sujet que ce fut, le conseil ne parvenait jamais à trouver un point d’entente cordiale avant des heures d’argumentation aussi inutiles qu’ennuyeuses. Néanmoins, Azuria ne s’en laissait pas d’ordinaire. Elle se contentait d’adhérer à la discussion du haut de sa stature de souveraine et septième sage. Or, cette fois, l’ennui la gagnait. Son éducation exemplaire lui interdisait de le montrer ouvertement bien que l’envie soit, elle, bien présente.

Et contre toute l'attente, l'entrée de Link au beau milieu de la dispute ne fit rien pour la sortir de cette mélancolie qui l'envahissait à chaque seconde. Sa tête s'inclina légèrement dans la direction du héros, qui vint s'asseoir tant bien que mal à sa place. Mouvement imperceptible qui eût tôt fait de s'effacer. Ses pensées évasives reprirent le dessus, tandis que l'on expliquait la situation au jeune homme. On lui raconta le dilemme dans les moindres détails, répétant au mot près tout ce qui avait été dit jusque là. La magicienne crût que sa patience allait finir par la quitter. Entendre toute cette histoire saugrenue une seconde n'était, en effet, pas pour lui plaire. Et ne gardait aucun souvenir de cette altercation, aucun souvenir de ce comportement abominable qu'avait eu le seigneur Raffer, aucun souvenir de cette cruauté qu'il avait dissimulé derrière son sourire. Sourire qui hantait à présent l'esprit de la jeune souveraine, bien qu'elle soit incapable de savoir pourquoi. Cela l'obsédait, ce qui eût soudain tôt fait de l'inquiéter. Pourquoi, depuis son réveil, ne cessait-elle de penser au noble ? Elle était pourtant fiancée, et avec le garçon assis juste à sa gauche. De nouveau, ses yeux glissèrent donc vers Link, qui était concentré sur le problème qu'on lui soumettait. Sûrement avait-il déjà une idée en tête, comme à chaque fois. Ainsi, sans qu'il ne s'en aperçoive, Azuria le fixa pendant plusieurs minutes, sans un mot. Personne ne la remarquait d'ailleurs ; après tout, elle s'était tue depuis son arrivée dans la salle de réunion. Elle restait ainsi, sans esquisser le moindre mouvement. Les yeux bleus de saphir, qui l'avaient fait rougir tant de fois, scrutaient la carte placée au centre de la table. Aussitôt, l'Hylienne fit de même, et dévia son regard sur le même amas de papier qui couvraient la table. Elle y reconnût les îles, point central de cette polémique sans intérêt. Là-bas, Raffer s’y était réfugié, terré dans un coin à attendre le châtiment que lui réservait le conseil. Il était ici, et était désormais dans l’incapacité de fuir. Il fallait l’empêcher de s’échapper, et il fallait que la princesse le retrouve. C’est pourquoi, sans quitter la carte des yeux, elle déclara à la surprise de tous :


- Et si Link et moi y allions ?

Silence. Visages stupéfaits. Et pourtant…

_______________________


Le vent soufflait en cette matinée sur le port de l’est. Seulement deux jours s’étaient écoulés depuis la réunion houleuse qui avait opposé les sages. Les vagues venaient s’écraser sur le pont de pierre, qui résistait malgré les assauts répétés de la mer. Les oiseaux, avides de nourriture, formaient un cercle perpétuel au-dessus des bateaux de pêche. Ici, l’architecture de la bourgade était complètement différente de celle retrouvée dans la citadelle, où même au village Cocorico. Les maisons étaient disposées en rues rectilignes, tracées avec précision. Toutes de pierres, pour résister aux tempêtes assaillant les côtes du pays. Et plus de la moitié convergeaient vers le port, celui sans quoi cette ville ne pourrait exister. Ici, on allait chercher la plus grande partie du poisson Hylien, ainsi que les produits provenant des îles voisines appartenant aussi au royaume. Il s’agissait du seul et unique accès direct aux archipels parsemées à travers la mer sans fin qui bordait les terres de l’est, à une heure à cheval du village Zora. Ici, la plupart des hommes étaient des fiers marins qui connaissaient leur territoire par cœur. Ils savaient décrypter les messages de la mer qu’avait créé Nayru, l’une des trois déesses fondatrices. C’était d’ailleurs l’unique village à ne vouer un culte qu’à celle-ci, qui leur apportait nourriture et prospérité.
Il y avait une vue dégagée sur le port aménagé par des dalles de pierre. Ici, les Hyliens n’avaient pas subi les aléas de la guerre. Ils avaient échappé aux destructions massives, ce qui aurait coûté cher à tout le royaume. C’est pourquoi, arrimés à la passerelle, de nombreux bateaux s’alignaient les uns à côté des autres. Il y en avait de toutes tailles, allant de la simple barque au fier voilier dont le mât immense pointait vers le ciel. Chacune de ces embarcations était entretenue en ce moment même par des matelots. Mais l’un d’eux, en particulier, mobilisant son lot d’hommes. Il s’agissait du plus beau et imposant bâtiment de tout le port, sans aucun doute. Mesurant dans les 100mètres de long, il possédait plusieurs voiles d’un blanc éclatant. La figure de proue, similaire à la statue disposées dans la salle du trône, représentait l’une des Déesses gardant en ses bras le symbole de la Triforce. Et sur l’amure, les armoiries de la famille royales avaient été gravées dans un bois clair qui composait le navire.

Et sur ce splendide bateau, des dizaines de soldats s’affairaient à y introduire les cargaisons prévues pour un long voyage. Ils se suivaient les uns les autres sur les larges planches qui menaient à l’intérieur du bâtiment. Les caissons qu’ils transportaient se comptaient par centaines. Tous remplis de nourriture et équipements qui leur seraient nécessaires. Il y avait aussi les chargements d’armes, afin d’être parés pour leur excursion dans les îles du Sud. Toutes ces précautions, ces nombreux soldats qui s’apprêtaient à rejoindre l’expédition… c’était du Impa, assurément.


- Pourquoi avoir mis en place tant de dispositions ? Demanda Azuria, qui fixait le chargement des bagages depuis leur arrivée. Cela n’était d’aucune utilité Impa. C’était du moins ce que nous avions convenu ensemble, t’en souviens-tu ?
- Ne t’en fais pas, répondit cette dernière en soupirant. Ils ne sont là que pour aider les marins. Je t’ai promis de laisser ta protection aux soins de Link et je tiendrai parole cette fois.

La princesse ne répondit pas, mais un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Les mains calées derrière le dos, elle dévia son regard qui se posa sur l’immense étendue bleuté qui s’offrait à elle. De toute sa vie, c’était la première fois qu’elle apercevait la mer. Ses aventures, bien que nombreuses, ne l’avaient jamais amenée à emprunter les voies maritimes, que ce soit dans son pays ou en Alagaësia. Il s’agissait donc là d’une toute nouvelle expérience qu’elle désirait mener sans la perpétuelle surveillance de la garde royale. Était-ce trop demander ? Aux yeux des sages, qui se souciaient constamment de sa sécurité : oui. Et pourtant, après des heures interminables de négociations, ils avaient fini par accepter le fait qu’obliger une armée à rejoindre les îles seraient un manque cruel de tactique. Les populations locales risquaient de se sentir menacées, et donc de refuser une quelconque coopération, par méfiance, malgré les bonnes intentions de leurs voisins du continent. C’était du moins de cette façon qu’Azuria avait fini par voir la situation. C’est pourquoi, malgré leurs réticences communes, le conseil avait accepté de restreindre sa garde à Link, héros du temps et éternel sauveur de la jeune femme. D’ailleurs, la magicienne se demandait où était passé son fiancé. Elle ne l’avait pas croisé depuis leur arrivée au port à l’aurore. Peut-être était-il déjà présent sur le navire, à s’occuper du stockage qui avançait lentement mais sûrement. Impossible de le savoir. De son côté, l’Hylienne était restée à terre, profitant de ses derniers instants à toucher le sol. Car selon les indications des sages, le voyage risquait de durer au minimum trois jours.
Habillée comme à l’ordinaire de sa robe préférée, elle avait rabattu une longue cape noire sur ses épaules afin de pallier le vent froid qui soufflait, faisant allègrement voler les pans de sa tunique ainsi que les mèches blondes qui entouraient son visage. Au dos de la houppelande, le symbole des Sheikahs, et ce par les soins sa nourrice, avait été brodé. Une tenue simple pour un voyage vers l’inconnu. Voyage dont s’impatientait Azuria. Quand allaient-ils enfin quitter le port ? Les préparatifs avaient été bien trop longs à son goût. Deux jours s’étaient écoulés mais ce laps de temps avait été suffisant pour qu’un creux inexplicable se creuse en elle. Un sentiment étrange l’envahissait, comme un manque qu’elle n’arrivait pas à comprendre. Ses pensées tournoyaient toujours autour des mêmes choses, des mêmes personnes. D’un côté, elle pensait à Link, à sa mission. De l’autre… elle pensait à Raffer. Elle revoyait son visage qui la fixait, qui lui souriait. Et malgré ses efforts pour chasser ces idées interdites de son esprit, elles finissaient toujours par revenir, de plus en plus souvent. Cela la tracassait, bien qu’elle fut été incapable d’en parler à qui que se soit, pas même à la sage de l’ombre. Cette dernière s’en inquiétait, car depuis son réveil, la princesse se murait dans un profond silence, ne parlant que si nécessaire. Link aussi l’avait sûrement constaté, mais Impa préférait ne pas l’alerter encore plus. Elle espérait juste que cela ne soit pas aussi grave qu’elle le pensait et que pour une fois, son intuition de Sheikah lui pressentant un danger se trompait.
Soudain, du haut de la rambarde de l’édifice, un homme au long manteau bleu marine apparut. Coiffé d’un tricorne typique de capitaine, il inspecta le port et l’avancée des préparatifs. D’un œil attentif, il inspecta ensuite l’intérieur du bateau et hocha légèrement de la tête. Il tourna de nouveau la tête vers la terre ferme, où Azuria attendait toujours de pouvoir monter à bord, accompagnée de la Sheikah. D’une voix grave, qui faisait concurrence à celle d’un Goron, il s’adressa directement à la jeune souveraine.

