Les tables de pierres. [libre]

Une table de pierre était installée le long de la clairière libérée des arbres envahissants. Cette pierre était très longue et plate, aucun obstacle ne pouvait entraver mon avancée. Des inscriptions violettes parsemaient le lieu présent. Mon regard se posa sur un homme aux cheveux argentés, il était grand et frêle. Son visage ridé était neutre, monotone. J’avançais constamment, prenant soin de marcher lentement, profitant du moindre pas. Pourtant, je sentis qu’il bougeait, ne serais-ce que d’un centimètre. Nous étions tous les deux potentiellement éloignés pour qu’un œil humain ne puisse percevoir dans les moindres détails ce que je voyais précisément.
Curieusement, il me fit un geste d’invitation que je pris d’une façon ingrate. Perturbée, je m’arrêtais pour mieux prévoir ses futurs gestes qui me seraient destinés. Il fit tomber son épée de sorte à produire un son lourd qui traversa tout le lieu. Je compris qu’il était temps…
Il prit son épée à deux mains, comme si elle était pesante. En peu de temps, j’avais prévu ma tactique. Je pris surhumainement mon arc et décochai plusieurs flèches à la suite qu’il évita d’un geste magique. Passant à la vitesse supérieure, je laissai tomber mon arc elfique et pris mon épée rubis. Je me mis à courir vers lui avec un regard noir intense. Il se mit enfin à réellement bouger, l’elfe se rua vers moi en brandissant héroïquement son épée. En me cambrant suffisamment, j’évitais sa première attaque qui aurait du me tuer depuis le début. Rapidement et gracieusement, je lançais coups sur coups. Toutefois, il n’en résultait que des étincelles bleuâtres de son épée et rougeâtres de la mienne.
L’elfe voulut me lancer une attaque magique mais je l’évitais d’un simple mot en ancien langage. Comprenant le subterfuge, il m’esquissa un rictus ressemblant étrangement à un sourire narquois. Durant les secondes qui suivirent, je ne compris strictement rien… Il s’était arrêté, me fixant longuement. Fort heureusement, je me servis de la magie pour le repousser bien plus loin. Il se prit sèchement le tronc d’un arbre qui se cambra aussitôt à la forme épousseté par l’elfe.
Je le vis se craquer les doigts avant de reprendre son épée qui avait atterri légèrement plus loin. Il se mit brutalement à m’attaquer, parant chaque coup dévastateur à la dernière seconde. Je décidai alors d’en finir au plus vite. Je fis un saut qui parut gigantesque. Entre temps, j’avais profité de ce saut pour lui infliger un sort des plus affligeants. Paralysé, je retombais avec mon épée au niveau de sa nuque. Ce n’est qu’au dernier moment que je virais de quelques centimètres mon épée de sorte qu’elle ne tue pas l’elfe.
-J’ai bien cru que j’allais y passer. M’annonça-t-il d’une voix claire et forte malgré son apparence. Tu as bien récupéré ses temps si, tu es devenue celle que tu étais avant Azurha.
-Merci Ashtez. Tes conseils m’ont beaucoup aidé et si jamais dans le futur j’aurais besoin de ton aide, sache que je n’hésiterais pas… J’irais te voir.
-Je crois que tu peux disposer.
-Oui maître, encore merci maître.
Sur le chemin du retour, je ne pu m’empêcher de retourner vers les tables de pierres pour vouloir m’entraîner un peu. Je me remémorais les anciens souvenirs…
"C’était tel un rêve, ma seconde âme venait désespérément de mourir dans une souffrance qui m’était nouvelle. J’étais recroquevillée, seule, mourante. […] Un homme, ou bien un elfe avait décidé de me sauver avec des sorts de guérisons qui me dépassaient encore… ce ne pouvait être qu’un elfe après mûr réflexion. Après ce retour à la « vie », j’étais perdue, je ne savais plus utiliser la magie, je ne savais plus tenir une épée et encore moins tirer à l’arc. C’était à peine si je pouvais parler… Je ne savais pas ce qui m’arrivait, je maudissais ma vie, je maudissais la mort qui ne m’avait pas emporté. De nouveau seule, celui qui m’avait sauvé était parti sans promulguer un nom, je n’avais pas vu son visage… Ce fut Ashtez, un vieil elfe aguerri qui prit soin de moi durant de longs mois pénibles et durs. Il était si admirable et si courageux. Il m’avait réappris les bases ainsi que quelques notions dont je n’en pensais pas l’existence."
Mes souvenirs s’arrêtèrent net… une personne me fixait au loin…

