Des assassins à Narda [Libre]

Le soleil était levé depuis quelques heures et pourtant Elenoy était éveillée depuis hier soir. De son auberge, elle s'était empressée de quitter la chambre. Afin de passer inaperçu dans les rues de Narda, elle s’était habillée le plus simplement possible. Une longue jupe blanche à volants et un corset aux manches longues de tissu composaient sa tenue. Seul détail original, c’était l’épée qui se balançait sur sa hanche.
A vrai dire, cela faisait déjà trois jours que la jeune femme se trouvait à Narda. En effet, elle avait eut vent d'une quelconque série de meurtres de personnes travaillant secrètement pour les Vardens. Décidant de s'en occuper personnellement, l'elfe avait quitté ses fonctions afin de résoudre ces assassinats avant que tous les membres rebelles ne soient tués.

*- Je pense que cela risque d'être compliqué, pensa la dragonnière pendant qu'elle parcourait silencieusement les rues de Teirm. Il faudrait que je trouve un moyen de les suivre et rapidement. J'en ai plus qu'assez de récolter des informations !*

Pendant qu'elle fulminait pour résoudre ce problème, Elenoy perçut du mouvement à sa gauche. Une silhouette, s’avançant avec discrètion, entra dans un magasin en crochetant la porte. Suivant son instinct, elle s'approcha de l’échoppe et aperçut une longue trace de sang encore frais. Peut-être que la personne qui venait de s’engouffrer dans la boutique était l’un de ses assassins qu'elle traquait. Sans plus attendre, elle entra à son tour. C'est alors qu'elle vit un homme étendu sur le sol qui devait avoir plus d'une quarantaine d'année. Il avait été transpercé par une épée au niveau du poitrail: un coup mortel. L'elfe fronça légèrement les sourcils en devinant que c'était le travail d'un expert. Alors ses déductions étaient justes, ces tueurs étaient passés par là.

- Pas très rassurant tout ça…

A peine eut-elle murmuré cela qu'elle entendit les répercussions d'un combat. Méfiante, elle s'avança lentement en direction de ces bruits qui venaient de se stopper. Apparemment le duel avait été de courte durée. Entrant précautionneusement dans la pièce, Elenoy se retrouva face à un homme encapuchonné qui tenait une épée. Sans plus tarder, elle sortit la sienne et s'adressa à cet étranger.

- Vous ferriez mieux de lâcher immédiatement votre arme.

Elenoy fut surprise de voir un jeune homme sortir discrètement de l'ombre. Tout en restant méfiante, elle le fixa un moment avant de reporter son attention sur l'assassin qui se dressait face à elle. Lorsqu'il affirma la tuer sur le champ, la dragonnière leva les yeux au ciel. Pourquoi ne la prenaient-ils jamais au sérieux ? Peut-être que ses vêtements légers et qui laissait apercevoir sa mine carrure féminine la rendait totalement inoffensive aux yeux de n'importe quel homme trop sûr de lui. Ah ces hommes... Quand apprendront-ils enfin à rester sur leurs gardes quand une femme se dressait sur leur chemin ? Mais alors qu'elle s'apprêtait à montrer à ce tueur ses talents d'escrimeuse, l'inconnu au visage tatoué se râcla la gorge afin d'attirer l'attention de l'assassin. Cela marcha avec brio car celui-ci tourna une seconde la tête dans la direction opposée à celle de son opposante. Une seconde qui fut sa plus grande erreur car l'elfe en profita aussitôt pour le désarmer avec un mouvement subtil du poignet. Quelques instants plus tard; le meurtrier se retrouvait à terre, une lame appuyée contre sa jugulaire. Au dessus, l'élémentariste le fusillait de son regard noir.

- Qui vous a engagé ? Demanda-t-elle avec froideur, sa voix perdant tout ses accents enchanteurs. Donnez-moi le nom de votre employeur et les détails de votre réseau d'assassins ! Je vous préviens, ma patience à des limites qu'il ne vaut mieux pas connaître.