- Votre Altesse, je vous conseille de nous rejoindre à bord. Nous n’allons pas tarder à partir.
- Entendu commandant. Je ne vous ferai pas attendre plus longtemps dans ce cas.

Lentement, la magicienne s’avança donc vers le bâtiment. Cependant, la sage de l’ombre la rattrapa aussitôt par le bras, immobilisant sa protégée qui se retourna aussitôt, scrutant le visage impassible de sa nourrice. Toutes les deux restèrent silencieuses pendant quelques secondes, se contentant d’échanger des regards calmes qui cachaient ce qu’elles pensaient l’une et l’autre. Une grande première entre elles. L’une souhaitait cacher son angoisse, l’autre les tracas qui la rongeaient peu à peu. Puis finalement, alors que les marins s’affairaient aux derniers préparations, Impa finit par faire le premier pas.

- Fais bien attention à toi Zelda, murmura-t-elle, la gorge serrée.
- Je serai prudente. Et Link me protègera, se contenta de répondre la magicienne en laissant un sourire pâle naître sur ses lèvres.

Les doigts de sa nourrice glissèrent le long de ses gants, desserrant leur étreinte. Ainsi libérée, la princesse inclina la tête en direction du navire. Ses yeux, l’espace d’une seule seconde, croisèrent par inadvertance ceux de la Sheikah qui put y lire un profond trouble. Malheureusement, il était trop tard. Le temps que la sage comprenne enfin les véritables sentiments jusqu’alors brumeux de sa protégée, celle-ci s’était déjà éloignée, rejoignant l’immense bateau qui l’attendait.
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty24.12.10 5:50

Link ne faisait pas confiance aux soldats. Bien sûr, il ne doutait pas de leurs intentions et de leurs capacités. Il savait que ces hommes feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour que les deux jeunes gens puissent arriver à cet archipel qui était leur destination. Certes, les soldats étaient bien formés et savaient bien diriger un navire. Par contre, on ne pouvait pas ignorer le fait que l'armée d'Hyrule n'avait jamais réellement fait de l'exploration des mers sa priorité. La marine avait fait peu d'expéditions et ces îles demeuraient un véritable mystère pour les soldats. Or, Link, lorsqu'il se lançait dans une nouvelle aventure, aimait savoir exactement à quoi il avait affaire. Mais il ne voulait pas se contenter de simples rumeurs: il avait besoin de l'avis d'un homme d'expérience. Heureusement, la ville portuaire regorgeait de vieux marins et de loups de mers.

Durant les deux jours que durèrent les préparatifs du départ, le héros parcourut les bars et les places publiques à la recherche de quelqu'un pouvant l'aider. Après plusieurs recommandations, on lui conseilla de parler à Nico, un pirate qui connaissait l'océan mieux que quiconque. Il le trouva dans une taverne, quelques heures seulement avant le départ du navire. Link ne put s'empêcher d'être surpris lorsque le tavernier pointa le pirate du doigt pour lui montrer de qui il s'agissait. En fait, Nico avait l'air plutôt jeune pour tous les exploits qu'on racontait à son sujet. De plus, il était plutôt... petit. Malgré ces détails, le temps filait et le guerrier n'avait d'autre choix que de s'adresser à lui. Il alla lui parler lui demanda tout de suite des informations sur l'archipel si mystérieux. Le pirate se montra d'abord évasif mais lorsque Link jeta une bourse pleine de pièces d'or sur la table, il se mit à parler.

-Hum... l'archipel de Nayru, hein? Qu'est-ce que tu veux savoir?, dit Nico en tâtant la bourse et en la regardant d'un air gourmand.

-Tout, répondit Link. De quoi a-t-il l'air?


-Bah, c'est un archipel normal. Il est formé de plusieurs petites îles facilement rejoignables entres elles par radeau, à la nage ou même à pied là où l'eau est très peu profonde. Y'a peu de ressources. Quelques forêts de palmiers, quelques terres cultivables...


-Et les habitants?


-Des sauvages, rien de plus. Ils vivent dans des huttes de paille et ils chassent le porc à la lance. Ils sont pas très nombreux. Y'a cinq ou six petits villages, si je me souviens bien. Ils parlent une langue bizarre que je ne me suis jamais donné la peine d'apprendre. Ils sont pas très dangereux mais ils savent se défendre en cas de besoin. Avec les monstres et..


-Il y a des monstres sur l'archipel?

-Ah, tu ne savais pas? Une des îles et infestées de Moblins. Certains marins croient même que c'est de là qu'est issue cette espèce. Ils causent beaucoup de fil à retordre aux habitants.

-Je vois. Quoi d'autre?

-Hum.... y'a un temple, sur une des îles. Il a été érigé en hommage à Nayru il y a des milliers d'années. Certains aventuriers ont déjà essayé d'y aller mais les sauvages leur ont toujours coupé le chemin. On dirait qu'ils ont peur du temple mais comme on ne parle pas leur langue, on ne sait pas vraiment pourquoi.

-Bon, je crois que j'ai tout ce qu'il me faut. Merci.



-Fais attention. Il te faudra au moins trois jours pour t'y rendre. Y'a parfois des tempêtes. Et fais attention aux pirates! Il y en a en haute mer qui s'amusent à piller les navires. Faut bien gagner sa vie!


Après avoir pris soin de remercier Nico une dernière fois, Link se leva et sortit de la taverne. Il savait maintenant à quoi il aurait affaire. Un sentiment de confiance et de réconfort l'envahit peu à peu. Au fond, il était heureux d'avoir pu s'adonner à cette tâche pendant les préparatifs du vaisseau. Il avait l'impression que la princesse tentait de l'ignorer du mieux qu'elle le pouvait depuis quelques temps et cela l'agaçait. Ils étaient fiancés, après tout. Alors pourquoi ce malaise palpable persistait? Pourquoi ne pouvait-il pas tout simplement la serrer dans ses bras? Il l'aimait inconditionnellement... mais elle? L'impression qu'elle lui avait donné était qu'elle voulait simplement qu'il l'accompagne pour que les sages lui permette de partir sans obliger tout un régiment de soldats à se déplacer avec elle et non parce qu'elle désirait passer du temps avec lui. Une chose était sûre: ces trois jours en mer allaient être plutôt longs...

Le temps avait passé à une vitesse folle. Link devait à tout prix se rendre au port le plus rapidement si il ne voulait pas obliger les autres à l'attendre. Par chance, il y arriva au moment même où on levait l'ancre et monta sur le pont en passant inaperçu. Les soldats s'affairaient sous les ordres du commandant, chacun ayant un poste essentiel au bon fonctionnement du vaisseau. À quelques mètres de lui, le héros du temps aperçu alors Azuria, appuyée sur le côté du navire. Elle regardait le port avec une certaine mélancolie dans les yeux. Comme si de rien était, il s'approcha d'elle, se mit à ses côté et regardait lui aussi le port tandis que le magnifique bateau commençait lentement à s'en éloigner. vu de loin, la terre ferme semblait insignifiante. Une petite tache dans l'immensité bleutée de l'océan. Celui-ci s'amusait à caresser les passagers et la soldats d'une brise fraiche. Le ciel était bleu clair et le soleil, resplendissant. Link s'amusait à regarder ce spectacle, incapable de lever les yeux sur sa fiancée. Il ne savait plus comment agir avec elle et avait la forte impression que c'était réciproque. À lui-même, il se promit qu'il lui parlerait mais qu'il attendrait la tombée de la nuit, histoire d'avoir le temps de se familiariser avec ce nouvel environnement et de se reposer un peu.

-Nous voilà partis, dit-il tout bas.
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty18.04.11 0:03

Les cheveux de la princesse balançaient au gré du vent tandis que le navire s'éloignait de la côte. De là-bas, elle put apercevoir Impa, dont la silhouette s'amenuisait à chaque seconde. Elle restait fixe, sans même agiter les bras pour faire ses adieux à sa protégée. Celle-ci ne le comprit pas, mais ne s'en soucia pas plus d'une minute. Après tout, elles s'étaient déjà adressées quelques mots en guise d'au revoir. C'était suffisant à ses yeux. Dans son dos, Azuria percevait l'agitation des marins qui s'affaissaient à leurs différentes tâches. Le bateau venant à peine de partir, il y avait de nombreux préparatifs de dernière minute à mettre en place. Seulement la moitié des voiles étaient déployées et à ce que crut entendre la demoiselle, il y avait encore les nœuds des mousses à vérifier, les provisions à ranger... Toute une organisation dont elle ignorait la complexité et dont elle se désintéressa rapidement. L’air songeur, elle ne quittait pas des yeux le rivage, la petite ville portuaire, la verdure de son Royaume qu’elle ne reverrait pas de sitôt. Et quelques minutes plus tard, alors qu’elle était toujours plongée dans ses pensées, Link vint se poster à ses côtés. La jeune femme ne détourna pas son regard du continent qui laissait peu à peu place à la mer. Les deux derniers jours qui s’étaient écoulés, elle n’avait cessé d’agir de la sorte. Pour ne pas inquiéter son fiancé, mieux valait l’éviter. Ces tracas qui la hantaient, ces questions qui restaient sans réponse : elle ne voulait pas les imposer au héros du temps. Ç’aurait été trop cruel à ses yeux. Lui qui venait de se libérer des fantômes de son passé oublié, elle ne pouvait délibérément le replonger dans un tourbillon d’ennuis sans fin. C’est pourquoi elle préférait en ignorer les conséquences. Lorsqu’il murmura quelques mots que le vent vint porter aux oreilles de la magicienne, celle-ci resta de marbre. Sa bouche obstinément close ne put toutefois s’empêcher d’esquisser un sourire discret. Oui, enfin, ils avaient levé l’ancre. Leur voyage périlleux pouvait enfin commencer. D’ici trois jours, ils mettraient les pieds sur des terres dont ils ignoraient tout. A cette pensée, la jeune femme sentit pour la première fois une pointe d’anxiété. La peur de l’inconnu, qu’elle n’avait pas éprouvé jusqu’à présent, lui remuait l’estomac. Pourtant, sans qu’elle n’en soit consciente tout d’abord, ses pensées finirent par vaquer à d’autres occupations. Inéluctablement, elles revinrent alors se centrer autour du noble. Lorsqu’elle s’en aperçue, Azuria sentit ses doigts se crisper sur la rampe de bois qui encerclait le navire.

