La venue d'un nouveau soldat dans les rangs. [Pv Elenoy]

Aerandir avait fini de ranger ses affaires dans sa nouvelle pièce à vivre chez les Vardens, quand soudain la porte s'ouvrit.

"Ne pouvez-vous donc pas frapper avant d'entrer ?" fit Aerandir avec humour.
"Veuillez m'excuser de mon impolitesse, mais c'est urgent monsieur !"

Aerandir se retourna et vit un soldat, il était frêle et semblait essoufflé. Il tenait dans sa main un rouleau de parchemin, surement une missive pour lui.

"Prenez la peine d'entrer et de vous asseoir" fit Aerandir en lui avançant une chaise.
"Je...je ne p..." puis il fit coupé.
"Je vous en prie, évitez les politesses avec moi, asseyez-vous."

L'homme pris place devant Aerandir qui commençait à s'habiller de son armure.

"Je n'attendais pas de visite de si tôt. Vous êtes rapide !"
"Seul les messages de la plus haute importance sont envoyées si rapidement monsieur. Voici un rouleau que mon maître m'a demandé de vous remettre, je ne sais pas ce qu'il contient, mais il a un rapport avec votre Reine."

Un étonnement se fit lire sur le visage d'Aerandir. Que pouvait-on bien lui vouloir qui aurait un rapport avec la Reine des elfes ? Il allait bientôt le savoir.

"Bien. Je vous remercie et vous prierais de me laisser seul."

Aerandir pris quelques pièces de sa bourse qu'il donna à son invité. Il hocha la tête pour remercier puis s'en alla. Aerandir seul dans ses appartements commença à lire le message inscrit sur le rouleau de parchemin. C'était une écriture manuscrite en elfe.

Citation :

Chère Aerandir,

Vous êtes maintenant un Varden et pour vous remercier de votre soutien envers notre cause, moi, Reine du royaume des elfes, vous invite à me rejoindre au centre de farthen Dûr. Tout elfe vardens nouvellement recrutés depuis-peu devra se présenter. La raison de ce rassemblement vous sera donnée quand vous aurez fait acte de présence.

Que pouvait bien vouloir la Reine aux nouveaux soldat Vardens-elfe ? Le seul moyen de le savoir était de se présenter devant-elle à l'endroit indiqué.

Pour une visite de si haut rang, Aerandir décida pour une fois de montrer l'insigne de son clan via une cape qu'il accrocha dans son dos. C'était une cape qui faisait partie des habits de noble de sa famille, mais qu'il ne portait que pour les grandes occasions, bien que sa famille lui faisait honte, un signe de noblesse ne lui ferait pas de mal. Après avoir terminé de mettre son armure, il prit son arc qu'il accrochât dans son dos ainsi que son carquois et ses flèches et finit par mettre son épée dans son fourreau. Il n'oublia pas d'accrocher à sa chevelure deux perles précieuses. Il finit par ce coiffer convenablement, ces quatre années à chercher les Vardens ne lui avaient pas réussies.

Fin prêt pour se présenter, il sortit et ferma la porte derrière lui. Le centre du volcan Farthen Dûr n'était pas très loin, il ne lui fallut qu'une heure de marche. Arrivé à l'endroit prévu, beaucoup de femmes et d'hommes humains étaient rassemblés autour d'un petit groupe d'elfe alignés face à la Reine. On fit signe à Aerandir de s'approcher et d'entrer dans ce cercle pour ce joindre aux autres elfes. Quand tout le monde fut réunît, chaque elfe, y compris Aerandir mirent un genou à terre, la tête basse et saluèrent leur Reine, Elenoy.

Que nous préparait-elle et pourquoi y avait-il autant de monde rassemblé ?

En ces premières heures de l'après-midi, un long cortège déambulait à travers Farthen Dûr. Une dizaine de soldats marchaient la tête droite, lances à la main, le regard fixe. Ils formaient un cercle parfait, protégeant ainsi la femme qui se trouvait en son centre. Cette dernière semblait tout aussi stoïque, se contentant de suivre ses gardes jusqu'à leur point de rendez-vous. La main droite sur la hanche, elle laissait ses doigts à proximité de son épée. La jeune femme portait une cuirasse étincelante faite de lamelles argentées, une cotte de mailles et des grèves. Sous son bras libre, elle tenait un casque de belle manufacture, orné de deux opales blanches et d'une émeraude. Dans son dos, tombait une cape beige au liserai vert. Sa chevelure brune ondulait selon ses pas, retombant allègrement sur ses épaulettes scintillantes. A ses côtés, un homme à la carrure imposante inclina son buste dans sa direction.

- Nous sommes presque arrivés votre Altesse.
- Je vous remercie de votre bienveillance capitaine, mais l'endroit m'est familier.

En effet, ce n'était guère la première fois qu'elle traversait les allées menant au centre de la cité. D'ordinaire, Elenoy aurait fait chemin seul. Or, aujourd'hui, on avait cru juste de l'empêtrer de cette troupe d'hallebardiers à la limite de l'inutile. Mais qu'importe, il fallait supposer que sa sécurité passât avant son confort personnel.
Heureusement, ce manège grotesque eût tôt fait de se finir. Comme l'avait prédit le capitaine, ils furent enfin rendus à destination. Au centre de Farthen Dûr, déjà quatre elfes se tenaient là. Lorsque la reine juvénile atteignit leur regard, ils s'empressèrent de s'incliner : ce que la demoiselle accueillit d'un signe de la main. Ce léger changement, incita hommes et femmes à s'approcher de plus près, intrigués par leur manège de leurs confrères du Du Weldenvarden. Des chuchotements s'élevèrent, sans que cela puisse perturber la dragonnière. Celle-ci faussa compagnie à ses gardiens qui en profitèrent pour éloigner la foule grandissante. Elle vint ensuite se poster face à ces guerriers elfiques qui lui faisaient fièrement face. Sûrement étaient-ils gorgés d'espoir à l'idée de pouvoir participer pleinement au conflit contre l'Empire. Cette pensée soutira un sourire à la guerrière tandis qu'elle attendait patiemment que les derniers soldats qu'elle avait convié daignent se présenter.

Ce ne fut qu'après cinq minutes que la troupe fut rassemblée. Un elfe aux cheveux blancs, arborant une armure impeccable, fut le dernier à arriver. Dans son dos, Elenoy aperçut une cape dont l'emblème lui était bien familier. Toutefois, elle ne put s'y attarder plus longtemps. Tout en passant brièvement une main ganté dans ses cheveux, elle s'éclaircit la gorge afin que sa voix puisse couvrir le petit brouhaha qui s'installait parmi les spectateurs.

- Mes chers confrères, je vous remercie tout d'abord d'avoir répondu à la missive que je vous ai expressément envoyé il y a de cela quelques instants. D'ordinaire, ce rassemblement n'aurait pas été ordonné de ma plume, mais de celle d'un général de notre glorieuse armée. Toutefois, j'ai eu vent des capacités dont vous disposiez tous et je tenais à m'en assurer par mes propres moyens, expliqua-t-elle en parcourant le petit groupe de ses iris bleutés. Car, vous l'aurez constaté, aucune épreuve ne vous a été imposée jusqu'à ce jour afin de tester vos compétences au combat : il me fallait tout d'abord voyager jusqu'aux Beors. Ainsi, je vous annonce qu'en cette journée, vos aptitudes seront évaluées par mes soins et ceux du capitaine des gardes royaux.

Pour soutenir ses dires, la reine des elfes tendit le bras vers l'homme qui s'était adressé à elle peu de temps auparavant. Puis, sa main glissa sur le pommeau de son épée qui pendait dans le fourreau à sa hanche. Elle en sortit une arme d'une manufacture exemplaire.

- Mais avant d'observer attentivement l'affrontement que vous mènerez dans peu de temps, l'un d'entre vous viendra engager le combat contre ma personne.

Un éclair de surprise traversa les yeux des guerriers. Néanmoins, ils firent preuve de bienséance et n'exprimèrent aucune protestation. Elenoy en profita dès lors pour continuer sur sa lancée. La pointe de son épée en avant, elle désigna aussitôt celui qui viendrait à lui faire face. Le sort vint à se poser sur l'elfe à l'allure chevaleresque et à la cape seigneuriale.

- Nénharma-elda, veuillez approcher je vous prie, ordonna-t-elle calmement.

