Souvenir éphémère, dernier sourire [pv Link]

"Deux mois s'étaient écoulés, entraînant avec eux un flot continu de sang. Chaque matin, l'aube était gorgée de couleurs écarlates qui témoignaient de la guerre incessante bouleversant le royaume. En l'espace de huit longues semaines, les plaines verdoyantes s'étaient transformées en bain rouge, et de toutes parts, les corps s'empilaient. Le malheur touchait les deux camps ennemis à parts égales, empêchant dès lors à l'un des deux de prendre le dessus sur l'autre. Les combats se multipliaient sur le champ de bataille, au grand désarroi du peuple. La paix n'était qu'un pâle souvenir, déjà lointain dans les coeurs. Peu à peu, les terres étaient plongées dans l'enfer, attisant les démons ensommeillés. Peur, tristesse, misère... Rien ne semblait pouvoir tirer ce monde hors de cette éternelle épouvante. Les gens ne savaient plus quoi faire. Abandonner paraissait être la solution la moins douloureuse. Mais comment laisser l'adversaire exercer son joug sans intervenir ? Certes, femmes et enfants pleuraient en imaginant les hommes se battre. Toutefois, leurs larmes ne disparaîtraient pas si l'armée blanche atteignait son but. Il fallait alors choisir, pour la prospérité de leur contrée. Ainsi, même si tout espoir s'était envolé, ils ne baissèrent jamais les armes.

Grâce à cette témérité, une faible lueur naquit à la fin de ces jours noirs. On brandit l'épée de lumière, chassant les ténèbres qui envahissaient le monde. Un héros oublié de tous refit surface, sans qu'on ne puisse comprendre comment. Néanmoins, ce guerrier doté d'un courage inébranlable, parvint à réaliser l'impossible. Tandis que la fatigue gagnait les rangs des deux camps, il se dressa contre la menace pour protéger le royaume auquel il appartenait. Ce que les hommes n'étaient pas parvenus à faire en deux mois, il le fit en cinq jours. Armé de sa force incroyable, il abattit le scélérat qui désirait détruire ce à quoi il tenait le plus. Dans son dernier soupir, le fourbe traître jura de se venger de ce héros aux yeux étincelants, le maudissant pour le restant de ses jours. Il lui promit, à lui et à la famille royale, de ne jamais trouver le repos. Cependant, son blasphème fut ignoré car le vil être avait déjà perdu ses pouvoirs d'ensorcellement. La guerre prit fin à l'instant même où le sorcier tomba à terre. Le héros du temps avait terrassé la menace et ramené la sérénité sur le monde qu'il protégeait. Et depuis ce jour, le nom de Link fut ancré dans la légende."


Azuria se tut, reprenant sa respiration. Elle aimait ce récit ; Rauru avait retranscrit à merveille les événements qui s'étaient déroulés une semaine plus tôt. Car cette histoire racontait exactement ce qu'ils avaient vécu. Chaque détail, chaque mot étaient la narration précise de leur combat contre Dumcan. Ce dernier, après avoir enfin dévoilé sa véritable puissance, avait commencé le massacre de nombreux innocents. Et en réponse à sa cruauté, l'impossible s'était produit. Link, le héros du temps, était réapparu de nul part, seul lui et la jeune fille sachant ce qui s'était réellement passé. Avec le pouvoir d'excalibur, il était parvenu à réduire le Procureur au silence. Un exploit qui avait pourtant semblé irréalisable. Et une fois que le combat se fut arrêté, il avait suffit d'attendre un peu, le temps d'anéantir les dernières résistances. La tranquillité était revenue désormais, plus jamais les hommes n'auraient à souffrir à cause d'un dictateur inconscient de son erreur. C'est pourquoi, en pensant à tout cela, la magicienne soupira faiblement, soulagée. Elle n'avait plus rien à craindre maintenant qu'Il était à ses côtés. Fermant ses iris bleutés, elle afficha un sourire discret. Habillée comme à l'ordinaire de sa somptueuse robe, elle avait néanmoins disposé sur ses épaules une longue cape noire à cause du vent frais des montagnes. Ses cheveux, coiffés d'un diadème orné de saphir, étaient tenus par une tresse basse qui lui arrivait au milieu du dos. Près d'elle, un jeune homme à la tunique verte était lui aussi assis. Lentement, Azuria glissa ses bras et enlaça celui qui se trouvait à proximité d'elle. Le crépuscule baignait peu à peu le ciel qui s'assombrissait à chaque seconde. Le soleil, lui, disparaissait derrière les monts qui entouraient la clairière artificielle dans laquelle les deux elfes se trouvaient. A leurs pieds, un petite lac dans lequel se déversait une cascade permettait de se rafraîchir si nécessaire. Un coin de paradis au beau milieu de montagnes arides et dangereuses. Dire que dès demain, ils allaient quitter cet endroit pour retourner au château. Comme la milice blanche était dissoute, il n'y avait plus rien à craindre et ils pouvaient rejoindre la capitale sans rencontrer de problèmes. Le changement allait être radical. Et après des mois de vie difficile, les deux jeunes allaient enfin pouvoir passer du temps ensemble, sans connaître l'angoisse des batailles à venir.

- J'ai du mal à croire que tout ceci soit enfin terminé, finit par murmurer la demoiselle. Nous allons rentrer au château... et je ferrai en sorte que tu puisses y habiter, même si cela doit m'obliger à négocier des jours entiers avec le conseil des sages.

Car cette tâche ne serait pas aisée. Malgré les nombreuses épreuves qu'ils avaient traversés, les sages paraissaient toujours réticent face à leur relation. Cependant, la princesse ne se voyait pas être à nouveau séparée de Link à cause d'un soit disant protocole aussi ancien que dépassé. Si elle venait à peine de le retrouver, ce n'était pas pour le perdre à nouveau. Inconsciemment, elle resserra l'étreinte qu'elle exerçait sur le bras du jeune homme et se cala contre lui. Levant légèrement la tête, elle le fixa longuement avant d'afficher un sourire resplendissant. Oui, c'était vraiment lui. L'homme qu'elle aimait le plus au monde, était revenu.

Entendre à nouveau le récit qu'avait écrit Rauru faisait beaucoup de bien à Link. Beaucoup de textes anciens et de grimoires faisaient allusion au héro du temps, mais ce n'était pour la plupart que de simples légendes ou mythes faisant partie du folklore du pays. Avec le livre de Rauru, le jeune guerrier avait enfin l'impression qu'il faisait partie de l'histoire, qu'il était digne des dieux qui l'avaient choisi et des ancêtres qui l'avaient précédé. Aussi, c'était pour lui une sorte de soulagement. Il avait combattu, souffert, et failli perdre sa vie plusieurs fois au cours de cette rébellion, et ce récit prouvait que ses efforts n'avaient pas été vains. Par contre, la joie provoquée par l'écriture de ce livre n'égalait pas du tout l'euphorie de la victoire contre Dumcan, ou le bonheur de se retrouver enfin avec Azuria. Le seul fait d'avoir passé du temps avec cette femme l'avait aidé à retrouver la mémoire, et à redevenir celui qu'il était vraiment. Azuria n'était pas seulement la personne qu'il aimait plus que tout, c'était aussi la moitié de lui-même, la moitié de son âme, et c'est pourquoi il avait pu retrouver qui il était. Aujourd'hui, il portait fièrement son inséparable tunique verte d'autrefois et avait retrouvé cet air fier et brave qui jadis ne quittait jamais son visage.

-Ne t'en fais pas pour les sages. Avec Hyrule à reconstruire et la confiance du peuple à regagner, notre relation est bien le dernier de leurs soucis. Et puis, ils nous doivent bien une ou deux faveurs, après les quelques services que nous leur avons rendus.

Link se sentait bien, maintenant qu'il était à nouveau lui-même, et la colère des sages (si colère il y avait) ne pourrait en rien noircir son humeur. Il était confiant, et se disait que si la guerre ne venait pas à bout de l'amour qu'il éprouvait pour Azuria, les sages ne pourraient pas en venir à bout non plus. Mais la réelle raison de la confiance de Link était qu'il avait concocté un petit plan. Quelque chose qui ferait que le conseil n'aurait d'autre choix que d'accepter.

-Mais tu as raison sur un point. Retourner vivre au Palais sera... étrange. Il va falloir s'y habituer. Ça ne devrait pas prendre trop de temps: j'y ai déjà vécu, lorsque j'était plus jeune. J'espère seulement que cette fois, je serai plus pour toi qu'un simple messager, ma reine.

Il avait prononcé cette phrase avec un petit sourrire en coin. Au début, il ressentait un petit malaise à Imaginer qu'il était aux côtés de la reine d'un royaume, mais avait fini par l'accepter. Au fond, les rangs ne changaient rien. Azuria était une reine, cela n'enlevait cependant rien à sa générosité, sa simplicité, et à l'amour et la compassion qu'elle éprouvait envers tous ses sujets. Elle n'avait rien d'une bourgeoise huppée qui regardait les gens moins bien placés avec dégout.

-Bon, avant que nous partions pour la citadelle, il y a un petit quelque chose que je voudrais te donner.

La gorge de Link se serra. Il savait que tout allait bien se passer, mais il éprouvait tout de même un certain stress. Il se calma, puis porta sa main à sa poche, et en sorti une petite bague. Elle était simple, ornée d'une petite émeraude. Rien de luxueux ou d'extravagant. Le bijou était d'une grande beauté, mais aussi très simple. Link rougissait un peu, car il ne s'était pas préparé à cette déclaration. Peut-être y allait-il un peu trop brusquement, mais désirait que cela ce règle le plus tôt possible, pour qu'il soit enfin débarassé de cette anxiété qui le rongeait.

-J'aimerais que tu prennes ceci.... et que tu me dises si tu accepterais de m'épouser... , dit-il, un peu gêné par la situation.


hrpg: Bon, d'Accord, c'est pas génial, mais tu sais que la romance et moi, ça fait deux xD
Si vraiment t'aimes pas, je peux refaire. Sinon, ajoute tous les détails que tu veux, pour les réactions, et tout....

Sans pourtant prononcer le moindre mot, Azuria acquiesçait les affirmations du jeune homme. Il avait sûrement raison : des problèmes plus importants traversaient en ce moment le royaume. Ce genre d'histoire n'était plus en tête des priorités. Car bien que la guerre se soit enfin stoppée, les destructions étaient massives et il faudrait des jours et des jours pour remettre sur pied l'économie. Ceux qui avaient subis le plus les aléas des combats restaient néanmoins les Kokiris, dont la forêt était entièrement dévastée. Là où autrefois se dressaient des arbres à perte de vue, il n'y avait désormais plus que cendres et poussière. Saria, qui était la sage de ce peuple, avait quant à elle déjà quitté les montagnes pour entreprendre la réparation de ce carnage indescriptible. Peu à peu, grâce à la magie, la forêt renaissait. Toutefois, le processus restait long et épuisant. Le temps que tout redevienne comme avant, il faudrait encore attendre plusieurs années. Que son peuple soit ainsi dans la détresse peinait grandement la jeune souveraine. De plus, en toute ironie, la Citadelle avait été épargnée par les arquebuses et autres armes violentes. Château et hameaux n'avaient pas changés, alors que les autres terres se trouvaient meurtries par les combats incessants. A cette pensée, le visage de la magicienne se voila, ce qui l'obligea à baisser la tête pour que Link ne s'en aperçoive pas. L'heure n'était pas à la morosité après tout. Ils avaient gagné cette bataille, ce qui ramenait la paix en Hyrule. Il fallait voir le bon côté des choses. C'est pourquoi, oubliant un instant ses tracas, la demoiselle reprit une attitude sereine.