Cibelule était appuyé le dos contre un arbre et assit sur le sol de feuilles de la forêt elfique. Il y avait fort longtemps, il avait aider cette jeune fille qui était sur le seuil de la mort en l'ammenant à un elfe réputé pour ses talents de guérisseur. Le pauvre fut tué peu-après. Ensuite il l'avait observée régulièrement, de loin. Il n'avait pas la moindre idée de la raison de son geste par contre. Peut-être pouvait elle lui servir d'une façon ou d'une autre à atteindre ses buts? A l'époque, il n'était pas encore Empirien. Il était toujours Vardens. C'était vraiment il y a fort longtemps. Du moins tout les évènements des derniers temps était pour la plupart irréel. Cibelule fixait la jeune fille- il n'avait jamais cherché à connaître son nom, une perte de temps selon lui(on reconnait une personne à ses actes, pas à son nom)- plutôt jolie, tout de m^me musclée. Une elfe. Ou alors une humaine avec un dragon. Il n'y avait pas beaucoup de différences.

D'après ce qu'il avait pu voir des dernières minutes, elle avait réappris à se battre, à se servir de la magie. Une combattante elfique parfaite. De toutes façons les combattants elfes sont tous parfaits...Mais la fille avait autre chose. Cibelule n'aurait encore une fois pas su dire quoi. Ces questions sans réponses avaient le don de l'énerver. Mais un énervement calme, un peu comme un insecte, la nuit. Comme s'il pouvait le chasser d'un geste de la main. Le mercenaire(au service actuellement des Vardens) ne bougeait pas. Ne respirait presque pas(mais cela était son habitude) et gardait les yeux fixés dans ceux de la jeune fille alors que celle ci le voyait enfin. Un très léger sourire se dessina. Il disparu un instant après pour une expression neutre comme à l'accoutumée. Finalement, le dragonnier fit:

- Bonjour.

Un simple mot, sans aucune intonation négative, ni positive d'ailleurs. Un simple bonjour. De la politesse pure et simple.

Je tentais vainement de me rappeler qui il pouvait bien être. Les secondes passant, j’avais essayé de me remémorer les visages les plus révélateurs selon moi, aucun ne correspondait au sien. Il était curieusement « grand », dans le sens où il semblait puissant et haut placé dans une catégorie sociale, je n’aurais su dire laquelle mais j’en avais déjà une petite idée. Je décidai alors de m’incliner et de faire les gestes qui doivent être fait selon les règles des elfes. Toutefois, je gardais ma main droite près du fourreau de mon épée.
Maudissant ma stupidité, je découvris mon arc délaissé par terre un peu trop éloigné. Qu’importe, un homme à Ellesméra ne peut vouloir du mal à un elfe, seul c’était impossible. Alors je relâchais ma poignée et m’avançai doucement. Cela me rappelais étrangement l’exercice avec Ashtez. D’un coup, je perçu sa voix, un simple « bonjour » mais qui était d’une politesse inébranlable. Je reculais d’un pas puis annonçai.
-Enchantée, je me nomme Azurha Ellensar. Que fait un homme dans la terre des Elfes si puis-je me le permettre ? Je sais que ce n’est point discret mais cela me rassurerait beaucoup plus. Ainsi qu’en savoir légèrement plus sur votre mission ici, puisque vous n’êtes pas ici présent pour rien…
J’en avais trop dit mais il fallait que je sache tout. Trop curieuse, c’était l’un de mes défauts les plus durs à gérer. Je marchais toujours droit devant moi, me rapprochant à chaque pas de lui. Il ne suffisait que d’un simple sort pour le neutraliser s’il venait à me vouloir du mal. Pourtant, je me doutais qu’il n’était pas aussi simple de le tuer, je pensais même qu’il était très doué dans la magie et l’art du combat. Soudainement, je cru comprendre ce qu’il était.
Je reculais, prenant soin de ne pas trébucher gauchement. Je positionnai mes mains sur ma bouche, effrayée. Qu’était-il réellement ? Je me répétais sans cesse dans ma tête que ce n’était que mon imagination, que je ne pouvais juger quelqu’un sur ma première impression.
Des souvenirs nébuleux traversèrent mon esprit, certains étaient clairs comme la réalité, d’autres aussi brumeux qu’un nuage. J’avais l’impression de me voir dans certains souvenirs, dans d’autres, j’apercevais une masse compacte rouge qui prenait la majorité du champ de vision. Ma gorge se nouait, ma voix semblait être trouble et cassée, fort heureusement, je ne parlais pas.