Elle était là à se tenir devant eux, noble avec une posture digne des plus hauts rangs de notre société. Aerandir se sentait très petit à côté, il n'était qu'un pion qu'on déplaçait sur l'échiquier à sa guise après tout. Il tenta t'en bien que mal de rester la tête sans émotion malgré la présence de la Renne, beaucoup aurait aimé la voir devant-eux et seulement un petit nombre avait cet honneur.
Après quelques glorieuses paroles, elle apprit aux guerriers ce qui les attendaient puis divulgua une information que nulle personne ne pouvait ignorer, elle allait elle-même participer aux combats contre une personne. Une goutte de sueur coula le long du front d'Aerandir et la chaleur n'arrangeait rien.

*Comment réagirais-je si elle me choisirait. Je dois rester la tête haute et garder mon sang froid.*

Elle fit quelques pas et scruta les elfes postés devant-elle. Tous savait qu'une Renne ne pouvait entrer au pouvoir que si sa force et sa bravoure étaient prouvées, ce qui donnerait du fil à retordre à son adversaire et si cela ne suffisait pas, elle était dragonnière. Pendant quelque seconde un silence sans fin parcourait l'assemblée. Sur le visage de chaque elfe se lisait la peur, la surprise et l'excitation. La réponse à la question, qui sera choisi, n'était qu'une question de seconde.
Sa majesté pointa sa lame en direction des elfes, surement pour en choisir un. Aerandir leva la tête très doucement et aperçut la pointe d'une épée d'une rare beauté qui le fixait. Les elfes avaient gardé le même talent pour forger les armes depuis des décennies.

"Nénharma-elda, veuillez approcher je vous prie"

C'était-lui. Un sentiment bizarre le parcourait, la peur ? Non, seulement un mélange d'excitation à l'idée d'être choisi, mais aussi de la stupeur. Pourquoi-lui ? Nul ne le sait, peut-être avait-il fait bonne impression après-tout.
Décidé à ne pas la faire attendre, Aerandir fit un pas en avant et se pencha en signe de respect. Il était à la foishonoré et gêné d'avoir été choisi. Il tourna les talons vers sa droite et s'arrêta devant un garde.

"Je te confis mon arc, mon carquois et ma cape, prends-en soin."

Confiant, il se sépara de ses biens qui n'auraient fait que l'encombrer et revint se poster devant Elenoy. Le regard fixe, il fixa la Renne droit dans les yeux puis pris la parole.

"C'est un honneur d'avoir été choisi parmi d'autre votre Altesse et je ferais en sorte de ne pas vous décevoir. Je sais que votre pouvoir est grand et donc, je ne retiendrais pas mes coups. Êtes-vous toujours aussi certaine de vouloir prendre ce risque ?"

Aerandir était confiant, peut-être trop d'ailleurs. Peut-être avait-il passé toute sa vie à étudier la magie et l'art de combattre, mais jamais encore aujourd'hui il n'avait pu mettre ses connaissances en pratique, mis à part contre ses maîtres. Aujourd'hui était l'occasion rêvée, bien que ce combat se révélera surement difficile et peut-être même le conduira-t-il à décevoir plusieurs personnes.

Une fois qu'elle eût fait s'estomper le bref moment de suspens, Elenoy vit qu'elle avait brisé l'espoir de ceux restés immobiles face à elle. Un combat contre la Reine des elfes, ce devait être fort excitant. Cette hypothèse amusa la jeune femme, qui se garda pourtant de le faire remarquer. Depuis, son bras s'était abaissé près de sa hanche, continué par l'épée trop longtemps laissée pour compte. La royauté avait retiré à l'arme son lot de batailles épiques ; cette altercation allait lui permettre d'assouvir sa soif de combat, ainsi que celle de sa propriétaire.
Patiente, la dragonnière observa son adversaire nommément désigné qui se défaisait de son attirail ; en effet, seule sa lame lui serait d'un quelconque secours. Profitant de ce court laps de temps, la bretteuse fit signe au garde royal de s'occuper des autres recrues. Ces derniers n'avaient pas besoin d'assister pleinement à cette joute entre les deux elfes. Ils furent donc emmenés dans un des nombreux champs d'entraînement mis à la disposition des guerriers vardens. Dans un cliquetis d'armures et d'épées, ils s'éloignèrent lentement du centre de Farthen Dûr. Toutefois, la foule n'en profita pas pour s'éclipser totalement. Elle se divisa, suivant la troupe d'elfes et restant sur place pour contempler le combat qui n'allait pas tarder à commencer.

- Les jeunes recrues, suivez-moi, déclara l'homme en armure tout en faisant signe aux dites recrues. Je vais m'occuper personnellement de votre test en attendant que le combat de Sa Majesté prenne fin.

Puis, Aerandir rejoignit enfin la reine juvénile. Celle-ci se tenait prête, sa main libre appuyée contre sa hanche gauche. De ses yeux outremer, elle inspectait la posture de son futur opposant. Il se tenait bien, d'une position assurée. Ses paroles vinrent confirmer la confiance qui se lisait en lui. Cette fois, ce fut un sourire franc qui s'esquissa sur les lèvres d'Elenoy. De par sa façon de parler, elle en attendant désormais beaucoup de sa part. Tout ceci risquait de s'avérer fort attrayant. Ce fut d'ailleurs le même sentiment qui se répercuta dans la foule aux alentours. Certains curieux voulurent se rapprocher encore plus, cependant ils furent stoppés par les gardes qui avaient escortés la demoiselle. Il fallait après tout laisser une distance raisonnable afin que les adversaires puissent se mouvoir librement.

- Je l'espère aussi, même si votre nom témoigne de votre habileté à votre place Nénharma-elda. Et je n'en attendais pas moins de votre part. Je me permettrai même de vous recommander de ne pas m'accorder la moindre faveur de par mon rang de souveraine.

Sur ce, la dragonnière tourna le dos à son interlocuteur. Elle s'éloigna d'une dizaine de pas, créant un vide entre eux comme l'art du combat à l'amiable l'exigeait. Elle fit ensuite volte face, sa cape s'enroulant autour de sa taille avant de revenir se poser dans son dos. Le heaume qu'elle tenait depuis son arrivée roula entre ses mains jusqu'à ce qu'elle le pose sur sa tête. La jeune femme attendit que le nouveau varden soit prêt à son tour avant de reprendre la parole.

- Les règles sont simples. Cette altercation ne demande pas de vainqueur précis, expliqua-t-elle tout en faisant tournoyer le pommeau de son épée dans le creux de sa main. Elle prendra fin lorsque vous aurez prouvé votre valeur au combat. Toutefois, si l'un d'entre nous vient à être blessé, je stopperai aussitôt les hostilités. Maintenant, tenez vous prêt.

A ces mots, Elenoy n'attendit aucun accord pour commencer. En de longues enjambées, elle combla l'espace qu'elle s'était ennuyée à créer pour respecter les normes. Ses doigts s'étaient désormais assurés sur le pommeau de son arme qui oscillait pendant sa course. Son visage de reine bienveillante s'était effacé pour arborer celui d'une bretteuse aguerrie, concentrée sur son objectif. Car si Aerandir comptait y mettre toute son âme, la jeune souveraine comptait en faire de même. Toutefois, afin de démarrer le duel, elle commença par une attaque assez basique, qu'elle compliquerait durant le combat si ce dernier s'avérait fructueux. Ainsi, une fois arrivée à deux mètres de son adversaire, elle exécuta une taillade directe. Mais à la dernière seconde, la pointe de sa lame dévia pour toucher l'épaule droite de l'elfe : un petit avant-goût avant que les choses sérieuses ne débute.

La Renne et Aerandir ce dirigèrent vers un champ d'entraînement Varden. Pendant le médiocre temps de marche, il put enfin ouvrir les yeux émerveillé par la grandeur de Farthen Dûr, bien qu'il ne vit qu'une infime partie. Il était arrivé depuis-peu et n'avait pas eu le temps de regarder où il avait atterri, c'était un endroit magnifique, bien que remplit par la haîne et la guerre. Pas une personne ne se baladait sans arme, même les femmes portaient à leur ceinture au minimum un poignard. La guerre avait tué beaucoup de Vardens et chacun de ces hommes le savaient. Aerandir, ému de voir toutes ces personnes se battre pour vivre jura de faire changer tout ça. Il savait qu'un homme ne pouvait agir seul, mais ensemble, une lueur d'espoir existait.