- C'est... C'est l'Empire qui nous paye pour notre travail, béguaya l'homme dont le visage devenait livide. Il désire que nous détruisions les ressources des Vardens afin qu'ils soient démunis. Nous sommes un réseau de huits groupes, tous disséminés dans les différents villes d'Alagaësia où nous soupçonnons des commerçants d'apporter leur aide aux rebelles. Je vous jure que je n'en sais pas plus !

Sous ces aveux, Elenoy fronça les sourcils. Huit cités à débarasser de ce fléau de criminels ! Jamais elle ne pourrait s'en occuper seule. Toutefois, elle garda un calme à tout épreuve et se contenta de baisser la tête vers celui qui venait de trahir ses collègues. S'il ne pouvait pas lui en dire plus à propos de cette filière d'assassins, il ne lui était plus d'aucune utilité. Sans un mot, l'élémentariste lui trancha la gorge d'un coup net et sans éclaboussures. Puis, levant les yeux vers l'étranger qui était toujours dans la pièce, elle le détailla de son regard bleuté. Il semblait plus jeune, et pourtant il dégageait une force redoutable. Bizarre...

- Excuse-moi pour le carnage, je n'ai pas l'habitude de tuer mes informateurs de cette manière mais je n'avais pas le choix, déclara-t-elle, retrouvant sa douceur naturelle. Qui es-tu au juste ?

Tout en attendant une réponse de la part de son interlocuteur, l'elfe se mit à arpenter la pièce à la recherche d'indices qui lui seraient utiles pour sa mission.

Un mot, plus particulièrement un nom provoqua un déclic dans l'esprit d'Elenoy. Drizzt ? Non impossible, il ne lui ressemblait pas. Il n'avait aucune similitude avec l'image qu'elle gardait de son ancien ami. Il ne pouvait décemment pas s'agir de la même personne : et c'est pourquoi la jeune femme réfuta cette éventualité en la chassant de ses pensées. D'un hochement discret de la tête, elle s'obligea à revenir à des événements plus terre à terre. Repenser au passé ne faisait pas parti de ses priorités; elle aurait d'autres occasions de se remémorer quelques détails une fois sa mission achevée. Lorsqu'elle revint enfin au temps présent, elle s'aperçut enfin qu'elle s'était subitement immobilisée. A cet instant, Drizzt lâcha une parole qui parvint aux oreilles de l'elfe. Elle inclina alors son regard vers lui et acquiesça dce qu'il venait de dire.

- Oui en effet, c'est l'Empire qui se cache derrière tout cette affaire. Cela n'a rien d'étonnant d'ailleurs, murmura-t-elle en reportant son attention sur la pièce où ils se trouvaient. Enfin, avec le temps je devrais avoir l'habitude.

C'est alors qu'elle remarqua les deux cadavres qui jonchaient à ses pieds. Même devant ces corps sans vie, la dragonnière ne put s'empêcher de reconnaître qu'il s'agissait là d'un travail d'artiste : précis, sans bavure et avec une seule blessure meurtrière. Toutefois, elles avaient été effectuées avec une arme autre que celle dont l'assassin s'était servit pour menacer l'élémentariste. Dès que celle-ci se fit cette constatation, ses yeux obliquèrent en direction de Drizzt. Pourtant, elle resta silencieuse et secontenta de déclarer :

- Au fait, mon nom est... Commença-t-elle afin de donner son identité à son interlocuteur.

Soudain, Elenoy fut interrompue par un bruit qui venait de l'extérieur. Un cri de stupeur, des chuchotements à peine compréhensibles et un martèlements de bottes non loin de l'entrée du magasin.

- Ecoutez on ferra les présentations plus tard. Les gardes ont dû être alertés par le vacarme causé à l'instant. Nous devons quitter les lieux sans tarder. Venez, vous pouvez me faire confiance, précisa-t-elle en ancien langage afin de prouver qu'elle ne mentait pas.