- Il faut que je m’allonge quelques instants, murmura-t-elle en tournant déjà les talons.

Sans qu’elle ne le souhaite, son regard se porta sur Link. Elle put ainsi constater sur le visage du jeune homme une contrariété qu’elle aurait espéré ne jamais croiser. La culpabilité la gagna, mais ne fut pas assez forte pour qu’elle décidât de se confier à son fiancé. Et bien que subitement, son comportement qu’elle savait égoïste la répugnait, elle s’éloigna avec hâte du héros. Une fois quelques mètres plus loin, elle s’adossa contre l’une des cabines du bateau. Les marins étaient trop occupés pour lui accorder la moindre importance : une grande première et un soulagement pour la jeune reine. Celle-ci put alors s’autoriser un soupir de lassitude. Comme cette situation pouvait être contraignante !
A cet instant, une ombre qu’elle ne put distinguer se glissa auprès d’elle. Quelqu’un se cachait près de l’entrée encastrée de la cabine. Son intuition aiguisée d’elfe alerta la princesse, qui inclina aussitôt la tête en direction de la présence qui lui était étrangère. Dans la faible obscurité elle vit deux grands yeux bleutés la fixer avec intensité ; c’est ce qui l’interpella en premier, jusqu’à ce qu’elle remarque que ces iris inconnus lui arrivaient à hauteur de la taille. S’avançant d’un pas fier, une enfant au teint basané sortit de la pénombre. Elle était blonde, les cheveux relevés en un chignon rustre et accommodant. Ses vêtements étaient des plus simples : une veste bleue, un débardeur blanc ainsi qu’un pantalon de toile beige. Quant à son cou, il était enserré d’un foulard rouge vif. Les bras croisés, la petite jugeait la princesse de haut en bas, sans piper mot. Puis, rompant le silence qui s’installait entre les deux seules passagères de ce navire, un marin s’approcha d’elles, essoufflé.

- Tetra, qu’est-ce que tu fais ? Puisque tu es là, ton père t’attend au gouvernail !
- J’arrive tout de suite, répondit la gamine sans esquisser un seul regard vers le moussaillon.

Adressant un sourire à la jeune femme qu’elle jaugeait depuis maintenant deux bonnes minutes, la dénommée Tetra finit par s’éloigner avec ses petites enjambées d’enfant. C’était la première fois qu’Azuria croisait une hylienne avec autant d’assurance : cela n’étant pas pour lui déplaire. De plus, elle ne s’était pas attendue à voir une petite rejoindre l’expédition qui était déjà bien assez périlleuse. Elle regarda donc la fillette s’éloigner d’elle, sans un mot. Le marin remarqua son air étonné. Timidement il vint s’approcher de la souveraine qui ne lui accorda qu’une brève attention avant qu’il ne prenne à nouveau la parole.

- C’est la fille du capitaine. Nous l’avons trouvé cachée entre des tonneaux d’hydromel alors que le bateau venait juste de lever l’ancre. Comme il est trop tard pour faire demi-tour, elle devra rester avec nous pour le voyage. Mais ne vous en faîtes pas votre Altesse, nous ferons en sorte qu’elle n’aille jamais s’aventurer dans les îles.

Contrairement à tout à l’heure, sa voix était nettement moins assurée. Il bégayait presque, sûrement tétanisé par la royauté à laquelle il n’était pas habitué. Mais cela n’avait pas d’importance pour la magicienne. Cette dernière était désormais accoutumée aux langues bafouilleuses à demi incompréhensibles. Elle reçut le message d’un simple hochement de tête. Le marin crût donc bon de ne pas s’attarder plus longtemps auprès de sa reine et s’éclipsa aussitôt. Azuria, toujours muette, fit volte-face, effaçant cette scène de sa mémoire pour les heures à venir. Elle était épuisée et le problème de la sécurité de cette enfant pouvait attendre. Après tout, ils ne débarqueraient que d’ici trois jours minimum. C’est pourquoi la jeune elfe préféra reprendre le chemin de sa cabine plutôt que de chercher querelle au père de la petite Tetra. Afin de reprendre ses esprits, la princesse passa une main sur son visage fin. Lentement, elle ouvrit la porte et finit par s’engouffrer dans le couloir menant à sa cabine. Ses talons claquaient sur le plancher de bois, et seul le remous constant des vagues accompagnait ce cliquetis incessant. Entre ces murs, la souveraine ne croisa personne. Chacun devait être occupé à son poste. De plus, elle ne s’imaginait pas véritablement rencontrer un homme d’équipage dans le corridor menant aux cabines du capitaine et du jeune couple royal. Les matelots dormaient en-dessous du pont. Et bien que les conditions d’hygiènes soient, il semblerait, omis dans ces lieux -à la grande stupéfaction de la demoiselle-, les marins s’en accommodaient parfaitement.

Comme le bateau avait la fâcheuse manie de tanguer de droite à gauche, de haut en bas et ainsi de suite, la magicienne avait quelques difficultés à garder son équilibre. En tant que princesse, il était clair qu’elle n’avait pas le pied marin et espérait l’acquérir incessamment sous peu. En attendant, elle tendit les bras sur les côtés afin de s’appuyer sur les murs du couloir tout en avançant pas à pas avec une précaution quelque peu exagérée. Pour un trajet qui n’aurait dû prendre qu’une minute, elle en mit quatre avant d’arriver devant sa chambre. Sa main droite passa du mur à la porte qui s’ouvrit aussitôt. Azuria put alors découvrir, et ce pour la première fois, la cabine qu’on leur avait attribué à Link et à elle. Contrairement à ce qu’elle s’était imaginée, la pièce était magnifiquement décorée, dépourvue de ces ornements excessifs que l’on retrouvait parfois au château. Un lit en bois d’ébène trônait au milieu de la pièce, accroché au mur du fond. Au dessus, on avait drapé ce dit mur d’un rideau de satin bordeaux. Il y avait deux lanternes disposées dans la chambre, similaires à celles qui éclairaient le couloir. Un tableau avait été placé sur la gauche, représentant la Création par les trois déesses fondatrices. Quant au reste du mobilier, teinté de la même noirceur que le sommier, il se composait simplement d’une malle, disposée au pied du lit, d’une commode fixée à la pièce et d’une chaise. Le tout s’accompagnant de poignées et jointures dorées. La première réaction de la jeune femme fut de s’avancer vers la commode à trois tiroirs après avoir soigneusement fermé la porter derrière elle. Elle ouvrit le premier tiroir, constatant que ses affaires y avaient été rangées au préalable. Sûrement une attention d’Impa. D’un geste nonchalant, Azuria se laissa alors tomber sur le lit. Elle scruta le plafond quelques instants, oubliant l’espace d’un instant ses manières princières. Ses cils battirent rapidement, dans l’espoir que tout se soit effacé durant ce laps de temps. Malheureusement, lorsque ses paupières se rouvraient après un centième de seconde, le plafond blanc était toujours là. Le bruit des vagues étouffé lui titillait toujours les oreilles. Ses problèmes ne s’étaient pas envolés. Cette triste réalité obligea la magicienne à se redresser. Elle s’assit sur le rebord du lit, les mains croisées.

*- Que faire…*

… Fut l’unique pensée qui traversa son esprit tourmenté, partagé et affaibli par les récents évènements. A la lumière des faits, la réponse qui lui vint se transforma en mélodie. Une ballade sans joie qui voulait franchir le seuil de ses lèvres. Elle était seule, et cela pouvait la soulager. Ainsi, ouvrant ses lèvres couleur cerise, la princesse commença à chanter. Son regard distrait s’accommodait avec les accents mélancoliques de sa mélodie. Sa voix de soprano adoucissait pourtant le côté assombri de son chant, lui donnant un air de complainte romantique de chagrin d’amour. Le silence de la pièce porta sa voix jusqu’à l’extérieur, emplissant le corridor de cette mélopée. Le fait d’extérioriser toutes ces angoisses permit ainsi à l’elfe de les chasser pour un bref instant de répit. Ses doigts s’entrecroisèrent tout en se posant sur ses jambes. Les yeux fermés de nouveau, et sans être hantés par des envies d’escapades, elle sentit sa poitrine se défaire d’un fardeau tandis que les notes glissaient de sa bouche. Un sourire allait-il finir par s’esquisser sur son visage ? Peut-être aurait-ce été le cas, si des bruits de pas n’avaient pas soudain interrompus la chanson. Aussitôt, la pression qui s’exerçait sur le cœur de la jeune souveraine vint reprendre sa place de droit. Ses yeux se rouvrirent avec empressement tandis qu’ils se teintaient d’une pointe d’angoisse rapidement étouffée. Les lèvres d’Azuria redevinrent closes, et l’espoir d’un sourire s’envola tandis que l’on toquait à la porte.



hrpg : désolée c'est vraiment pas terrible ^^*. Si tu veux que je change n'hésite pas !
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty14.06.11 0:18

Link resta près du bord encore quelques instants. Les bras croisés, il se demandait comment il pourrait chasser une bonne fois pour toutes l'énorme malaise qui régnait entre lui et sa fiancée. Ce voyage en mer était peut-être l'occasion rêvée d'y parvenir enfin. Ce n'était pas la première fois que le héros du temps allait sur l'océan. Il adorait ce genre d'expérience. Sur un navire, on ne voit que de l'eau à perte de vue. On est coupé de tout ce qui se rapproche de près ou de loin au monde extérieur. Cet environnement est particulièrement propice à la réflexion.

-Hé, le jeune! Tu vas rêver toute la journée?

Un homme de bonne taille, aux épaules larges et aux bras couverts différents tatouages venait d'interpeller Link. Il portait un énorme sac et semblait se diriger vers la cale du navire. Derrière lui, tout le monde semblait avoir quelque chose à faire. Même la fille du capitaine, qui pourtant semblait beaucoup trop jeune pour une telle aventure, s'affairait au gouvernail.