Un parfum de fleur dans les rues ajoutait une couche de gaieté aux visages des Vardens. Autour de lui, Aerandir pouvait voir des réfugiés venus pour se cacher ou pour trouver une protection en ces lieux. Le paysage alentour à Farthen Dûr offrait une magnifique protection contre les ennemis et il faut avouer que les Vardens avaient bien choisi le lieu. Aerandir n'eut pas eu le temps de continuer à s'émerveiller que La Renne s'arrêta. Quelques individus les entouraient pour observer le futur combat et Aerandir n'aimait pas ça, il avait l'impression d'être un animal de foire, mais si cela pouvait les aider à retrouver espoir... Les gardes écartèrent la foule, au moins, Aerandir n'aura pas à vérifier s'il va toucher un spectateur.

Aerandir fixa son adversaire dans les yeux, il en avait oublié la politesse, mais l'heure n'en était pas à ça. Il devait faire ses preuves et ce ne sera pas une mince affaire pour lui. La Renne s'éloigna de quelques pas, le combat allait commencer. Dans un bruit de métal, Aerandir sortit son arme, les reflets bleus imprégné dans l'arme luisaient au soleil alors que quelques rares pierres précieuses de la taille d'un petit cailloux -mais d'une pureté rare- montraient leurs couleurs sur la garde. L'arme n'avait jamais servie, mais son âge ne l'avait pas abîmé.
Aerandir prit une des nombreuses poses de combat qu'il connaissait et se prépara à une éventuelle attaque qui ne tarda pas à venir. Surprit par une attaque, Aerandir ne la para qu'au dernier moment. Elle avait atteint son épaule droite, mais ce n'était pas sérieux, une simple éraflure. Il recule d'un pas vif puis laissa baisser l'adrénaline qui était montée d'un coup. Sa position de combat reprise, il prit la parole.

"Cela fait deux fois que vous m'appelez Nénharma-elda, vous considérant comme un adversaire et non comme une Renne pendant ce combat, je vous demanderais de m'appeler Aerandir par la suite si cela ne vous dérange pas, laissons les titres honorifiques de côté." puis il lâcha un "votre altesse" avec ironie avant de charger son adversaire.

Tant de personne aurait aimées voir la Renne de leurs yeux vue au moins une fois dans leur vie, mais aucun n'aurait osé comme Aerandir parler comme il venait de le faire.

*En espérant qu'elle ne le prenne pas mal et que notre altesse ne soit pas vexé* pensa-t-il en montrant un sourire de côté.

Aerandir prit soin de bien fermer les portes de son esprit pour que nule personne ne prévoit ses futurs mouvements, mais n'osa pas essayer de pénétrer dans celui de la Renne. Bien que cela pourrait lui apporter un avantage très grand, violer les pensées d'une personne de haut rang était inacceptable. Il se contentera donc de foncer à l'aveugle et de laisser ses talents de magicien de côté pour se concentrer sur du combat pur, bien que cela lui déplaise.

Fini la réflexion, il était à porté pour frapper son adversaire. D'un coup rapide et latéral, il abattit sa lame sur la Renne.

*En coup basique en vaut en autre.* pensa-t-il.

A la réponse de son adversaire, la bretteuse ne put s'empêcher d'hausser un sourcil sous la surprise. Il était vrai que personne n'aurait osé lui parler de la sorte de par son rang de souveraine. A Ellesméra, aucun elfe n'osait vraiment l'appeler par son prénom. On ne voyait que Sa Majesté, et jamais Elenoy Sil'Wing. Cela ne fut donc pas pour lui déplaire et elle n'en fut pas offusquée. Car avant d'être reine, elle avait été dragonnière et femme libre. Les paroles rustres, les appellations basiques, elle avait connu tout cela. Avant de s'habituer aux manières de la haute société, elle avait côtoyé les hommes, les vardens... Et les brutaux soldats empiriens l'ayant traité de tous les noms. La petite pointe d'ironie fut alors accueillie d'un soupir amusé qui glissa entre ses dents. Ses gestes toujours assurés, la demoiselle préféra tout d'abord assurer sa position avant de répondre quoi que ce soit. Une fois son attaque repoussée, elle recula son buste afin d'avoir une meilleure vue sur les mouvements d'Aerandir. Elle put ainsi constater qu'il s'apprêtait à attaquer son tour. Elle était prête, les sens aux aguets. Inconsciemment, durant le bref instant de répit dont elle disposait, elle resserra ses doigts fins sur l'arme qu'elle tenait. Anticiper les actions de l'elfe allait s'avérer primordial par la suite. C'est pourquoi la jeune femme apportait une grande attention à la totalité de son corps : son jeu de jambe, sa posture, l'angle de son arme... Tout ceci témoignait d'une bonne expérience, cela paraissait évident.

*- Arrête d'observer et passe à l'action voyons, s'exclama soudain une voix grave dans son esprit.*
*- Je ne suis pas là pour prouver ma force Miremel, mais pour tester la sienne.*
*- Ah c'est bien dommage !*

L'intervention de la dragonne brune eût néanmoins l'effet escompté. Rester trop longtemps sur des coups basiques risquait d'être ennuyant à la longue. Il fallait qu'elle pousse son opposant à se retrancher dans ses limites afin qu'il puisse non seulement les connaître, mais aussi les dépasser à l'avenir. C'est pourquoi, aussi vite que ses réflexes le lui permettait, la reine juvénile dévia sa lame afin que celle-ci rencontre celle d'Aerandir. Les deux armes s'entrechoquèrent dans un bruit de métal ; heureusement qu'Elenoy avait raffermi sa poigne quelques secondes auparavant ! Elle sentit son bras s'incliner légèrement dans sa direction avant qu'elle ne repousse violemment son adversaire. Elle repartit aussitôt à l'assaut, obligeant à nouveau les deux épées à se croiser avec fracas. Le visage serein, les yeux rivés sur ceux d'Aerandir alors que leurs armes respectives se frictionnaient l'une contre l'autre, elle murmura :

- Comme il vous plaira. Laissons donc l'ivresse du combat balayer les formules de politesse l'espace d'un bref instant.

Ses paroles s'envolèrent pour finir par se perdre dans le brouhaha de la foule environnante. Cette dernière s'était d'ailleurs sûrement agrandie depuis le commencement du duel. Cependant, ce n'était pas pour déranger la dragonnière. Une petite foule d'hommes et de femmes profitant de ce petit moment de divertissement n'avait rien de désagréable. Et tant que les soldats resteraient à leur poste, aucun débordement n'était à prévoir. Des enfants avaient beau tenté de se faufiler entre leurs jambes, ils étaient systématiquement attrapés et remis dans la masse de spectateurs. L'arène dont ils disposaient tout deux était alors vaste, formant un cercle d'une vingtaine de mètres tout au plus.
Ainsi, la bretteuse restait immobile, forçant au mieux sur son épée. Profitant de ce moment d'inertie, la jeune femme murmura le premier mot en ancien langage qui lui vint à l'esprit. Une suite de phrases, incompréhensibles pour les hommes vardens inexpérimentés, s'échappa de sa bouche. Cela eût pour effet de liquéfier le sol sous les jambes de son opposant. En prévision d'un quelconque regard étonné, la souveraine sourit de nouveau d'un air sibyllin.

- Je ne me souviens pas avoir déclaré explicitement que la magie serait prohibée durant notre altercation, souligna-t-elle en se reculant d'un pas tout en lâchant à son tour avec le même ton ironique amusé "Aerandir".

Un petit sort de rien du tout, facilement rattrapable assurément. Mais cela signait le début des hostilités, celles où magie et escrime allaient se mélanger pour créer -Elenoy l'espérait- un combat digne de ce nom.

Elle murmura des mots imperceptibles par Aerandir et quelques secondes plus tard, le sol sous ses pieds se liquéfia. Aerandir fut surpris, mais pas impressionné. A partir de maintenant, la magie vennait de prendre sa place dans le combat et Aerandir allait enfin pouvoir montrer sa vrai valeur et sa vrai force, un mélange de corps à corps et de magie allait naître, une nouvelle manière de combattre dont Aerandir en avait le secret.

Aerandir prononça "rïsa !" puis de l'air se mit à tournoyer sous ses pieds, il fut soulevé hors du liquide créé par Elenoy.

"J'espère que les limites de votre pouvoir ne s'arrêtent pas à si peu. Trêve d'échauffement, je vais vous montrer de quoi est capable un enfant de la famille Nénharma."