- Mon nom est Cibelule. Mercenaire dragonnier actuellement au service des vardens. Vous savez qui ils sont n'est ce pas? A moins que vous n'ayez oublier? Je ne vous veux de toute façon aucun mal. Comme vous le savez, la forêt ne m'aurait pas laisser entrer si cela avait été le cas.

Cibelule se leva finalement, saisissant au passage son sabre a deux lames qui était posé dans les herbes. Il accrocha le sabre et son fourreau à sa ceinture alors qu'il s'avançait tranquillement vers Azurha. Ses gestes étaient tous calmes et posés. Aucune animosité ne transparaissait, mais aucune gentillesse non plus. Toujours neutre...

- Quel qu'est été mon clan, elle m'a toujours laissé entrer. Étrange n'est ce pas? Même lorsque je servais l'Empire. Il est vrai que je ne rejoignais pas leurs idéaux. C'est certainement pour cela. Mais je m'égare. Retiré donc vos mains de votre visage, on ne s'entendrait plus parler. Ce serait dommage non?

Je le dévisageai, le fait d’avoir entendu le mot : « empire » me fit reculer de quelques pas, mon épée était prête à être utilisée, mais je préférais humblement écouter la suite de son récit qui valait le coup. Je me dirigeais ensuite vers Cibelule. J’avais l’air un peu niaise lorsque j’y pensais. Ce n’était pas mon genre et encore moins de réagir aussi stupidement face à un mot ou un geste même si c’était prudent. Je m’inclinais délicatement une seconde fois lorsque me rapprochais futilement de lui. Au fur et à mesure de mes pas, un sourire se dessina sur mes lèvres roses. Je me rappelais soudainement de ses questions auxquelles je n’avais pas répondu. M’éclaircissant la voix, il en sortit une voix douce et chantante.
-Oui, je sais qui sont les Vardens, nous avons collaboré avec eux. J’ai beau avoir eu un léger traumatisme, je ne suis pas pour autant totalement dénuée d’intelligence, enfin si puis-je utiliser ce terme puisque aucun autre ne me vient en tête. Et oui je trouve cela très étrange que la forêt vous laisse entrer sans aucun problème malgré votre camp et votre espèce. Mais il en résulte simplement que vous n’êtes pas si mauvais que ça. Je pense même que vous êtes quelqu’un de très… hum… Héroïque ? Enfin je ferais mieux de me taire, mes mots ne sont pas à la hauteur de ce que je pense réellement. Que voulez-vous ?
Je n’étais qu’à quelques mètres de lui, j’entendais très peu ses pas lorsqu’il s’avançait également vers moi. Nous étions tous les deux au centre de la table de pierre inscrite d’écritures violettes en ancien langage. Je me posais de suite une question, comprenait-il le langage elfique ? Probablement… Je le saurais tôt ou tard, qu’importe…
Une odeur charismatique me vint doucement, je percevais une odeur de pin, c’était délicieux, je pouvais reconnaître cette odeur elfique parmi tant d’autres. C’était probablement mon maître, mais je n’osais l’annoncer, préférant garder ce secret si s’en était potentiellement un jusqu’à ce qu’il arrive.
Je pris le temps de faire encore quelques pas avec grâce et légèreté, prenant soin de faire attention à ne pas trébucher gauchement comme je le faisais souvent ses temps si.

Cibelule sentit approcher l'elfe mais n'en fit rien. Il continua d'observer calmement Azurha, yeux dans les yeux. Quelques autres interrogations firent leur apparition dans l'esprit du dragonnier mais il les repoussa immédiatement. Les réponses arriveraient bientôt. Il en était persuadé.