Lorsque Link lui confia que quand ils retourneraient au palais, il espérait qu'elle ne le considérerait plus comme un simple messager, l'elfe ne put s'empêcher d'esquisser un sourire amusé. La question ne se posait même pas ; c'était tout bonnement impossible. Cela remontait déjà à quinze longues années, alors qu'ils étaient âgés de sept ans. Trop de d'événements s'étaient passées depuis pour que les choses redeviennent comme autrefois. La petite princesse innocente qu'elle était n'aurait, certes, jamais imaginé qu'un messager deviendrait un jour l'homme qu'elle aimait le plus au monde. Mais la vie était faite ainsi, et cela lui convenait parfaitement. Link était tout pour elle, et elle aurait été bien incapable de l'ignorer une fois ses fonctions de souveraine retrouvées. Levant la tête vers le jeune homme, elle lui fit alors silencieusement comprendre que cela n'arriverait pas. Ce fut à cet instant que les paroles de son interlocuteur la surprirent. Intriguée, elle se demanda ce qu'il voulait lui donner. Lâchant son bras, elle recula légèrement son buste, fixant le héros avec intérêt. Elle le vit alors fouiller dans une poche de sa tunique et en sortir... une bague. Aussitôt, les yeux d'Azuria s'écarquillèrent sous la stupéfaction. Impossible. Ce ne pouvait pas être ce à quoi elle pensait. Baissant les bras, elle appuya ses mains sur le sol afin d'avoir un quelconque appui, se sentant défaillir. Elle tenta de se persuader qu'elle se trompait, mais la réalité était plus forte que sa volonté. Et bientôt, les mots " tu accepterais de m'épouser" vinrent la frapper. Ce fut un grand choc, aussi inattendu que fabuleux. Dans ses rêves les plus fous, la princesse n'aurait pas même osé s'imaginer ce genre de situation. Elle en resta sans voix, aucun son ne pouvant franchir le seuil de ses lèvres couleur cerise. Cela lui rappela alors vaguement le jour où Link lui avait déclaré son amour. Cette fois là encore, elle s'était retrouvée muette. Ébahie, elle perdait ses moyens, sans pouvoir y remédier. Son regard bleuté alternait entre la bague et le visage de son aimé. Celui-ci, coloré d'une touche rosée, la fit à son tour rougir.

- Je... Link... J'a...

Voici les trois seuls mots qu'elle put prononcer. C'était la panique totale. Que devait-elle dire ? Oui était trop expéditif. J'accepte ta requête faisait bien trop cérémonieux. Décidément, la parole ne lui permettait pas d'exprimer la joie immense qu'elle éprouvait. Ses joues empourprées comme jamais lui donnaient un air d'enfant timide. Quelques secondes s’écoulèrent, intenses en émotions. Et finalement, la princesse parvint enfin à se ressaisir. Bien que toujours dans l’incapacité d’aligner quelques mots sans balbutier, elle se mit soudain à rire. C’était de loin le plus pur, angélique et cristallin de tous. Aussitôt, afin de montrer son émerveillement, elle vint se caler contre Link et entoura son cou de ses bras frêles. Sous son élan, ils se retrouvèrent tous les deux allongés l’un sur l’autre. Ainsi plaquée contre son torse, elle lui adressa un sourire éblouissant et l’enlaça tendrement. Cachant son visage derrière l’épaule du jeune homme, Azuria lui murmura un « oui, j’accepte » qu’elle répéta plusieurs fois d’une voix douce et imperceptible. Elle disait ça d’une manière si faible qu’elle doutait que le héros, qui pourtant avait son oreille juste à côté, puisse l’entendre. Mais cela n’avait pas d’importance. Le message devait sûrement être assez clair. Elle abandonna alors l’idée de le dire avec des mots, préférant l’exprimer de manière plus intense. Inclinant la tête, elle rapprocha son visage de celui de Link, l’admirant de ses yeux azurés. Lentement, elle finit par embrasser l’élu de son cœur avec toute la passion qu’elle ressentait en cette minute d’amour enflammé. Ce fut un baiser langoureux, tendre et imprégné d'une foule de sentiments intenses qu'elle parvint à déverser à travers ses lèvres. Et lorsque enfin, ils furent séparés l'un de l'autre, la magicienne ne put garder le silence.

- Oh Link... Je n'aurai jamais imaginé que tu me ferrais une telle demande ! Bien sûr que j'accepte, je ne pourrais pas partager ma vie avec quelqu'un d'autre que toi.

Dans son emportement, la jeune fille en avait fait tomber la bague qui se trouvait à proximité de leurs têtes. Lâchant le cou du héros, elle prit le bijou avec délicatesse. L'émeraude était splendide, reflétant les pâles rayons du crépuscule. L'anneau, en lui-même, était en argent, ce qui rendait l'alliance simple, mais de toute beauté. La jeune reine était totalement conquise par le bijou. Se relevant afin d'être à nouveau assise, elle observa quelques instants la pierre d'un vert étincelant. Derrière elle, le soleil l'illuminait, donnant un éclat doré à ses cheveux blonds. Ne pouvant décemment plus attendre, elle s'empressa de passer la bague à son annulaire gauche. Comme elle n'avait pas ses gants, l'anneau était posé directement sur sa peau blanche. Encore un peu chamboulée par cette demande en mariage, ses joues étaient toujours rosées. Sa timidité maladive refaisait surface, tout cela à cause du choc émotionnel qu'elle avait reçu. Néanmoins, petit à petit, elle parvint à reprendre le contrôle et son visage reprit une teinte normale. S'allongeant auprès de Link, elle posa ses mains sur l'épaule du jeune homme. Les yeux mi-clos, Azuria lui chuchota :

- Allons prévenir Impa de la nouvelle. Elle doit être la première au courant en tant que ma nourrice, je t’en prie…


hrpg : tu changes un truc je te frappe xD ! Par contre je me suis arrêtée là pour te laisser le loisir de faire la suite ^^.

C'est un immense sentiment de joie qui s'empara de Link face à la réaction d'Azuria. Il est espérait qu'elle allait réagir ainsi, mais de le voir de ses propres yeux lui faisait un bien immense. Lorsqu'ils s'embrassèrent, ce fut comme si ils s'étaient embrassés pour la première fois, comme si cela recommençait. C'était pourtant le cas: leur vie ne serait plus la même désormais. La seule différence était que leur amour serait encore plus vivace et tenace qu'il ne l'était auparavant. C'est cette ténacité qu'ils allaient devoir tester à l'instant: Ils allaient devoir annoncer la nouvelle à Impa. Elle avait beau souhaiter le bonheur de la princesse à tout prix, elle en restait tout de même quelqu'un pour qui les responsabilités et le devoir étaient des choses bien plus qu'importantes. Il fallait pourtant se rendre à l'évidence: un jour ou l'autre, elle aurait à le savoir, alors aussi bien que se soit maintenant. Mais avant de se lever et d'allait affronter la détermination de la sheikah, le jeune héro serra très fort sa douce contre lui puis l'embrassa sur le front et en lui murmurant un petit ''je t'aime'' à l'oreille. Ensuite, il la poussa délicatement et l'aida à se relever tout en faisant de même. Ce n'est qu'une fois debout qu'il prit la parole pour de bon.

-Comme tu veux. Impa est toujours dans les montagnes, donc nous ne devrions pas avoir de difficulté à la trouver. Tu crois qu'elle ne va pas trop le prendre mal?

Il n'attendit pas de réponse. Prenant Azuria par la main, il la força doucement à le suivre et c'est lentement qu'il poussa la porte de la chambre et qu'ils s'engouffrèrent tout deux dans les sinueux couloirs de la montagne. Ils croisèrent quelques Gorons, soldats, où réfugiés à l'occasion, mais aucun d'eux n'était bien surpris de voir la princesse et le jeune guerrier se tenir la main. Tous se doutaient qu'ils étaient intimement amoureux et trouvaient cela tout à fait normal, la plupart étant même contents pour eux. Si seulement les sages pouvaient en faire Autant…. Après quelques minutes de marche, ils aperçurent enfin la porte de la chambre d’Impa. Ils y cognèrent timidement et y entrèrent lorsqu’ils entendirent un lointain ‘’entrez’’. La chambre était en parfait désordre. Partout sur le sol, il y avait des parchemins, des armes, des valises ouvertes et à moitié pleines… C’était surprenant, pour une femme qui normalement semblait ne porter aucun bagage et qui vivait supposément dans la simplicité. La sage de l’ombre était de dos, entrain de placer des pacotilles dans une valise. Elle était dos, mais savait que c’était les deux jeunes amants qui étaient entrés. On ne savait comment, mais elle arrivait à sentir la présence de la Princesse…

-Qui a-t-il, vous deux ? Ne devriez-vous pas être entrain de faire vos valises ? Nous retournons à la citadelle dès aujourd’hui, je vous rappelle…

Link s’avança timidement, se racla la gorge. Il ne savait pas trop par où commencer..

-Eum.. Impa, nous avons quelque chose à t’annoncer…

-Ah bon ?, répondit-elle

Elle se retourna, sa curiosité ayant été emportée. Lorsqu’elle vit l’air gêné et confus sur le visage des deux jeunes gens, elle se douta de quelque chose. Mais ce n’est que lorsqu’elle vit l’anneau autour du doigt d’Azuria qu’elle comprit. Son regard devint vide, sans émotion. C’est un tic qu’elle avait lorsqu’elle ne savait plus quoi dire.

-Ho non, vous avez…. Zelda, j’aimerais te parler en privé… Maintenant.
Comprenant que c’était mieux pour lui de ne pas être dans le chemin, Link lança un regard désolé à sa bien-aimé et sorti de la pièce, mais resta prêt de la porte, pour entendre l’essentiel de la conversation et ne pas être trop séparé d’Azuria afin de pouvoir agir en cas de besoin. Après tout, Impa pouvait s’avérer plutôt manipulatrice lorsqu’elle le désirait.

Bien sûr qu'Impa allait mal prendre cette nouvelle pour le moins inattendue. La question ne se posait même pas aux yeux de la princesse. Sa nourrice, d'un naturel très protecteur, aurait quelques difficultés à assimiler l'union officielle des deux jeunes gens. Autrefois, elle était celle qui s'y était opposée avec le plus de véhémence, trouvant cela tout bonnement inacceptable. Avec le temps, elle s'était néanmoins adoucie et ne manifestait plus son mécontentement à chaque seconde. Elle restait silencieuse, observant le couple de loin tout en ruminant quelques paroles inaudibles. Ce comportement, quoi qu'assez étouffant, était compréhensible. La Sheikah désirait simplement le bonheur de sa protégée. Après le départ de Link, la sage de l'ombre avait vu de ses propres yeux ce qu'il advenait de l'elfe sans la présence de son amant. Qu'un homme puisse autant compter pour elle pouvait s'avérer dangereux. Du moins, c'était de cette façon qu'Impa voyait les choses. En tant que femme sévère et inquiète de la santé de sa petite princesse, elle se devait dès lors de lui donner ce qu'il y avait de meilleur en ce monde. Au grand jamais, elle n'accepterait de la laisser dans le tourment. Et maintenant qu'elle savait ce qu'il arriverait à Azuria si le héros venait à disparaître lors d'une quelconque bataille, elle était incapable de cautionner le fait qu'ils soient ensemble.