Quarante ans ! Tant d'années passées à apprendre l'art de la magie pendant que d'autre jouaient avec leurs amis. L'amitié, qu'est-ce ? Aerandir n'avait pas eu la chance de connaître cela, tout ce qu'il connait, c'est le combat. Il a consacré toute sa vie à apprendre à manier l'épée et la magie. Pourquoi ? Pour défendre un peuple qu'il ne connait même pas ? Aujourd'hui qu'il avait l'occasion de prouver sa valeur à défendre ce peuple, il avait la possibilité de pouvoir utiliser ses qualités de magicien et de guerrier, il n'allait pas laisser passer cette chance.

La foule s'agitait, les soldats avaient du mal à les retenir, la magie les avait exité comme des puces et les soldats ne pourraient s'en sortir seul, il fallait terminer le combat très rapidement. Il aurait très bien pu lui briser les jambes avec un sort direct, mais elle pourrait riposter, puis le jeu n'en est que plus marrant si la grâce est au menu du jour.

"Jierda" marmonna Aerandir, un sourire au coin des lèvres, puis il planta son épée dans le sol. Un cercle se forma autour des deux jeunes gens. Un vide de deux mètres entre eux et la foule, ce cercle réduisait considérablement la taille de l'arène.

"Le combat n'a que trop duré, notre espace étant réduit, je te propose de ne pas quitter cette surface, finissons-en vite."

Cinq mètres de rayon, telle était la taille de cet "espace". Les deux adversaires se regardaient droit dans les yeux, attendant chacun une erreur de la part de l'autre. Soudain, Aerandir s'approcha très rapidement d'Elenoy, les deux fers se croisèrent. Dans un geste élégant, il se baissa, laissa pivoter sa lame dans sa main pour se retrouver derrière son adversaire étonné de cette manoeuvre, il profita de l'effet de surprise pour tenter de lui sectionner les tendon. Il était trop tard, Elenoy était déjà retourné et son épée allait trancher Aerandir, une seule solution s'offrait à lui pour éviter le coup, son épée était trop loin.

"Skölir Stenr !!". En un éclair, un mur de pierre était apparu entre eux et bloqua l'attaque d'Elenoy. Aerandir recula jusqu'à la limite de l'espace qu'il avait réduit et reprit son souffle. L'utilisation de la magie aussi rapidement l'avait fatigué.

"Quelle rapidité, je n'en attendais pas moins de vous. Après mon attaque je pensais avoir le dessus mais j'avais tort. Je pense vous avoir trop sous-estimé. Je ne me ferais pas avoir deux fo... "

Il fut coupé dans ses paroles quand il sentit du sang couler les longs de son arcade sourcilière atteignant sa joue. *Impossible*, pensa-t-il, *J'avais parfaitement bloqué son arme, apparemment, ma rapidité d'action ne m'aura pas permit de sortir indemne de cette attaque.*

Aillant perdu l'envie de parler, il reprit une posture de combat et attendit que son adversaire réagisse.



(HRP : Désolé, ce RP est fait à la va-vite, je ferais mieux la prochaine fois.)

Dès que son adversaire eût compris le nouvel enjeu qui s'instaurait dans le duel, Elenoy vit les évènements s'enchaîner à vive allure. Ses réflexes de dragonnière et bretteuse aguerrie prirent le dessus sur l'analyse détaillée d'Aerandir. Apparemment, la magie était l'un de ses nombreux domaines et il sut le montrer habilement. Lorsqu'il s'extirpa de la plaque boueuse, la jeune femme en fut soulagée. Ne pas déjouer ce piège basique aurait été consternant pour un elfe. Et voilà qu'il l'a provoquait ouvertement en mettant en doute ses capacités magiques ! Cela signifiait jouer avec le feu. Car la fierté d'une guerrière était tout ce qu'il y avait de plus sacré. Bien, les choses sérieuses pouvaient dès lors commencer. S'il désirait faire en sorte que ce combat prenne fin, elle allait l'y aider avec un certain plaisir.
Pourtant, le test continuait. Il fallait d'abord savoir jusqu'où son endurance magique ainsi que ses capacités le portaient. Trois sorts à la suite, c'était bon. Lorsque le sol commença à s'effriter pour s'écrouler autour d'eux, la souveraine fut un tantinet surprise. Quant à la foule, elle en fut muette de stupéfaction. Les bousculades s'interrompirent l'espace d'un instant, avant de reprendre mais de moindre intensité. Ce sort avait eu pour effet d'apaiser l'agitation de leur public. Un peu de répit pour pouvoir se concentrer... finalement, ce n'était pas refus. Elenoy n'accorda néanmoins aucune attention à leurs spectateurs. Elle était bien trop obnubilée par les mouvements fluides de son opposant. Celui-ci se mouvait avec aisance dans l'espace restreint qu'il avait créé quelques secondes auparavant. Or, les gestes de la demoiselle l'étaient tout autant, ce qui corsait le combat. Lorsqu'il fit une feinte à la fois ingénieuse et audacieuse, elle due se retourner aussi vite que possible afin d'éviter de perdre l'usage momentané de ses jambes. Afin de riposter comme il se doit, elle coupa cette tentative par une attaque éclair, lame à l'horizontal.

C'est à ce moment que le mur de pierre vint à bloquer son coup. La lame ricocha contre la barrière et retourna immédiatement en direction de sa propriétaire. Celle-ci haussa un sourcil mais n'en fut pas déstabilisée pour autant. Les paroles d'Aerandir eurent le mérite de la faire sourire. La dragonnière remarqua à peine qu'il s'était interrompu dans sa phrase et lui répondit du tac au tac :

- Je vous en remercie. Après tout, je ne suis point devenue dragonnière de par mon sang, mais par mes compétences. Maintenant, si vous me le permettez, je vais accéder à votre requête et avancer la fin de notre passionnant duel.

Levant le bras en direction du mur et un simple "Stenr Jierda" franchit le seuil de ses lèvres. A ces mots, la pierre vola en éclats, tout en évitant de blesser Aerandir ou les Vardens aux alentours. Une fois, la voie dégagée, la reine juvénile put constater l'estafilade de sang qui longeait le visage de l'elfe. Etait-ce son coup de tout à l'heure qui avait su trouver sa cible ? Bien que ce soit étonnant, la bretteuse ne s'en accommoda pas plus d'une seconde. Elle avait une altercation à mener, et cette petite égratignure n'allait pas suffire à la stopper dans son action. Maintenant que son adversaire avait montré de quoi il était capable, c'était à son tour de lui révéler à quoi il devait s'en tenir en combattant une dragonnière. Aussi vive qu'à l'ordinaire, elle combla l'écart entre eux d'un seul pas. Son épée trancha le vent qui sifflait à son contact. La pointe de son épée rivée sur les côtes de son opposant, Elenoy anticipa l'une des quelques possibilités qui s'offraient à Aerandir, lui qui était collé au bord de l'arène. Il évita bien évidemment son coup en se décalant, ce qui fut la réaction attendue par la demoiselle. Ainsi, les positions s'interchangèrent : c'était au tour de la jeune femme se retrouver cernée. Mais la croire dans une mauvaise position était mal la connaître. Aussi vite que possible, elle bondit de ses jambes agiles et félines. Tout son corps, aidé par un vent brusque qu'elle avait invoqué par l'usage de l'ancien langage, put ainsi s'élever à environ trois mètres d'altitude. La silhouette à la verticale, l'elfe se retrouva la tête en bas, et le bras armé tendu vers son adversaire. La lame toucha l'épaule d'Aerandir, épaule même qui s'était faite touchée à la première attaque ayant engagé le duel.
Seul l'effet de surprise avait conclu la réussite de ce coup. Lorsqu'Elenoy retomba sur ses pieds, il ne s'était écoulé un temps très bref, un éclair de secondes. Elle reprit sa posture habituelle, altière, et constata que son heaume avait quitté sa tête, roulant aux pieds de l'elfe et nouveau varden. Ses cheveux en avaient dès lors profité pour s'éparpiller sur son visage, une mèche de cheveux s'étant coincée sur sa lèvre inférieure. D'un geste rapide, elle les remit en ordre et inspecta le duelliste qui lui faisait face.

- Comme je l'avais dit précédemment, si l'un de nous est blessé le combat prend fin immédiatement. Je ne pense pas qu'une plaie au niveau de l'épaule puisse vous permettre de continuer ainsi.

Puis, sans attendre l'accord du dit blessé, la souveraine fit signe à l'un des gardes de s'approcher.