- Ce doit être cela oui. Mais je suis loin d'être un héros. Je ne suis qu'un faire-valoir, un sous-fifre. Rien de bien important. Le pouvoir ne m'intéresse pas du tout. Trop ennuyeux et pas de tranquillité. J'aime la tranquillité. Pas vous?

Cibelule ne faisait que faire la conversation. Il préférait attendre que les questions arrivent avant d'y répondre. Et il ne voulait pas les poser non plus. Chaque chose en son temps et ce temps n'était pas encore arriver. Le varden fit encore quelques pas. Les deux jeunes gens étaient maintenant très proche. Pas plus de mètres ne les séparaient maintenant. La voix de Cibelule ne trahissait aucune émotion, pas plus que tout son être. Un calme déconcertant pour certains. Normal pour d'autres.

Que me voulait-il réellement ? Je ne comprenais pas, où il voulait en venir. Je passais instinctivement une main dans mes cheveux. Je sentais la présence de mon maître devenir de plus en plus imposante. Au final, je répondis juste à temps :
-Oui la tranquillité, j’apprécie avoir un moment de cette envergure. Nous ne sommes plus seulement deux, je vous présente mon maître, Ashtez…
Je me tu, préférant laisser l’elfe parler à Cibelule. Ils se présentèrent, mon maître usa des règles elfiques de rencontre et me rejoignit à mes côtés, non loin de l’homme. J’attendis un long moment, finalement, l’elfe se désintéressa de lui et me dévisagea. Il me toisa d’un regard qui me déstabilisait, je ne comprenais pas.
-Tu comptes reprendre ton arc quand ?
Je ne répondis rien, je me précipitais vers l’arc, prenant au passage mon carquois. Après avoir déposer l’arc entre ma poitrine et mon dos, je me dépêchais de les rejoindre. Qu’avait-il, Cibelule ne parlait plus, comme une statue de marbre, inerte. J’attendais que quelques secondes passent, puis finalement des minutes… Trop impatiente, je me résignais à poser une question directement à l’homme, je ne me souvenais plus l’avoir posé, mais elle m’était indispensable.
-Vous cherchez une chose en particulier ? Si puis-je me le permettre.
Une vague de souvenirs me percuta de plein fouet, il me disait finalement quelque chose mais je n’osais affronter son regard, ne serais-ce qu’un instant infime pour me rappeler le visage… Et dire que j’avais pensé le contraire quelques minutes avant. Sèchement, je l’examinais… Je me voyais finalement sur une monture rubis, chevauchant dans les ciel bleu parsemé de nuages… Je me découvrais lançant des sorts d’une puissance inimaginable, je m’examinais et je voyais une adolescente mature, puissante et ancienne. Qu’était-ce, cette monture ? Je me référais à des légendes et une seule correspondait parfaitement à la description de cette créature… J’étais…
-Dragonnière…
On me dévisageait probablement, j’étais encore les yeux brouillés par mes souvenirs, ils devenaient de plus en plus lumineux, intenses et nombreux. Beaucoup me devenaient familiers, d’autres en fixant des visages inconnus m’offrirent des frissons qui parcoururent en entier mon corps. Un m’étais désormais familier, celui de Cibelule…

- Les souvenirs reviennent. C'est bien.

Le mercenaire restait très énigmatique. Surtout pour quelqu'un qui ne le connaissait pas. Il n'avait pas bouger quand l'Elfe était arrivé. Il avait simplement répondu à son salut mais n'avait plus parler ensuite. Jusqu'au mot "Dragonnière". Un nouveau léger sourire apparut puis disparut immédiatement après, imperceptible.

- Inutile de fuir ou quoi que ce soit d'autre. La Forêt ne m'aurait pas laisser entrer si je voulais vous faire du mal. Je l'ai déjà dit. Mais le sujet n'ai pas là. Et je vous avouerais ne même pas savoir pourquoi je suis venu.

Le varden finissait par révéler une chose. C'était volontaire, bien sûr, mais tout de même. C'était assez important. Pour lui du moins.

- Donc non, je ne cherche pas vraiment quelque chose. Peut-être vous, je ne le sais.