Et tout cela, la magicienne s'en doutait pertinemment. Cependant, sous l'euphorie de la demande en mariage, elle avait tout de même supplié Link d'aller prévenir sa nourrice. Après coup, tandis qu'ils déambulaient dans les innombrables couloirs du repère, elle finit par se rendre compte de son erreur. Impa allait être folle de rage en apprenant qu'une telle décision avait été prise sans qu'elle en soit informée au préalable. Rebrousser chemin était finalement une bien meilleure idée. Certes, le conseil le saurait un jour ou l'autre, mais mieux valait plus tard que trop tôt. Malheureusement, il était déjà trop tard. En un rien de temps, ils parvinrent à la chambre de la sage. Instantanément, son estomac se contracta à cause d'une crainte grandissante qui l'envahissait. Ses doigts se resserrèrent sur ceux du jeune homme, bien que cela soit à peine perceptible. Pourquoi bousculer les étapes ? S'ils franchissaient le seuil de cette porte, ils risquaient fort de se brûler les ailes. Non, ils ne devaient pas y aller tout de suite. Il fallait que Link soit prévenu avant qu'il ne signale leur présence à tous les deux. Dans un dernier élan, la jeune reine voulût l'empêcher de toquer, mais elle fut bien trop lente. Aussitôt, on les invita à entrer, ceux qu'ils firent sans attendre. Timidement, et sans se lâcher l'un l'autre, ils avancèrent à l'unisson vers la Sheikah qui était noyée sous une masse impressionnante de parchemins en tout genre. Ne leur accordant qu'une faible attention, elle ne put s'empêcher de les réprimander pour leur oisiveté alors que le retour à la Citadelle arrivait à grands pas ; et elle avait raison. En temps normal, si les événements ne s'étaient pas déroulés de la sorte, ils auraient été en train de préparer les maigres bagages qu'ils emportaient. Toutefois, ces derniers étant déjà prêts, ils n'avaient plus besoin de s'en soucier. Mais à quoi bon le préciser ; ils n'étaient venus pour cela. D'eux deux, ce fut le bretteur qui s'exprima en premier. Azuria se sentit quelque peu honteuse de lui laisser la tâcher d'annoncer leurs toutes récentes fiançailles. Cependant, à peine le jeune homme eût-il prononcé une phrase, qu'Impa réagit au quart du temps. Se retournant avec vivacité, elle les fixa un instant avant de remarquer enfin l'anneau qui encerclait le doigt de sa protégée. Soudain, ses yeux devinrent inexpressifs, arborant une expression inquiétante. Pourtant, à la grande stupéfaction de la princesse, la Sheikah parvint rapidement à se ressaisir. Elle somma immédiatement à Link de quitter la pièce, ce qu'il fut contraint de faire. Alors qu'il adressait à l'elfe un regard désolé, cette dernière lui demandait silencieusement de ne pas l'abandonner. Mais l'ordre de la nourrice fut plus fort, et la porte se referma lentement derrière le héros. Et une fois qu'elles se retrouvèrent seules, Impa s'approcha de la magicienne qui, quant à elle, était parfaitement immobile, tétanisée.

- Zelda... mais qu'avais-tu en tête ? Je pensais pourtant que tu avais compris qu'il était déraisonnable d'aller plus loin dans votre relation. De plus... tu ne peux pas te marier avec Link, c'est totalement absurde !
- Et en quoi cela serait absurde ? Demanda la jeune fille dont la voix ne semblait pas très assurée. Rien ne m'empêche de m'unir à lui si je le désire.
- Non, c'est bien là que tu te trompes.

D'un air las, la sage poussa un long et profond soupir. Elle paraissait encore plus fatiguée qu'à l'ordinaire, ayant le poids des années sur ses épaules. Son visage affichait une mine contrite, peu engageante. L'elfe en fut étonnée, s'attendant plutôt à une colère indicible plutôt qu'à ça. Silencieuse, elle chercha à comprendre ce qu'Impa pouvait bien lui cacher. Or, elle avait beau connaître sa nourrice par coeur, elle fut incapable de déceler le moindre indice à travers ses iris vermillon. Ce détail ne fit qu'accentuer la peur qu'elle éprouvait depuis leur arrivée dans la chambre. Et lorsque la guerrière vint la prendre dans ses bras, elle ne put s'empêcher de se raidir par réflexe.

- Ecoute... Tu dois savoir que tout souverain d'Hyrule se doit d'épouser une personne de son rang social. C'est la loi. Une princesse s'allie avec un noble ; il sera bien plus apte à diriger le royaume. Car tu ne peux pas oublier que l'homme que tu choisis deviendra notre nouveau roi, souligna la Sheikah d'un air grave.
- Mais Link a déjà été couronné au...
- Encore cette histoire ? Voyons, cette contrée du Surda n'est pas notre terre. Gouverner ce soi-disant pays ne changera rien au fait qu'ici, chez nous, Link a été élevé en tant que Kokiri. Il n'appartient pas au même monde que toi !
-... Peu importe Impa. Nous sommes fiancés maintenant. Un protocole obsolète ne pourra pas révoquer ma décision.

Au moins, tout était dit. Se reculant dans des gestes saccadés, Azuria se dégagea de l'étreinte de sa nourrice. Celle-ci, choquée, écarquilla les yeux et voulut répliquer quelque chose, mais en fut arrêtée. La jeune souveraine ne pouvait en entendre d'avantage et lui fit explicitement comprendre qu'elle ne l'écouterait pas une minute de plus. Si sa plus grande confidente était incapable de la soutenir, rester ici n'avait plus grand intérêt. Bien qu'énormément peinée, la magicienne tenta de le cacher, même s'il lui était difficile de dissimuler ses émotions à Impa. Avec Link, ils étaient les deux seules personnes capables de lire en elle comme dans un livre ouvert. Tournant les talons et jouant avec les pans de sa robe qui virevoltèrent autour d'elle, la princesse se dirigea sans plus tarder vers la sortie. La discussion se stopperait là, sans que les deux femmes se soient mises d'accord. Baissant légèrement la tête, elle posa la main sur la poignée, prête à quitter la chambre. Cependant, considérant à l'inverse, qu'il y avait encore des sujets à aborder, la Sheikah se précipita à sa suite et l'empêcha de partir. En un claquement sourd, la porte s'ouvrir avant de se fermer aussitôt après. Les sourcils froncés, la nourrice posa une main sur l'épaule de sa protégée.

- As-tu pensé ne serait-ce qu'une seconde que tu n'étais pas la seule à être dans cette situation ? Ta mère, elle même, était autrefois amoureuse d'un jeune courtisant, raconta-t-elle, l'air grave. Mais lorsqu'elle fut amenée à devenir reine d'Hyrule, elle fut contrainte d'abandonner cet homme pour s'unir à ton père. Pourtant, ils finirent par s'aimer d'un véritable amour. Pour le bien du Royaume et celui de son peuple, elle sacrifia ses propres désirs. Je suppose que tu comprends ce que cela signifie.

Aucune réponse. Cependant, Azuria n'en pensait pas moins. Jamais elle n'avait entendu cette histoire et en était bouleversée. Sa défunte mère avait donc renoncé à son amourette pour endosser le rôle de souveraine. Elle, par contre, était incapable d'un tel abandon. Link était la personne qu'elle aimait le plus au monde ; sa vie sans lui n'aurait dès lors plus d'intérêt, plus de saveur. Ce sacrifice suprême était la seule chose que jamais, elle ne se résignerait à faire. Mais comment l'expliquer à Impa ? Parler dans le vide aurait le même effet. La jeune elfe avait conscience de se faire manipuler, toutefois c'était plus fort qu'elle. Un mot de plus, et elle risquait de perdre ses moyens. Ainsi, pour éviter que cela n'arrive, elle ouvrit à nouveau la porte et s'engouffra dans le couloir dans lequel son amant attendait patiemment. Lui adressant un regard affligé, elle s'empressa de tourner la tête afin qu'il ne le voit pas plus longtemps. Puis, préférant ne pas l'informer de ce qui s'était passé, de peur de l'inquiéter, elle s'éloigna en courant, retournant dans leur chambre où elle s'allongea sur l'herbe de la clairière artificielle.


hrpg : ahem... d'accord, là c'est pas terrible je suis trop désolée. Si tu n'aimes pas ou si ça te bloque vraiment, je changerai.

Link souria à Azuria dès qu'elle sortit de la chambre, heureux que cette discussion en privée avec sa nourrice se soit déroulée si rapidement. Malgré cela, elle avait plutôt l'air contrariée et confuse. Il en eu la confirmation lorsqu'elle se mit à courrir vers leur chambre. Il la regarda partir, se disant qu'elle préférait probablement être seule pendant un moment, et poussa un long soupir. Décidément, il était peut-être un peut trop tôt pour cette histoire de fiançailles. Une chose était sûre, les choses n'allaient pas aller pour le mieux, à partir de maintenant...

-Dure journée?

C'était Igor, un des Gorons les plus joyeux de la montagne. Il était reconnut parmis ses confrères pour avoir un moral à toute épreuve et pour son énigmatique sourrire que rien ne semblait pouvoir affecté. Ce jour-là, il passait dans le couloir et avait vu la course de la princesse et l'air désespéré qu'avait Link en ce moment.

-Je ne te le fait pas dire , répondit Link après avoir poussé un autre soupir.

-Rhooo, ne fais pas cette tête! Les sages vont bien devoir accepter votre union un jour ou l'autre! C'est qu'une question de temps.

Link tourna la tête vers le goron, confus. Comment diantre pouvait-il être au courant? Il venait tout juste de demander la princesse en mariage, et la discussion qu'ils avaient eue avec Impa s'était déroulée à l'intérieur de la chambre, il n'avait donc pu entendre quoi que se soit....

-Comment est-ce que tu....

-Tu me prends pour un con, ou quoi? Tout le monde en parle depuis la semaine dernière! On voit bien que vous vous aimez énormément, toi et la princesse, et n'importe qui, lorsqu'il est vraiment en amour, souhaite resserer les liens qui l'unissent à sa bien-aimée en la demandant en mariage.... Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir! Et si ça se trouve, les sages s'attendaient même à ce que tu lui fasses une telle demande et se sont préparés en conséquences. Mais bon, il faut aussi dire qu'ils ont beaucoup de travail en ce moment, alors peut-être que je délire... Bref, ne désespère pas!

Après quoi le Goron rebroussa chemin et retourna à son travail de reconstruction des cavernes. Link, de son côté, réemprunta le couloir afin de rejoindre Azuria qui devait probablement méditer dans un coin de leur chambre. Son insctinc lui donna raison lorsqu'il ouvrit la porte et qu'il la vit allongée sur l'herbe. Songeur, il alla se placer à côté d'elle sans dire un mot. Il la prit et l'enlaça tendrement tout en pensant aux propos d'Impa, et aussi à ceux d'igor. Ces mots virevoltaient dans sa tête à un tel point qu'il décida de fermer son esprit pour le reste de la journée et de se concentrer sur le moral d'Azuria, qu'il devait à tout prix tenter de remonter. Pour se faire, il lui donna un léger baiser sur la joue et plongea son regard dans le sien, comme il en avait l'habitude, tout en lui souriant de son petit air moqueur.