-Nous avons laissé la princesse se reposer à cause de son statut, mais sache qu'une place sur le navire se mérite et que tu dois faire ta part. Allez, aide moi à entreposer les provisions!

N'étant pas lâche de nature, Link ne se fit pas prier et commença sans tarder à aider les matelots et les moussaillons à accomplir leurs différentes tâches. Lorsqu'il eut terminé d'aider Darius, l'homme qui était venu le quérir, à descendre les sacs de nourriture dans la cale, il dut aider à faire des noeuds, à hisser toutes les voiles et à laver les canons. Comme les différents travaux n'étaient pas particulièrement difficiles et que les marins se montraient sympathiques, il en profita aussi pour discuter avec eux. Il appris entre autre que Darius était l'assistant du Capitaine et que sous son air de dur à cuir se cachait un coeur tendre. Il rencontra aussi un jeune matelot se nommant Adam. Dès le premier regard, Link se demanda ce qu'il faisait sur le navire. Le jeune homme était petit, maigre et ressemblait plus à un élève studieux qu'à un marin courageux. Il appris plus tard que son rôle était plus qu'important car il était le seul, parmi l'équipage, à comprendre la langue des indigènes peuplant l'archipel de Nayru.

-Des pirates qui m'avaient kidnappés m'ont fait une mauvaise blague et m'ont abandonné sur une des îles il y a quelques années. J'y suis resté plusieurs mois avant qu'on ne me trouve et j'ai appris leur langue et leurs coutumes. Les Nayris forment un peuple très fascinant, lui avait expliqué Adam.

Lorsque toutes les tâches furent accomplies, l'après-midi était déjà entamé. Il n'était maintenant pas rare de voir des hommes assis dans un coin à jouer aux dés, à lire ou à tout simplement bavarder tandis que seule une poignée d'entre eux était nécessaire à ce que le navire continue d'aller dans la même direction. Entre autre, Tetra, la fille du capitaine, était toujours à gouvernail, un poste très important, et refusait catégoriquement que quiconque ne pense à prendre sa place. Link se rendit alors compte qu'il n'avait d'ailleurs toujours pas vu le capitaine sur le pont. Cessant d'y penser, il profita de ce moment d'accalmie pour aller chercher un plateau et d'y mettre une pinte de lait ainsi que quelques fruits et décida de l'apporter à Azuria dans un nouvel effort de pouvoir lui parler un instant. Une fois qu'il fut dans le corridor menant à la cabine de la princesse, il fut saisi par la beauté de le chant qu'il entendait. La voix douce et cristalline de sa fiancé était si belle et mélodieuse lorsque celle-ci se mettait à chanter qu'elle aurait convaincu Ganon lui même de renoncer à ses noirs desseins. Malheureusement, le tout s'arrêta brusquement lorsque Link osa frapper à la porte et y entrer.

-Bonjour! Je me suis dit que tu aurais peut-être un peu faim.


Sans attendre de réponse, il vint lui aussi s'asseoir près du lit et, en prenant soin de garder une certaine distance avec Azuria, déposa le plateau entre eux deux. Affamé, il se gêna et pris une pomme dans laquelle il croqua à pleine dent.

-Bien que ce n'était pas le cas lorsque nous sommes montés à bord ce matin, j'ai confiance en l'équipage. Il nous seront utiles, il n'y a pas de doute là-dessus.

Silence. On n'entendait que le souffle du vent et le bruit des vagues se frappant contre le navire.

-Je leur ai parlé et ils j'ai vite remarqué qu'ils étaient honnêtes et valeureux. Toi aussi, tu devrais prendre la peine de discuter avec eux. Ou bien tu pourrais simplement prendre la peine de me parler à moi , conclu-t-il en la fixant droit dans les yeux.
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty15.06.11 18:18

Dès qu'Azuria aperçut le visage de son visiteur, elle eût tôt fait d'incliner la tête dans la direction opposée. Bien que Link et elle partageaient la même chambre pour ce voyage qui commençait à peine, elle avait espéré éviter la confrontation encore un peu. Mais maintenant qu'il se trouvait là, dans l'entrebâillement de la porte, il était devenu bien plus épineux de se défiler sans envenimer la situation. Néanmoins, la princesse resta silencieuse, aussi stoïque qu'une statue de pierre. Elle se tenait droite, le regard rivé sur les murs lui faisant face. Bien qu'elle feignit l'ignorance, elle écoutait son fiancé d'une oreille très attentive. Elle sentit qu'il s'asseyait à ses côtés, bien que distant. Entre eux régnait une tension qui n'avait jamais existé jusqu'à présent. Ils s'éloignaient l'un de l'autre, eux qui avaient été séparés de bien des façons par le passé. Cette fois-ci, la distance était insupportable ; seuls les mots parvenaient à ronger le lien qui les avait toujours unis. C'était dur. Dur de devoir détourner les yeux de Link, dont elle sentait l'inquiétude et la frustration croître à chaque instant. Dur de garder le silence sur les récents évènements qui la hantaient. Dur de ne pouvoir rassurer le héros du temps qui se retrouvait seul, confronté à un dilemme qu'il était malheureusement incapable de résoudre par sa simple volonté. Depuis qu'elle s'était éveillée après le drame du banquet, la jeune femme s'était rendue compte d'un changement imprévu, indescriptible. Le don légué par sa défunte mère l'alertait d'un danger imminent, mais qui lui restait inconnu sur l'heure. Etant bien incapable de mettre le moindre mot sur ce qui se passait dans ses pensées embrumées, il était ainsi inutile de partager ses troubles avec Link.
Au milieu de la conversation, la magicienne baissa subrepticement la tête vers la corbeille de fruits. Il aurait été dommage de gâcher cette nourriture si difficile à conserver en mer, et son estomac fut du même avis. Il se manifesta par un gargouillement à peine audible mais qui fut suffisant à la demoiselle pour comprendre qu'elle commençait à avoir faim. Et pour dire ! Elle n'avait rien avalé depuis ce matin avant de prendre la route pour la ville portuaire. Embarrassée par les grommellements de son ventre, elle prit donc le premier fruit qui tomba sous sa main. En évitant soigneusement le visage de son fiancé, elle ramena vers elle une grappe de raisin foncée et peu garnie. Elle en détacha un grain, puis deux, écoutant Link lui donner son humble avis sur l'équipage engagé pour cette expédition. Il était vrai que la reine n'avait pas pris la peine de discuter avec les marins. Elle s'était seulement entretenue avec le capitaine avant leur départ : ça s'arrêtait là. Il fallait dire qu'en ce moment, l'envie d'engager la moindre discussion s'était envolée de ses pensées. C'était du moins ce qu'en avait conclu la princesse, jusqu'à ce que les derniers paroles du jeune homme ne lui parviennent. Aussitôt, sur une grappe dénuée de grain, ses doigts se refermèrent tels dix étaux serrés les uns contre les autres. Les iris bleutés de la jeune femme se voilèrent dans un dernier espoir d'échapper à ces accusations. Pourtant, la douleur que ces quelques mots avaient engendré était bien là, elle.

Elle avait su dès le départ qu'il viendrait lui reprocher son comportement distant. Cependant, elle avait tenu à agir de la sorte, considérant que cela finirait pas être profitable et sans grandes conséquences. Si Link restait éloigné de ces secrets, il n'en souffrirait pas : c'était du moins ce qu'Azuria s'était imaginé. Ce n'est que lorsque le héros darda son regard dans le sien qu'elle comprit son erreur. Ces yeux exprimaient un mélange d‘anxiété, d'incompréhension et de lassitude. Deux miroirs impénétrables qui reflétaient une âme toute aussi tourmentée que celle de la princesse. Cette dernière baissa la tête, à la fois honteuse et impuissante. Hélas, ce qu'elle avait à confier n'allait pas éloigner ces tracas. Ils allaient simplement rassembler les deux amants, afin de les faire plonger dans un gouffre aussi profond que les ténèbres elles-mêmes. Quelle était la meilleure solution ? Epargner le guerrier ou le laisser à l'écart, tout en brisant au passage un amour inconditionnel ? Elle eût beau supplier intérieurement la clairvoyance des Déesses fondatrices, la magicienne ne vit aucune réponse lui apparaître. Et devant son mutisme obstiné, Link risquait de perdre patience. Les évènements s'étaient précipités, empêchant la jeune reine de discerner une quelconque solution. Il s'agissait, dès lors que le héros eût franchi les portes de la cabine, de la seule et unique chance pour mettre un terme à ce suspens insupportable et contraignant. Difficilement, Azuria desserra ses doigts et posa la grappe de raisin sur le plateau apporté précédemment par son fiancé. Bien que ce choix lui était insoutenable, elle ne pouvait résister au visage alarmé de l'homme qu'elle aimait. Elle qui avait soigneusement évité de le regarder avec franchise, elle daigna enfin lever des yeux affligés dans sa direction, la tête à demi-baissée par le remord.

- Link… T’accabler de craintes n’était pas dans mes intentions, finit-elle par dire, la voix chargée de peine. Il n’y avait qu’en agissant de la sorte que je pouvais te garder éloigné de tout ceci…

Seul le remous des vagues lui servit de réponse face à ces phrases inutiles, quémandant un éventuel pardon qui n’avait pas lieu d’être et qui, au final, n’était qu’à peine recherché par la princesse. Elle assumait les pleines conséquences de ses actes sans broncher, se contentant juste de brèves justifications pour son isolement inopiné. Elle ne demandait aucune indulgence de la part du guerrier, seule une quelconque attention sur ce qu’elle s’apprêtait à lui avouer. Un soupir vint ponctuer son malaise grandissant. De nouveau, ses mains jointes et tremblantes se posèrent sur ses genoux. Ses lèvres closes n’arrivaient plus à sortir le moindre mot. Comment allait-il réagir ? Une question qui restait pour l’instant sans réponse, mais n’était-ce pas mieux ainsi ? Même Impa, qui pourtant était la plus grande confidente de la demoiselle, restait dans l’ombre. Et maintenant que la distance qui les séparait toutes deux s’était agrandie, elles étaient dans l’incapacité de conserver la liaison mentale qu’elles entretenaient d’ordinaire. Cela s’avérait soudain fort regrettable pour Azuria, qui était en manque de conseil. Sa sagacité habituelle l’avait quittée, engloutie par les peurs qui s’acharnaient sur elle. Pourtant, ce fut ce même regard azuré l’emplissant de regrets qui parvint à lui délier les lèvres.