Une magnifique acrobatie, aucun autre mot n'aurait pu qualifier cela. Tout c'était passé si vite qu'Aerandir n'avait pas eu l'ombre de parer de coup ou même de le voir venir. La lame de la Renne traversa sans difficulté la fine armure que portait Aerandir et s'attaqua à la peau. Aerandir sentit la douleur monter petit à petit. Il observa l'entaille, elle était profonde et lui faisait horriblement souffrir à chaque mouvement du bras, par malchance, c'était son bras porteur. La douleur lui fit mettre un genou à terre. La Renne mit fin au combat et fit signe à un de ses soldats d'approcher. Aerandir se releva, bien que difficilement, du sang se mélangeait à sueur du combat et coulait à flot.

"Sauf vous manquer de respect ma Renne", fit Aerandir en faisant preuve de politesse, "si mon bras droit ne peut plus porter mon arme, il ne me suffit que de changer de main."

Puis il commença à s'approcher de la Renne, comme pour continuer le combat. Avant d'avoir pu changer de main son arme, le garde l'en empêcha, le bloquant avec sa main sur le torse.

"Vous êtes trop blessé, vous ne pouvez continuer ce combat !"

Aerandir le saisit alors de la main gauche, comme pour le soulever puis le menaça de son arme sous son cou.

"Sache, humain, qu'un homme de ton rang n'a pas d'ordre à me donner et n'a encore moins le droit de me toucher !" fit Aerandir agacé, puis reprit plus calmement. "Mais si telles sont les volontés de Sa Majesté..." fit-il d'une voie désespéré.

Il poussa le soldat loin de lui puis planta son épée au sol. Son genou droit se plia lentement pour toucher la pierre et il s'inclina tel un chevalier l'aurait fait pour son roi. Aerandir était déçu, il avait le sentiment de ne pas avoir été à la hauteur et de finir comme simple valet ou coursier comme celui qui lui avait rendu visite, plus tôt dans la mâtiné. Lui qui se surestimait et qui était sûr de lui avait changé après ce combat, il était désespéré... Soudain, du sang coula de plus en plus rapidement sur lui, sa plaie ne se refermait pas et il n'avait pas la force de la soigner, même s'il l'avait voulu. Indigne de porter l'insigne de son clan ; voilà comment Aerandir se considérait. Il enleva l'armure qui protégeait ses avants-bras ou était apparent le dragon, signe de sa noblesse et le jeta en direction de la Renne.

"Aujourd'hui, vous m'avez montré que ma force n'était pas celle que je pensais. Toute mon enfance fut consacrée à apprendre à me battre pour qu'un jour l'insigne de ma famille me soit mérité. Je pensais être digne de le porter, mais aujourd'hui, j'en pense tout autrement."

Puis il rebaissa la tête, toujours agenouillé devant la Renne. La douleur était devenue insupportable et il commençait à tanguer. Des étoiles devant les yeux, il commença à vaciller de droite à gauche. Il résista tant bien que mal à tomber dans les vapes, mais c'était trop fort, il se battait encore une fois contre plus fort que lui. Il s'écroula, il avait perdu trop de sang. Il faisait beau, le vent passait entre ses cheveux. Les souvenirs de son enfance repassèrent devant ses yeux, le temps passé à s'entrainer, sa famille, ses maîtres, l'acquisition de ses armes jusqu'à son arrivée chez les Varden et son combat. Il avait été faible, mais un jour *je deviendrais plus fort*.

Qui tomberait dans les pommes avec si peu ? Peut-être que son manque d'expérience en était la cause...

Elenoy resta silencieuse lorsque l’elfe chercha à s’opposer à sa décision. Or, ceci n’avait été ni une supplication, ni une proposition : c’était un ordre direct d’une souveraine à un membre de son peuple. Son épée avait entre temps retrouvé sa place dans le fourreau qui pendait à sa hanche. La pointe de l’arme était maculée de sang. Les bras croisés, la jeune femme attendait qu’Aerandir reprenne le contrôle de ses émotions. Ce fut le soldat qui en paya le prix. Il fut repoussé violemment, manquant de basculer dans le vide qu’il avait pris soin d’enjamber pour entrer dans l’arène. Bien qu’étonnée par ce comportement véhément, la reine se retint d’intervenir. Pour l’instant, le nouveau Varden était trop indigné pour l’écouter sans protester. Ce ne fut que lorsqu’il s’agenouilla que la dragonnière se détendit. Son visage, bien qu’inexpressif, se radoucit légèrement ; le pli soucieux qui s’était dessiné au préalable sur son front s’évanouit.

*- Eh bien, quel tempérament de feu ! S’exclama Miremel qui avait suivi tout le combat par la pensée.*
*- Il faut le comprendre. Il a été déçu par sa performance, c’est souvent difficile à admettre.*

Soudain, l’armure éclatante d’Aerandir vola aux pieds de la bretteuse. Celle-ci baissa les yeux vers les plaques de métal désormais inutiles. Elle y vit le dragon, magnifiquement ouvragé. Néanmoins, elle se garda pour l’instant de ramasser ce qui ne lui appartenait pas. Elle écouta les paroles de l’elfe et fut impressionnée de voir comme sa leçon avait rapidement su toucher son destinataire. Qu’il ait retenu ça était, à ses yeux, le plus important. Une fois cette révélation faite, Elenoy était persuadée que son adversaire saurait améliorer ses compétences. Il lui avait juste fallu de connaître ses limites pour qu’il progresse. Rassurée, la souveraine se rapprocha lentement de lui. Elle posa délicatement une main sur son épaule tout en le fixant de ses yeux bleutés.

- Que vous vous soyez rendu compte de vos erreurs vous permettra de devenir plus sage et fort, fit-elle remarquer alors qu’elle sentait la silhouette sous sa main vaciller. Mais maintenant, sachez prendre le repos dont votre corps a besoin.

La jeune femme douta que ses paroles eurent atteint l’elfe qui, subitement, s’écroula entre ses mains. Le sang coulait abondamment de son épaule blessée, et il fallait agir dans les plus brefs délais. Afin de stopper ce saignement incessant, l’élémentariste avança ses doigts gantés vers la plaie. Elle écarta les morceaux de tissus qui se mélangeaient au liquide visqueux, qu’ils ne puissent infecter la chaire. Un simple « Waise Hell » fut prononcé, ce qui permit déjà au sang d’endiguer sa course le long du bras d’Aerandir. Puis, bien qu’agacée de devoir le faire, Elenoy fit signe au garde de revenir sur-le-champ. Celui-ci s’empressa de retraverser la faille béante et profita de l’inconscience de l’elfe pour le charger sur son épaule. Un autre fut interpellé afin de ramasser l’armure qui traînait à terre. Et tandis que les deux hommes emmenaient leur blessé en direction de l’infirmerie, le reste de la troupe dispersa la foule qui s’agglutinait toujours autour de la scène de combat. La dragonnière, quant à elle, restait seule au milieu de l’arène. Elle se remémorait le duel, les coups utilisés par son opposant. L’espace d’une seconde, elle sourit. Il serait un bon Varden, à n’en plus douter. Satisfaite de sa conclusion, elle se pencha pour récupérer son heaume qui gisait toujours à terre. Le mettant à l’envers, elle y déposa ses gantelets en argent, libérant promptement ses mains. En quelques pas, la demoiselle rejoignit le bord du cercle. Ses doigts décrivirent une ligne courbe dans l’air et, aussitôt, le sol reprit sa forme d’autant, le vide était à nouveau comblé.

Puisque la reine avait bougé, les fantassins en firent de même. Ils reprirent leur formation autour de l’elfe. Cette dernière, les sourcils froncés, leur jeta un regard irrité.

- Rejoignez plutôt le capitaine afin de vous assurer qu’aucune autre recrue n’a été blessée durant son combat. Je pense pouvoir me déplacer sans crainte jusqu’à l’infirmerie.

Bien qu’hésitants de prime abord, les gardes finirent par céder aux exigences d’Elenoy. Lorsqu’ils se furent enfin éloignés, elle put lâcher un soupir de soulagement. Passant une main sur son front qui perlait de sueur, elle prit donc le chemin jusqu’aux locaux de soins. Il fallait, après tout, qu’elle s’assure de la santé du Varden. Et comme elle l’avait prédit, dans un endroit où personne ne voudrait s’en prendre à elle, ce fut en un seul morceau qu’elle arriva à destination. Cela n’avait néanmoins rien de bien étonnant. A cette heure de la journée, il n’y avait qu’un ou deux guérisseurs qui hantaient toujours les lieux et avec, depuis peu, Aerandir. Celui-ci avait été allongé sur un lit de campement dans le fond de la pièce. Un bandage au niveau de l’épaule supposait que des soins autres que ceux de la souveraine lui avaient été promulgués. Ses affaires, elles, avaient été déposées sur une modeste table de chevet. Calmement, la bretteuse rejoignit la couche de fortune et s’assit sur la seule chaise qui se trouvait à proximité. Les jambes croisées, elle attendit donc qu’Aerandir daigne ouvrir à nouveau les yeux.