Je basculai gauchement vers la droite, mon maître me rattrapa de justesse pour m’éviter de tomber sèchement. Mon esprit était de nouveau frappé par une vague de souvenir, je secouais vainement la tête, espérant qu’ils s’enfuirent, ce ne fut pas le cas. Une voix perça mes pensée, je trébuchais finalement, mon corps retomba agenouillé par terre. Cette parole ressemblait à un chant, j’étais la seule à pouvoir percevoir cette élocution. Brutalement, mes yeux fixèrent droit devant moi, ma vision se brouilla, les souvenirs revinrent une nouvelle fois. C’était étrange, comme si je visionnais mon passé dans les moindres détails, je pouvais percevoir la moindre feuille en arrière plan, je pouvais entendre la nature non loin de mon corps de vision. La tache rougeâtre parsema une nouvelle fois mon champ de vision, ne me laissant un seul choix, l’admirer. Au bout du coup compte, je me relevai à une vitesse surhumaine.
-Mon passé… Vous n’êtes pas là pour hasard, c’est grâce à vous si j’ai retrouvé mon passé… Et si c’était moi que vous cherchiez, autant savoir ensemble pourquoi. Je vous suivrai, parole d’elfe.
Je venais de retrouver mon identité qui m’était apparue nébuleuse, quelle joie de savoir qui j’étais avant ce trou noir aspirant la moindre vision du passé. Je comprenais au fur et à mesure que les secondes passaient, l’adolescence que j’avais eu. J’étais une dragonnière, fière mais naïve, ma dragonne m’avait quitté pour vivre loin de moi, vivre avec un autre dragon… Etait-elle en vie ? J’en avais pas la moindre idée. Je me résignais à me souvenir ne serait-ce qu’un millième de seconde, l’endroit où elle pouvait bien être partie, rien ne me revenait. C’était énormément agaçant de ne pas se souvenir correctement parce qu’on était amnésique. J’étais prête à suivre cet homme si en échange je pouvais aussi partir à la recherche de cette dragonne, savoir si elle était en vie… J’inclinais ma main pour découvrir la marque argentée. Mon maître m’avait dit que c’était parce qu’un dragonnier m’avait lancé un sort de bénédiction, ou bien une chose dans ce genre-ci. Désormais…
-Vous saviez que j’en étais une ! Criai-je en me retournant vilement. Vous le saviez !
Il se mit à rire avec un ton qui me fit esquisser un sourire, mais sèchement, mon visage reprit la forme d’une grimace, je redevenais aussitôt en colère.
-Tu devais découvrir par toi-même ton passé, je ne voulais pas t’aider et personne ici parmi les elfes n’auraient été d’une grande aide en ta faveur.
Je ne répondis pas, j’attendais la réponse de Cibelule qui m’était plus importante que le discours de mon maître.

- Le hasard n'existe pas. Tout est calculé préalablement. Mais la question n'est encore une fois pas là. Vous êtes dragonnière. Ou en tout cas étiez. Une dragonnière se doit d'avoir un dragon. Et un Maitre.

Cibelule, les mains toujours dans les poches, leva les yeux vers le ciel puis se laissa tomber au sol, croisant les bras derrière sa tête. Pourquoi était il ici? Pourquoi l'avoir aidée? Il ne la connaissait même pas...Autant de question sans réponses agaçaient Cibelule. Et dans ces moments là, il aimait contempler le paysage. Ou le ciel dans ce cas ci.

- Ca doit être encore mieux la nuit. Essayez d'appeler votre dragon. S'il ne répond pas, c'est que ce ne devait pas être celui qui vous était destiné. Du moins, c'est ma conviction...Je puis me tromper, personne n'est infaillible.

[Desolé pour le retard, j'avais pas d'idée et d'autres occupations...]