- Moi-même, en tant que magicienne, je ne saurai expliquer de quoi il s’agit avec certitude. Ainsi, au lieu de te confier mes soupçons qui auraient pu s’avérer infondés, j’ai préféré garder le silence. Or, cela n’aurait jamais suffi car tu me connais mieux que quiconque, et tu te serais aussitôt douté de mes tracas. Cependant, ce que je redoutais s’est certifié depuis ces derniers jours.

Tant de mystère… L’elfe tournait délibérément autour du pot, retardant au mieux la conclusion de cette discussion. De nouveau, elle dévia ses pupilles bleutées de celles du héros. Jouant avec les pans de sa cape qu’elle n’avait pas même ôté de son dos, elle se mordit la lèvre inférieure, honteuse. Le bateau, quant à lui, tanguait légèrement de droite à gauche, le tumulte des vagues s’étant grandement atténué. Afin de calmer son angoisse, la princesse s’autorisa une seconde de répit. Puisant son courage dans le balancement apaisant du navire, elle reprit ses explications là où elle les avaient stoppées. Trêve de bavardages incessants. Harassée par ces secrets trop lourds à porter, Azuria se jeta droit au but :

- J’ignore comment on s’y est pris et qui en est l’auteur, s’empressa-t-elle de préciser pour éluder d’éventuelles questions à ce propos. Les seuls points qui m’apparaissent clairement sont le fait indéniable que… On m’a jeté un sortilège et que je ne puis m’en soustraire.

Voilà, le plus gros était dit. Les perpétuels silences qui avaient pris récemment place par défaut de conversations venaient d’être enrayés par ces quelques mots. Et à la place d’une terreur indicible, l’Hylienne sentit un embarras profond grandir en elle. Ses talents de magiciennes, ses pouvoirs divins ainsi que son don inné à pressentir le moindre danger : tout ceci s’était avéré d’une considérable inefficacité. Elle avait baissé sa garde, croyant sûrement que la défaite de Dumcan l’aurait protégée de la moindre menace. Malheureusement, cette confiance l’avait trahie, causant un mal qui paraissait irréparable. Alors que seulement une dizaine de secondes s’étaient écoulées, Azuria crut que le temps s’était arrêté. Seul le souffle imperturbable de Link lui parvenait. Balayés les grincements de la coque, balayés le bruit des vagues ; elle ne percevait plus que cette respiration, qui lui fit remarquer un détail important. L’elfe laissait son fiancé dans l’incompréhension la plus totale. Bien qu’elle fut incapable de mettre des mots pour exprimer l’ensemble des sensations pour le moins étranges qui l’assaillaient, elle se devait de l’expliquer au mieux au jeune homme. S’empressant de réparer son oubli, elle reprit à nouveau la parole, sans laisser le temps au héros de répliquer quoi que ce soit.

- Pour l’instant, les effets de ce sort me sont parfaitement inconnus. Des images me viennent à l’esprit où j’y reconnais souvent messire Bairstow, sans aucune raison équivoque. Il doit s’agir de magie oubliée, voire interdite pour son usage malsain. Je redoute de ne pouvoir être plus précise. Tout ce que je peux affirmer, c’est que tant que ce sortilège ne sera pas brisé, il deviendra de plus en plus puissant. A l’avenir, je risque peut-être de ne plus m’en rendre compte, ajouta-t-elle, pensant néanmoins qu’il s’agissait là de pures spéculations de son esprit.

Soudain, le poids qui s’était déposé sur le cœur de la magicienne disparut. Ce que son chant n’avait réussi à retirer s’était envolé grâce à ces révélations. Bien évidemment le problème, dans sa totalité, était toujours bien présent lui. Il restait là, à germer dans les pensées de la jeune femme, la détruisant de l’intérieur sans qu’elle soit apte à l’en empêcher. Il pervertissait son âme, l’entraînait vers les abysses obscures que la magie scellait en son cœur. Toutefois, il semblait à la reine que ce sentiment oppressant s’évanouissait, ne serait-ce que pour quelques instants. Les mystères s’étant éclaircis, elle n’aurait plus besoin de mentir perpétuellement à son fiancé, mis désormais dans la confidence. Il ne restait plus qu’à attendre une éventuelle réaction, qui n’allait pas tarder à venir. Le connaissant, Azuria se doutait qu’il n’apprécierait pas ces déclarations préoccupantes, gardées trop longtemps dans le silence. Il la blâmerait pour son manque de discernement, pour ce qu’il qualifierait de peu de confiance qu’elle lui avait accordé jusqu’à maintenant. Elle était prête à accepter tous les remontrances qu’elle savait mériter. Mais elle avait toujours eu confiance en Link, son éternel amour. Pas une seule seconde sa conviction n’avait faibli, désirant simplement le mettre à l’abri d’éventuels périls que sa condition allait engendrer par la suite. Et malgré son soulagement, elle ne put oublier le fait que ses efforts eurent étés vains. Ses précautions n’avaient pas marché, et cela à cause d’un regard inquisiteur et de mots prononcés sur un ton rude et pourtant soucieux. Il semblait que, comme toujours, son fiancé avait réussi à lui faire un instant abandonner ses angoisses, la poussant à l’aveu. Cette simple pensée fit s’esquisser un sourire timide et éphémère sur le visage de l‘Hylienne. Oui, décidément, il la connaissait bien. Tournant la tête vers le héros du temps, la princesse ne savait désormais plus vraiment quoi ajouter de plus. Peut-être Link attendait-il d’autre détails, afin d’être certain d’avoir été mis au courant de tout. Or, les masques étaient déjà tombés. Il avait devant lui la véritable Azuria, celle qu’il avait toujours connue, et non la femme qui s’était montrée distante depuis deux jours. Du moins c’est que la dite Azuria croyait sans même penser à ce qui se déroulait à l’intérieur même de son esprit, que les blessures grandissantes du sort affaiblissaient au fur et à mesure.
Lentement, elle se leva donc du lit sur lequel elle était assise depuis maintenant trop longtemps. D’un pas en avant, elle rejoignit la commode qui était installée dans la cabine. La houppelande qu’elle portait glissa le long de ses épaules pour retomber entres les mains tendues de la jeune femme. Cette dernière ouvrit l’un des trois tiroirs et y déposa le vêtement. Tout en s’exécutant, elle murmura à l’adresse de Link :

- Je ne peux me permettre d’alerter l’équipage alors que nous venons à peine de quitter le port. Ceci n’étant pas notre priorité, personne ne doit être au courant. Je ferai comme si de rien n’était, car en tant que souveraine je ne veux pas mettre en danger les hommes qui nous accompagnent. A défaut de comprendre ce qui m’arrive, c’est le moins que je puisse faire, souligna-t-elle en affichant un sourire peiné.
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty20.08.11 20:40

Jamais Link n'avait entendu un discours si évasif, si incertain. Essayait-elle de le duper? Quoi qu'il en soit, les pensées et les intentions de la princesse étaient maintenant plus mystérieuses que jamais. Tenter de comprendre ce qui se cachait dans cet esprit confus qu'était celui de sa fiancée ne se révélait qu'être une perte de temps. C'était du moins ce que pensait le héros jusqu'à ce qu'il entende parler d'un sort qu'on aurait jeté. Dans le passé, le couple avait traversé d'innombrable épreuves et avait affronté divers types de magie qui cherchait souvent à leur soutirer des pouvoirs ou des informations. Aujourd'hui, cela semblait prendre une tournure tout à fait différente.

-Un.... sortilège?

La frustration qui règnait quelque secondes plus tôt dans l'esprit de Link laissa bientôt place au doute. Pourquoi diantre lui aurait-on jeté un sortilège innofensif, sans symptôme physique apparent? Qui aurait bien pu vouloir lui mettre des images du traître Bairstow dans la tête? Voulait-on la rendre amoureuse de lui? Une chose était sûre: aucun de leurs ennemis antérieurs, obnubilés par le pouvoir, ne s'était préocuppé de sentiments jusqu'à présent. Ils faisaient donc maintenant face à quelque chose de nouveau et de beaucoup plus imprévisible. Mais au delà de tout cela, le jeune homme se demandait plus que tout si l'effet de cet inquétant sort était réversible. Il avait toujours été jaloux du noble lorsque celui-ci démontrait des signes d'affection à sa bien-aimée et il ne voulait pas la voir tomber dans ses bras maintenant qu'il avait attenté à la vie de celle-ci.

-Depuis quand est-ce que tu ressens l'effet de cette magie?


Il posait la question mais savait déjà la réponse. En fait, il était persuadé que ce sort avait commencé à faire effet sur elle au même moment où son comportement envers lui, son fiancé, avait changé. C'est-à-dire le lendemain de la nuit où Bairstow l'eu possédée. Cela expliquait au moins pourquoi elle se montrait si distante depuis quelques jours. Malheureusement, cela ne laissait rien présager de bon à long terme.

-Est-ce que.... Est-ce que tu crois pouvoir y résister?