Allongé sur un lit de fortune, inconscient, il repensait au fond de lui à son passé. Ses erreurs, ses choix, ses réussites... et songea à son avenir. Il avait fait tant d'efforts, dont le plus grand fut de trouver les Vardens. Il se posa des questions dont personne n'avait la réponse comme : "qu'allait-il advenir de lui dans l'avenir ?", des guerres allaient surement éclater, il serait en plein milieu, mais "que lui réserve son futur ?" Nul ne le sait, mais pour le moment, il devait retourner dans le présent...

Il commença à se réveiller, doucement, puis mis la main à l'endroit habituel où se trouve son épée. Elle n'était plus là ! Il s'assit sur son lit brusquement, de la sueur coula le long de son front, les yeux ouverts, il se demanda où il était. La pièce était toute en pierres taillées et quelques lumières l'éclairaient. Son armure n'était pas sur lui, son arc et son carquois non-plus, ainsi que son épée. Que c'était-il passé ? Puis doucement, les récents évènements lui revinrent en mémoire et sa douleur à l'épaule se réveilla. Les Vardens, le combat, tout lui revint petit à petit. Il se tourna rapidement de côté et fut surpris de voir la Renne, assise à le regarder. Il ne connaissait pas l'endroit où il se trouvait, mais il en déduit que sa défaite l'avait emmenée à l'infirmerie. Un bandage entourait sa blessure, quelqu'un c'était occupé de lui alors qu'il était encore perdu dans ses pensées. Combien de temps avait-il dormi ?

"Ma...Maj...Majesté !" il bégaya, gêné de sa présence. "Que faites-vous ici ? hum... c'est-à-dire, que je ne suis pas très présentable pour le moment, je suis en piteux état ! N'avez-vous dont pas des choses plus importantes à faire que de regarder un elfe s’apitoyer sur son sort ?"

Puis il baissa les yeux, se rappelant sa défaite. Il était toujours déçu de ses performances et se sentait faible et sans intérêt. Aerandir prit la carafe de vin qui était sur le sol à côté de son lit et en but quelque gorgés. La douleur baissa, mais elle était toujours là. C'était une belle blessure que lui avait faite la Renne, elle n'y était pas allée de main-morte. Aerandir tourna la tête vers son bandage puis le retira, la blessure avait disparue. L'utilisation de la magie surement, mais à l'intérieur, plus profondément, la douleur était toujours présente.

"J'ai donc perdu n'est-ce pas ? J'en suis désolé si mes performances vous ont déçus et je m'excuse de mon impolitesse à avoir désobéi pour arrêter le combat, je ne pouvais avouer ma défaite. Ces derniers efforts m'ont coûtés très chères. Mais l'heure n'en ait pas à la discussion, j'aimerais si possible retrouver mon armure, ma cape et mes armes si vous le voulez bien. Ensuite, j'aimerais connaitre votre avis sur mes médiocres compétences que vous avez pu voir aujourd'hui et connaitre votre décision quant à mon intégration chez les Vardens. Si votre décision est négative, je m'en irais de ce pas, sans regrées, en gardant seulement les bons souvenir de cet endroit." déclara Aerandir d'un ton direct et déçu.

Le vin avait fais passer la douleur, mais pas totalement. Il reprit alors quelques gorgés, puis se tourna en direction de la Renne et resta face à elle, attendant une réponse.

Fort heureusement, Aerandir ne mit guère longtemps à reprendre conscience. Une quinzaine de minutes, tout au plus, s'étaient écoulées durant son absence. Pendant ce temps, la dragonnière n'avait pas bougé, toujours assise sur la chaise en bois qui lui faisait office de siège. Quand enfin, l'elfe put engager la conversation, il fit preuve d'une pudeur extrême, mais compréhensible. Cela ne manqua pas toutefois d'amuser son interlocutrice qui se retint d'esquisser le moindre sourire. Au contraire, elle garda une expression sereine et apaisante afin de ne pas gêner encore plus le varden. Par ailleurs, elle fut soulagée de constater que la blessure ne l'élançait plus autant vu son regain d'énergie. La jeune femme savait pertinemment que les soins donnés par les mages humains n'équivalait pas les sorts qu'un magicien elfe aurait su mettre en oeuvre pour soulager l'un de ses confrères. Des séquelles devaient encore être là, quelque part, au plus profond de sa chaire. Pourtant, sur l'heure, il fallait s'en contenter. Après tout, s'il désirait toujours épauler les Vardens, il fallait qu'Aerandir s'habitue à ne pas toujours pouvoir recevoir des soins de premier ordre.
Soupirant faiblement face à la question de l'elfe, la guerrière leva des yeux ennuyés dans sa direction.

- Je pense savoir par moi-même où est ma place et quelles sont mes priorités Aerandir-Elda. Je suis la cause de votre mal et il me semble tout-à-fait approprié, même de la part d'une Reine, que de venir m'assurer de votre santé, souligna-t-elle aussi sereinement que possible.

Dès qu'il prit le pichet de vin à ses côtés, utilisé la plupart du temps comme anesthésique par les soignants humains, Elenoy vit ses soupçons se confirmer. Une douleur persistait toujours quelque part. Elle espérait juste qu'il ne s'agisse pas uniquement d'une blessure de fierté qu'il tentait d'effacer par l'alcool. Puis elle l'écouta. Elle l'écouta s'excuser, expliquer son impertinence. Puis elle l'entendit évoquer une quelconque exclusion des Vardens, prêt à subir la sentence qu'avait choisit la souveraine pour lui. Il demandait aussi des explications sur ce qu'il considérait comme une médiocre performance. Cette remarque fut de trop. Pour la première fois depuis son arrivée à Farthen Dûr, la dragonnière se mit rire. Un son cristallin qui s'échappait de sa bouche, franc qu'elle due couvrir de sa main afin de l'étouffer. Dès qu'elle se fut calmée, elle se leva, sans un mot. La reine juvénile contourna ensuite le lit et attrapa les affaires d'Aerandir qu'on avait soigneusement disposées à côté de lui. De par son prompt réveil, il ne les avait sûrement pas remarquées. Elle posa alors sur la fine couverture en lin la cape, l'épée, l'arc ainsi que l'armure désarticulée. Ses yeux bleutés reportèrent ensuite leur attention sur l'elfe, toujours éclairés par cet accès de gaieté que la bretteuse n'avait su retenir.

- S'il-vous-plaît, arrêtez donc de vous dénigrer de la sorte. Est-ce dont là l'effet qu'une défaite amicale a sur vous ? Vos aptitudes à l'épée sont tout-à-fait honorables, et je suis persuadée que les Vardens sauront pour accueillir chaleureusement en leur sein. Ils ont besoin de guerriers comme vous. Je ne puis m'opposer à votre adhésion quand je sais que vous ferez votre possible pour soutenir notre cause commune à tous.

Lentement, elle rejoignit sa place sur la petite chaise qu'on lui laissait. A côté, son heaume -pourtant d'une splendide manufacture à faire pâlir n'importe quel forgeron humain- était posé à même le sol, touchant l'un des pieds de son dossier. Les mains posées sur les cuissardes de métal qui recouvraient ses jambes, elle reprit la parole sans laisser le temps à l'elfe de rétorquer quoi que ce soit.

- Si vous aviez combattu contre l'une des autres recrues présentes, vous auriez sûrement gagné. Vous êtes très confiant, et c'est une bonne chose. Néanmoins, et vous l'avez vous même constaté, vous m'avez sous-estimée. C'est peut-être là que réside votre plus grande erreur, ajouta-t-elle de manière amusée.
*- Et puis tu n'es pas n'importe qui tout de même ! Nous n'en avons pas bavé à Doru Areaba il y a de cela de nombreuses années pour être battues par de jeunes recrues, renchérit Miremel dans l'esprit de sa partenaire.*

Voilà en quoi se résumait les quelques paroles qu'Elenoy tenait à lui adresser. Abandonner les Vardens lui serait alors inutile. La guerre qu'ils menaient, et ce depuis désormais trop longtemps, avait besoin d'elfes comme Aerandir. Son acharnement au combat et aux entraînements qu'il avait enduré de par le passé sauraient montrer leurs fruits d'ici peu. Mais pour l'instant, c'était de repos dont son épaule endolorie avait besoin et de rien d'autre. A nouveau, la dragonnière quitta sa chaise tout en ramassant au passage son casque à terre. Elle y extirpa les gantelets en argent qu'elle prit soin de remettre à ses mains. Quant au heaume, elle le cala sous son bras, ne souhaitant pas s'en incommoder alors qu'elle n'en aurait plus besoin désormais. Elle baissa ensuite les yeux vers son interlocuteur, toujours assis sur le lit de l'infirmerie.