Je ne répondis rien... je m'allongeais à mon tour près de lui, gardant toutefois mes distances. Je ne m'étais pas rendue compte de la disparition de mon maître, il était parti. J'observais calmement le paysage, les nuages de cotons, les arbres en pointe, les animaux en tout genre voletant dans le ciel dans une grâce divine. Mes yeux se fermèrent et je tentais vainement sans attendre la nuit de contacter ma dragonne... rien ne me revint en retour. Ma vue se brouilla, mon coeur battait d'une façon douloureuse, gênante. Je me relevais, essuyait d'un revers de manche les larmes qui voulaient dépasser les limites que je leurs avais donné.
***
La nuit était enfin visible, le couché de soleil était toujours d'une beauté inexorable et inoubliable. Mon regard se posa sur un endroit que je ne discernais pas réellement, il m'intriguait simplement. Au bout du compte, je m'allongeais sur un seuil de parterre. Cibelule était non loin de moi. Je fermais doucement les mes yeux, je me mis à fermer mon esprit, puis l'ouvrant sur une distance que je ne pouvais déterminer. Des milliers de scintillement me parvinrent d'une façon curieuse et qui me surprit. Je découvrais un monde noir parsemé de lumières dorées représentant une vie. Je pensais discerner quelques personnes que je connaissais, mais ce n'était que le fruit de mon imagination. Par la pensée, j'offrais une partie de mon âme, lançais inlassablement un appel à la dragonne qui autrefois, habitais une partie de moi.
-C'est comme si elle n'existait plus...
Ce fut la seule phrase que je promulguais d'un ton monotone...

Cibelule reste silencieux tout du long des pérégrinations mentales d'Azurah. Elle se débrouillait plutôt bien pour une fille qui venait de retrouver la mémoire. Le vardens nota ce point dans un coin de sa tête avant de revenir sur le présent.

- Je m'en doutais un peu. Elle serait venue bien avant, si c'était le cas. Quelles que soient les raisons qui l'ont poussées à partir, si elle avait vraiment été la bonne dragonne, elle serait venue. Je n'ai jamais eu accès aux oeufs, mais je sais qu'Arkantia est ma dragonne. Et pas une autre. Il faudra donc trouver la votre. Ou le votre. Mais le temps ne presse pas. Me tromperais je?

La question n'était pas spécialement adressée à l'elfe. Elle était plus pour lui même. Cibelule se redressa, se mit en tailleur, les bras posées sur les jambes. Après quelques minutes, il se releva finalement et dit:

- Autant partir dès maintenant.

J'étais offusquée... ainsi donc j'avais vécu une partie de ma vie en possession d'une dragonne qui au final n'était pas mienne. Je me relevais gracieusement, toutefois, je reçus un vertige en offrande. Lorsque Cibelule proposa de partir, j'acquiesçais d'un signe de tête lent. Entre temps, je repositionnai mon arc, mon carquois ainsi que mon épée. Je le suivais sans aucun mot, je n'étais pas mentalement prête à retrouver la parole. Finalement, dans un ultime effort, je réussis à sortir un long monologue à la fois pour moi-même et aussi pour lui :
-Je suis complètement désemparée, je ne m'étais pas doutée que ma dragonne... enfin mon ancienne dragonne n'était justement pas la mienne. Je l'ai laissé partir parce qu'elle voulait vivre avec un l'amour de sa vie qui lui était un dragon sauvage... Peut-être aussi... est-elle morte... Je n'en sais strictement rien. J'espère un jour, revoir ses écailles rubis, son regard de braise et sa beauté chimérique. Je vous remercie... sans vous, je n'aurais jamais retrouvé la mémoire... ou bien partiellement...
Ma vie d'aventure allait désormais renaître de ses cendres tel un phoenix.

- Je vais encore me répéter mais ce ne sont que des suppositions. Je pourrais même dire que vous êtes un sujet parfait pour des tests. Mais de toute façon qui s'intéresse à ça? A part moi je veux dire. Bien, retrouvez moi au désert du Hadarac. Si vous arrivez à m'y retrouver dans 2semaines, je vous amènerais chez les vardens. Cela ne devrait pas être trop dur pour une elfe. Au revoir. Ou adieu peut-être...

Cibelule se mit soudainement à courir, de manière à ce qu'elle ne puisse le rattraper ou le suivre, brouillant sa piste pour la confondre avec celle d'animaux sauvages. En quelques secondes, il était parti, laissant Azurha seule avec ses pensées. Alors qu'il quittait la forêt, pour entrer dans la ville d'Ellesmera, il murmura pour lui-même:

- Bonne chance.

[HRPG: Quand tu veux tu peux poster au Hadarac. Éventuellement au topic que j'ai fais avec Homme_masque.]