-Je t'aime.

C'est tout ce qu'il avait envie de dire à ce moment précis. C'était tout ce qu'il avait envie de dire, parce que c'était vrai, et qu'il n'y avait rien de plus vrai et de plus fort que leur amour en cet instant. Ils était officiellement fiancés, et rien n'allait y changer. Pas même les sages. Tout en s'encourageant lui-même en se disant ces choses, il caressa le visage doux et triste de la princesse de ses mains. Ce n'est qu'après plusieurs minutes qu'il se décida à parler.

-Il va falloir que nous partions. Nous ferions mieux de rammasser nos affaires...

Lorsque la porte de la chambre s'ouvrit, Azuria reconnut la démarche calme de Link. Néanmoins, elle resta là, allongée, sans faire le moindre mouvement. Elle était encore quelque peu chagrinée par les paroles de sa nourrice qui résonnaient en écho dans son esprit. Elle n'arrivait pas à comprendre comme sa propre mère avait réussi un tel sacrifice que elle-même, était incapable d'imaginer. C'était bien au-delà de ses forces, de ses limites. Toutefois, elle se trouva un instant égoïste. Ses ancêtres s'étaient pliés à la règle, mais elle, s'y refusait. Or, aujourd'hui, elle avait une bonne raison de le faire. Elle savait pertinemment que si elle devait trahir le héros, elle ne s'en remettrait jamais. Se voir aux côtés d'un autre homme la révulsait, tout simplement. Tandis qu'elle pensait à tout cela, la jeune fille posa les yeux sur la bague qui encerclait son doigt. En fixant l'émeraude étincelante qui y trônait, l'ombre d'un sourire se dessina sur ses lèvres. Après tout, pourquoi s'en faire pour le passé ? Cette loi était dépassée, et il fallait du changement. Avec tout Hyrule à reconstruire, c'était le moment parfait pour créer un nouveau protocole et ainsi abolir le principe d'un mariage entre nobles exclusivement. C'était de loin, la meilleure chose à faire. Et en tant que reine, il y avait peu de chances pour que la magicienne soit contestée. Cela lui permettrait, par la même occasion, d'affermir son autorité au sein du conseil.

Le temps qu'elle pense à tout cela, Link s'était déjà approché et se trouvait désormais allongé à ses côtés. Lentement, la princesse tourna la tête dans sa direction et il en profita pour déposer un baiser sur sa joue. Leurs yeux se croisèrent, ce qui eût pour effet de lui redonner un faible sourire. Néanmoins, ses tracas ne s'étaient toujours pas évanouis. Ce détail ne sembla pas échapper à son amant qui lui adressa un sourire amusé avant de lui murmurer un "je t'aime" qui la fit rougir. Voilà pourquoi elle ne pouvait pas abandonner. Pour ce sourire, elle était prête à affronter le conseil des sages tout entier. Elle avait le courage de faire face à Impa, même si cela devait lui causer du tort. Pour Link, et pour lui seul, elle était capable de tout et n'importe quoi. L'amour rend aveugle, en effet. Et lorsqu'il posa ses mains sur son doux visage, elle les entoura de ses doigts fins. Les yeux à mi-clos, elle afficha soudain une expression apaisée, sereine. En quelques gestes, il avait le don de la rassurer et de lui faire oublier ses ennuis. Tout deux se connaissaient mutuellement, l'un ne pouvait avoir de secret pour l'autre. Et cette relation quasi fusionnelle faisait de leur amour un lien indestructible, quoi qu'il advienne. Acquiesçant d'un faible signe de la tête, l'elfe abaissa les mains du jeune homme et se redressa. Elle ordonna rapidement ses cheveux et remit correctement son diadème avant de quitter l'herbe verdoyante de la clairière. Depuis tout à l'heure, la nuit était tombée et les étoiles brillaient dans le ciel assombri. Des nuages cotonneux cachaient le croissant de lune, donnant à la pénombre des allures plus ténébreuses. Il était difficile de voir clairement aux alentours, et c'est pourquoi Azuria murmura un sort pour qu'une flammèche s'embrase au-dessus de son index. De sa main libre, elle invita le jeune homme en l'aidant à se relever. Grâce à cette faible lueur, elle retourna dans la partie abritée de leur chambre et alluma les torches accrochées aux murs de pierre. Ceci fait, elle éteignit sa flamme et inspecta la pièce qui ne comportait qu'un lit double -ils avaient, depuis, rassemblé leurs deux sommiers respectifs-, une table et un grand coffre de bois. Une véritable chambre d'ermite, comparée à celle d'Impa qui était envahie par les divers objets dont elle avait besoin. Mais il ne fallait pas oublier que les deux amants, au commencement de cette histoire, étaient arrivés avec seulement leurs chevaux, obligés de fuir la Citadelle comme de vulgaires voleurs. Au moins, les bagages seraient vites closes.

- Je ne comprends toujours pas pourquoi nous devons faire le voyage de nuit, commenta la demoiselle en ouvrant la malle au pied du lit. Il n'y a certes plus beaucoup de dangers, mais traverser la plaine demain me paraissait être une meilleure idée.

Selon les sages, cela permettrait à Impa, Link et Azuria, les seuls personnes devant rejoindre la capitale ce soir, de profiter d'un peu plus de confort pour la nuit. De plus, apparemment, le sang versé sur la plaine d'Hyrule avait attiré quelques créatures peu communes qui sortaient de leur cachette pendant la journée. Afin que le trajet se déroule sans encombre, il fallait donc voyager pendant la soirée. C'était une mesure nécessaire le temps que les gardes du Royaume soient à nouveau opérationnels et qu'ils puissent s'occuper de ces monstres. Toutefois, la princesse considérait cela comme une précaution exagérée. Selon le rapport qu’on lui avait rendu, ces quelques moblins et autres n’étaient pas nombreux et l’on avait signalé la présence de seulement deux campements où ils résidaient. Tant de sécurité pour une menace aussi faible... c'était tout bonnement inutile. Cependant, cette fois encore, elle n'avait pas eu le dernier mot et avait donc été contrainte d'accepter cette prudence excessive.
Rangeant ses affaires, elle enleva petit à petit les quelques vêtements qu'on lui avait apporté une fois le conflit réglé. Elle avait refusé qu'on lui ramène des bijoux, trouvant cela tout à fait inutile. Tout ce dont elle avait besoin, c'était de quoi se changer, se laver et une cape pour les nuits froides. C'est pourquoi ses valises, composées de ces quelques ustensiles, furent très rapidement bouclées. Apparemment, il en était de même pour Link. Il était donc temps de quitter cette chambre pour aller au château. Tout serait différent. Les deux amants auraient sûrement moins de temps à se consacrer ; la princesse risquait d'être très occupée à la Citadelle. Mais ils ne pouvaient pas y couper, c'était son rôle en tant que reine. Prenant d'une main sa valise, et celle du héros de l'autre, elle lui adressa un sourire bienveillant, cachant l'anxiété qui la rongeait.

- Allons y. Rentrons chez nous maintenant.

Et lentement, ils se dirigèrent vers la porte de leur chambre. Toutefois, avant de partir, la magicienne tourna une dernière fois la tête pour regarder la clairière dans laquelle ils avaient passé de nombreuses heures tous les deux. Cela risquait de lui manquer. Les jardins du palais seraient totalement différents. Préférant ne pas trop y réfléchir, la jeune souveraine finit par tourner les talons, ne lâchant pas la main de Link. Ensemble, ils arpentèrent les couloirs afin de rejoindre l'écurie. Lorsqu'ils l'atteignirent enfin, ils purent constater que la Sheikah était déjà là. Elle avait bouclé ses valises en un rien de temps et les avait déjà placées dans un chariot attelé par un cheval alezan. Sur le siège conducteur, un homme d'une quarantaine d'années attendait patiemment qu'ils partent. Sans un mot, la nourrice leur intima l'ordre de rejoindre leurs montures et de se dépêcher. Silencieuse elle aussi, Azuria lâcha enfin son aimé et déposa son bagage dans la carriole qui était là pour ça. Elle pénétra ensuite dans l'écurie et remarqua que Tempêter, son cheval, était déjà sellé et prêt pour le voyage. Délicatement, elle lui flatta l'encolure. Pendant ce laps de temps, Impa s'était faufilée dans son dos et lui murmura afin de ne pas être entendue de Link :

- Je crois m'être quelque peu emportée tout à l'heure. Bien que je trouve toujours cela déraisonnable, je souhaite que nous en reparlions une fois arrivés à la Citadelle.
- Peut-être... seulement si j'arrive à te convaincre, répondit son interlocutrice en montant sur son destrier.

Comme leur dernière discussion pour le moins houleuse était encore trop récente, la sage de l'ombre préféra ne pas insister. Elle retourna auprès de la carriole et sauta à l'arrière avec les bagages. Seuls les deux amants, qui ne pouvaient pas laisser leurs chevaux dans les montagnes, seraient à cheval pour leur petit périple.

Laissant derrière lui les montagnes, le petit cortège s'élança dans l'obscurité et commença sa traversée de la grande plaine d'Hyrule. La cariole, tirée par deux chevaux dirigés par Impa, transportait aussi Rauru, le sage de la lumière, ainsi que l'essentiel des bagages. Les autres sages étaient déjà tous chez eux: Darunia était resté dans les montagnes, Saria était dans la forêt et aidait à faire repousser les arbres, Ruto se trouvait au domaine Zora pour rendre à nouveau les eaux du royaume aussi poissonneuses qu'avant et accessibles à tous les peuples, et Nabooru était déjà retournée dans le désert, région peu touchée par Dumcan, depuis longtemps. Depuis la fin de la guerre, Rauru était plongé dans les grimoires qu'il écrivait jour et nuit. Étant plus vieux qu'on ne puisse l'imaginer, il était reconnu pour avoir écrit des passages sur tous les événements importants déroulés à hyrule depuis plusieurs siècles. C'était un historien sans pareil, et comme il souhaitait que tout soit bien transmis aux autres générations, il ne délaissait aucun détail dans ses écrits. Impa, quand à elle, semblant songeuse, un rien contrariée. Il était évident que la nouvelle des fiançailles l'avait quelque peu troublée. Elle s'en remettrait, Link en était sûr. Une douce brise les caressait de temps à autres, et ce vent aurait apporté un certain confort si ce n'était de l'odeur nauséabonde qu'il transportait avec lui. Depuis la grande bataille, la plaine était couverte de sang et de chair, et l'odeur qui en émanait n'était pas des plus accueillantes. Heureusement, grâce aux lois de la nature, tout cela aura été décomposé dans quelques semaines. Pour le moment, il fallait s'avérer patient. La seule chose qui pouvait ne serait-ce qu'un peu inquiéter les voyageurs était les petits groupes de Moblins et de monstres qui erraient, à la recherche de victimes. Mais cela aussi ne serait plus qu'un souvenir dans quelques semaines, lorsque la garde serait à nouveau mise sur pied et prête à combattre. Pour l'instant, ils pouvaient profiter de la belle nuit qui s'offrait à eux et du ciel étoilé qui était d'une beauté incomparable.