- Veuillez m'excuser mais je dois désormais retourner à mes occupations. Les autres elfes attendent un verdict eux aussi, et je me dois de leur ôter toute inquiétude, expliqua-t-elle en esquissant un sourire bienveillant. Tenez à bien soigner cette épaule dans les jours qui viennent.

Inclinant la tête en signe de salut, la souveraine tourna les talons. Ses longues boucles brunes suivirent le mouvement avec grâce avant de retomber allègrement sur le dos de son armure. Elle s'éloigna à grands pas, arrivant rapidement à l'entrée de la salle. A son passage, les deux guérisseurs ne manquèrent pas de s'incliner diligemment. Or, alors qu'elle se trouvait dans l'entrebâillement de l'entrée, Elenoy se retourna une dernière fois en direction d'Aerandir.

- Ah et une dernière chose. Je n'oublierai pas de parler de vous à Murtagh avant mon départ pour Ellesméra.

Et sans un mot de plus, elle disparu à travers la foule.

La Renne esquissa un rire qu'elle étouffa rapidement avec sa main. Jusqu'alors, elle n'avait pas rit, et apparemment, elle trouvait le discourt d'Aerandir fort divertissant. Quelques minutes plus tard, elle devait partir retrouver les autres participants pour connaitre le résultat des combats. Elle se retourna, commença sa marche, puis s'arrêta pour dire à Aerandir qu'elle parlerait de lui à Murtagh. Aerandir hocha la tête en signe de remerciement, puis s'allongea sur le lit à regarder le plafond. Les pas de la Renne s'éloignèrent jusqu'à ce qu'il ne fut plus qu'un résonnement lointain.

D'un bond, Aerandir se leva, commença à prendre ses affaires. Des infirmiers vinrent dans sa direction alors qu'il venait tout juste de toucher son épée.

" Vous devez vous reposer, vous êtes encore faibles. "
" Ça ira, je sais ce que j'ai à faire. Et puis, ce n'est pas comme si j'allait me battre, je vais tout simplement voir les résultats. "

L'infirmier se retira, aillant bien comprit qu'il ne pourrait faire changer d'avis l'elfe. Aerandir changea son épée, son arc et son carquois du dessus de son armure, puis posa le tout sur le lit. La métal brillait toujours, mais l'entaille à l'épaule était très large. L'elfe prononça «Arget» et bien que l'armure ne soit pas en argent, le rapprochement était assé grand pour que ce sort répare l'armure sans trop l'épuiser. Il s'empressa d'enfiler l'armure, puis s'arrêta à la dernière pièce du puzzle... le seule qui portait l'insigne de sa famille.

*Apparemment, je le mérite...*

Il enfila l'avant bras droit de son armure, pris son épée qu'il mit à la taille et enfin, son arc et ses flèches dans son dos. Il était fin prêt... enfin presque. Il prit le sceau d'eau où trempaient des serviettes servant à désinfecter et alla le mettre devant une des lanterne éclairant la pièce. Son reflet était visible et l'eau du saut était propre. Il prit de l'eau dans ses mains et s'essuya le visage puis se recoiffa.

*J'espère que je ne serais pas trop en retard.*

Puis il prit au passage sa cape qu'il n'accrocha pas, mais qu'il mis sur son épaule, tel un sac à patate. Il sortit de la pièce d'un pas rapide, maintenant, il fallait trouver le chemin. C'est alors qu'il trébucha et entendit une voix grave lui dire :

" Hey ! Pourriez-pas faire attention ?! " fit un nain, dans lequel Aerandir avait butté.
" Ho... veuillez m'excuser, je cherche mon chemin et ne regarde pas où je marche. "
" Vous cherchez surement où est votre Renne, je me trompe ? "
Puis il enchaîna sans attendre de réponse.
" Si tel est le cas, prenez sur votre droite ici " fit-il en montrant du doigt une allée " et continuez toujours tout droit. j'espère vous avoir été utile ", fit-il en ronchonnant.

Puis il repartit très rapidement, sans qu'Aerandir ne put lui dire un "merci".

*Quel étrange personnage* pensa Aerandir qui venait de prendre la direction que lui avait indiqué le nain.

Après une demi-lieue de parcourut, Aerandir se trouva devant une grande porte, assez grande pour faire entrer un dragon. La porte était ouverte et donnait bien vers les camps d'entraînement Vardens. Il s'approcha, une petite foule était entassée autour des quatre elfes, tous avaient terminés leur combat et apparemment, certains n'en étaient pas sorti indemne. Aerandir s'approcha, puis passa entre les spectateur. Devant les elfes se trouvait la Renne et le soldat qui s'était occupé "d'arbitrer" les combats. Ils n'avaient pas encore commencé leur discourt et Aerandir ne préféra pas se faire remarquer. Il resta donc en deuxième ligne pour apercevoir ce qui se passait, mais aussi pour éviter qu'on ne le remarque.

*Le discourt va bientôt commencer, je serais curieux d'entendre ce qu'il vont dire.*

L'elfe marmonna quelques mots en ancien langage dans sa barbe en restant le plus silencieux possible. « atra eka hórna » (Laisse moi entendre), ces quelques mots suffirent à multiplier son ouïe très fortement et à pouvoir la focaliser sur les elfes, le soldat et la Renne, prêt à écouter ce qu'ils avaient à dire.

Lorsqu'Elenoy fut de retour dans l'arène, elle ne fut pas surprise de constater que tous les combats avaient déjà pris fin. Sur les six elfes restants, deux s'étaient blessés durant l'épreuve : l'un à la hanche, et l'autre se tenait fermement les côtes, ce qui sous-entendait qu'elles devaient être cassées. Toutefois, ils restaient là, immobiles, attendant le verdict de leurs supérieurs. Ils semblaient tous épuisés vu la sueur qui plaquait leurs cheveux sur leur front ruisselant. La jeune femme, quant à elle, n'avait senti que quelques perles d'eau goutter sur son visage. Machinalement, en voyant les soldats ainsi, elle passa pour la énième fois une main sur son front. Au passage, elle en profita pour retirer les mèches rebelles de ses cheveux qui traînaient encore devant ses yeux. Puis, lentement, elle s'avança vers le centre du camp d'entraînement. Une certaine masse humaine se trouvait toujours à proximité, ne souhaitant pas rater un seul morceau de ce qui serait sûrement leur seule distraction de la journée. Déjà, à voir leurs regards impatients, la dragonnière comprit que les duels auxquels ils avaient assistés les avaient époustouflés. C'était bon signe. Hélas, cela ne lui suffisait pas pour donner un verdict digne de ce nom. C'est pourquoi, de sa démarche assurée, elle rejoignit aussitôt le capitaine qui patientait face aux nouvelles recrues. Une fois qu'elle fut à sa hauteur, l'homme s'inclina. Une fois redressé, il prit soin de lui expliquer le déroulement de chaque combat en détaillant les techniques utilisées, les sorts lancés et, bien évidemment, en désignant le vainqueur. Etonnamment, celui aux côtes brisées faisait parti des vainqueurs. Il avait en réalité délibérément laissé son adversaire le toucher afin de le bloquer. Il l'avait ensuite assommé avec le pommeau de son arme. Ingénieux mais trop risqué. S'il avait s'agit d'un duel au nouveau milieu d'une bataille, un coup pareil aurait été fatal.
Une fois le résumé des faits terminé, la bretteuse reporta son attention sur la troupe de soldats sous ses yeux.

- Ainsi, je pense que certains d'entre eux ont des capacités à développer avant la prochaine guerre, ajouta le capitaine en imitant la reine. Ils sont tous inexpérimentés face aux vraies batailles, cela se distingue dans leur façon de combattre.
- Je vois... Un détail qu'il leur faudra résoudre au plus vite si nous ne désirons pas augmenter le nombre de nos victimes. Et pour ce qui est de leurs compétences en magie... Où les situeriez-vous ?
- Je ne suis pas un expert en magie. Mais l'un d'eux pourrait être utile au Du Vrangr Gata. Il s'est montré modeste durant le duel mais ses sorts ont toujours fait mouche.
- Merci capitaine. Dans ce cas je vais m'empresser de clore cette évaluation, conclut la guerrière tout en croisant ses bras dans son dos.

