La venue d'un nouveau soldat dans les rangs. [Pv Elenoy]

Il fallut quelques minutes à la foule pour vider entièrement le camp d'entraînement. Il ne restait ensuite plus qu'Elenoy, seule au milieu de ce grand espace désert. Calmement, elle observait les lieux abandonnés de toute présence humaine. Elle sentit le vent des montagnes venir caresser son visage, jouer avec ses cheveux détachés. Levant la tête vers le ciel, elle put apercevoir l'endroit où Miremel s'était installée à leur arrivée, dans les hauteurs du volcan. De par leur connexion mentale constante, la dragonne vint à se montrer et baissa les yeux vers sa protégée. Sans échanger un seul mot, elles se fixèrent ainsi pendant quelques secondes. L'elfe sentait l'envie brûlante de sa partenaire de retourner à l'aventurer, de participer aux batailles épiques comme elles l'avaient fait autrefois. Mais l'Empire n'avait pas donné l'assaut depuis longtemps, ni donné signe de vie. Alors elles restaient là, à voyager entre Ellesméra et les Beors. Un soupir s'échappa des lèvres de la reine juvénile. Inclinant la tête sur le côté, elle reporta son attention sur ce qui se passait autour d'elle, c'est-à-dire rien du tout. Ce bref instant de répit lui permit de relâcher toute la pression qui s'était accumulée sur ses épaules ces derniers temps. Un peu de repos n'aurait pas été de refus. Malheureusement, des affaires à traiter l'attendaient dans le bureau qui lui était attribué à Farthen Dûr. Une pile monstrueuse de paperasse en tout genre lui avait été transmise dans la matinée et il fallait s'en occuper promptement. C'est pourquoi, bien qu'à contre-coeur, la dragonnière se dirigea à son tour vers la sortie.

Elle traversa les rues sinueuses de la cité sans se rendre compte qu'elle était suivie pas Aerandir. Elle était totalement ailleurs, trop occupée à penser aux choses qui requéraient ses compétences en tant que reine des elfes. Au bout d'un certain temps, elle arriva face aux deux gardes qui gardaient l'entrée de ses appartements. Ces derniers la saluèrent rapidement avant de libérer le passage. Elenoy les en remercia et franchit le seuil de la porte qu'elle prit soin de fermer derrière elle. Lentement, elle s'avança vers le bureau en bois d'if sur lequel gisait une dizaine de documents devant être traités ce soir au plus tard. D'un geste nonchalant, elle déposa son heaume sur le canapé pourpre qui était installé à sa gauche. Elle contourna ensuite le bureau, le regard rivé sur les papiers importants. Ce ne fut qu'une fois assise que la jeune femme s'autorisa un nouveau soupir, mais de lassitude cette fois. Installée ainsi, son armure la gênait. Les frictions métal-métal la dérangeaient pour se concentrer et elle savait que travailler dans ces conditions deviendrait vite insupportable. Il fallait qu'elle retourne se changer au plus vite et s'en voulût de n'y avoir pensé plus tôt.
Alors que la guerrière s'apprêtait à se relever, elle perçut des échos de voix de l'autre côté de la porte. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit Aerandir faire irruption dans son bureau alors qu'il aurait dû se trouver présentement à l'infirmerie. Les sourcils froncés, Elenoy resta tout de même silencieuse, attendant que son visiteur inopiné vienne à expliquer la raison de sa venue. Elle n'eût guère à patienter longtemps. Dès qu'il eût terminé sa requête, elle passa une main sur son visage alors que déjà, il s'éloignait. Mais avant qu'il n'ait quitté la pièce, la souveraine l'interpella.

- Aerandir Finirael, attendez un instant je vous prie.

Se levant à nouveau, la demoiselle ne quitta pas autant son bureau. De ses yeux de saphir, elle observait l'elfe qui s'était depuis retourné. Secouant la tête pour en dégager les cheveux qui s'amusaient à le dissimuler, elle ajouta :

- Je peux comprendre que vous soyez extrêmement déçu par votre défaite en tant qu'elfe et en tant que guerrier. Néanmoins, venir me réclamer un second duel ne vous apportera pas grand chose de plus. Tout d'abord, vous devez récupérer de votre épaule endolorie, même si vous avez reçu des soins. De plus, vous n'êtes pas en état de vous battre, et j'entends par là que votre défaite est encore trop récente pour que vous preniez le recul nécessaire. Pour finir, j'ai bien peur qu'un combat contre moi ne puisse changer la donne. Depuis toutes ces années, j'ai moi-même suivi un entraînement intensif en tant que dragonnière qui s'est achevé depuis longtemps maintenant. J'ai combattu l'Empire, survécu à des batailles...
*- Tu es dure, fit remarquer soudain Miremel par la pensée, se gardant de partager son point de vue avec Aerandir. Mais bon... c'est la vérité n'est-ce pas ?*

Elenoy ne releva pas cette intervention, trouvant que tout avait été dit et résumé par sa dragonne. Néanmoins, comme le Varden avait exempté de cette brève et futile conversation, elle reporta aussitôt son attention sur lui. Ses doigts gantés pianotaient frénétiquement sur son bureau en bois tandis qu'elle cherchait tout de même une solution qui satisferait peut-être son interlocuteur. Peut-être sur le moment serait-il déçu une fois de plus, mais elle avait été claire. Dans l'état actuel des choses, relever ce défi ne serait pas sage de sa part.

- Toutefois, je reconsidèrerai votre demande. Pas aujourd'hui, ni demain, mais un jour où nous pourrons rivaliser d'habileté. En attendant, entraînez-vous sans relâche et gagnez en expérience, recommanda-t-elle en s'asseyant à nouveau sur sa chaise. Et surtout, veillez à soigner correctement cette épaule et à vous reposer, ai-je été claire Nénharma-Elda ?

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