Après un moment, l'ennui commença à gagner Link. Ils avaient prévu de s'arrêter le moins possible lors de ce voyage, et la vitesse à laquelle ils allaient à cause de la carriole faisait en sorte qu'ils n'arriveraient à la citadelle que dans plusieurs heures. Le jeune héro décida donc de passer le temps. Il tourna son regard vers Azuria, qui chevauchait à côté de lui, et s'adressa à elle.

-Jouons à un jeu, tu veux?

Malgré l'obscurité, il vit Rauru qui, assit dans la carriole, devant eux, avait entendu ce qu'il venait de dire. Il avait levé les yeux de son livre et regardait Link, suspicieux.

-Je sais que ça peut paraître enfantin, mais nous avions l'habitude de jouer aux devinettes lorsque nous étions plus jeunes.

Évidemment, on ne pouvait pas blâmer Rauru de trouver Link un peu immature, car ce jeu était tout à fait enfantin. Mais bon, un peu de nostalgie ne faisait de mal à personne, en ce bas monde. Et comme l'ennui était mortel, il valait mieux passer le temps avec des enfantillages plutôt que de le subir une minute de plus.

-Bon, je commence: C'est moi qui, de mes bras enflammés, ai créé la terre rouge et la pierre, la base brute de ce monde. Qui suis-je?

-C'est facile. Tu es Din, la déesse de la force, voyons.

Link attendait une réponse de la part de sa bien-aimée, mais bien sûr, Rauru se devait de partager son savoir, et avait donc répondu à la place de la princesse. Link le regarda d’un air amusé. Une seconde plus tôt, il le trouvait gamin, et maintenant, il participait à son jeu. Le monde était plein de paradoxes, il faut croire…

-Bon, une autre. Cette fois-ci, laisse-la répondre, Rauru. Hum…. Je suis une chanson composée par Malon et qui est capable d’appeler une monture, peu importe où je me trouve. Qui suis-je?

Soudain, la carriole s’arrêta, et comme les destriers d’Azuria et de Link avançaient derrière elle, ils durent en faire de même. Impa avait-elle décidé de faire une pause? Une roue était-elle brisée? Link ne savait pas. Une chose était sûre, c’est qu’il n’y avait aucun bruit….

-Euh… Quelque chose ne va pas?

Jouer aux devinettes. Quelle bonne idée ! Il fallait avouer que le voyage était fastidieux. A cause de la pénombre environnante, il était quasiment impossible de distinguer le paysage autour d'eux. Seule la torche magique accrochée dans le chariot dispensait assez de lumière pour qu'ils puissent voir le sentier qu'ils empruntaient. Il était donc impossible de s'occuper en observant l'horizon. Les silhouettes d'arbres se suivaient dans une véritable monotonie, donnant aux voyageurs la sensation de tourner en rond. A cela s'ajoutait une ambiance morne car oiseaux et animaux, eux, dormaient paisiblement. Aucun chant, seul le grésillement des insectes terrés dans les hautes herbes. Il n'y avait alors rien sur quoi arrêter son attention. De plus, à cause de la carriole, ils avançaient beaucoup moins vite que prévu. A cette allure, ils atteindraient la Citadelle aux premières lueurs du jour. Ô joie. Ils allaient passer des heures dans le silence complet, à regarder la route sous leurs pieds. C'est pourquoi, afin d'échapper à cet ennui, la jeune fille accepta aussitôt la proposition de Link. Écoutant la première devinette, elle esquissa un sourire amusé car elle était d'une facilité enfantine. Toute personne digne de ce nom connaissait la légende des trois Déesses et pouvait dès lors trouver la réponse. Et alors qu'Azuria s'apprêtait à répondre, ce fut le sage de la lumière qui fut le plus rapide. Bien qu'occupé par ce qu'il lisait, il s'était pris au jeu, sûrement afin de tester sa culture incommensurable. Au timbre de sa voix, on pouvait aisément discerner une pointe d'agacement, vu que la devinette du héros était des plus simple. Il lui fallait quelque chose de plus dur, de plus enrichissant. De tous les sages, c'était bien celui aux connaissances les plus étendues après tout.

Bien que la réponse soit exacte, Rauru ne put poser à son tour une question. Il en fut empêché par Link qui reprit à nouveau la parole, exigeant que cette fois, la princesse trouve la solution. Reportant son attention sur le jeu, cette dernière écouta à nouveau et une fois de plus, considéra l'énigme comme étant extrêmement simpliste. Autrefois, elle avait eu la chance d'entendre son amant jouer cette dite chanson d'ocarina. Elle lui permettait d'appeler sa jument, et ce, à n'importe quel endroit. En soi, c'était assez impressionnant. Et tandis qu'elle s'apprêtait à donner la réponse, la magicienne en fut arrêtée pour la seconde fois. Brusquement, la carriole s'immobilisa, manquant d'effrayer Tempête et Epona. Fort heureusement, les deux chevaux eurent le réflexe de stopper eux aussi leur avancée. Intriguée, Azuria calma son destrier qui, au moindre imprévu comme celui-ci, avait tendance à s'énerver. Elle lui demanda alors d'avancer afin d'être aux côtés d'Impa. Cette dernière, assise à l'avant, semblait pester pour on ne sait quelle raison. Lâchant les rênes des deux chevaux, elle descendit du chariot et se dirigea vers la roue avant gauche.

- Quelque chose s'est empêtré dans la roue, je ne comprends pas pourquoi. Je n'ai pourtant rien remarqué sur la route, commenta la Sheikah en fronçant les sourcils.

A ces mots, Rauru se pencha depuis la carriole et inspecta la roue. Cependant, à cause de la faible lumière qu'ils possédaient, il était incapable de voir ce que cela pouvait bien être. Il prit alors la lampe accrochée à côté de lui et la tendit à la nourrice pour qu'elle puisse trouver la source du problème. Pendant ce temps, Azuria avait posé pied à terre et s'approchait à son tour, suivie par Tempête. Le cheval, peu rassuré, soufflait fortement, comme s'il sentait la présence d'une menace. Pourtant, la quiétude de la plaine n'avait pas changé et l'elfe ne ressentait pas l'ombre d'une âme à des kilomètres à la ronde. Le chemin qu'ils avaient emprunté était très éloigné des rares campements de moblins ; il n'y avait donc aucune crainte à avoir. Pourtant, l'animal continuait de s'énerver sans raison, ce qui eût tôt fait d'alerter sa cavalière. Tentant vainement de le calmer, elle le caressait avec douceur sans que cela fasse effet. Comme elle ne pouvait pas s'en occuper plus longtemps, la magicienne préféra finalement abandonner et se concentra sur la roue du chariot. Lorsqu'elle s'en fut approchée, elle remarqua que les rayons en bois étaient détruits, coupés en deux. Il était pourtant impossible qu'ils se soient abîmés de la sorte au beau milieu du trajet. Impa, elle, paraissait tout aussi suspicieuse du fait que cela soit un simple accident. On avait l'impression que les rayons de la roue avaient été fragilisés pour qu'ils cassent au bout d'un certain temps. Avançant la main pour toucher le bois, la Sheikah sentit de légères taillades sous ses doigts qui ne firent que confirmer ses soupçons. Néanmoins, elle resta muette, se contentant d'afficher une mine réfléchie. Elle poussa la lampe que Rauru tendait toujours au-dessus de sa tête et se redressa. Elle demanda ensuite à Azuria d'aller lui chercher une roue qui se trouvait sous les bagages et qu'elle avait emmené juste avant leur départ. A eux quatre, ils purent rapidement changer la roue défectueuse qu'ils jetèrent sur le bas côté du chemin. Ceci fait, tout le monde reprit sa place, comme si rien ne s’était produit.

- Reprenons la route, nous devrions arriver d’ici deux heures à destination. Ne perdons pas plus de temps, déclara Impa, toujours aussi sérieuse.
- Tu as raison, autant ne pas tarder, renchéris la princesse qui était remontée sur Tempête. Il s’agissait sûrement d’un petit défaut de la roue.

Bien que peu convaincue par ses propres dires, la magicienne s’efforça d’afficher un sourire rayonnant afin que l’humeur de ses compagnons de route ne soit pas assombrie par ce petit incident. Lentement, ils reprirent l’allure, allant légèrement plus vite que tout à l’heure. Ils avaient assez traîné comme cela et s’ils voulaient arriver tôt à la Citadelle, il fallait accélérer. Azuria le sentait, tout le monde était tendu à cause de cette simple roue cassée pour une raison encore inconnue. Toutefois, la carriole était désormais à nouveau en état de marche, alors il n’y avait plus de raison pour paraître si sérieux. Il fallait absolument chercher un moyen de ramener la bonne humeur qui s’était installée quelques secondes avant l’accident. A cette pensée, il ne fallut pas longtemps à la magicienne pour trouver une solution à ce problème épineux. De sa voix enjouée, elle s’adressa aussitôt à Link.

- Au fait, la réponse à ta devinette c’était le chant d’Epona. Maintenant, à moi…

Grâce à cela, leur jeu put reprendre tranquillement. Rauru se joignit encore aux deux jeunes gens, ce qui les obligèrent parfois à lui rappeler qu'il fallait aussi laisser aux autres le temps de répondre. Rapidement, des éclats de rire ponctuèrent le trajet, apaisant l'ambiance électrique qui régnait auparavant. La Sheikah, quant à elle, restait obstinément silencieuse, ne daignant pas participer à leur petit passe-temps. Jusqu'à ce qu'ils arrivent aux portes de la Citadelle, elle resta plongée dans ses pensées, au grand désarroi d'Azuria qui finit par s'en inquiéter.

Le jeu des devinettes fit son effet, car le temps sembla passer beaucoup plus vite. Aux premières lueurs du jour, lorsqu'ils aperçurent enfin la citadelle, Link poussa un soupir de soulagement. Leur entrée ne fut pas très remarquée. La ville n'avait peut-être pas été touchée par la guerre, mais les citadins, eux, le furent. Plusieurs biens avaient été saisis par le procureur au nom de la justice, jetant parfois des familles complètes dans la rue. Il était difficile de faire quelques pas sans se faire demander de l'argent, ou se faire voler. Les rues de la citadelle étaient maintenant bondés de mendiants, de jeunes orphelins, de marchands avares, de voleurs, et de petits groupes de soldats qui tentaient du mieux qu'ils le pouvaient de faire régner l'ordre dans ce chaos. Le tout était regroupe en une foule dense et bruyante très difficile à traverser avec l'imposante Carriole et les chevaux effrayés par l'agitation. Se rendre jusqu'au château fut long et pénible, mais pas autant que de traverser la plaine en pleine nuit. Ce n'était donc pas si terrible, se disait Link. Mais de toute façon, le voyage sur la plaine n'avait pas été si terrible non plus, car Sa bien-aimée avait rit. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu ce son cristallin, presque féérique, qui lui redonnait espoir dans les moments les plus difficiles. Après avoir laissé les montures à l'écurie, un groupe de serviteurs vinrent prendre les bagages contenues dans la carriole et les transportèrent jusqu'à l'intérieur du palais. Rauru partit aussitôt à la bibliothèque, où il allait probablement passer le reste de la journée pour terminer son livre. Impa, quant à elle, descendit de la carriole, se plaça face aux amoureux et croisa les bras.


-Je vais aller me reposer un peu et je vous conseille d'en faire de même. Quant à toi, Zelda, n'oublie pas que nous aurons une bonne discussion, tout à l'heure.