Cette dernière question était celle à laquelle il souhaitait le plus avoir une réponse positive. Comme Azuria l'avait remarqué, ils faisaient face à une sorte de magie inconnue et peut-être très dangereuse. Il était possible de prédire ce qui allait se passer dans les prochaines semaines, voir peut-être seulement dans les prochains jours. Cette fois-ci, il serait plus difficile de protèger Azuria et surtout de ne pas la perdre, puisque la menace qu'ils devaient affronter était à l'intérieur même de la jeune femme. Une telle situation d'impuissance ne faisait qu'inquiéter davantage le héros du temps, lui qui était prêt à tout pour ne pas la perdre.
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty25.10.11 21:17

Azuria n’osait pas rompre le silence qui manquait à chaque seconde de s‘installer de nouveau. De plus elle sentait le regard inquiet de son fiancé qui la fixait. Elle qui avait tant espéré éviter cette confrontation, elle savait désormais que ses efforts étaient vains. Les mains posées sur la commode, la jeune femme avait du mal à ne pas garder ses lèvres closes. Oui, son soulagement s’était montré de bien courte durée. Le poids qui s’était allégé précédemment avait tôt fait de reprendre sa place, bien qu’un peu atténué. Elle avait été sotte de croire, pendant une seconde, que ses aveux seraient suffisants. Mais son amant lui avait rappelé aussitôt que leurs ennuis étaient loin d’être réglés. Au contraire, ils ne faisaient que commencer… Les mots s’embrouillaient dans sa bouche, se mélangeant afin d’empêcher la moindre phrase de s’échapper. L’angoisse, l’ignorance : des sentiments qu’elle n’osait pas confier à son amant. Mais le faire languir de la sorte, alors que l’effroi le gagnait, était insoutenable pour la princesse. C’est pourquoi la première question du héros fut ponctuée d’un hochement de tête. Oui, un sortilège. C’était horrible en soi. Une partie de l’âme d’Azuria tentait désespérément de lutter contre le vil maléfice qui l’assaillait. Et l’autre partie, corrompue par les ténèbres, lui susurrait constamment de lâcher prise. L’obscurité qui rongeait son cœur si pur lui insufflait ainsi des sentiments qu’elle aurait préféré rejeter. Et quelle finalité cela devait-il avoir ? Même la jeune femme n’était pas certaine de l’utilité d’un tel charme. De toute sa vie, elle n’avait jamais pratiqué la magie interdite d’Hyrule. Et bien qu’évasivement étudiée il y a de cela de nombreuses années auprès de Rauru, elle n’en gardait qu’un vague souvenir. Dès lors, ses connaissances lui permettaient uniquement d’en reconnaître les effets.

- Depuis le banquet je dirais, répondit calmement la demoiselle en tentant d’éclaircir sa mémoire. Toutefois, je ne saurais te confier le moment exact. Ce dont je me souviens de la soirée reste assez confus. Je suis allée prendre l’air sur le balcon puis… le vide ; juste une profonde douleur qui me lacérait l’esprit.

Sans le savoir, la magicienne faisait évidemment référence au moment où Raffer avait pris possession de son corps. A cet instant, elle avait brièvement repris connaissance, sentant la présence machiavélique qui cherchait à souiller son âme. D’un vif coup de tête, Azuria chassa cette pensée qui s’immisçait dans le fil de ses pensées. Elle vint alors se rassoir aux côtés de son fiancé qui semblait toujours perplexe. La magicienne le comprenait aisément, partageant cette crainte qui alourdissait sa conscience depuis bientôt une semaine. Afin de rassurer le jeune homme, elle posa lentement sa main gantée sur la sienne. Ce simple geste n’eût peut-être pas l’effet escompté, mais il permit à la princesse d’avoir un vif regain de courage. La paume du héros était chaude, ce qui raviva chez l’elfe une multitude de sensations qu’elle n’avait pas ressenties depuis longtemps. Une teinte rosée vint subrepticement colorer ses joues. Pour rien au monde elle ne voulait perdre cette étincelle de magie qui comblait son existence. L’amour qu’elle portait à Link était sa raison de vivre, ce pour quoi elle pourrait se battre jusqu’à la mort. Être privée de cette joie incommensurable l’effrayait tout autant que le guerrier. Cette simple pensée provoqua une bouffée de peur chez Azuria, et son premier réflexe pour l’étouffer fut de resserrer son étreinte sur la main de Link. Quand elle s’en aperçut, la princesse laissa ses doigts glisser sur ceux de son amant. Une fois le contact rompu, la jeune femme remarqua à quel point la présence du héros du temps pouvait la rassurer. Le savoir là, près d’elle, lui permettait de garder un semblant de sérénité. Et bien que son sang-froid soit difficilement ébranlable, elle n’aurait jamais pu supporter toutes ces misères sans Link. Même s’il n’avait pas été mis dans la confidence dès le départ, il avait toujours répondu présent. Jamais il ne l’avait abandonnée. Pour lui, elle devait faire de son mieux. Pour lui, elle combattrait ce sort de toutes ses forces. Pour lui… La demoiselle était prête à tout.

- Je ne sais pas, répondit-elle franchement. Mais je trouverai un moyen de conjurer ce maléfice, ou du moins atténuer ses effets. En attendant je le contiendrai grâce à la Triforce, même si cela doit puiser dans mon énergie vitale.

Oui, la magicienne était prête à tout pour résister à ce mal qui l’assaillait. Et bien que la tâche soit ardue, elle pouvait compter sur ses pouvoirs pour l’aider. Après tout, n’était-elle pas une élue des Déesses elle aussi ? Son existence même était bercée par la magie qui gouvernait son royaume. Les trois Déesses fondatrices veillaient sur elle depuis les cieux, bien que les obstacles n’aient cessé de s’ériger devant elle depuis sa plus tendre enfance. C’est pourquoi elle se devait de rester forte, de ne pas abandonner tout espoir. Link et elle avaient bravés de nombreux dangers ensemble ; en unissant leurs forces ils sauraient venir à bout de cette nouvelle épreuve. Comment avait-elle pu être si naïve en croyant régler cela sans l’aide de son amour ? La jeune souveraine l’ignorait désormais. Mais qu’importe. Tout ceci n’avait plus d’importance désormais. Et l’espoir que ce périple soit le dernier que le destin leur ferait subir permit à Azuria d’éclaircir enfin les pensées sibyllines obscurcissant son éternelle sagesse.
Pendant tout ce temps, le bateau n’avait cessé d’avancer droit devant. Il tanguait d’avant en arrière, sans faiblir dans son allure. Il fallait avouer que le bâtiment était robuste, obligeant le vent à plier sous son poids. Les vagues léchaient la proue avec violence, venant s’écraser sur la structure imposante. Toutefois plus l’embarcation s’engouffrait au milieu de l’océan, plus son mouvement de balancier s’accentuait. Leur conversation avait empêché Azuria de le remarquer. De plus, le fait d’être assis tout deux sur le lit amputait les sensations qu’ils auraient pu ressentir à ce propos. La vitesse du bateau n’avait peut-être pas changé, mais il oscillait encore et encore. Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes que la princesse le remarqua enfin. Etonnée que leur trajectoire soit aussi chancelante, elle leva un regard interrogateur vers Link. Ce dernier en savait sûrement plus qu’elle. Car ce n’était guère l’expérience maritime de l’elfe qui pourrait lui venir en aide… Des grincements désagréables ébranlaient aussi le bâtiment, lui donnant une nouvelle vie. Il semblait agité, prêt à se rebeller contre ceux qui étaient montés à son bord. Toute cette révolte de l’embarcation n’annonçait rien de bon, alors qu’ils ne naviguaient que depuis deux ou trois heures tout au plus.

- Nous devrions voir ce qui se trame à l’extérieur, souligna-t-elle tandis que l’inquiétude la gagnait. Peut-être…

Hélas, la jeune femme n’eût pas le loisir de terminer sa phrase. Une intense agitation secoua le navire au même instant. La puissance du choc fit vaciller la magicienne, qui fut projetée contre son fiancé. Elle retomba dans ses bras, échappant de peu à une chute contre le plancher. Les meubles tremblaient, manquant de se décrocher du mur à chaque seconde. Les placards, quant à eux, n’avaient pas aussi bien résistés et s’étaient tous ouverts de façon synchronisée. Les flammes qui composaient les lanternes vacillèrent l’espace d’une seconde, éclairant la chambre d’une lueur inquiétante. Les ombres de la pièce s’accentuèrent de manière exagérée. Elles dessinèrent des formes menaçantes sur les murs, ce qui ne fit qu’accroître le malaise d’Azuria. C’est alors qu’un hurlement strident vint transcender la cacophonie qui régnait depuis peu. Puis le calme plat, tandis que le navire était toujours balloté comme un vulgaire jouet. La princesse se raidit lorsque des bruits de pas se répercutèrent sur le plafond de la cabine. Quoi qu’il se passât à l’extérieur, cela requérait leur présence, et ce dans les plus brefs délais. Comme elle n’avait plus osé bouger depuis la première secousse phénoménale, l’elfe se redressa afin de s’éloigner de Link. Elle lui adressa un bref regard ; il devait penser comme elle à cet instant précis. Tout deux devaient absolument quitter la pièce afin de savoir ce qui se produisait en dehors de ces murs. Bien que l’empressement soit de rigueur, Azuria faillit épouser le sol lors de sa tentative pour quitter le sommier. Ses jambes chancelantes n’arrivaient pas à suivre le mouvement chaotique des vagues, ce qui obligea la princesse à s’appuyer contre n’importe quel objet stable à proximité. Ce ne fût que lorsqu’elle retrouva un semblant de fixité qu’elle se précipita dans le couloir. Elle remarqua ainsi que l’obscurité s’était emparée de la lumière céleste. L’Hylienne avançait aussi vite que ses pieds le lui permettaient, ralentie par les séismes à répétitions qui secouaient la coque. Ces soubresauts du navire étaient accompagnés du même grondement inhumain que précédemment. Et une fois de plus, la violence des vagues eût raison de son équilibre précaire, la plaquant contre le mur. Une vive douleur parcourût son poignet dès qu’il se colla brusquement contre la paroi. Mais qu’importe, il fallait continuer d’avancer. Tout en glissant contre le corridor, Azuria parvint enfin à s’extirper de ce mauvais pas. L’effort lui avait pris beaucoup de temps, et le chahut qui l’avait alarmée s’était intensifié sur le pont. Dehors, la jeune femme voyait les marins courir dans tous les sens. La pluie s’était mise à tomber, alors que le ciel était si beau tout à l’heure. L’horizon s’était couvert de gros nuages noirs qui empêchait le soleil d’apporter la moindre clarté à cette vision affolante. Le vent s’était lui-aussi levé, plus fort que jamais. Les voiles étaient repliées afin de ne pas être déchiquetées sous la force du courant marin, tandis que le pont était glissant. Il devenait aisé de glisser et passer par-dessus bord. Mais il ne s’agissait là que d’un simple tempête, qui ne suscitait pas autant de panique. Cependant, c’était sans compter sur l’immense silhouette qui se découpait dans la pénombre de l’orage. Car sur le côté du navire, un gigantesque monstre avait surgi des profondeurs de l’océan. C’était lui l’origine du rugissement assourdissant. C’aurait été la conclusion portée par la princesse si la stupéfaction ne l’avait pas empêché de réfléchir correctement. Les yeux écarquillés, elle fixait la bête hideuse.