De son côté, Elenoy n'avait pas eut le temps de réagir. Alors qu'elle s'apprêtait à arrêter Drizzt, il disparut sans qu'elle ne puisse l'en empêcher. Malgré son ouïe développée, elle ne discerna qu'un grésillement inaudible à l'extérieur du magasin. Soudain, elle perçut la présence de dragonniers Vardens avant qu'ils ne disparaissent aussi vite qu'ils étaient venus. Intriguée, la jeune femme s'empressa de quitter la pièce sombre où elle se trouvait. Et c'est là que, à peine sortie, elle découvrit le carnage qui s'était passé en quelques secondes. Les soldats de l'Empire baignait dans leur propre sang et deux dragons étaient allongés de tout leur long sur le sol. Leurs dragonniers, tués d'une main d'expert, se tenaient toujours sur leur selle avec la fierté d'un homme mort au combat. Et le responsable de ces assassinats se trouvait face à elle, le sourire aux lèvres. Se rendait-il vraiment compte de l'erreur qu'il venait de commettre ? Apparemment non...

- Je n'y crois pas... C'est tout bonnement impossible de faire cela en si peu de temps, murmura-t-elle, estomaquée. Et en plein milieu de la rue en plus de cela.

Dès que ces mots purent trouver un sens aux oreilles de l'elfe, celle-ci écarquilla les yeux sous la stupeur. La rue... Les gens allaient se bousculer ici d'une minute à l'autre ! Ils ne pouvaient décemment pas restés plantés là en attendant les renforts Impériaux. Le premier réflexe de la dragonnière fut de vouloir contacter Miremel. Toutefois, elle se ravisa aussitôt; cela allait attirer les regards et elle devait encore séjourner à Narda pour trouver les informations manquantes à sa mission. Voilà un dilemme qui venait au pire moment... Dilemme qu'elle était tenue de régler au plus vite.
Sans réfléchir, elle empoigna le jeune homme et l'éloigna de l'échoppe tandis que les villageois commençaient déjà à afluer dans leur direction. Les regards curieux se faisaient de plus en plus nombreux, accompagnés de cris terrifiés de femmes. Les gardes n'allaient sûrement pas tarder à pointer eux aussi leur nez dans le coin. C'est pourquoi Elenoy accéléra le pas avant de tourner dans une ruelle sombre menant à une impasse. Lorsqu'ils furent à l'abri des oreilles indiscrètes, l'élémentariste lâche Drizzt. Une fois rassurée, elle reporta son attention sur lui, gardant un sang-froid exemplaire.

- Je ne sais pas si vous connaissez les ennuis que vous venez de causer, souligna-t-elle en haussant un sourcil, utilisant la langue elfique sans même s'en rendre apercevoir. Vous avez tué deux de mes alliés Vardens...

Soupirant faiblement, la dragonnière baissa la tête en se recula de quelques pas. A ses côtés, une caisse en bois était posée sur le pavé irrégulier. Elle s'assit alors dessus, détournant le regard pour ne plus croiser celui de Drizzt. Pourtant, elle s'adressa à lui d'une voix sereine:

- Au fait, je n'ai pas eu l'occasion de vous le dire précédemment. Mon nom est Elenoy Sindarìn.

Le bruit avait en effet attiré quelqu'un. Gaby se trouvait à Narda pour enquêter elle aussi sur le meurtre de plusieurs des agents des Vardens. Si Ellenoy avait commencé d'un côté de Narda, gaby avait commencé de l'autre et avait empêché l'assassinat d'un autre agent tout juste avant qu'il ne se produise. L'homme avait été extrêmement soulagé de la voir arriver alors que l'impérial allait le tuer. Gaby avait fait parler l'assassin avant de s'en débarrasser proprement. Elle avait ensuite quitté l'homme en lui recommandant de changer de visage et d'identité puis, elle était allé plus loin.

Elle réfléchissait au problème quand elle vit deux dragons et leurs dragonniers survoler la ville. Elle les reconnut et les suivit de loin. Quelques minutes plus tard, elle sentit une aura qu'elle n'aimait pas.Celle de la mort. Les deux dragonniers étaient morts et leurs dragons aussi. Qui avait bien pu tuer aussi rapidement des dragonniers alliés des Vardens. Elle pressa le pas et arriva juste après le carange contre les soldats impériaux. Devant le massacre, elle s'arrêta stupéfaite.

-Bon sang mais, que s'est-il passé ici?