Elle leur tourna ensuite le dos et se rendit à ses appartements. Elle disait qu'elle allait dormir, mais Link n'en croyait rien. Elle n'avait pas dit mot depuis cet incident avec la roue, et on pouvait facilement déceler une certaine inquiétude dans son regard. Il était clair qu'elle allait méditer, ou réfléchir, car quelque chose se passait, il en était sûr. Était-ce à cause de leurs fiançailles? Nul ne pouvait le dire.

-Votre chambre vous attend, votre majesté.


Malgré la situation, Link n'avait pas lâché son sourire moqueur et, d'un geste du bras, avait poliment invité Azuria à le rejoindre et à se rendre à sa chambre, où ils arrivèrent après avoir traversé un nombre incalculable de pièces et après avoir monté un interminable escalier. La vue du balcon de la chambre donnait sur le centre de la ville et s'étendait jusqu'aux montagnes, en passant par la pleine. D'habitude, le jeune héro s'y serait attardé un peu, lui qui adorait observer le paysage, mais cette fois-ci, il n'en fit rien. La fatigue l'avait gagné. Il enleva donc ses bottes et se coucha sur le lit, invitant la princesse à se joindre à lui. Link n'avait pas envie de dormir, mais s'allonger un peu ne lui ferait pas de mal. Au loin, on entendait le chaos de la citadelle. Ce n'était pas la meilleure ambiance, mais ils allaient devoir s'y habituer lors des prochains jours, et tout faire pour que cela dure le moins longtemps possible. C'est à ce moment que Link eu une idée qui serait un premier pas vers le retour au calme et à l'ordre.

-Tu sais, il faudrait qu'un événement puisse réunir plusieurs personnes. Tu sais, où ils auraient de la nourriture, où les enfants pourraient s'amuser entre eux, et où le peuple pourrait faire des recommandations et demander des choses, et tout ça, sans avoir à débourser le moindre sous. Il faudrait quelque chose comme... un grand Banquet.

Voir se défiler autant de misère pétrifiait Azuria, qui ne pouvait qu'éprouver de la pitié pour ces gens à qui la chance n'avait pas sourie. N'ayant pas remis les pieds dans la Citadelle depuis des mois, elle ne s'était pas attendue à un tel désastre. Les mains mendiantes se multipliaient à chaque seconde, sans qu'elle ne puisse les contenter. On s'agrippait à sa cape, manquant de la lui arracher. Car une fois les portes de la ville atteintes, la jeune femme avait revêtit sa houppelande afin de passer autant inaperçu que possible. Dès lors, elle ne pouvait décemment pas l'enlever, de peur que l'on s'attaque à elle. Impa, quant à elle, ne la quittait plus des yeux. Elle devait absolument s'assurer qu'aucun manant n'ose lever la main sur sa protégée. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas. Et malgré les grandes difficultés qu'ils rencontrèrent à traverser la place centrale, ils finirent par rejoindre les abords du château dans lequel ils pénétrèrent sans plus tarder. La garde royale les accueillit d'un air solennel et des serviteurs s'avancèrent afin de récupérer leurs bagages. Les chevaux furent placés aux écuries et tout le petit cortège se sépara au fur et à mesure. Au final, il ne restait plus que Link et Azuria, qui furent bientôt invités à rejoindre leurs appartements. Il leur fallut traverser de nombreux couloirs et monter quelques escaliers avant d'arriver à destination. En effet, la chambre de la princesse se situait dans l'une des tours est du palais, ce qui les obligea à marcher durant plusieurs minutes. Mais lorsqu'ils ouvrirent la porte, la magicienne fut soulagée de constater que ses appartements étaient redevenus tels qu'elle les avait toujours connus. Car lors de la rébellion, Dumcan s'était approprié la pièce pour en faire un lieu où il élaborait chacun de ses stratégies. Elle se souvint de la pile de parchemins entassés sur les commodes ainsi que de la carte parsemée de pions sur la table. Désormais, tout cela n'existait plus. La chambre avait retrouvé son aménagement habituel. Le seul détail qui surprit aussi la jeune souveraine fut le boucan qui s'élevait depuis la cité. La nuit avait beau être bien entamée, il y avait toujours du bruit à n'en plus finir. Toutefois, cela restait supportable, et n'empêchait pas de dormir paisiblement. C'est pourquoi son amant se posa tranquillement sur les draps, l'y conviant ensuite.

Pourtant, la princesse ne bougea pas, préférant d'abord se changer. Maintenant qu'elle n'était plus obligée de se coucher toute habillée, elle se dirigea vers l'immense penderie qui se trouvait à l'opposé du lit. Elle fit dès lors signe au jeune homme de l'attendre, ce qu'il fit : elle s'en doutait. Fouillant un peu parmi tous les vêtements qu'elle trouvait, elle finit par dénicher une nuisette qui ferrait l'affaire pour ce soir. Sans gêne, Azuria retira la cape noire qu'elle portait et la posa sur une chaise à proximité. Néanmoins, pour le reste, elle préférait tirer le paravent de l'autre côté qui cachait au passage sa coiffeuse. Elle enleva ensuite sa robe à l'abri des regards de Link, ce qui lui semblait tout à fait normal. Bien qu'ils soient fiancés, la jeune fille, par étique ainsi que par décence, considérait ce genre de chose comme naturelles. Après tout, une reine ne pouvait se dévergonder avant le mariage. Cette idée la fit devenir aussi rouge qu'une pivoine tandis qu'elle retirait son diadème d'or. Pendant ce temps, le héros s'adressa à elle, exposant une idée afin de ramener un peu de joie dans la Citadelle. Derrière le paravent, la magicienne l'écoutait attentivement, réfléchissant à l'organisation d'un banquet. S'ils s'y prenaient dès demain matin, tout pourrait être prêt à la tombée de la nuit. C'était faisable. Quant au motif pour préparer pareille célébration... il était tout trouvé ! Ce serait l'occasion rêvée pour rendre leurs fiançailles publiques, et ainsi obtenir par la suite le soutient du peuple vis-à-vis du conseil des sages. Il ne fallait donc pas rater cette opportunité.

- C'est une excellente idée, répondit-elle aussitôt d'une voix enjouée. Nous pourrions utiliser la salle d'audience, l'endroit idéal pour de telles réjouissances. J'en informerai les cuisiniers ainsi que le personnel dès demain, afin que tout soit en ordre pour le début de soirée. Cela permettra, par ailleurs, de fêter dignement la paix du Royaume ainsi que nos... fiançailles.

La tête de la jeune souveraine dépassa soudain du paravent. Elle fixa un instant Link, qui ne parût pas réagir pour autant. Un sourire éphémère se dessina sur ses lèvres avant de disparaître à nouveau derrière le paravent. Bien qu'Azuria soit désormais changée, elle s'assit quand même à sa coiffeuse et entreprit de défaire sa natte. Elle enleva ensuite les rubans qui enserraient deux de ses mèches, ce qui lui prit quelques minutes. Lorsque tout fut enfin terminé, elle se regarda un instant dans le miroir et daigna se montrer à son amant. Tout ceci était bien différent de d'habitude, où elle ne faisait pas beaucoup attention à son apparence. En temps de guerre, la beauté superficielle n'était pas au rendez-vous, et les semaines sous les tentes ne permettaient pas de s'occuper de son physique. Et comme tout ceci était désormais terminé, la magicienne pouvait vraiment ressembler à une lady dans toute sa splendeur. Elle était donc vêtue d'une nuisette de soie à demie transparente sans manche qui laissait légèrement voir ses sous-vêtements d'un blanc impeccable. Ses cheveux blonds ondulés lui arrivaient au milieu du dos alors que ses mèches étaient posées devant ses épaules. Sur son front, il n'y avait plus un seul diadème, bijou et autre. Lentement, la princesse s'avança vers le lit et vint se blottir contre Link. Contrairement à lui, elle comptait bien profiter des quelques heures de sommeil qu'il lui restait. Ses bras enlacés autour de celui du jeune homme, elle leva la tête vers lui et esquissa un sourire timide. Elle déposa ensuite un baiser léger sur sa joue et ferma les yeux, épuisée.

- Bonne nuit mon héros, murmura-t-elle avant de pénétrer dans le royaume des songes.

La nuit fut rapide, bien trop rapide. Environ six heures plus tard, les rayons du soleil frappèrent déjà aux carreaux de la fenêtre avant de se déposer sur le visage endormi de la princesse. Celle-ci, luttant pour rester endormie, finit cependant par ouvrir les yeux, à peine éveillée. Doucement, elle se redressa dans le lit, repoussant les couvertures qu'on avait posé sur elle pendant la nuit. Inspectant la chambre de son regard ensommeillé, elle remarqua néanmoins rapidement qu'il manquait quelqu'un. Où était passé Link ?


hrpg : pour la fin je me suis permise ce petit détail. Si tu n'aimes pas, fais comme si tu étais là, j'éditerai après.

-Garde à vous!

Link était déjà dans la cour du château même avant que le soleil se soit levé. Il inspectait les hommes de la garde royale qu'il était entrain de former. Ils n'avaient encore jamais tenu une arme jusqu'à ce que le héro leur en donne une à chacun et qu'il leur apprenne à s'en servir, quelques instants plus tôt. Fort heureusement, ils apprenaient vite, et après quelques essais, leur posture de Garde-à-vous était impeccable. C'était Link qui se chargeait d'eux, car comme l'ex chef de la garde royale, c'est-à-dire Dumcan, était décédé, il n'y avait plus personne pour s'en occuper. De plus, le chaos dans lequel était plongé la ville nécessitait l'aide de la garde pour rétablir l'ordre et pour donner du pain et des couvertures aux malheureux citadins. Comme il n'était pas nécessaire de savoir parfaitement manier une arme pour faire ce genre de travail, la centaine d'homme qui se trouvait devant Link pourrait bientôt se rendre les rues de la citadelle et aider leurs comparses qui étaient débordés et dépassés par les événements. Oui, bientôt, les choses rentreraient dans l'ordre.

-Repos!

En même temps, les homes baissèrent leur bras, émmétant chacun un petit son métallique, causé par leurs cuirasses. Brièvement, Link leur rappela quelle était la situation et leur ordonna de descendre dans les rues pour porter secours au citoyens dès midi. Puis, il leur donna congé et se rendit aussitôt aux cuisines. Bien sûr, le héro du temps n'avait rien oublié. Avant même de rassembler les gardes et de les former, il avait convoqué le cuisinier et son équipe afin de leur parler du banquet. Il avait aussi demandé à un groupe de serviteurs de décorer la salle et de placer les tables de manière à pouvoir recevoir plusieurs centaines de personnes. Mais donner des ordres n'était pas suffisant: il devait s'assurer que tout était bien préparé. C'est pourquoi il s'était rendu aux cuisines pour avoir des nouvelles du chef cuisiner sur les préparations. Lorsqu'il y entra, ce qu'il y vit ne l'enchanta guère. Il y avait cinq énormes plats qui étaient tombés sur le sol. Des légumes, de la farine, et plusieurs litres de soupe, qui devaient supposément se trouver dans les bols, se trouvaient aussi sur le sol. Autour, il y avait des cuistots qui couraient un peu partout et le chef qui, au milieu de la pièce, les traitaient d'incapables.

-Mais qu'est-ce qui se passe ici!?

-Monsieur Link! Je suis vraiment navré, mes employés ont renversé tous ces plats alors qu'ils préparaient les entrées. Je m'assurerai à ce qu'ils soit sévèrement punis! , répondit le chef, qui semblait être en pleine colère noire.