Il ressemblait à un colossal serpent de mer. Ses écailles aux reflets bleutés et verts luisaient malgré l’obscurité du ciel. Son ventre, quant à lui, était d’un blanc crème mais qui paraissait aussi robuste que la pierre. La largeur de la bête devait atteindre les trois mètres, le rendant encore plus imposant qui ne l’était déjà. Sa tête devait faire la moitié du bateau, terminée d’une bouche dont les crocs acérés n’égalaient pas même ceux d’un dragon millénaire. Son dos était hérissé de pics bleus outremer. C’était ainsi la seule vision que l’on avait du monstre. Le reste restait terré dans les abysses, ne laissant entrevoir qu’une partie de ce corps longiligne. Et surplombant cette tête terrible, deux yeux jaunes fixaient le bateau et son équipage avec une seule idée : les emporter dans les tréfonds de l’océan.
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty11.01.12 21:07

Ayant peine à se tenir sur ses deux pieds, Link était plongé dans une profonde confusion et perdit Azuria de vue. Le chaos qui l'entourait, dû à la féroce tempête et aux matelots qui courraient dans tous les sens, ne l'aidait pas non plus à comprendre ce qui se déroulait autour de lui. Ce n'est que lorsqu'il vit le monstre marin sortir son gargantuesque cou de l'eau qu'il comprit la gravité de la situation. Le héros se sentit alors pariticulièrement troublé puisque, contrairement aux autres batailles qu'il avait livrées, il n'était pas complètement maître de l'issue de celle-ci. Son sort était en effet étroitement lié à celui du bateau, comme tout les autres d'ailleurs, et l'environnement, un facteur non-négligeable, ne semblait pas jouer en leur faveur. La terrifiante bête, quant à elle, ne semblait pas bouger et se contentait plutôt de regarder le navire et son équipage comme si tout cela n'était qu'une apétissante et inoffensive proie. C'est alors que la bête poussa un rugissement effroyable qui glaça le sang de tous les malheureux qui avaient eue la malchance de l'entendre. C'est alors que le chaos éclata pour de bon sur le pont, les matelots ne sachant que faire pour sauver leur vie mis à part hurler et prier pour leur salut. Pris au milieu de toute cette anarchie et cette terreur, Link se fit pousser, glissa et tomba au pieds du seul homme qui semblait rester de marbre devant le monstre. Il s'agissait du Capitaine. Le même Capitiane qui avait calmement demandé à la princesse de monter à bord quelques heures plus tôt, cet homme qui semblait dégager une aura calme et seraine. Jamais Link n'aurait imaginé que cet homme avait une voix si forte.

-BANDE DE VAURIENS! CE N'EST PAS CHACUN POUR SOI! NOUS SOMMES ATTAQUÉS! ALLEZ TOUS À VOS POSTES DE COMBAT!

Dès lors, un changement radical se produit dans l'attitude des matelots. Ils étaient maintenants ordonnés et prêts. La majorité de l'équipage était restée sur le pont, épées et arcs en mains, tandis que d'autres étaient descendus aux cales pour se servir des canons et que quelques-uns s'étaient suspendus aux matspour mieux pouvoir viser le monstre qui les attaquait. Le navire était maintenant prêt à être défendu. Seule Tetra n'avait pas bougé, toujours au gouvernail. Et cela, Bien entendu, le capitaine l'avait remarqué. Tout en se dirigeant furieusement vers elle, il lui somma de partir.

-Tetra! Va dans la cale!

-NON! Je veux res...

-TU NE NÉGOCIES PAS AVEC MOI!, lança t-il tout en la prenant par le bras, en l'emmenant avec lui et en la jetant dans la cale après avoir ouvert, puis refermé la porte. Il alla ensuite prendre la place qu'avait sa fille quelques instants avant lui et c'est à ce moment que tout commença. L'équipage envoya une volée de flèches à l'énorme serpent de mer, ce qui fit rugir à nouveau celui-ci. Fou de douleur et de rage, il plongea et commença à frapper le navire sous l'eau, le faisant balancer de plus en plus. En faisant cela, il força cinq matelots qui avaient perdu pied à tomber par-dessus bord. Le capitaine, qui serrait les dents tout en essayant tant bien que mal de tenir le gouvernail, ne demanda même pas à ce qu'on aille les seccourir. Le monstre continua ce vil stratagème, sortant sa tête de temps en temps pour tenter de briser le navire avec ses dents acérés. L'équipage, pris de court, faisait de son mieux pour survivre et ne faisait que subir cette terrible expérience.

-ATTENDEZ QU'IL SORTE SA TÊTE ET VISEZ SES YEUX!, hurla le capitaine.

Un ordre plus facile à dire qu'à accomplir, se disait Link. Car non seulement il fallait tenter de rester en place alors que le monstre marin faisait tout pour qu'ils tombent à l'eau, mais viser les yeux de la bête en cette nuit pluvieuse ne s'avèrait pas facile du tout. Se maudissant de ne pas avoir emporté avec lui son arc avec lui, Link se dit que le seul moyen de mettre fin à se carnage était d'atteindre le monstre à portée de main. C'est avec cet objectif en tête qu'il courrut vers le mât et y grimpa. Par malchanche, alors qu'il était à une bonne hauteur, un coup du serpent brisa l'énorme poteau de bois que formait le mât. Link tomba mais, heureusement, atterrit sur la tête du monstre. Celui-ci ne sembla guère l'apprécié et commença à bouger dans le but de se débarrasser de celui qui le gênait. Pris de secousse, le jeune homme ne put que s'accrocher du plus fort qu'il ne le pouvait pour éviter de se retrouver dans les eaux déchaînées, incapable d'empoigner son épée.
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MessageSujet: Re: Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]   Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link] - Page 3 Empty12.02.12 0:14

Une seconde. Puis deux, trois… Et enfin, toute pensée raisonnable fut balayée des esprits. Lorsque la bête eût poussé son cri effroyable, la peur s’empara des cœurs de tous les matelots présents sur le pont. Elle annihila leur volonté de combattre, la remplaçant par un besoin irrépressible de survie. L’équipage désordonné s’éparpillait sur l’ensemble du pont. On se poussait, manquait de s’écraser les uns les autres ; le chaos. Azuria se sentait impuissante devant cette panique inaliénable. Coincée devant l’entrée des cabines, elle se tenait fermement à la rambarde en bois se trouvant à sa gauche. Elle n’avait pu rejoindre Link qui déjà, avait disparu de son champ de vision. La pluie glaciale martelait son visage de grosses gouttes. Traîtreusement, elle faisait glisser les mains de la princesse sur le seul soutien qui était à sa portée. Tels des pics de glace, elle tailladait la peau engourdie de la jeune femme. Celle-ci tenta de lever les yeux vers le ciel assombri, mais fut incapable de discerner quoi que ce soit. Ses cheveux plaqués dans un mélange d’eau et de sueur l’empêchaient de porter un regard attentif sur la situation. Entre ses mèches humides, l’elfe ne put voir que les pupilles jaunes et angoissantes qui flottaient au-dessus du navire. Une vision cauchemardesque qui prit réellement forme lorsque lentement, tout en laissant échapper un grondement du plus profond de sa gorge, le serpent tourna sa lourde tête en directe de la magicienne. La distinguait-il vraiment dans toute cette confusion ? Qu’importe car l’elfe, elle, ne pouvait décrocher ses iris de ces billes qui luisaient dans la pénombre. Immobile, elle se trouvait désemparée face à ce regard menaçant.

*- Que les Déesses nous accordent leur protection en ces heures sombres, se dit-elle en sentant ses doigts glisser de la rampe.*

Soudain, un hurlement rauque s’éleva dans l’air. Quelqu’un ordonna d’une voix puissante de prendre part au combat. Ce n’était autre que le fier capitaine de ce bateau. Une main posée sur son tricorne et l’autre tenant un sabre en fer, il reprit aussitôt le commandement de son bâtiment. Bien que l’épouvante l’ai aussi gagné de prime abord, il faisait tout pour cette faiblesse restât cachée aux yeux de ses hommes. Le ton assuré qu’il prenait était revigorant, un fouet qui ravivait le bon sens des troupes. A l’unisson, toutes les têtes s’étaient retournées vers le navigateur, figeant les marins désorientés. Cela eût pour effet immédiat de stopper l’anarchie qui régnait depuis l’arrivée du monstre. Face à tant d’assurance l’on se sentait contraint d’agir. Il fallut néanmoins quelques instants à l’équipage avant de retrouver sa raison. Une fois la surprise passée, l’atmosphère changea du tout au tout. Les gestes saccadés et les cris de terreurs furent étouffés. Les matelots s’empressaient de rejoindre leurs postes respectifs en courant. Finies les bousculades égoïstes, l’équipage avait retrouvé sa force et son unicité. On s’attela à dégainer épées, arcs et cimeterres. Dans les cales du navire, on sortit canons et explosifs en tout genre, seul vestige de l’arquebuse. L’on s’activait à préparer les boulets et la poudre, s’adressant les uns les autres dans un langage bref et concis. Une effervescence nouvelle qui envahissait le navire prêt à se battre.
La princesse observait toute cette organisation avec des yeux ébahis. Toutefois, elle comprenait aisément la raison de cette transformation subite. Du capitaine se dégageait une aura de marin aguerri et robuste. Dans tout ses gestes on distinguait une volonté sans faille, prête à tout pour ne pas laisser ce bateau sombrer dans les abysses de la mer. Azuria fut elle-même touchée par cette conviction, bien qu’elle ne soit guère d’une grande utilité. Ses connaissances maritimes étaient limitées et n’ayant pas d’arme en main, elle ne pouvait faire appel à ses talents d’archère. Malgré cela, elle ne pouvait décemment pas rester là sans bouger. Les flèches commencèrent à voler sur le serpent, effleurant sa cuirasse épaisse d’écailles. Par on ne sait quel miracle, l’un des traits parvint à transpercer la bête au niveau du museau. Ce dernier se contorsionna sous la douleur, habité par une folie meurtrière. Sa réponse fut immédiate. L'animal retourna se terrer dans les profondeurs de l'océan et contourna le navire. Pendant ce temps, Azuria marchait lentement vers le centre du pont. La pluie, la bourrasque et le tangage incessant du bâtiment : tous ces éléments se liaient contre elle, ralentissant considérablement son avancée. Pourtant, elle parvint à se rapprocher du grand mât. Pressée de retrouver un appui plus stable, la jeune fille leva le bras droit vers le poteau immense… sans jamais parvenir à l’atteindre.