Les chuchotements échangés entre la souveraine et le fantassin avait fait s'élever un murmure de plus en plus insistant dans l'assemblée qui s'était réunie. Les elfes, quant à eux, restaient muets, n'osant pas même adresser la parole à leurs voisins. On sentait que la pression les clouait sur place, leur cousant la bouche par la même occasion. Il aurait été cruel de faire durer le suspens plus longtemps. Ainsi, Elenoy s'avança d'un pas, fixant les membres de son peuple avec sérieux. Jetant un coup d'oeil rapide en direction de l'assistance, elle remarqua la présence discrète d'Aerandir, qui s'était frayé un passage entre les hommes et les femmes.

- Le capitaine Loën ici présent m'a fait part de vos performances précédentes. J'admets ne pas être très stupéfaite par les propos qu'il m'a rapporté. Comme je m'y attendais, vous avez tous fait preuve d'une dextérité que l'on attend d'un vrai soldat de l'armée elfique. Toutefois, nous constatons un manque cruel d'expérience dans vos gestes qu'il vous faudra corriger. Et je compte sur vos semblables ainsi que sur les membres de l'armée Varden pour vous enseigner ce qu'ils savent afin de combler votre ignorance sur l'art de la guerre.

Cette simple phrase eût l'effet escompté. Une expression de soulagement traversa aussitôt les six visages devant elle. Certains s'hasardèrent même à partager leur joie avec les autres. La dragonnière en fut amusée, mais se garda bien de le faire savoir. Immobile, majestueuse, elle leur fit signe de cesser sur-le-champ cette accès d'euphorie. Les réjouissances attendraient encore, car elle n'avait pas encore terminé.

- La plupart d'entre vous seront des soldats dans cette immense armée que vous vous apprêtez à rejoindre. Sachez vous montrer digne de votre sang, et faîtes honneur au peuple elfique qui sera toujours votre patrie. Néanmoins, n'oubliez pas aussi que l'armée de votre pays pourra requérir vos services. J'essayerai de faire en sorte que cela n'arrive pas, mais que cela reste gravé dans vos esprits, souligna-t-elle en appuyant son regard de saphir sur les soldats elfiques. Enfin, l'un d'entre vous a su montrer de grandes capacités magiques. Fëanturi Werag...

L'intéressé leva la tête, inquiet d'avoir été appelé par la reine. Lentement, il s'avança, quittant la ligne que lui et ses partenaires avaient formé lors de l'arrivée de leur souveraine. Humblement, il mit un genou à terre malgré ses côtes endolories, n'osant croiser le regard d'Elenoy. Il portait une simple armure de fer entaillée sur la gauche, là où il avait sûrement reçu le coup néfaste. Tout en affichant un air serein sur son visage, la bretteuse lui somma de se relever, ce qu'il fit sans tarder. Néanmoins, il s'obstinait à garder la tête basse. N'y prêtant pas attention, la reine juvénile reprit là où elle s'était précédemment arrêtée.

- Nous vous conseillons vivement de rejoindre le Du Vrangr Gata. Ses membres vous accepterons sans problème de par vos aptitudes. Ils ont besoin d'elfes comme vous pour pouvoir soutenir les guerriers lors des combats. J'espère que vous réfléchirez à cette éventualité.
- Oui Votre Altesse, je n'y manquerai pas.

Puis, sans un mot de plus, l'elfe revint à sa place. Il n'y avait plus rien à ajouter. Ce fut donc le capitaine qui se chargea de mettre fin officiellement au test. De sa voix grave, il félicita les nouveaux Vardens et demanda à la foule de s'en aller afin de dégager le camp d'entraînement. Chacun obéit à ses ordres, quittant peu à peu l'arène. Au passage, on ne manqua pas de congratuler les valeureux elfes qui faisaient désormais parti du clan. Et pendant que tout le monde s'en allait peu à peu, Elenoy, elle, restait là à regarder les gens partir tranquillement.

Aerandir restait à attendre que le discourt commence. Après quelques messes basses, la Renne et son capitaine prirent la parole. Apparement, certain avaient su se faire remarquer parmi les autres. S'en suivi un discourt quelque peu ennuyeux, qui ne servait qu'à encourager ou à l'inverse en décourager certain. Soudain, le regard de la Renne, croisa celui de Aerandir qui, aillant vu l'action, s'empressa de se baisser, en espérant ne pas avoir été vu. Après avoir reçu de telles blessures, il devrait se reposer comme la Renne lui avait conseillée. A coup sûr, si elle s’apercevait de sa présence, il serait de suite renvoyé à l'infirmerie.

*J'espère qu'elle ne ma pas vu...* pensa-t-il inquiet.

Il se releva doucement et continua à écouter le discourt. Un elfe s'approcha, apparemment, un bon magicien qui pourrait avoir une utilité au sein du "Du Vrangr Gata". Il était blessé et malgré cela, il avait gagné son combat. Après quelques paroles échangé entre la Renne et lui, la foule fut écarté pour laisser respirer les valeureux guerriers. Aerandir fit de-même puis chercha un endroit discret qui lui permettrait d'avoir un aperçu de la suite. Il n'a pas eu à chercher bien longtemps, une terrasse, à quelques pas, abritait un bar nain ; rien d'étonnant. Il entra, étourdit par l'odeur qui régnait en ces lieux. Il prit place sur la terrasse, bien placé pour avoir une vue sur le camp d'entrainement, même s'il était lui-même exposé à être vu. il commanda une première bière et une deuxième suivit. *N'en abusons pas !* pensa-t-il alors qu'il commençait à en sentir les effets. Quelques minutes passèrent, puis la Renne s'en alla. Ils avaient surement fini leur passionnant discourt.
Aerandir se leva de sa chaise, l'effet de l'alcool n'avait pas duré longtemps, une douleur dans l'épaule le fit tituber. Il finit sa chope puis mis quelques pièces sur le comptoir.
Sorti du bar, l'elfe pressa le pas pour ne pas perdre Sa Majesté des yeux. Elle se dirigeait vers son bureau, non-loin d'ici. Elle marchait vite, suivit de son capitaine et de quelques gardes. Elle entra dans la pièce, deux gardes étaient devant la porte. Aerandir continua sa marche et fit arrêté par deux lance. Il regarda les deux garde d'un regard perçant. Ils étaient forts, leurs armures brillaient et tout comme leurs armes, leur fabrication était elfe.
Aerandir prononça ces quelques mots en ancien langage, langue qui ne ment jamais :

" Je viens en ami et j'aimerais avoir un entretient avec votre Renne. Dite-lui que c'est Aerandir qui la demande. "

Puis il s'inclina comme pour remercier. Un des deux gardes entra dans la pièce puis revint quelques secondes plus tard.

"Vous pouvez entrer."

Aerandir entra, et s'arrêta à quelques pas de la Renne, assise. La pièce était magnifique, des feuille d'or représentaient des dessins sur les murs d'un beauté sans pareil. Les elfes avaient dû mettre des années à fabriquer cette pièce, telement que les détails étaient travaillé. Le moindre centimètre de cette pièce avait été réalisé pour que l'espace soit accueillant. L'elfe s'inclina, puis prit la parole.

" Votre Majesté. Je suis sincèrement désolé de venir vous importuner dans votre bureau, mais j'ai une requête. Le combat de cette après-midi n'a pas été très concluant pour moi et c'est pour cette raison que j'aimerais avoir ma revanche dans de meilleurs conditions. Sans public, avec quelques garde si vous le souhaitez pour votre protection. Sachez que si vous refusez ma demande, je n'en serais pas vexé, mais j'aimerais ne pas en rester sur une défaite. " fit-il sur un ton noble, la voie assurée, puis il ajouta : " Quand à l'endroit, un espace vert hors de ces montagne me ferait le plus grand bien. Cela fait trop longtemps que je suis enfermé ici, moi qui n'ais jamais quitté le Du Weldenvarden. Pour l'heure, il se fait tard. je vous propose donc de me donner votre réponse demain, quand vous le souhaiterais. Je vous remercie de m'avoir écouté. "

Aerandir se tourna d'un pas vif et assuré puis prit la direction de la sortie...