Indigné, un des cuistots arrêta de nettoyer et regarda Link, furieux lui aussi. Il était couvert de soupe et de purée de légume, et il n'avait pas l'air très content.

-C'est faux! Nous n'avons rien fait tomber! Nous avions le dos tourné, et tout s'est trouvé sur le sol d'un coup sec!

-Assez! Vas-t'en, je ne veux rien entendre!

Ce qui se passait dans la grande salle n'allait pas mieux. Les banderoles que les serviteurs avaient accrochées au mur s'étaient déchirés et une table s'était même enflammée. Heureusement, après quelques heures de dur labeur, les dégâts furent réparés et le travail put enfin commencer. Soulagé, Link put enfin sortir prendre l'air. Il retourna dans la cour où il était plus tôt ce jour-là pour s'asseoir sur banc de pierre et prendre le temps de se reposer un peu.

*Préparer un banquet s'avère plus difficile que je ne le croyais. Je ne sais plus où donner de la tête, avec tous ces accidents... on dirait vraiment que quelqu'un essaie de tout gâcher....*

Bien qu'étonnée en premier lieu de ne pas trouver son amant à son réveil, Azuria finit par oublier ce détail et se prépara tranquillement. Elle attrapa au vol l'une de ses robes et un coffre à bijou qu'elle passa sous son bras. Prenant une porte qui se trouvait à gauche, elle entra dans sa salle de bains personnelle et richement décorée. Elle avait oublié tout ce luxe après plusieurs mois à se contenter du lac pour se laver. La pièce, très profonde, disposait de deux colonnes sculptées dans du marbre et qui s'érigeaient jusqu'au plafond. Une grande baignoire en nacre se trouvait au fond de la pièce, entourée par un rideau de soie rose clair. Sur le côté, on avait installé plusieurs meubles dans lesquels étaient entreposés serviettes et ustensiles de bain divers. Et à l'opposé, un large miroir au cadre doré était accroché le long du mur, reflétant le visage ébahi de la jeune fille. Cette dernière s'avança lentement sur le tapis blanc qui menait jusqu'à la baignoire. Sur le meuble le plus proche, elle déposa ses affaires et retira la nuisette qu'elle portait. Elle fit ensuite couler l'eau d'un ballon qu'on avait remplit juste avant son arrivée. Comme le bain était désormais froid, elle entreprit de le chauffer avec sa magie. Et lorsque tout fut enfin parfait, elle plongea dans l'eau chaude et agréable, ce qui lui permit de se relaxer pendant un moment.

Environ une heure plus tard, la princesse sortit de la chambre. Elle était habillée d'une robe blanche à haut rose. La tunique rose posée par dessus tombait en pointe derrière elle sur le jupon immaculé et bordé d'ornements se trouvant au bout. Sur ses épaules, elle avait disposé ses épaulettes dorées parsemées de motifs alambiqués. Et le long de ses bras, elle portait des gants blancs comme neige. Coiffée comme à l'ordinaire, elle avait remis sur son front le diadème orné de feuilles d'or et d'un saphir océan. Et, sur une place de choix, la bague de fiançailles trônait sur sa main gauche. Ainsi vêtue, la magicienne déambulait dans les couloirs sans fin du château. Elle eût beau demandé à trois serviteurs, aucun ne put lui dire avec exactitude où se trouvait Link. A chaque fois, on lui donna une indication différente de la précédente. Cela en devenait frustrant. Au bout d'une dizaine de minutes à vagabonder dans les immenses salles de l'édifice, elle finit par abandonner, s'arrêtant dans la bibliothèque. Ici, Rauru était encore en train d'écrire son recueil sur les événements historiques du royaume. Toutefois, lorsqu'il vit Azuria débarquer, il daigna lever les yeux des dizaines de parchemins étalés autour de lui. Il salua sa visiteuse qui, quant à elle, lui adressa une élégante révérence. Intriguée par ce qu'il faisait, elle finit par s'avancer un peu de la table qu'occupait le sage, parcourant du regard les livres qu'il avait disposés sur le sol. L'elfe se baissa, prenant celui qui était en tête de pile. Le titre, marqué en lettrines beiges, disait "Légendes et mythes d'Hyrule". Etonnée, elle s'enquit de demander à Rauru en quoi ce roman pouvait lui être utile.

- Un homme se doit de discerner le vrai du faux, se contenta-t-il de répondre. Maintenant, sauf votre respect Zelda, je dois terminer mon oeuvre.

Le message était clair : vous me dérangez. Ne désirant pas occuper plus longtemps le peu de temps que le sage avait à lui offrir, la princesse tourna les talons et quitta la bibliothèque. Une fois à l'extérieur, elle croisa une femme de ménage qui semblait alarmée. Désirant savoir pourquoi tant d'agitation, la magicienne l'interpella d'un "excusez-moi" aussi poli que faire se peut. Traiter les valets comme de vulgaires esclaves n'était pas son genre, et c'est pour cela qu'elle restait toujours courtoise envers eux. Cependant ceux-ci, qui parfois venaient d'un présent offert par les nobles de La Citadelle, étaient très vite mal à l'aise devant sa gentillesse naturelle. Bien entendu, ce genre de choses, un commerce d'homme, avait été interdit par la princesse dès son retour sur ses terres. Néanmoins, les derniers à avoir subis cette humiliation, avaient encore du mal à s'y habituer. Et apparemment, la femme de chambre que venait d'arrêter Azuria faisait parti de ces personnes. Affichant de grands yeux surpris, elle se retourna aussitôt et s'inclina aussi bas que le lui permettait son dos. Bien qu'assez embarrassée par tant de cérémonieux, la jeune souveraine ne chercha pas à l'en empêcher, ayant compris depuis le temps que c'était inutile avec ces gens.

- Pardonnez-moi votre Altesse. Le chef cuisinier m'a envoyé pour récupérer de quoi nettoyer les dégâts causés par ses apprentis. Apparemment, un plat de soupe ainsi que deux entrées ont été renversées malencontreusement, expliqua la servante en se redressant. Mais ne vous inquiétez pas, messire Link s'occupe de tout dans la salle de réception.
- Je vois. Dans ce cas, veuillez continuer votre travail. Je vais de ce pas m'assurer que tout se déroule à merveille.
- Je vous en prie Votre Altesse... Puis-je ?

D'un geste de la main, Azuria lui demanda de disposer, ayant enfin l'information qu'elle désirait depuis son réveil. Sans plus tarder, elle se dirigea vers la salle qu'on lui avait indiqué pour y trouver... seulement des serviteurs, occupés avec des banderoles. Perchés sur des chaises, ils tentaient tant bien que mal de les accrocher entre les statues de pierre tandis que d'autres mettaient les couverts sur les tables disposées en "U". Une longue nappe blanche les recouvrait, donnant à la décoration un côté très solennel de banquet mondain. Que les gens prennent autant de mal pour les festivités lui faisait plaisir. Au moins, tout allait bien se dérouler. Persuadée que ce festin serait une réussite totale, la magicienne rebroussa chemin pour la troisième fois de la matinée. Cependant, elle en fut soudain arrêtée par Impa qui était apparue de l'autre côté par les portes à doubles battants. Elle s'approcha rapidement, traversant la pièce à vive allure. Lorsqu'elle fut auprès de sa protégée, elle lui adressa un regard suspicieux qui n'annonçait rien de bon. Apparemment, Link n'avait pas prévenu la Sheikah de l'organisation de ce banquet. Et, comme il fallait s'y attendre, celle-ci n'appréciait pas le fait de ne pas être dans la confidence.

- Que diable se passe-t-il ici ? S'empressa-t-elle de questionner l'elfe qui ne désirait qu'une chose : partir.
- Nous avons décidé de préparer quelques réjouissances pour nos fiançailles ainsi que la fin de la guerre. Cela permettra au peuple de passer un peu de bon temps et ils pourront ainsi manger à leur faim ce soir. Ce sera un début pour redonner aux citadins la joie d'entant.
-... Je dois avouer que cette idée n'est pas mauvaise. Toutefois, cela ne t'évitera pas notre conversation. Pour le moment, je dois me charger d'affaires plus importantes. Je te vois ce soir au banquet dans ce cas.
- Merci Impa.

Soulagée de savoir que sa nourrice ne s'y opposait pas, Azuria l'enlaça tendrement, ce qui sembla surprendre la sheikah. Néanmoins, elle ne recula pas et sourit discrètement alors que sa petite princesse s'éloignait déjà en courant. Cette dernière, comprenant qu'elle avait du pain sur la planche. Décida d'aller requérir des troubadours pour égayer l'ambiance. Ce ne serait pas de trop pour ce soir. D'un pas actif, elle traversa les jardins du château et de loin aperçu Link qui était assis sur un banc de pierre. Affichant une expression enjouée, la magicienne lui adressa alors de grands signes de la main qu'il ne sembla pas remarquer, plongé dans ses pensées. Alors, elle préféra le laisser tranquille, rejoignant les portes du château qui menaient à la Citadelle bruyante[.


hrpg : alors là, si je n'ai pas continué... c'est simplement car ça aurait été trop long xD. Si tu veux, tu peux continuer à t'occuper des préparatifs etc. Et si tu n'aimes pas ou que tu es bloqué... dis-le moi, je changerai.

Après avoir soufflé un peu, Link se retroussa les manches et retourna au cuisines. La journée ne s'avérerait pas facile. Le chef semblait s'être calmé depuis sa crise de tout à l'heure, et le plancher était maintenant aussi propre que d'habitude. Les cuistots continuaient maintenant de préparer les divers plats pour ce banquet qui allait être gigantesque. Dans la grande salle aussi, les serviteurs avaient réussi à réparer leurs petites erreurs et à continuer à arranger la pièce pour les festivités. Mis à part donner quelques commentaires et quelques suggestions, Link n'eut pas grand chose à faire pour les préparatifs. Lorsqu'un serviteur avait une question, il allait la lui poser, puis il retournait au travail. Si tout le monde continuait à mettre la main à la pâte ainsi, le tout allait être un grand succès. Il ne restait qu'une chose à faire: Prévenir les sages, et aussi les citadins. Parcourant les couloirs, le porteur de triforce se mit donc à la recherche de la sage de l'ombre, non pas pour lui demander son avis, mais pour la prévenir, car peu importe ce qu'elle allait dire ou quel allait être sa réaction, ce banquet aurait lieu quoi qu'il en coûte. Alors qu'il arpentait les couloirs, il croisa Rauru, qui l'arrêta.

-Link, j'ai besoin de toi, dit le sage de la Lumière. Il faudrait que tu ailles en ville et que tu te rendes au temple du temps. J'y ai oublié un livre et j'en aurais bien besoin pour continuer mon grimoire.

Bien sûr, il ne pouvait pas refuser, par peur de le froisser alors qu'il avait besoin de son appui et de celui du conseil. Le jeune Héro accepta donc poliment de rendre ce service sans oublier de lui glisser un mot sur le banquet qu'il était entrain de préparer. Rauru ne broncha pas et promit qu'il allait faire un tour en soirée, lorsqu'il en aurait le temps. Le sourire aux lèvres, Link continua donc de chercher Impa, se disant qu'il aurait tout le reste de la journée pour se rendre au temple du temps et qu'avec l'âge qu'il avait, Rauru devait bien avoir la patience nécessaire pour attendre une heure ou deux. Après quelques minutes, il trouva enfin la sage de l'ombre.