- Agrippez vous à n’importe quoi ! Vociféra subitement le Commandant alors que le bateau commençait à trembler.

Un avertissement donné avec quelques secondes de retard, ce qui fut fatal. Une violente secousse agita le bâtiment, signe que le serpent était passé à l’action. L’elfe en fut totalement déséquilibrée et se prit les pans de sa robe au passage. Son corps vint brutalement se plaquer contre le sol avant de glisser dangereusement vers le côté du bateau. Rien pour s’accrocher, rien pour éviter la chute dans les eaux troubles de la mer. Ce fut du moins ce qu’Azuria pensa tandis qu’elle raclait le sol avec ses doigts en quête d’un objet auquel se tenir. Fort heureusement, l’on vint soudain attraper son poignet. Un homme à la peau basanée la retenait fermement et l’aida à se remettre sur ses jambes. Il avait de grands yeux verts et sa tignasse brune dépassait d'un bandana bordeaux. Malgré la situation, il lui adressa un rapide sourire tout en la regardant.

- Faîtes attention Princesse, je vous recommande de rejoindre le Capitaine pour plus de sûreté.
- M… Merci, balbutia l’intéressée, encore sous le choc. Je vais suivre votre conseil.

Sans rien ajouter de plus, le marin retourna à son poste tandis que le monstre émergeait sa tête de l’eau. La gueule béante, il découvrit des dents acérées d’une taille démesurée, s’étalant sur deux rangées de crocs. Il fondit sur le pont, prêt à attraper toute personne ayant le malheur de se trouver sur son passage. Bien entendu, l’équipage n’hésita pas à riposter, et les premiers boulets de canon furent lancés. Deux d’entre eux frappèrent le serpent au ventre, qui poussa un rugissement de fureur. Cette fois, il avait comprit. Pour la seconde fois, il retourna se réfugier dans la mer et s’attaqua aux fondations du navire. Il tambourinait encore et encore sur la coque qui tenait bon, mais pour combien de temps encore ? Désormais, il était devenu extrêmement difficile de se mouvoir sur le pont. A la pluie glacée s’ajoutait une pluie de marins… qui ne cessaient de fléchir sous les coups répétés de la bête hideuse et perfide. Certains avaient la chance de retomber sur le navire, et d’autres allaient rejoindre le monstre dans son élément, privés d’une quelconque chance de fuite.
Depuis, fort heureusement, Azuria avait réussi à franchir le pont qui lui sembla sans fin. Grâce à l’intervention du marin, elle avait redoublé de vigilance lors des assauts du monstre. Et enfin, elle se retrouva aux côtés du commandant. Ce dernier ne lui adressa pas même un regard, trop occupé à tenir la barre.

- Partez vous réfugier dans la cale Votre Altesse, déclara-t-il entre deux attaques du serpent.
- Non, je dois être présente. Me cacher ne serait pas digne d’une reine alors que mon peuple court un grave danger.
- Sans arme, vous êtes une proie facile. Retournez à l’intérieur !

En effet, elle n’avait pas d’arme matérielle à disposition ; c’était sans compter sur la magie qui coulait dans ses veines. D’ici, elle avait une vue imprenable sur la scène de combat. Si la bête aquatique daignait sortir son corps de l’eau, elle saurait le toucher au moment venu. En attendant, la princesse en profita pour scruter le pont en-dessous d’elle. Link était introuvable, ce qui l’inquiétait. Son fiancé serait le premier à combattre, elle s’en doutait. Hélas, le monstre auquel ils étaient confrontés était bien différent de ce qu’ils avaient pu croiser jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi la mage le chercha du regard, dans l’espoir que rien ne soit arrivé à son fiancé. Elle le trouva accroché à l’un des mâts, à deux mètres au-dessus d’elle. Une place risquée, car enfin, le monstre surgissait des entrailles de l’océan. D’un coup de queue, la bête immonde frappa le troisième mât qu’elle avait épargné jusqu’à présent. Avec les coups répétés qu’il avait encaissé jusqu’à présent, l’artimon sur lequel le héros du temps se trouva flancha et piqua du nez, emportant son passager avec lui. Ce fut avec effroi qu’Azuria assista à ce désastre. La chute du mât lui parut durer une éternité, comme si chaque détail prenait soin de prolonger ce moment effroyable. Incapable de faire quoi que ce soit à cause de la panique qui clouait ses bras, elle ne put qu’assister à cet enfer. Ce ne fut que lorsqu’elle aperçut son amant sur le front du serpent qu’elle reprit ses esprits. Elle pouvait encore le sauver, et c’est bien ce qu’elle allait faire. Sur l’heure, le bateau s’était à peu près stabilisé, il fallait donc en profiter. Toutefois, le monstre quant à lui se tortillait dans tous les sens : Link n’allait pas pouvoir tenir très longtemps dans ces conditions. Il fallait trouver un moyen de l’arrêter au plus vite. L’immobiliser… Mais par quels moyens ? L’empressement était de rigueur, limitant les choix de la jeune fille. Seule une option traversa le fil de ses pensées. Peut-être ne serait-ce pas la meilleure, cependant elle ne pouvait pas prendre son temps pour trouver une alternative. Aussitôt, elle se tourna vers la commandant qui pestait contre cette malchance qui s’abattait sur eux.

- Dites à vos hommes de venir sur le pont, nous allons ligoter le serpent, expliqua-t-elle aussi brièvement que possible.
- Hors de question, ça ne marchera pas.
- Avez-vous une meilleure idée avant que Link ne soit à bout de force ? Rétorqua la princesse avec véhémence. Allez-vous faire ce que je vous dis à la fin ?
- Non, je l’admets, puis il se tourna vers le pont. Sortez tous bande de larves, changement de tactique ! Prenez toutes les cordes possibles que vous trouverez !

Bien que personne ne comprit en quoi ces cordages leur seraient utiles, aucune protestation ne s’éleva à bord du bâtiment. La cale s’ouvrit à la volée, laissant sortir les canonniers devenus inopérants. Bien évidemment, la jeune Tetra en profita pour s’échapper, zigzaguant entre les marins. Elle se mêla à la foule, prête à aider à son tour. Comme la magicienne, elle ne supportait pas l’idée d’être inutile. C’est pourquoi, aussi vive que l’éclair, elle se dépêcha de défaire tous les nœuds sur son passage. Rapidement elle fut imitée par les matelots. Les rares hommes encore sur les mâts de misaine détachèrent les cordes qu’ils trouvaient, animés par la hâte. En un rien de temps, ils formèrent quatre groupes composés d‘environ sept hommes, chaque bande tenant une longue et robuste ficelle.

- Tenez-vous prêts, s’écria Azuria bien que sa voix ne put porter aussi loin que celle du Capitaine.

Les troupes hochèrent la tête tout en resserrant leurs doigts sur leur cordage. Ils faisaient tous face au serpent qui s’agitait, inconscient de ce qui se tramait sur le bateau. Sans attendre plus longtemps, l’elfe se concentra, baissant subrepticement la tête. Sur le dos de sa main droite, le symbole des Déesses se mit à briller d’une douce lumière. La princesse laissa échapper un soupir discret tout en fermant les yeux alors que la magie s’éveillait en elle. Tout son corps fut envahi d’une force nouvelle dont elle n’avait fait usage depuis la guerre contre Dumcan. Calmement, elle leva son bras en direction des cordes qui furent entourées d’un halo similaire à celui qui englobait sa main. Les marins en furent d’abord surpris et certains manquèrent d’en lâcher leur longe. Apparemment, ils n’avaient jamais été témoins de la magie de ce Royaume. Tetra, elle, était émerveillée par cette lueur aux accents enchanteurs qui scintillait dans l’obscurité de la tempête. Et subitement, l’extrémité libre des cordes s’éleva dans les airs. La magicienne murmura alors une phrase incompréhensibles aux oreilles des hommes présents, bien que cela eût des accents de chanson ancienne. Et dans un même soubresaut, les épaisses ficelles filèrent à toute vitesse sur le serpent de mer qui continuait de gesticuler dans tous les sens. Elles s’enroulèrent sournoisement autour de son cou immense, l’entourant avec précision. Puis, à la même allure ahurissante, elles retournèrent auprès de l’équipage. Ceux qui étaient restés en retrait s’empressèrent alors d’empoigner fermement les cordages. Ainsi, le serpent fut pris au piège, ficelé tel un vulgaire animal. Il grogna férocement, tentant de briser les liens qui le retenaient prisonnier. Mais les matelots ne lâchèrent pas prise malgré les mouvements acharnés de la bête, croyant en leur seule chance de réussite. Même Tetra, frêle fillette sans défense, tirait de toutes ses forces derrière ses camarades. Tout le monde y mettait du sien, prêt à stopper le monstre dans sa folie meurtrière. Azuria, quant à elle, insufflait toute sa force dans les cordages afin qu’ils ne viennent pas à se rompre. Hélas, toute cette exaltation n’était pas encore suffisante. Alors que le serpent commençait à céder, l’un des groupes ne put tenir plus longtemps. Le premier cordage tomba.
En le remarquant, l’elfe écarquilla les yeux. D’un seul coup, une dizaine d’hommes ne retenaient plus la bête. Puis une seconde escouade fléchit sous la tâche bien trop ardue. Et sous les regards interdits de l’équipage, une seconde corde dégringola, engloutie par les vagues.
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