-Impa, je te cherchais.

-Ah, c'est toi? N'as-tu pas un banquet à organiser?

Link stoppa son élan. Comment diantre pouvait-elle déjà être au courant? Un serviteur lui en avait-il parlé? Probablement pas. Les serviteurs n'étaient pas très bavard d'habitude. Devant l'air confus du jeune homme, Impa compris qu'il ne s'attendait pas qu'elle soit au courant. Elle lui expliqua donc que c'était la princesse qui lui en avait glissé mot.

-Ah, voilà qui explique tout. Où est-elle, en ce moment?

-Je crois qu'elle est allée en ville. Mais attends. Elle m'a aussi dit que vous comptiez annoncer la nouvelle de vos.... fiançailles. Je veux pas que tu fasses de bêtises, Link. Avant de l'annoncer à qui que se soit, je dois en parler avec elle. Je ne veux pas que la vie de Zelda soit gâchée par une erreur de jeunesse... Peut-être qu'il est encore trop tôt pour...

-Avec tout le respect que je te dois, ce n'est pas à toi d'en décider. Bonne journée.

Sans ajouter le moindre mot ou s'attendre à quelconque réponse, il fit demi-tour et se rendit aux portes non sans oublier de se préparer au triste spectacle qui allait s'offrir à lui lorsqu'il se promènerait dans les rues. Ce n'était pas aussi grave que la veille, car il y avait plus de gardes pour aider les pauvres gens, mais le désespoir et la tristesse se lisait toujours sur chaque visage. En tentant de garder son calme, Link prit la direction du temple du temps, où il devait aller chercher le livre de Rauru, tout en espérant croiser Azuria en chemin.

Avancer dans les ruelles de la Citadelle allait s'avérer plus compliqué que prévu pour Azuria. L'espace d'un instant, gorgée par la joie qu'elle avait ressentit, elle en avait oublié l'état misérable dans lequel se trouvait son peuple à présent. Pendant une brève minute, elle avait eu l'impression de retourner des mois en arrière, lorsque son Royaume était encore heureux et en pleine effusion. Ce fut en arrivant dans la grande place qu'elle revint à la réalité. Elle s'était tout d'abord arrêtée dans sa course pour contempler la pauvreté qui s'étalait devant ses yeux mortifiés. Peinée, elle avait voulu faire demi-tour, ne pouvant décemment pas se montrer ainsi vêtue devant des gens qui avaient à peine de quoi survivre lors des nuits froides. Elle trouvait cela abominable et ne tenait pas à montrer le luxe qu'elle émanait malgré elle. Peut-être fut-ce une pensée égoïste, car ces pauvres gens avaient aussi besoin d'un peu de lumière, comme celle que leur souveraine dégageait à longueur de journée. Toujours est-il qu'aussitôt, la jeune fille avait tourné les talons. Elle fut alors étonnée de voir deux gardes derrière elle. Lorsqu'ils l'avaient vue se diriger vers la ville, ils s'étaient empressés de la rejoindre afin de l'escorter. L'un d'eux, sans un mot, lui tendit une cape qu'il avait attrapée au passage. Apparemment, les soldats avaient prévu l'éventualité que leur reine se rende dans la Citadelle. Bien qu'un tantinet étonnée, la magicienne accepta la houppelande en leur adressant un sourire reconnaissant. Avec cela, elle pouvait marcher librement sans se soucier de sa robe hors de prix. Rapidement, elle passa le vêtement sur ses épaules et fit demi-tour, à nouveau prête à trouver les troubadours dont elle avait besoin. Marchant en direction de la cité, elle entendit derrière elle les mouvements brusques des deux miliciens. Elle inclina alors la tête dans leur direction, quelque peu embarrassée. S'ils la suivaient de la sorte, sa cape n'allait servir strictement à rien. Il devait sûrement s'agir d'une précaution employée par Impa, toujours aussi protectrice.

- Messieurs, il serait préférable que je me rende en ville seule... Si des gardes royaux m'accompagnaient, je serai rapidement reconnue, souligna-t-elle timidement.
- Oh bien sûr ! Pardonnez notre manque de bon sens Votre Altesse. Faîtes attention, les rues sont plus agitées depuis hier soir avec votre retour inopiné.

Remerciant les soldats pour leur recommandation, la princesse leur promit d'être prudente et qu'elle ferrait aussi vite que possible. A peine convaincus, les deux hommes la laissèrent néanmoins s'en aller, ne pouvant pas la retenir plus longtemps. Tout en leur adressant un dernier sourire, Azuria s'éloigna alors de sa démarche féline. Au bout de quelques minutes, elle atterrit au coeur même de la cohue régnant sur la place. Les gens étaient agglutinés autour de la fontaine et interpellait toute personne susceptible de leur offrir un rubis. Leurs visages marqués par les maladies ainsi que la misère étaient aussi creusés par la faim, ce qui leur donnait une allure fantomatique. En voyant cela, la magicienne resserra nerveusement la cape autour d'elle tout en baissant la tête. Aussi vite que possible, elle essaya de traverser la foule compacte qui l'encerclait. Quand soudain, une main osseuse l'agrippa au poignet. Son gant blanc à découvert, elle fut prise d'une panique subite incontrôlable. C'était idiot, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. D'un geste vif, elle se détacha de cette faible étreinte et se mit à courir sans vraiment regarder où elle allait. Lâchement, elle s'enfuit loin de toute cette agitation qui l'angoissait, la mettait mal à l'aise. Dans son dos, elle entendit quelqu'un crier, mais le son de sa voix fut emporté par le bruit ambiant. Ainsi, la jeune souveraine put s'échapper tranquillement, sans qu'on la poursuive. Elle ne ralentit l'allure qu'une fois devant une auberge et en profita pour reprendre son souffle. Le dos légèrement voûté, une main sur le cœur, elle inspira longuement avant de retrouver une respiration régulière. Du bâtiment devant lequel elle se tenait s'émanait une ambiance agréable et joyeuse. Intriguée, Azuria se redressa et tenta de regarder à l’intérieur. Des musiciens au costume bariolé jouaient gaiement de leurs instruments, dansant au rythme de leur musique. Tous les clients les accompagnaient en frappant dans leurs mains et riant à gorge déployée. Au fond, seul un homme vêtu d’une cape et au visage caché sous un large chapeau semblait peu enclin à participer. Cette vision fit chaud au cœur de la princesse, heureuse de voir que les Hyliens n’avaient pas oublié comment s’amuser. D’un pas hésitant, elle pénétra dans l’auberge et retira la houppelande marron qui la recouvrait. A peine eût-elle fait cela que les regards se tournèrent instantanément vers elle dans un seul mouvement. Les troubadours stoppèrent leur activité, stupéfaits de voir la jeune reine au beau milieu de la pièce. Celle-ci, un sourire angélique aux lèvres, s’adressa à eux aussitôt, ayant trouvé ce qu’elle cherchait.

- Bien le bonjour. Veuillez excuser ma soudaine irruption en ces lieux et d'avoir interrompu votre prestation. Néanmoins, je fus impressionnée par la manière dont vous avez redonné le sourire aux personnes présentes. Si vous le désirez, un banquet sera organisé ce soir même au château et j'aimerai que vous veniez y jouer. Pourrais-je compter sur votre participation pour égayer les convives ?
- Ce serait un grand honneur Majesté, s'empressa de répondre le chef de la bande en s'inclinant gauchement. Pour qui devrons-nous jouer ? Que nous ne fassions pas négligés pour vos invités.
- N'ayez crainte, ce ne sera pas le cas, leur assura-t-elle en hochant négativement la tête. Ce soir, toute la ville est invitée à participer aux réjouissances. J'espère que le message sera donné à tous les habitants.

Un murmure d'étonnement s'éleva dans la salle. Personne n'osait vraiment dire ce qu'il pensait à voix haute. Un banquet pour le peuple ? Au château ? On avait pas vu de tel rassemblement depuis la victoire contre Ganondorf. C'était une grande nouvelle ! Cela devait sûrement être organisé pour fêter le retour de la paix, ou quelque chose du même genre. Impossible d'imaginer qu'en plus de cela, il y aurait l'annonce des fiançailles de la princesse. Celle-ci fut d'ailleurs heureuse de constater que chacun était enclin pour participer à ces festivités. Elle en fut flattée, et rapidement, elle remarqua par la même occasion que l'ambiance joviale de tout à l'heure revenait petit à petit. Le message était bien passé, elle pouvait donc retourner sans crainte au château où d'autres préparatifs l'attendaient. La magicienne prit donc congé de ces citoyens excités par l'idée du banquet. Toute guillerette, elle reprit la direction du château, remettant la cape sur ses épaulettes dorées. En chemin, elle s’intéressa à tout ce qui se déroulait atour. Elle venait d’emprunter une des rues marchandes de la ville et s’amusait à observer les artisans dans leur travail. Il y avait là de tout. Cordonnier, fleuriste, tavernier… tous s’occupaient de leurs produits avec entrain. Au bout d’un moment, la jeune souveraine arriva devant une forge, ce qui la captiva. Le forgeron, à intervalles réguliers, frappait sur un bout de métal en fusion grâce à son marteau. Tous ses coups atteignaient toujours la même partie du fer avec une précision impressionnante. C’était la première fois qu’Azuria assistait à la fabrication d’une épée, ce qui n’échappa pas au gérant du magasin. Derrière sa barbe broussailleuse, il esquissa un sourire amusé, considérant la jeune femme en face de lui comme une petite fille curieuse. Rapidement, il lui expliqua son travail avec une certaine fierté. C’était impressionnant. Mais malgré tout, la princesse ne pouvait pas s’attarder plus longtemps. Scrutant la rue bondée de clients, elle reconnut soudain Link au milieu de cette foule. Il n’était pas très loin d’elle et ne semblait pas l’avoir remarquée cette fois encore. Pour qu’il daigne poser les yeux sur elle, l’elfe l’appela donc en criant son prénom jusqu’à ce qu’il se retourne enfin. Lorsque ce fut le cas, elle lui adressa un bref signe de la main avant de le rejoindre.

Quittant la forge, elle ne remarqua pas les lames suspendues au-dessus de sa tête sur l’en-tête du magasin qui commençaient à trembler dangereusement. Et soudain, sans aucune raison particulière, les épées tombèrent droit sur elle. Le forgeron, qui observait la scène, cria un « attention » qui fit lever les yeux de la princesse. Celle-ci vit alors les lames lui foncer dessus, sa plus grande frayeur. Par réflexe, elle ferma les yeux et attendit. Cependant, on vint l’enlacer par la taille, ce qui la surprit. Au-dessus de sa tête, elle entendit un bruit métallique qui la fit ouvrit les paupières. Un jeune homme à la cape de soie et au long chapeau se tenait près d’elle, un sourire enchanteur aux lèvres. C'était celui de l'auberge ! Il avait des yeux bleus cendrés ainsi qu’une chevelure de neige qui lui arrivait en haut de la nuque. Des mèches fines cachait une partie de son visage qui lui, était rivé vers la princesse. Bien que confuse, Azuria remarqua la main gantée qu’il levait au ciel. Et de ses doigts s’échappait des filaments bleutés soutenant un… bouclier magique.

- Ne vous en faîtes pas princesse, vous êtes en sécurité maintenant, déclara-t-il d’une voix sensuelle.